mardi 31 juillet 2012

Prétendue opération de sécurisation de l’Ouest ivoirien : ce qui se passe vraiment par Frnck Totti

Depuis plus d’une année déjà, la région de l’ouest du pays est confrontée à une insécurité chronique plus intense que le reste de la Côte d’Ivoire. Mais il aura fallu l’assassinat de sept casques bleus, début juin, pour voir le régime Ouattara lancer d’urgence une opération dite de sécurisation de la région, où il ne fait pas bon vivre.




Depuis plusieurs jours, les Frci ont investi l’ouest du pays, particulièrement la région de Taï, où plusieurs attaques ayant entrainé morts d’hommes, ont été perpétrées par des hommes armés non identifiés ces derniers temps. Officiellement, selon l’Etat-major des Frci, il s’agit d’une opération de sécurisation de la zone frontalière avec le Liberia. Mais sur le terrain, le constat est tout autre. En fait d’opération de sécurisation, c’est plutôt une opération de persécution des populations, notamment des autochtones Oubis, qu’il est donné de constater sur le terrain. Des éléments des Frci, particulièrement déchainés contre les autochtones, accusés à tort de servir de bras séculiers à des prétendus « assaillants miliciens ». 

Ce qu’il est convenu d’appeler le « ratissage » des Frci dans cette région de Taï n’est rien d’autre que la traque d’autochtones stigmatisés comme étant des miliciens. Leur seul tort (comme toute la région de l’ouest d’ailleurs), c’est d’avoir massivement voté le président Laurent Gbagbo aux deux tours de l’élection présidentielle de 2010 qui a servi de prétexte à la guerre. Selon les informations en notre possession, la plupart des autochtones ont déserté les villages pour trouver refuge dans la ville de Taï et ses environs pour certains, et au-delà de la frontière libérienne pour d’autres. Parce qu’excédés de vivre le martyre du fait du harcèlement dont ils sont victimes de la part des Frci, des dozos et des milices burkinabè pro-Ouattara qui pullulent dans la région. Le groupe le plus connu pour ses hauts faits étant la milice d’Amadé Ouérémi, qui tient aujourd’hui toute la zone du mont Péko.

Contrairement aux informations données ça et là, les Frci ne sont pas en pleine bataille guerrière contre un quelconque embryon de « rébellion » dans la région comme on tente insidieusement de le faire croire au peuple. L’impressionnant renfort des Frci ne vise qu’à dissuader d’éventuelles attaques d’« assaillants ». Les éléments des Frci ont été pour cela prédisposés dans différents villages et à Taï. Malheureusement, cette présence surmédiatisée des Frci ne rassure guère les populations qui rechignent à regagner leurs lieux d’habitation. Alors que tout le monde est unanime pour dire que les « assaillants » proviennent de la forêt de Taï, personne au niveau des forces militaires mobilisées n’ose franchir le cap pour une fouille et un ratissage en bonne et due forme de cette immense forêt jugée « dangereuse ». Les prétendues offensives des Frci dont on parle depuis plusieurs jours ne le sont en réalité que sur papier. Et cela ne rassure guère les populations. Jusqu’à ce jour, le commandement des Frci n’a pas pris la décision de mener des expéditions dans la forêt de Taï. Comme on le voit, le régime qui a pourtant promis de dénicher les assaillants taxés sans preuve de pro-Gbagbo continue de mentir aux Ivoiriens.

Source : Nouveau Courrier

Au cœur du « clan » alaouite...Daniel Flinker

Cet article condense une série de témoignages inédits, recueillis à la frontière turco-syrienne durant l'été 2011. Une enquête « à contre-courant » à propos du conflit qui embrase actuellement la Syrie.


 
Juin 2011, cent vingt soldats sont tués à Jisr al Choughour, une localité du Nord-Ouest de la Syrie. Selon les opposants à Bachar Al Assad, ils ont été exécutés pour insubordination, pour avoir refusé de massacrer des civils innocents. Mais d'après Damas, ses militaires ont été abattus par une bande armée, au moment où ils portaient assistance à la population de Jisr al Choughour, terrorisée par les hors-la-loi...

Que se passe-t-il réellement en Syrie ? Quelles forces sociales s'y affrontent pour le contrôle du pouvoir ? Comment les pays limitrophes influencent-ils le contexte syrien ? Quels intérêts motivent l'Europe et les États-Unis à s'impliquer dans le conflit ?

Les témoignages qui suivent offrent un point de vue original et polémique sur les événements qui secouent actuellement la Syrie... (A)
 

Des vacances avec Bachar

 
Cet article se propose d'introduire de la complexité au sein du discours uniforme, propagé dans les médias, au sujet de la Syrie. Cette contribution au débat adopte donc un angle de vue inédit sur la question. Elle repose sur des entretiens réalisés durant l'été 2011, auprès d'Arabes alaouites de nationalité turque.

La Syrie est un pays arabe. Majoritairement sunnite, sa population se compose de douze pour cent de chrétiens et d'une proportion similaire d'Alaouites. Bachar Al Assad appartient à cette minorité, qui constitue une branche hétérodoxe du chiisme.

Antioche et Samandag sont deux villes frontalières de la Syrie, situées en territoire turc. Ces agglomérations sont partiellement peuplées d'Arabes alaouites. Installés au sud de la Turquie sunnite, ces derniers éprouvent un attachement particulier envers la Syrie.

Observateurs avertis des tensions qui traversent la région, les Arabes alaouites de Turquie, auxquels la parole est confiée dans ce document, se trouvent donc aux premières loges pour analyser les évolutions de la société syrienne.

Fournissant de nouvelles clés pour appréhender cette problématique, les personnes interviewées dans le cadre de cette enquête témoignent du climat de violence qui règne en Syrie et insistent sur le rôle joué, dans l'ombre, par la Turquie pour déstabiliser le pouvoir en place à Damas.
 

Une reine de bonté...


Entendu dans les médias internationaux : depuis juin, seize mille Syriens se sont réfugiés en Turquie, dans les environs d'Antioche (Antakya, en turc), pour fuir les massacres perpétrés, à quelques kilomètres de là, à Jisr al Choughour.

« Vu à la télé » : sous une pancarte souhaitant la bienvenue à « la reine de bonté », l'actrice américaine Angelina Jolie, les yeux tout ronds, débarque expressément à Antioche, afin de s'enquérir de l'état des malheureux.

Découverte sur le terrain : une réalité moins hollywoodienne...

