samedi 26 novembre 2011

3000 hommes des forces spéciales ai Xinjiang

Vendredi 25 novembre, la Chine envoie précipitamment 3’000 policiers supplémentaires des forces spéciales, à Urumqi, le chef-lieu de la province du Xinjiang, dans le Nord-Ouest du pays, où les forces armées chinoises luttent pour contenir les séparatistes turkmènes islamistes de l’ETIM. Le déploiement de 3'000 policiers chinois supplémentaires vient renforcer les « Léopards des Neiges », l'unité anti-terroriste déjà déployée à Urmuqi.
Des militants islamiques de l’ETIM au Xinjiang ont reçu une formation dans des camps d'entraînement terroristes au Pakistan.
Depuis, la Chine intensifie la répression contre les musulmans ouïghours du Xinjiang. 
Les musulmans de cette région sont politiquement soutenus par le régime islamiste turc. 
On ignore, pour le moment, la raison de l’envoi précipité, ce jour, de 3'000 policiers supplémentaires au Xinjiang.

Peur des espions américains et israéliens


D’abord, c’est le Hezbollah qui révèle avoir démasqué un réseau de la CIA au Liban. Puis, mercredi 23 novembre, un magistrat iranien, Parviz Sorouri, membre du Comité des affaires étrangères et de la Défense du Parlement iranien, a revendiqué la capture d’espions de la CIA, en repérage du programme nucléaire et des bases militaires de l’Iran, de mèche avec le Mossad et d’autres agences régionales. Beyrouth et Téhéran ont clairement joint leurs forces, d’après les sources de Debkafile, afin de prouver qu’ils étaient au sommet de leurs performances en matière de sécurité et qu’ils avaient pulvérisé des réseaux dangereux du renseignement américain opérant au sein de leurs forces armées. L’Iran et le Hezbollah ont été jetés dans l’action par quatre circonstances pressantes :

1. Téhéran avait un besoin urgent de gommer la mauvaise impression laissée par l’explosion qui a anéanti la totalité de son commandement des unités de missiles, dont le Général-Major Hassan Moghaddam, à l’intérieur de la base secrète des Gardiens de la Révolution d’Aghadir, près de Téhéran, le 12 octobre. En dépit des efforts suprêmes que les autorités ont produit pour persuader le public que cette catastrophe avait été provoquée par un dysfonctionnement technique, elle rappelait étrangement les assassinats passés de scientifiques iraniens de haut vol, pour lesquels Téhéran a accusé la CIA et le Mossad.

2.  L’incapacité grandissante du principal allié de l’Iran, le Président syrien Bachar al Assad, à écraser l’insurrection contre son régime est, en elle-même, un reflet affligeant de la façon dont Téhéran choisit ses alliés, particulièrement, lorsque, cette semaine, l’Armée Syrienne Libre, mobilisée contre le régime, redresse la tête et frappe des cibles stratégiques en Syrie et en-dehors du pays,  singulièrement au Liban.

Qui plus est, mentionnent les sources du renseignement militaire de Debkafile, l’explosion inexpliquée du dépôt illégal d’armes du Hezbollah dans la ville de Siddiqin, au Sud Liban, mercredi 23 novembre, résulte du travail du bras armé des rebelles syriens, l’ASL. Elle a frappé une cible représentant l’allié d’Assad, qui est, plus que tout, le supplétif libanais de Téhéran.

Le graffiti laissé sur les lieux de l’explosion affirmait qu’il s’agissait d’une revanche contre l’aide fournie par le Hezbollah au régime Assad, dans la répression des villes syriennes et il promettait d’autres actions à venir. 

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L’explosion de Siddiqin a provoqué un choc au sein de la haute autorité à Téhéran, Damas et Beyrouth. Le conseiller militaire du Guide Suprême iranien, le Général Yahya Rahim Safavi, avait prévenu, plus tôt, que si l’Iran était attaqué, on n’aurait pas besoin de tirer des missiles balistiques contre Israël, « parce que toutes les villes sionistes se trouvent à portée des Katyushas de notre allié, le Hezbollah ».