Sur le bord de la route asphaltée, à une centaine de mètres de l'entrée du village d'Altinözu où sont installés des réfugiés, un arbre protège quatre jeunes Syriens du soleil : « On vient de Jisr al Choughour. On sait ce qui s'est passé là-bas avec les cent vingt soldats : c'est un règlement de compte entre policiers et soldats ! »
- « Ah bon ? »
- « Oui, c'est ce qu'on nous a dit... »

De grands hangars métalliques, camouflés par une enceinte barbelée, composent le camp. « D'une capacité de deux mille places, il n'est occupé que par trois cents personnes », indique le garde en faction à l'entrée, après avoir interdit l'usage de tout appareil photographique. Il a l'air de s'ennuyer. Il explique : « Ils passent la frontière car ici, ils sont bien accueillis et reçoivent à manger... Il ne se passe rien en Syrie mais ils vont et viennent quand même. »

Dans le petit bus qui m'a véhiculé, quelques minutes plus tôt, jusqu'aux montagnes dominant Antakya, le conducteur tient un discours similaire : « Tu dois écrire la vérité car dans les médias, il n'y a que des mensonges... Moi, je transporte tous les jours des gens de part et d'autre de la frontière. Tout se passe comme d'habitude, tout est calme, rien n'a changé. Les médias doivent arrêter d'effrayer les gens ! »

Confidentiel


Pour quelle(s) raison(s) des Syriens franchissent-ils la frontière turque ? L'anecdote racontée par un enseignant peut laisser perplexe : « Des officiels de l'État turc sont allés dans des villages sunnites derrière la frontière syrienne en leur promettant maison, terre et argent. C'est ce que les réfugiés ont expliqué aux professeurs turcs arabophones, qui peuvent servir d'interprètes dans les camps. Les réfugiés se sont rués sur eux en demandant : ''Où est tout ce qu'on nous a promis ?'' Quand ils ont vu qu'ils n'auraient rien, beaucoup sont rentrés en Syrie. »

Un policier d'Antakya certifie, quant à lui, que des Turcs proposent aux Turkmènes de Syrie le deal suivant : « On vous donne cinq cents lires syriennes et vous venez en Turquie pour montrer qu'il y a un afflux de réfugiés. L'État turc vous garantit la nationalité, de l'argent et des terres. » Et l'agent des forces de l'ordre de constater : « Les réfugiés ont pété les plombs contre mes collègues quand ils ont compris qu'ils n'auraient rien. »

La nuit est tombée depuis longtemps sur la vallée au creux de laquelle se déploie la ville d'Antakya quand Fatih, un géomètre de vingt-huit ans, résume la conviction des centaines de milliers d'Arabes alaouites vivant dans cette partie de la Turquie : « Des réfugiés sont venus chez nous parce que l'État turc leur a promis de l'argent. Quand ils ont vu qu'on ne leur donnait rien, nombre d'entre eux sont repartis. Mais ça, les médias n'en disent rien ! De la même manière que nous, on est des Arabes alaouites vivant en Turquie, il y a des Turcs sunnites qui vivent en Syrie. Ce sont eux qui ont été interviewés et qui racontent n'importe quoi sur la situation ! »

La tante de Fatih renchérit : « Tous les réfugiés qui sont arrivés en Turquie sont sunnites. L'État turc leur a proposé de s'établir en Turquie. Comme ça, il y a encore plus de sunnites dans notre région. »

Le ciel est rempli d'étoiles et Fatih vitupère : « Angelina Jolie, Angelina Jolie... Pourquoi n'a-t-elle pas été réaliser son show pour les quatre millions d'Irakiens que la Syrie a accueillis à cause de la guerre de Bush ? »

Six conversations et (déjà) beaucoup (trop) d'informations (inhabituelles).
 
 

Des Arabes en Turquie ?

 
Pain, olives et fromage... Au cours du petit déjeuner, Fatih livre ses sentiments en buvant un thé bouillant : « Ici, les gens prennent des somnifères pour dormir, sinon ils deviendraient fous. » Abandonnant son air jovial, le benjamin de la famille qui m'héberge prophétise : « Ici, on a très peur. Il va y avoir un véritable génocide, si Bachar tombe... »

Ses phrases rebondissent et font sonner creux une partie vide de mon cerveau. « C'est quand même Bachar Al Assad qui est violent. Je ne comprends pas, Fatih. Il risque de se venger ici... en Turquie ? » Il secoue la tête et répète plus lentement : « Si Bachar tombe, nous, les Alaouites, on va se faire massacrer par les sunnites de Turquie et de Syrie... »

Fatih a pris des forces et sa voiture. Très vite, il ironise : « Aujourd'hui, les deux cent mille habitants d'Antakya semblent s'être donné rendez-vous pour bloquer le centre-ville. » Avançant autant à l'aide de son klaxon que de son accélérateur, Fatih zigzague dans les embouteillages : « Regarde le quartier qu'ils sont en train de bâtir là-bas, il est réservé aux sunnites. Tu dois téléphoner pour pouvoir t'inscrire. On a testé : les Alaouites ne sont jamais pris ! En plus, maintenant, quand ils construisent de nouveaux ensembles, ils commencent par la mosquée, pour être sûrs qu'on ne viendra pas... Voilà pour quoi et pour qui on paye des impôts ! », clame-t-il, en écrasant sa pédale de frein.

Pour échapper à la circulation, il se permet un rapide détour historique, égratignant au passage l'État français qu'il accuse de vouloir recoloniser la Syrie. Une main sur le volant, Fatih parle comme un livre : « Sous domination ottomane pendant quatre siècles, la Syrie a été placée sous protectorat français lors du démembrement de l'Empire. En 1939, notre région, le Sandjak d'Alexandrette, une zone géographiquement, historiquement et culturellement attachée à la Syrie, a été discrètement concédée à la Turquie, pour éviter qu'elle ne s'allie à Hitler. »

Trente kilomètres encore pour atteindre les locaux du cabinet d'expertise fondé par Fatih. Sa voiture s'engage, - enfin - à grande vitesse, sur la route cabossée reliant Antakya et Samandag. Le conducteur continue : « Nous, les Arabes alaouites, nous ne formons qu'une petite minorité installée à cheval sur la frontière turco-syrienne, le long de la côte méditerranéenne.  » Il sourit : « Pour nous, les Arabes alaouites de Turquie, Bachar est un cousin. Le village d'où est native la famille Al Assad se trouve de l'autre côté de la frontière, derrière la montagne là-bas. »

Sur un ton plus grave, Fatih conclut, en entrant dans Samandag : « Nous, les Arabes alaouites de Turquie, nous sommes doublement discriminés : nous sommes arabes, nous parlons cette langue, mais l'État a ''turquisé'' nos noms de famille comme les noms de nos villages et nous impose l'apprentissage du turc. En plus, nous sommes des Alaouites, une forme très ''ouverte'', antidogmatique de l'islam chiite, plongés dans un océan sunnite conservateur... »

Brahim, la cinquantaine, travaille dans l'import-export entre la Turquie et l'Irak. Lui aussi exprime les angoisses d'une minorité assiégée, sous pression : « On a beaucoup à craindre de la situation en Syrie et de l'évolution politique en Turquie. L'Histoire nous l'enseigne : notre population a déjà été souvent massacrée. L'État turc ne s'en cache pas : il veut éliminer les Alaouites turcs. Quand j'étais petit, à l'école, on nous demandait : ''Vous êtes turcs ou arabes ?'' On devait tous crier : ''Nous sommes turcs !''... On veut nous assimiler. »

Au cœur du « clan » alaouite


Moi qui croyais que les musulmans ne buvaient pas d'alcool ! Ici, on me traite d'« islamiste » quand je refuse un verre et c'est autour d'une bouteille d'eau-de-vie que Brahim s'exclame : « Bachar, c'est notre seul salut en tant que minorité. S'il tombe, on nous attaquera... » Puis, après un moment de réflexion, il articule avec conviction : « Mais jamais dans l'Histoire, nous n'avons reculé. Les Alaouites lutteront. On touchera le fond pour mieux remonter. »

En soirée, un vent - toujours vigoureux - rafraîchit la région. Isolée de la route par un patchwork de vergers plantés d'oliviers, de pruniers et de figuiers, la demeure de Brahim est édifiée en contrebas d'une montagne. Confortablement installé sur sa terrasse, ce dernier devise avec ses proches en dégustant une variété de mezze.

J'écoute et j'ai l'esprit aussi embrumé que mon raki coupé à l'eau glacée. Avec les informations accumulées jusqu'à présent, je n'arrive à bricoler que des syllogismes improbables.

Trop sommaires demeurent mes connaissances sur l'islam. Je garde bien en mémoire que les sunnites s'opposent aux chiites comme les catholiques peuvent se distinguer des protestants. Mais c'est à peu près tout... Mon image de la femme chiite ? Un cliché : une Iranienne complètement emballée.

Syllogisme n° 1 :
Une chiite est intégralement drapée de noir.
L'alaouisme constitue une branche du chiisme.
Les Alaouites... ne portent pas le voile.

Il est tard mais toute la famille a souhaité rester attablée pour continuer la discussion après le repas. La femme de Brahim détend l'atmosphère : « Si les sunnites veulent nous voiler, on mettra des décolletés encore plus larges ! ». Elle rigole. Tout le monde rigole...

Syllogisme n° 2 :
Les musulmans font le ramadan.
Les Alaouites sont musulmans.
Les Alaouites ne font pas le ramadan !

Ali est médecin. Parlant arabe, il a été réquisitionné une journée par le ministère turc de la Santé pour aller prodiguer des soins aux réfugiés concentrés à Altinözu, une bourgade essentiellement sunnite. Mais finalement, le docteur n'a pas été autorisé à entrer dans le camp quasi désert. De confession alaouite, il s'est égaré à demander un verre d'eau lors de son arrivée. Ramadan oblige, on lui a conseillé de rebrousser chemin...

Durant le mois de jeûne, dans la cité balnéaire où Ali passe ses week-ends pour profiter de la Méditerranée, ont été placés des haut-parleurs sur plusieurs maisons. À cinq heures du matin, les vacanciers - principalement alaouites - pestent contre le chant du muezzin, diffusé à pleins décibels.

Syllogisme n° 3 :
Les musulmans prient à la mosquée.
Les Alaouites sont musulmans...
Les Alaouites ne mettent pas les pieds dans les mosquées !

Mercredi, non loin du camp d'Altinözu, c'est jour de marché dans le village de Deniz. La population locale y débat avec des réfugiés qui affirment : « Le vendredi, dans les mosquées, ils nous donnent cent lires pour qu'on aille protester... Alors, on le fait. »

Armés... de rameaux d'olivier


Comme beaucoup ici, Samiya, une femme au foyer d'une cinquantaine d'années, ne regarde plus la télévision turque : « Ils ne profèrent que des mensonges ! » Elle a branché le satellite sur les chaînes syriennes. Sur l'une d'elles, elle me relate avoir entendu un Syrien expliquer qu'on lui avait proposé, ainsi qu'à d'autres, cinq cents lires pour fomenter des troubles... « Ce qu'ils se sont empressés de faire, vu leur pauvreté. Mais comme ils n'ont reçu que cent lires, ils ont manifesté devant le commissariat pour dénoncer ceux qui n'avaient pas tenu leurs promesses ! », s'amuse Samiya.

Alors que notre voiture s'engage sur la chaussée défoncée menant au ziyara de Samandag, un mausolée garni d'un dôme blanc, lieu de pèlerinage pour les croyants du monde entier, Fatih m'interpelle subitement : « Cette femme, là, c'est une Syrienne. Elle est mariée à un de mes amis. Elle peut t'expliquer ce qui se passe de l'autre côté de la frontière. » Évitant de justesse un curieux équipage composé de deux enfants et de leurs parents acrobatiquement disposés sur une vieille moto, nous nous arrêtons sur le bas-côté et accostons la petite dame.

Accoudée au rebord de la fenêtre du véhicule, elle paraît sur le qui-vive : « Moi, je n'ai pas peur de parler mais mon mari est peureux. Il se méfie de la police turque. Donc, ne mentionnez pas mon nom et ne me prenez pas en photo...  » Une fois rassurée, elle se met à raconter : « Moi, je viens d'Alep et j'ai de la famille dans tout le Nord de la Syrie. J'ai aussi des parents à Jisr al Choughour. Ils disent l'inverse de ce qu'expliquent les médias turcs. Ils nous ont expliqué que ce sont des groupes armés, les Frères musulmans, qui sèment la terreur.  »

Je tente de l'interrompre : « Les médias occidentaux décrivent les protestataires comme des manifestants pacifiques qui réclament la démocratie. J'ai même vu des processions où ils défilaient un rameau d'olivier à la main... » Mais rien ne semble plus pouvoir arrêter mon interlocutrice à présent : « Vendredi passé, des terroristes ont fait sauter une ligne de chemin de fer. Ils ont fait dérailler un train bondé puis ont mis le feu à la locomotive. Le conducteur est mort. »

Entre deux anecdotes, elle consent néanmoins à m'expliquer : « Dans vos médias, ils ne traduisent jamais les slogans scandés par les manifestants. Combien de fois n'ai-je vu, à la télévision, la foule crier : '''El 'Alawi bi tabut ! El Messih lê Beirut !'', ''Les Alaouites au tombeau ! Les chrétiens à Beyrouth !'' »

Puis, elle reprend le fil de ses récits : « J'ai également de la famille à Homs, au centre de la Syrie. Ils m'ont contactée pour me dire qu'à un barrage qu'ils tiennent en ville, des barbus ont demandé à une amie de la famille pourquoi elle ne portait pas le voile. Comme elle ne répondait pas, ils ont crié : ''Tu es alaouite !'' Ils l'ont violée puis, lui ont tranché la tête... »

Propos isolés ? Sur l'interminable plage de sable blanc de Samandag, un coiffeur syrien est assis seul, l'air abattu. Il soupire : « C'est vraiment horrible ce qui se passe. Dans le pays, il y a peut-être des soldats qui liquident des sunnites opposés à Bachar. Mais, chez moi à Lattaquié, les extrémistes sunnites torturent, découpent les Alaouites en morceaux, pour les tuer ! »

Le soir, la télé syrienne annonce qu'entre Tartous et Homs, un barrage hydraulique a été dynamité par des terroristes : l'eau qu'il retenait a inondé tous les champs alentour.
« Armés de rameaux d'olivier ? », persifle Fatih.

Syrian killers


Les grands arbres du parc d'Antakya constituent un refuge idéal pour quiconque souhaite s'abriter des rayons agressifs du soleil. Longeant l'Oronte, le « fleuve rebelle » - le seul qui sillonne la région du Sud vers le Nord -, des familles et des amis s'y retrouvent pour boire le thé ou jouer au backgammon.

Assise sur une petite chaise en bois, Zeynep, une femme dynamique qui ne quitte que trop rarement ses deux portables des yeux, fournit une explication diamétralement opposée à celle habituellement diffusée à propos de l'état d'esprit de la population syrienne... terrorisée par son armée.

Âgée de trente-neuf ans, Zeynep est une Arabe sunnite de Turquie, dont une partie de la famille vit en Syrie. Son neveu poursuit des études à Alep, la deuxième ville du pays. Le week-end dernier, elle l'a passé chez des parents... à Jisr al Choughour.

Les yeux fermés, elle se remémore les rencontres réalisées au cours de son séjour : « Là-bas, quand tu arrives, tout le monde vient te saluer. Et la population est unanime : avec la présence de l'armée, les gens se sentent enfin rassurés. Ils sont contents de pouvoir affirmer que, maintenant, avec le déploiement des soldats, ils résident dans la ville la plus sûre de Syrie. »

De qui ont-ils peur ? « Là-bas, continue Zeynep, tout le monde se connaît. Et les habitants sont catégoriques : ''Ceux qui ont commis des troubles violents, ce sont des inconnus, des étrangers, peut-être des Saoudiens !'' Ils les reconnaissent à leur accent.  », précise-t-elle.