L’explosion du dépôt d‘armes de Siddiqin a mis un gros point ‘interrogation sur la valeur de cette menace. Téhéran devra prendre en considération que les rebelles syriens sont capables d’identifier les caches de roquettes du Hezbollah et leurs zones de lancement, dans lesquels l’Iran a investi d’énormes sommes, et qu’ils peuvent les saboter, avant même qu’ils n’entrent en action.

Puisque le dépôt d‘armes détruit était abrité dans une place forte du Hezbollah très protégée, les responsables à Beyrouth et Téhéran doivent supposer que les saboteurs, qui se sont glissés à l’intérieur du site puis en sont ressortis sans se faire repérer, bénéficient d’une aide locale.

3.  Autant l’Iran que le Hezbollah se préparent à la guerre. Sous couverture d’un exercice militaire, les Gardiens e la Révolution iranienne et leurs unités de la milice Basij ont, la semaine dernière, commencé à s’organiser en batailles rangées sur les divers théâtres d‘opération qui leur ont été assignés.

Le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a inspecté les unités du Hezbollah. Lors de ses séances d’information en direction de leurs commandants et de leurs hommes, il les avertit que la guerre contre Israël et, sans doute d’autres forces armées occidentales, est très proche et qu’ils doivent être prêts.

La différence entre la victoire et la défaite, dit-il, devra reposer sur leur capacité à détecter les agents doubles travaillant en leur sein pour les Américains et les Israéliens. Même la volonté de se sacrifier et un armement supérieur sont insuffisants face au péril que posent ces espions en leur sein.

Cela constituait la première fois que Nasrallah admettait implicitement l’incapacité des services de sécurité, les siens et ceux de l’Iran, à éradiquer les infiltrations américaines et israéliennes de leurs forces, et leur besoin de se tourner vers l’aide que de simples soldats pourraient leur apporter.


4.   Ces prétendues affaires d’espionnage que l’Iran et le Liban ont rendues publiques cette semaine, font partie de leur réplique aux pressions américaines et occidentales des deux dernières semaines pour stopper les progrès nucléaires de l’Iran. Ils constituent également une contre-attaque aux allégations de Washington concernant une conspiration menée par l’Iran et visant à assassiner l’Ambassadeur saoudien aux Etats-Unis.

DEBKAfile Analyse exclusive

Israël, l’Inde et les Emirats Arabes Unis contre l’Iran


Lundi et mardi de cette semaine, le Commandant en Chef de l'Armée de l'Air Israélienne, le Général de Division Ido Nehushtan a discuté, avec son homologue indien, de coopération militaire renforcée et d'action stratégique, face aux ambitions nucléaires de l'Iran.
Le Commandant en Chef israélien Ido Nehushtan a discuté de cela avec le Chef d'Armée de l'Air Indienne, N. Browne et avec ses divers homologues indiens de la navale et de l'armée de terre.
Ces discussions font suite à la récente rencontre du Ministre israélien de la Sécurité, Yitzhak Aharonovitch avec le Ministre indien de l'Intérieur, P Chidambaram ; rencontre sur les moyens d'étendre la coopération, déjà intense, entre les deux pays, dans le contreterrorisme et le partage du renseignement.
En outre, l'Inde et les Emirats Arabes Unis (EAU) ont signé, aujourd’hui, mercredi 23 novembre, un accord sur la lutte conjointe contre le terrorisme sous toutes ses formes. Ce sont le Ministre indien de l'Intérieur, P. Chidambaram et son homologue des EAU, le Lieutenant-Général Sheikh Saif Bin Zayed Al Nahyan qui ont signé cet accord.
Voilà qui sort significativement Israël d’un isolement.
Russie et Turquie prenant chacune des dispositions de leur côté, Inde et EAU se regroupant avec Israël, tout cela n’est pas sans évoquer la mise en place progressive des alliances en juillet 1914, …… avec la suite que nous connaissons !