Soirée Internet : Fatih se propose de me montrer des images inédites. Via son compte Facebook, il me projette une vidéo. « Allah u akbar ! », d'un camion stationné sur un pont, les corps mutilés de sept hommes sont jetés, « Allah u akbar ! », dans l'Oronte. Fatih est rouge de colère : « Voilà ce que les terroristes, les islamistes, font aux Alaouites en Syrie ! », enrage-t-il.

Sur Youtube, il lance une séquence se déroulant dans la ville de Hama. Des civils, des fusils surdimensionnés à l'épaule, tirent depuis des toits, depuis les rues. Sur qui ? Sur quoi ? On ne le sait pas. Mais ces images semblent suffisamment crédibles pour que, quelques jours plus tard, la chaîne France 24 fasse brièvement allusion « à des coups de feu échangés à Hama, ''la cité martyre, épicentre de la révolte'', entre des soldats et des hommes armés. »... (B)


(A) Pour découvrir l'intégralité de cette enquête, le présent article et un autre (Flinker D., Que se passe-t-il réellement en Syrie ? In : Ensemble n°75, juillet 2012, pp. 59-63., téléchargeable sur : ) doivent être lus l'un à la suite de l'autre, car ils forment un tout.http://www.asbl-csce.be/journal/JourColl75.pdf

(B) À plusieurs reprises au cours de la rédaction de cet article, j'ai été tenté d'annoter les prises de position de mes interlocuteurs.

Loin de moi, par exemple, l'idée de nier la violence du régime syrien ou de délégitimer le mouvement populaire en faveur de la démocratie, contre la misère, qui y fait face. Ces questions sont d'ailleurs partiellement traitées dans l'article Flinker D., La situation en Syrie doit questionner l'Occident ! In : Ensemble n°75, juillet 2012, pp. 64-70.

De même, l'objectif de ce papier n'est pas de stigmatiser l'islam en général, de critiquer l'islam sunnite en particulier ou de surestimer les tensions confessionnelles se manifestant dans le conflit syrien. Dès lors, si l'article Flinker D., Que se passe-t-il réellement en Syrie ? In : Ensemble n°75, juillet 2012, pp. 59-63., approfondit cette problématique, d'autres dimensions y sont également abordées.

En fait, en proposant une plongée au sein d'une population particulière et au cœur des analyses qu'elle développe, j'ai privilégié l'adoption d'une démarche « compréhensive ». Cette enquête n'a pas pour vocation de dire « la Vérité ». Elle offre plutôt une tribune à des argumentaires écartés d'office, exclus du débat public ; à un discours passé sous silence chez nous... alors qu'il s'avère indispensable pour quiconque espère cerner les enjeux du conflit syrien.


Source : CSCE

Vers un conflit armé en Mer de Chine ?

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Les îles Sansha : un enjeu stratégique.
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Michel Garroté La Chine envoie deux garnisons militaires dans les îles Sansha, îles disputées en Mer de Chine : une garnison de son armée de terre et une autre de sa marine.
Ce nouveau déploiement militaire signifie que la Chine exclut désormais le dialogue et envisage une résolution militaire du litige. La Chine refuse de reconnaître les revendications de souveraineté sur les îles Sansha, revendications formulées par le Viêt-Nam et par les Philippines.
L’envoi de deux garnisons militaires dans les îles Sansha constitue la troisième plus grande concentration militaire chinoise, après son déploiement de troupes à la frontière avec l’Inde et son déploiement naval dans le détroit près de Taïwan.
L’envoi de garnisons militaires dans les îles Sansha relance, en Inde et aux Etats-Unis, les spéculations sur un conflit armé en Mer de Chine.
Michel Garroté
Rédacteur en chef
Reproduction autorisée avec mention de www.dreuz.info

Syrie – Quand les rebelles sont libyens et irlandais

Le djihadiste libyen Mehdi al Harati dirige un groupe rebelle syrien
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Michel Garroté – La présence croissante (sans jeu de mot) de djihadistes étrangers, notamment libyens, au sein l’insurrection syrienne est désormais un fait impossible à cacher : des volontaires libyens ont – entre autre – formé les combattants du groupe « Liwaa Al Umma » (la « Brigade de la Communauté des Croyants ») et ils luttent depuis des semaines contre le régime syrien. Ces combattants sont dirigés par un certain Mehdi al Harati, un commandant libyen avec passeport irlandais…
Michel Garroté
Rédacteur en chef
Reproduction autorisée avec mention de www.dreuz.info

Syrie : contrairement à ce que prétend la propagande des médias, l’armée syrienne contrôle désormais Alep

Avant-hier soir, la télévision syrienne a annoncé que l’armée contrôlait « complètement » le quartier de Salaheddine, principal bastion rebelle dans la partie sud d’Alep.
 
De lourdes pertes ont été infligées aux « mercenaires » ASL non seulement dans ce quartier mais aussi celui, à l’ouest immédiat de Salaheddine, d’al-Hamadiniya. La chaîne iranienne al-Alam, dont des correspondants sont sur place, a confirmé l’information. Ainsi que la nouvelle chaîne arabe al-Mayadine, dissidente d’al-Jazeera. Et al-Alam a indiqué que l’armée avait également repris le contrôle de l’ensemble du quartier de Dawar al-Jandoul.


L’agence russe RIA Novosti citait, elle, un témoin selon lequel les combattants de l’Armée syrienne libre, bloqués à Salaheddine, avaient tenté une sortie la nuit dernière mais avaient été repoussés par les militaires fidèles au régime.
Et le site russo-arabe Russia Today a recueilli ces informations du reporter de la chaîne Al-Khabar TV, Sarkis Kassargian : « Les rebelles, dit-il, tenaient le secteur de Salaheddine. Ils l’ont quitté et l’armée syrienne contrôle cette zone à présent ».
Infosyrie

Sécurité sanitaire ou abattage rituel, il faut choisir !

  

Les intoxications et les hospitalisations dues à une variante pathologique de la bactérie E. coli se multiplient. Elles suivent souvent l’ingestion de viande hachée (tartare ou hamburgers). L’abattage rituel qui facilite la contamination de la viande par régurgitation de l’œsophage est une majeure de cette pathologie. « Sécurité sanitaire ou abattage rituel, il faut choisir ! » tel est le point de vue du groupe écologiste et localiste Maison Commune.
Trois enfants sont hospitalisés depuis plusieurs jours à Bordeaux après avoir consommé des steaks hachés contaminés par une souche de bactérie E. coli. Une fillette, dialysée depuis, se trouve dans un état « sévère ».
Ce type grave d’intoxication par ingestion de viande contaminée tend à se multiplier depuis quelques mois, sous la plus grande inertie des autorités. La principale source de contamination au colibacille est pourtant tout à fait connue : c’est la généralisation de l’abattage rituel des animaux (rites halal et casher). Cette mise à mort des animaux par égorgement et sans étourdissement préalable, entraîne fréquemment la régurgitation de l’œsophage après égorgement, contaminant ainsi les pièces à viande alentour. Outre les souffrances infligées aux animaux, ces pratiques sont donc tout à fait discutables sur le plan sanitaire.
Les autorités vétérinaires sont pourtant parfaitement informées du niveau élevé du risque sanitaire causé par la propagation d’E. coli, comme l’indique le communiqué suivant :
« Les infections causées par les EHEC (Escherichia coli entéro-hémorragiques) constituent un problème majeur en santé publique en raison de l’extrême sévérité des manifestations cliniques qu’ils peuvent générer, en particulier les colites hémorragiques mais surtout le syndrome hémolytique et urémique (SHU), particulièrement chez les jeunes enfants et chez les personnes âgées. Le SHU est la principale cause d’insuffisance rénale aiguë chez l’enfant de moins de 3 ans. La létalité (mort) varie de 3 à 5% et plus d’un tiers des malades conservent des séquelles rénales à long terme. » (Rapport ANSES – Saisine n°2010-SA-0031-janvier 2011.)
Elles le sont aussi, et depuis des années, sur l’origine principale de sa propagation, par les alertes régulières de nombreux collectifs et associations. Mais rien ne semble y faire. Au contraire, ce type d’abattage ne cesse de se développer alors que le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux précisait déjà en 2011 que 51% des abattages pratiqués en France étaient des abattages rituels, voire 100% en Ile-de-France et dans certains autres départements (Préfecture de Paris et liste des abattoirs conventionnels de l’OABA).
Combien d’hospitalisations et de graves séquelles, voire de décès chez nos concitoyens les plus fragiles faudra-t-il encore pour convaincre nos responsables politiques et les autorités sanitaires de réagir ?
Maison Commune, dans un esprit de responsabilité, demande donc :
  • - la publication et la diffusion officielles de la liste des abattoirs pratiquant l’abattage rituel et, surtout, l’étiquetage obligatoire immédiat du mode d’abattage sur les viandes (et les sous-produits recyclés) et l’information au public dans les restaurants ;
  • - dans un second temps, s’il se révélait malheureusement que ces mesures étaient insuffisantes pour enrayer les contaminations, les pouvoirs publics doivent pouvoir interdire la pratique de l’abattage rituel, pour cause de risque sanitaire majeur.
Les autorités sanitaires doivent pouvoir protéger les populations sans considération politique, religieuse ou partisane.
Communiqué de presse de Maison Commune

Une tragédie birmane (*)