dimanche 20 novembre 2011

L’Empire byzantin face à l’invasion arabe (632-718)



Section du mur de Théodose II
Section restaurée du mur de Théodose II (Constantinople).
Lorsque l’Empire romain d’Occident disparaît avec la déposition du dernier empereur Romulus Augustule en 476, la quasi-indifférence générale règne dans l’Empire romain d’Orient, où siège désormais l’unique empereur romain à Constantinople. Le problème barbare semble en voie de solution, et l’empereur Anastase (491-518) laisse un Trésor plein ; mais ce répit est de courte durée. A l’éphémère reconquête justinienne (527-565) succèdent de nouvelles grandes invasions qui vont mettre l’existence de l’Empire en péril.
La dernière tentative de tenir le limès danubien échoue avec l’empereur Maurice (582-602). En quelques décennies, les Balkans sont submergés par les barbares tandis que l’Empire lutte en Orient contre les Perses sassanides. En 626, Constantinople est assiégée des deux côtés : par les Avars du côté occidental, et par les Perses venus de l’autre côté du Bosphore !
L’empereur Héraclius parvient à repousser les envahisseurs et remporte contre les Perses une victoire décisive à Ninive (627). Néanmoins, l’Empire alors très affaibli est devenu une proie idéale pour de nouveaux assaillants. L’invasion arabe est la plus grave que l’Empire va connaître jusqu’à celle des Turcs à partir du XIe siècle. L’Empire byzantin aurait très bien pu disparaître dès le haut Moyen Âge.
I. La conquête arabe
Dès la mort de Mahomet en 632, les musulmans se lancent à l’assaut des grandes puissances voisines : l’Empire byzantin et l’Empire perse sassanide. L’expansion est d’une très grande rapidité, et les villes byzantines tombent les unes après les autres : Damas (635-636), Qinjasrîn (637), Jérusalem (638), Césarée (640). Héraclius réagit en envoyant une armée à la rencontre des envahisseurs, laquelle essuie une lourde défaite à Yarmurk, près d’un des affluents du Jourdain (636).
La conquête de l’Égypte se fait sans que les conquérants arabes ne rencontrent de grandes résistances : la cité d’Héliopolis est perdue en 640, Tripoli en 644, Alexandrie est définitivement conquise en 646. L’Égypte constituait alors le « grenier à blé » de l’Empire, cependant, la perte de cette province ne semble pas avoir entraîné de famine grâce à l’approvisionnement venant d’Asie mineure et de Thrace, et à l’action des pouvoirs publics soucieux de maintenir la stabilité du prix du pain.
La conquête est ralentie par les troubles agitant alors le monde musulman : la fitna. Le dernier des quatre califes rashidun, Ali, est renversé par Mu’awiya, gouverneur de Damas en 661. C’est à cette occasion que les trois groupes religieux islamiques rivaux se forment : les sunnites (partisans de Mu’awiya), les shi’îtes (partisans d’Ali), et les kharidjites (anciens partisans d’Ali déçus par sa tentative de conciliation avec Mu’awiya).
Mu’awiya inaugure la dynastie des califes omeyyades, qui perdure jusqu’en 750, et relance la politique d’expansion militaire. Contrairement aux décennies précédentes, l’avancée se fait plus lente. La résistance est plus farouche en Asie mineure et les reliefs freinent la progression des troupes. A l’Ouest, l’Afrique du Nord est progressivement conquise de 660 à 709 (Carthage tombe en 698). Pour rappel, c’est en 711 que les musulmans traversent le détroit de Gibraltar à bord des navires chrétiens du comte Julien