Polémia a reçu le tout récent article de Philippe Raggi, relatif à ce qui se passe actuellement en Birmanie (Myanmar). Après la réception à l’Elysée, digne d’un chef d’Etat, par François Hollande d’Aung San Suu Kyyi, surnommée la « Dame de Rangoun », grande figure de l’opposition non violente à la dictature militaire de son pays, Polémia a jugé intéressante la publication de ce texte.
Polémia
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A l’Est de Suez, dans l’ancienne Birmanie, l’histoire s’accélère un tant soit peu ces derniers mois. Ainsi, constatons-nous non seulement une ouverture politique réelle de la part du gouvernement de Naypyidaw - dont le retour en grâce d’Aung San Suu Kyi et des perspectives démocratiques - mais encore des affrontements ethnico-religieux sérieux dans le Nord-Est du pays - avec plusieurs dizaines de morts de part et d’autre, sans que la situation ne soit encore stabilisée.
S’il n’y a pas de lien entre ces deux événements, il n’en demeure pas moins qu’ils surviennent dans une conjoncture nouvelle, celle d’un retour du Myanmar dans la géopolitique régionale et internationale. Il est opportun de s'y arrêter quelque peu, de souligner certains éléments et d'esquisser les enjeux.
La belle « dame de Rangoon », une icône programmée pour le pouvoir
Alors que le vent semble tourner au Myanmar, il est opportun de rappeler ce que représente Aung San Suu Kyi, par delà le portrait flatteur et idyllique médiatique.
Fille du Général Aung San (un des pères de la Birmanie), elle entreprend des études de philosophie, de politique et d’économie au Saint Hugh’s College d'Oxford entre 1964 et 1967, alors que ce Collège était encore réservée aux filles. Elle obtient par la suite un doctorat à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres. En 1967, âgée de 22 ans, elle déménage à New York et entame un second cycle d'études supérieures puis devient secrétaire-assistante du Comité des questions administratives et budgétaires des Nations Unies. En 1972, elle se marie à un britannique, Michael Vaillancourt Aris, spécialiste des études tibétaines, dont elle aura deux enfants. Retournée en Birmanie pour des motifs familiaux, en 1988 elle participe, avec d’anciens généraux, à la fondation de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) ; elle en devient la première secrétaire générale. Un an plus tard, elle est arrêtée par le gouvernement militaire de Rangoon qui lui propose la liberté à condition qu’elle quitte le pays, ce qu’elle refuse. Elle est mise plus tard en liberté « surveillée ».
Dès lors, sa carrière s’étoffe tant à l’intérieur de son pays où elle symbolise l’opposition, qu’à l’international où elle est l’icône démocratique face à la junte militaire. Présentée comme l’espoir du peuple birman opprimé et notamment des plus humbles, il n’en demeure pas moins qu’Aung San Suu Kyi, si d’aventure elle devait arriver au pouvoir - ce qui est très probable - relève entièrement de l’élite mondialisée et cosmopolite. Repérée et formatée alors qu’elle suivait ses études, elle était programmée pour prendre les rênes de son pays et satisfaire à terme l’idéologie mondialiste. Les Birmans comprendront bien vite le jeu de dupe lorsqu’elle parviendra au pouvoir, lorsque le pays entrera dans le concert de l’économie mondialisée, sera mis en coupe réglée par les consortiums étrangers et l'idéologie du marché…Par ailleurs, les sociétés françaises, et en premier lieu le « groupe énergéticien » Total (1), vont aussi faire les frais du changement à la tête du pays, car il est certain que dès lors qu’Aung San Suu Kyi tiendra les rênes du pays, les sociétés britanniques et américaines prendront le dessus, évinçant le groupe français (2) jusqu’ici en position dominante au Myanmar (parmi les sociétés non asiatiques) dans le domaine de l'hydrocarbure.
Minorités birmanes opprimées
Ces dernières semaines ont vu des tensions communautaires apparaître au pays des mille pagodes. En effet, suite au viol et au meurtre d’une jeune fille bouddhiste originaire du Rakhine par trois musulmans, dans un village proche de Kyaukphyu (État de Rakhine), le 28 mai dernier, des émeutes entre Bouddhistes et Musulmans ont éclaté dans cet État du Nord-Ouest du Myanmar. Ces affrontements ont causé de nombreuses victimes (bouddhistes et musulmanes) et beaucoup de dégâts matériels (des centaines de maisons, d'écoles et d'administrations détruites).
Dans certaines villes (Sittwe, Maungdaw) la Police a ouvert le feu et imposé le couvre-feu, mais cela n’a pas apaisé les tensions. Même à Rangoon (l’ancienne capitale), des groupes ethno-confessionnels se sont affrontés.
Le 10 juin dernier, le Président Thein Sein déclarait l’état d’urgence au Rakhine. La crainte du pouvoir en place est de voir s’étendre ces émeutes dans l’ensemble du pays en pleine ouverture politique.
Ce n’est pas tant la religion musulmane qui est le motif premier des affrontements. Les quelques 4% de musulmans qui composent le pays (à 90% bouddhiste), se subdivisent en trois communautés bien distinctes et n’ayant pas les mêmes soucis d’intégration. Il y a les musulmans d’origine Indienne, ceux d’origine chinoise (Panthays) et enfin ceux d’origine Bengalie. Si les deux premières composantes sont bien intégrées et depuis longtemps au sein du pays, ce qui n’est pas le cas de la dernière, connue sous le nom de Rohingyas et regroupée essentiellement dans l’Etat du Rakhine (Nord Ouest du Myanmar) où ils sont une des minorités (3).
Ces Rohingyas qui vivent près du Bengladesh, en dehors de leur pratique religieuse distincte, parlent quasi exclusivement le Bengali, et ne sont ni intégrés et encore moins assimilés à leurs compatriotes bouddhistes. Depuis longtemps discriminés et persécutés dans le pays (ils n’ont pas le droit de sortir du Rakhine, n’ont pas de papiers d’identité), ils ne sont véritablement des citoyens mais ont le statut d’« associés » à la Birmanie ; bref, ils sont dans une situation bien plus difficile comparativement aux autres minorités ethniques ou religieuses (4), elles mêmes souvent persécutées.
Ce qui inquiète aussi les autorités du Myanmar, c’est qu’un certain nombre de Rohingyas sont des jihadistes militants, en liaison étroites avec le Harakat al Jihad al Islami du Bengladesh voisin, ayant été entraînés par l’ISI (les Services pakistanais), souvent passés par les madrassas pakistanaises et ayant connu le théâtre afghan (5). Compte tenu du fait que le Rakhine recèle en son sous-sol des ressources gazières et pétrolières, exploitées entre autres par des sociétés chinoises et indiennes, on peut aisément comprendre les craintes de Naypyidaw, la capitale, quant à un développement et à une extension géographique du conflit (6).
Trouver un équilibre, une option viable...
N'oublions jamais que la Chine est LE pilier du régime birman, pilier contre lequel même la « communauté internationale » ne peut pas grand'chose ; et Naypyidaw ne peut donc, par conséquent, décevoir en aucune manière Pékin et les intérêts chinois nombreux dans le pays
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu'aujourd'hui, le Myanmar est - une fois de plus - le jeu d’intérêts extérieurs et le terrain d’affrontement de puissances étrangères (pour aller vite : la Chine d’un côté et les puissances anglo-saxonnes de l’autre). Donc, que ce soit au sujet d’un changement éventuel à la tête du pays (avec Aung San Suu Kyi) ou au sujet des troubles communautaires récents (musulmans Rohingyas contre bouddhistes), Naypyidaw va devoir faire preuve de souplesse et de tact diplomatique pour sortir indemne de la situation, tant le grand écart est une position difficile et intenable trop longtemps.
Philippe Raggi
A l’est de Suez
20/06/2012
Notes :
(*) en écho au roman éponyme de George Orwell, Burmese days ; traduit aussi en Français sous le titre Une histoire birmane (édition Ivréa).
(1) Au Myanmar, Total est opérateur du champ de Yadana (31,2%). Ce champ, situé sur les blocs offshore M5 et M6, produit du gaz livré essentiellement à PTT (compagnie nationale thaïlandaise) et destiné aux centrales électriques thaïlandaises. Le champ de Yadana alimente également le marché local via un gazoduc terrestre et, depuis juin 2010, via un gazoduc sous-marin construit et opéré par la compagnie nationale du Myanmar MOGE. La production du Groupe s’est élevée à 14 kbep / j en 2010, contre 13 kbep / j en 2009 et 14 kbep / j en 2008.
Source : Total Groupe
Dans les zones offshore, Total n'est pas seule ; en effet, d'autres compagnies s'y trouvent, telles Petronas Carigali Myanmar, Daewoo, PTT-EP, China National Offshore Oil Corporation, China National Petrochemical Corporation, Essar, Gail and Rimbunam (Malaisie) ONGC (Inde), Silver Wave Energy, Danford Equities (Australie), Sun Itera Oil & Gas (Russie). L'ensemble de ces compagnies explorent et/où exploitent 31 blocks.
(2) Rappelons que Total est critiqué de manière incessante et systématique, depuis le début des années 90, pour ses relations avec le pouvoir, par des ONG… anglo-saxonnes. Il est avéré que ces ONG ne sont que les paravents de certains intérêts économiques britanniques et américains.
Cf. l’étude faite par Eric Denécé sur le sujet de ces ONG en Birmanie.
(3) Ce territoire où vivent ces musulmans originaires du Bengladesh, le Rakhine (anciennement Arakan) a été « annexé » en 1947 à la Birmanie naissante, au moment de l’indépendance et de la fin de l’Empire britannique. Déjà, à cette époque, ces musulmans - dans leur globalité - étaient considérés « comme des auxiliaires du colonialisme britannique » tant ils avaient bien servi et s’étaient bien intégrés à la structure coloniale (Cf. Michel Gilquin, Minorités musulmanes d'Asie orientale, Rohingyas – La répression des musulmans en Birmanie, 2002, in Religioscopie). Cette attitude anti-patriote des Rohingyas leur sera toujours reprochée.
(4) Cf. le livre de Jean Berlie, The Burmanization of Myanmar's Muslims, the acculturation of the Muslims in Burma including Arakan, (2008) aux editions White Lotus Press, à Bangkok. Un des rares livres sur le sujet, nourri d’études profondes sur le terrain au cours de nombreux séjours dans le pays.
On pourra consulter également avec intérêt le livre de Gabriel Defert (Stéphane Dovert) Les Rohingya de Birmanie - Arakanais, musulmans et apatrides, éditions Aux lieux d’être, Coll. Mondes contemporains (2007), ceci sans oublier, bien sûr, l'ensemble des travaux de Guy Lubeigt.
(5) Ces islamistes jihadistes birmans ne sont pas étrangers au conflit de basse intensité qui perdure au Sud de la Thaïlande, conflit qui oppose une minorité musulmane malaise au pouvoir thaï de Bangkok. Des liens ont été observés, notamment entre les insurgés des trois provinces du Sud thaïlandais et les musulmans birmans des organisations Rohingya Solidarity Organization (RSO), Arakan Rohingya Islamic Front (ARIF) et de l’Arakan Rohingya National Organization (ARNO). Il est à noter, par ailleurs, que la plupart de ces groupes islamistes armés ont leur siège au Bengladesh et qu’ils bénéficient de la bienveillance des Etats-Unis et de la Grande Bretagne.
(6) Si le conflit perdurait et dépassait les frontières du Rakhine pour s’étendre dans l’ensemble du Myanmar, cela pourrait exaspérer la frange dure et pro-chinoise des militaires de Rangoon et tenter leur retour au premier plan sur la scène politique. Un tel conflit, s’il se développait, servirait mécaniquement les intérêts économiques tant américains que britanniques, en affaiblissant les entreprises rivales, chinoises en particulier. Pékin a de gros intérêts dans cette partie du Myanmar, non seulement avec la présence de sociétés d’exploitation en hydrocarbures mais aussi avec la construction d’infrastructures (terminal pétrolier à Kyaukphyu, ligne de chemin de fer et pipe-line allant du Rakhine vers la province chinoise du Yunan).
Correspondance Polémia – 26/06/2012
Image : « Une belle icône… »

Philippe Raggi

Obama et Erdogan veulent accélérer le départ d'Assad

Obama et Erdogan « ont parlé au téléphone ce lundi pour coordonner leurs efforts afin d’accélérer la transition politique en Syrie, avec un départ de Bachar al-Assad et en répondant aux aspirations légitimes des Syriens », a précisé la présidence américaine.
Les deux dirigeants ont évoqué « leur inquiétude grandissante vis-à-vis des attaques sans pitié du régime syrien contre son propre peuple, le plus récemment à Alep, et la situation humanitaire qui est en train de se détériorer dans toute la Syrie, par la faute des exactions du régime ».
Le président et le Premier ministre ont aussi « promis de coordonner leurs efforts pour aider le nombre de plus en plus important de Syriens déplacés, non seulement en Syrie, mais aussi en Turquie et dans toute la région », a expliqué la Maison Blanche.
Alors que la Turquie a jusqu’ici accueilli quelque 44.000 Syriens fuyant les violences dans leur pays dans une dizaine de camps de réfugiés, Obama a aussi rendu hommage à « la générosité des Turcs ».
Cette conversation entre deux proches alliés au sein de l’Otan a eu lieu alors que les rebelles syriens ont marqué un point ce lundi, en prenant un poste de contrôle clé leur permettant d’acheminer renforts et munitions vers Alep, champ de bataille entre les insurgés et l’armée régulière.
En s’emparant du poste de contrôle d’Adanane, les rebelles de l’Armée libre syrienne (ASL) s’assurent un passage dégagé vers la Turquie, où se trouve leur quartier général. Si les opposants parvenaient à s’emparer d’Alep, ils créeraient une « zone sécurisée » dans le nord syrien, à l’image de Benghazi lors de la révolte libyenne en 2011.

Mali : des islamistes lapident un couple non marié

Des islamistes ont tué hier par lapidation un couple non marié à Aguelhok, dans le nord du Mali, le premier cas à ce jour connu dans cette région depuis son occupation totale par les groupes armés islamistes il y quatre mois, ont affirmé deux élus de la région. « J’étais présent sur les lieux. Les islamistes ont amené au centre d’Aguelhok le couple non marié », l’homme et la femme ont été « mis dans deux trous et les islamistes les ont lapidés jusqu’à ce que mort s’en suive », a déclaré un élu dont les propos ont été confirmés par un autre. (Médias).

lundi 30 juillet 2012

islam, sodomie et explosifs (fatwax reloaded)

http://extremecentre.org/2012/07/28/islam-sodomie-et-explosifs-fatwax-reloaded/#more-37986


Ah, ah, en supprimant cette vidéo, ils espéraient se faire oublier. C’était sans compter sur ma diabolique clairvoyance. Voilà la fatwa wahhabite-dans-le-cul ou salafist-fucking reloaded :
Dans l’incroyable (mais vraie) série « chroniques de la religion la plus con (et dangereuse) du monde » voici la fatwa wahhabite-dans-le-cul ou salafist-fucking permettant la sodomie entre djihadistes afin d’élargir leur derrière pour contenir des explosifs…
Trancription de la vidéo ci-dessus : un wahhabite demanda à un cheikh :
Qu’Allah vous accorde le martyre et les houris du paradis. Je voudrais, qu’Allah soit satisfait de vous, mener une action visant à mourir en martyr. Pour cela, je me suis adressé au cheikh Abu-Al-Dima Al-Qassab qui m’a dit: « Nous avons trouvé une nouvelle méthode qui n’a pas de précédent en matière d’opérations de martyrs. Il s’agit de placer des capsules explosives dans ton derrière. Mais pour t’entraîner à une telle opération, il est indispensable que tu acceptes de te faire sodomiser le temps nécessaire pour que ton derrière s’élargisse au point de recevoir la charge explosive ». Ma question à toi, qu’Allah ait pitié de toi, est la suivante: « Est-il licite que j’autorise un frère djihadiste à me sodomiser si l’intention est bonne et que le but est de m’entraîner pour le djihad en élargissant mon derrière ? »
Le cheikh loua Allah puis répondit:
La sodomie est en principe illicite, et donc interdite. Cependant le djihad a la priorité parce qu’il sauvegarde l’islam. Si la sauvegarde de l’islam ne se réalise que par la sodomie, il n’y a rien de mal à cela, en vertu des règles juridiques selon lesquelles : « La nécessité rend licite ce qui est illicite », et « Tout ce qui est nécessaire pour réaliser un devoir devient à son tour un devoir ». Or, nul devoir n’est supérieur au djihad. Toutefois, une fois que tu auras été sodomisé, tu devras demander pardon à Allah et le louer un grand nombre de fois. Sois certain, mon fils, qu’Allah ressuscite les mujahids selon leurs intentions. Et ton intention, si Allah le veut, est de secourir l’islam. Nous demandons à Allah que tu sois parmi ceux qui écoutent le discours et en suivent ce qui est le mieux.

Syrie : une base secrète en Turquie pour appuyer les rebelles

http://www.lemonde.fr/proche-o...L-32280515

Les autorités turques, avec leurs alliés saoudiens et qataris, ont installé une base secrète à Adana, ville proche de la Syrie, pour fournir aux rebelles syriens une assistance militaire et un appui logistique dans les communications, ont révélé à Reuters des sources des pays du Golfe. Ce centre névralgique, à une centaine de kilomètres de la frontière syrienne, a été mis en place à la demande du vice-ministre des affaires étrangères saoudien, le prince Abdoulaziz Ben Abdallah Al Saoud, après une visite en Turquie, a-t-on précisé.
L'idée a été approuvée par la Turquie, soucieuse de superviser les opérations dans la région. C'est aussi près d'Adana que se trouve la base aérienne d'Incirlik, un vaste complexe militaire turco-américain que Washington a utilisé dans le passé pour des opérations de reconnaissance et de logistique. D'après les informations obtenues par Reuters, il n'est pas possible de déterminer si ce "centre névralgique" appuyant l'insurrection syrienne est situé à l'intérieur de la base militaire d'Incirlik ou dans la ville même d'Adana.

La révélation de l'existence de cette base clandestine contrôlée par des puissances régionales illustre la prudence des Occidentaux, qui ont joué un rôle majeur l'an dernier dans l'éviction de Mouammar Kadhafi en Libye mais ont évité jusqu'à présent de s'impliquer militairement en Syrie. "Ce sont les Turcs qui contrôlent militairement la base. La Turquie est le principal coordinateur et médiateur. Représentez-vous un triangle, avec la Turquie en haut et l'Arabie saoudite et le Qatar à la base, a indiqué une source basée à Doha. Les Américains n'interviennent vraiment pas. Les services de renseignement américains travaillent via des intermédiaires. Les intermédiaires contrôlent l'accès aux armes et aux voies d'approvisionnement."

PRUDENCE OCCIDENTALE

Le Qatar, petit Etat du Golfe riche en gaz qui a joué un rôle de premier plan dans l'envoi d'armes aux rebelles libyens, a une place centrale dans la direction des opérations depuis Adana, selon les mêmes sources. Les services de renseignement et de sécurité qataris sont également impliqués.

"Trois gouvernements fournissent des armes : la Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite, a dit la source basée à Doha. Tout l'armement est russe. La raison évidente est que les rebelles syriens sont formés à l'utilisation des armes russes, mais aussi parce que les Américains ne veulent pas être impliqués là-dedans. Toutes les armes proviennent du marché noir. L'autre moyen de se procurer des armes est de les voler à l'armée syrienne." Ankara a officiellement démenti fournir des armes aux rebelles.

"Les Turcs voulaient aussi que les Américains avec leurs drones les aident à surveiller la région, une requête qui apparemment n'a pas abouti. Ils ont alors chargé des sociétés privées de faire ce travail", a ajouté la même source. Le président américain Barack Obama a jusqu'à présent privilégié la voie diplomatique pour tenter de convaincre Bachar Al-Assad de quitter le pouvoir. Mais la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a annoncé cette semaine que Washington prévoyait d'intensifier son aide aux rebelles.