Le calife comprend l’intérêt de se doter d’une flotte, puisque les musulmans font désormais face à la mer à l’Ouest de l’Afrique et en Asie mineure (les îles). Déjà en 655, sous Ali, une flotte byzantine fut défaite au large de Lycie, ce qui permis la conquête d’une série d’îles, dont Chypre, Rhodes et Cos. Ces îles servent de bases de ravitaillement pour le premier siège de Constantinople qui est lancé par Mu’awiya en 674. Ce siège dure 4 ans et se termine par une victoire byzantine grâce à une arme nouvelle : le feu grégeois. Le reste de la flotte musulmane regagnant ses bases est en grande partie détruite par une tempête. Les musulmans vont mettre une génération pour reconstituer leur armée. Mu’awiya est même obligé de payer un tribut annuel de 3000 pièces d’or, 50 prisonniers byzantins et 50 étalons.
II. Les causes de l’échec byzantin
Comment se fait-il que le puissant Empire byzantin ait si mal résisté aux assauts musulmans ? Les historiens s’accordent pour dire que les Arabes ne possédaient pas un armement supérieur ou une supériorité numérique significative. Ce sont d’autres facteurs qui expliquent les succès musulmans.
En premier lieu, comme cela a été dit, les Byzantins et les Perses ont amenuisé leurs forces dans une longue guerre de cinquante ans, qui s’est terminée en 629 avec les accords d’Arabissos : les deux Empires était largement affaiblis et incapables d’affronter une grande invasion. Ensuite, les Byzantins ont tout misé sur la résistance des villes, les Arabes n’ayant pas développé de technique de siège. La consigne, après la défaite de Yarmuk, était d’éviter le combat, Byzance ne possédant plus une armée capable d’affronter l’ennemi en rase campagne. Or, la plupart des villes se sont rendues, ne voyant pas les troupes impériales venir à leur secours et préférant négocier des conditions de reddition favorables. Les divisions religieuses byzantines (l’hérésie monophysite) expliquent aussi en partie la reddition des villes mais sont loin d’en être la cause principale. Il y a enfin l’enthousiasme religieux des combattants musulmans, et l’effet de surprise (ces populations n’avaient jamais constitué un réel danger) : le réseau de forteresses aux frontières était insuffisamment dense.
III. Le second siège de Constantinople (717-718)
Feu grégeois
Le feu grégeois, élaboré vers 670 par les Byzantins, consistait à jeter sur la mer un mélange inflammable pour incendier les bateaux adverses (illustration du XIe siècle, Chronique de Jean Skylitzès).
En 717, profitant de troubles intérieurs byzantins, le commandant arabe Masmalah regroupe une énorme flotte et forme une gigantesque armée pour partir à nouveau à l’assaut de la capitale byzantine et annexer la “Romanie”. Une première escarmouche permet à la flotte de l’empereur Léon III de détruire quelques navires ennemis grâce au feu grégeois ; cette victoire remonte le moral de la population et des troupes mais surtout elle permet à la ville de ne pas se retrouver en état de blocus (problème des vivres). L’Empire byzantin bénéficie du soutien des Chrétiens d’Orient sous domination musulmane : les rameurs égyptiens font défection, refusant de combattre (plus de 70 ans après la conquête de l’Égypte) ! Les musulmans se sont ainsi vus privés d’une partie de leur flotte.
Des renforts arabes sont repoussés en Bithynie. Après un an de siège, minés par la famine, en proie à un hiver particulièrement rude (chevaux et chameaux meurent), les Arabes doivent se retirer. L’évacuation a lieu le 15 août 718, jour de la Fête de la Vierge. Comme en 678 une énorme tempête anéantit les restes de la flotte en déroute ! Jusqu’alors menacé dans son existence même, 718 marque la libération de l’Empire de l’emprise musulmane.
En revanche, cette victoire ne rassure pas pour autant les habitants de l’Empire qui pensent alors que Dieu les a abandonné. Même les lettrés n’ont pas conscience de ce tournant et continuent à se considérer en infériorité nette. Une colère divine semble s’être abattue sur l’Empire et les angoisses restent présentes ; ce qui va faire le terreau de la crise iconoclaste (725-843).
Jusqu’aux environs de 740, l’Anatolie continue d’être régulièrement razziée. Ce n’est qu’en 740 que pour la première fois une importante armée musulmane est défaite à Akroïnon, au coeur de l’Anatolie. Cette date marque le début de la grande reconquête byzantine qui va s’étaler sur deux siècles : en 975, Jean Tzimiskès arrivera à 150 km de Jérusalem !
- Les musulmans vus par l’évêque Théodore
Théodore Abu Qurra, évêque de Harran (v. 750-v. 825), est un théologien chrétien de langue arabe qui mena une guerre “intellectuelle” contre l’Islam en mettant en évidence les incohérences de la doctrine islamique. La Patrologie Grecque de Théodore, d’où est issu l’extrait ci-dessous, fait partie de cette “littérature de combat” qui se développe dans les premiers temps de l’Islam.
(Théodore a fini par admettre que lorsque les Juifs ont fait crucifier Jésus, celui-ci était consentant à son supplice, en sorte que, selon le musulman, les Juifs ont rendu service aux Chrétiens)…
« THÉODORE : Réponds-moi encore : lorsque vous faîtes une expédition en territoire romain, si l’un d’entre vous est tué en ces lieux, ne va-t-il pas au paradis, selon votre doctrine ?
LE BARBARE : A coup sûr.
THÉODORE : Si maintenant tu pars en expédition pour le territoire romain avec ton fils et ton propre frère, et que quelqu’un tue ton fils, vas-tu aller te venger de celui qui l’a tué, comme d’un ennemi, ou bien vas-tu l’honorer comme un bienfaiteur, l’embrasser et lui donner le baiser amical ?
LE BARBARE : Je le tuerais plutôt mille fois et le couperais en morceaux, si je le pouvais.
THÉODORE : Et comment peux-tu donc juger juste de tuer celui qui a procuré à ton fils ou à ton frère un tel salut et une telle béatitude ? Dis-moi encore autre chose : suppose que tu aies à l’oeil une blessure qui te fasse souffrir mille morts et qu’un de tes ennemis, voulant t’infliger un coup fatal et te faire perdre la vie au plus vite, saisisse l’occasion et t’inflige ce coup non en un autre endroit du corps, mais précisément sur ton œil meurtri afin, comme je l’ai déjà dit, de te faire perdre au plus vite la vie. Mais suppose encore qu’à la suite de cela sortent de ton œil blessé du pus, des sanies et des humeurs corrompues si bien que, délivré de ta maladie à la suite de ce coup, tu retrouves la parfaite santé : alors, considères-tu l’ennemi qui t’a donné le coup comme un ami et un bienfaiteur et vas-tu, en prenant en considération non son intention primitive, mais ce qui est advenu inopinément, sans qu’il le voulût, l’embrasser et le récompenser ?
LE BARBARE : Je me vengerais plutôt sur sa personne, si j’en avais le pouvoir, et je le torturerais comme le plus acharné de mes ennemis.
THÉODORE : Eh bien, considère de la même manière les bienfaits que les Juifs nous ont faits malgré nous ! »
Théodore Abu Qurra. Patrologie Grecque de Migne.
Bibliographie :
CHEYNET, Jean-Claude. Byzance. L’Empire romain d’Orient. Armand Colin, 2001.
DUCELLIER, Alain ; KAPLAN, Michel. Byzance. IVe-XVe siècle. Hachette, 2006.
SÉNAC, Philippe. Le monde musulman des origines au XIe siècle. Armand Colin, 2002.

Les dix principes de la manipulation des masses


1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3/ La stratégie de la dégradation
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

4/ La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9/ Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

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