Selon des informations recueillies par Reuters, la Maison Blanche envisagerait de renforcer son aide aux insurgés, sans aller toutefois jusqu'à les armer. La prudence de Washington, partagée par d'autres pays occidentaux, illustre les inquiétudes sur la nature de l'"après-Assad" en Syrie, en raison de la présence de nombreux islamistes et djihadistes parmi les rebelles.

RÔLE CROISSANT DE LA TURQUIE

L'existence de la base secrète d'Adana pourrait aussi expliquer comment les rebelles syriens, divisés, mal armés et mal organisés, ont récemment pu orchestrer des attaques majeures, à l'image de l'attentat à la bombe du 18 juillet à Damas, qui a tué quatre dirigeants proches d'Assad, dont le ministre de la défense. Un diplomate turc dans la région a insisté sur le fait que son pays n'avait joué aucun rôle dans cet attentat.

Deux anciens responsables de la sécurité américaine ont pourtant affirmé que la Turquie jouait un rôle croissant dans la formation militaire des rebelles syriens qui ont trouvé refuge sur son territoire. L'un de ces anciens responsables, qui est également conseiller auprès d'un gouvernement de la région, a indiqué à Reuters que 20 anciens généraux syriens étaient désormais basés en Turquie, d'où ils aidaient à renforcer les moyens de l'opposition syrienne.

Selon Israël, jusqu'à 20 000 soldats syriens pourraient être passés du côté des insurgés. Selon les mêmes sources dans le Golfe, il y a des raisons de penser que les Turcs ont intensifié leur soutien aux insurgés après la destruction d'un avion militaire turc par les forces gouvernementales syriennes le 22 juin au large du port de Lattaquié.

L’Armée syrienne libre : Révolutionnaire ou Contra ?

Alors que la presse occidentale présente l’Armée syrienne libre comme une organisation révolutionnaire armée, Thierry Meyssan affirme depuis plus d’un an qu’il s’agit au contraire d’une formation contre-révolutionnaire. Selon lui, elle serait progressivement passée des mains des monarchies réactionnaires du Golfe à celle de la Turquie, agissant pour l’OTAN. Une telle affirmation à contre-courant requiert une démonstration argumentée…

epuis 18 mois, la Syrie est en proie à des troubles qui n’ont cessé d’augmenter jusqu’à devenir un vaste conflit armé ayant déjà causé la mort d’environ 20 000 personnes. S’il y a consensus sur ce constat, les narrations et les interprétations divergent au-delà.
Pour les États occidentaux et leur presse, les Syriens aspireraient à vivre à l’occidentale dans des démocraties de marché. Suivant les modèles tunisien, égyptien et libyen du « printemps arabe », ils se seraient soulevés pour renverser leur dictateur Bachar el-Assad. Celui-ci aurait réprimé les manifestations dans le sang. Alors que les Occidentaux auraient souhaité intervenir pour faire cesser le massacre, les Russes et les Chinois, par intérêt ou par mépris de la vie humaine, s’y seraient opposés.
Au contraire, pour tous les États qui ne sont pas vassalisés par les USA et pour leur presse, les États-Unis auraient lancé une opération contre la Syrie qu’ils planifiaient de longue date. D’abord par le truchement de leurs alliés régionaux, puis directement, ils auraient infiltré des bandes armées qui ont déstabilisé le pays, sur le modèle des Contras du Nicaragua. Cependant ceux-ci n’auraient trouvé qu’un très faible soutien intérieur et auraient été mis en déroute pendant que la Russie et la Chine aurait empêché l’OTAN d’anéantir l’armée syrienne et de renverser ainsi l’équation régionale.
Qui dit vrai ? Qui se trompe ?

Les groupes armés en Syrie ne défendent pas la démocratie,
ils la combattent

En premier lieu, l’interprétation des événements syriens comme un épisode du « printemps arabe » est une illusion car ce « printemps » n’a pas de réalité. C’est un slogan publicitaire pour présenter positivement des faits hétéroclites. S’il y a bien eu une révolte populaire en Tunisie, au Yémen et au Bahrein, il n’y en a pas eue, ni en Égypte, ni en Libye. En Égypte, les manifestations de rue se sont limitées à la capitale et à une certaine bourgeoisie, jamais, absolument jamais, le peuple égyptien ne s’est senti concerné par le spectacle télégénique de la place Tahrir [1]. En Libye, il n’y a pas eu de révolte politique, mais un mouvement séparatiste de la Cyrénaïque contre le pouvoir de Tripoli, puis l’intervention militaire de l’OTAN qui a coûté la vie à environ 160 000 personnes.
La station libanaise NourTV a connu un vif succès en diffusant une série d’émissions d’Hassan Hamade et Georges Rahme intitulée « Le printemps arabe, de Lawrence d’Arabie à Bernard-Henri Lévy ». Les auteurs y développent l’idée que le « printemps arabe » est un remake de la « révolte arabe » de 1916-1918 orchestrée par les Britannique contre les Ottomans. Cette fois, les occidentaux ont manipulé les situations pour renverser une génération de leaders et imposer les Frères musulmans. De fait, le « printemps arabe » relève de la publicité mensongère. Désormais, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Égypte, et Gaza sont gouvernés par une confrérie qui d’un côté impose un ordre moral, et de l’autre soutient le sionisme et la capitalisme pseudo-libéral, c’est-à-dire les intérêts d’Israël et des Anglo-Saxons. L’illusion s’est dissipée. Certains auteurs, comme le Syrien Said Hilal Alcharifi raillent désormais le « printemps otanien ».
Deuxièmement, les dirigeants du Conseil national syrien (CNS) comme les commandants de l’Armée syrienne libre (ASL) ne sont aucunement des démocrates, au sens qu’ils seraient favorables à « un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », suivant la formule d’Abraham Lincoln reprise dans la Constitution française.
Ainsi, le premier président du CNS fut l’universitaire parisien Burhan Ghalioun. Il n’était aucunement « un opposant syrien persécuté par le régime » puisqu’il venait et circulait librement dans son pays. Il n’était pas non plus un « intellectuel laïque » comme il le prétend, puisqu’il était le conseiller politique de l’Algérien Abbassi Madani, président du Front islamique du salut (FIS), aujourd’hui réfugié au Qatar.
Son successeur, Abdel Basset Syda [2], n’est entré en politique qu’au cours des derniers mois, et s’est immédiatement affirmé comme un simple exécutant des volontés états-uniennes. Dès son élection à la tête du CNS, il s’est engagé non pas à défendre la volonté de son peuple, mais à appliquer la « feuille de route » que Washington a rédigé pour la Syrie : The Day after.
Les combattants de l’Armée syrienne libre ne sont pas plus des militants de la démocratie. Ils reconnaissent l’autorité spirituelle du cheikh Adnan al-Arour, un prêcheur takfiriste, qui appelle à renverser et à tuer Bachar el-Assad non pour des motifs politiques, mais uniquement parce qu’il est de confession alaouite, c’est-à-dire hérétique à ses yeux. Tous les officiers identifiés de l’ASL sont sunnites et toutes les brigades de l’ASL portent des noms de figures historiques sunnites. Les « tribunaux révolutionnaires » de l’ASL condamnent à mort leurs opposants politiques (et pas seulement les partisans de Bachar el-Assad) et les mécréants qu’ils égorgent en public. Le programme de l’ASL est de mettre fin au régime laïque installé par le Baas, le PSNS et les communistes au profit d’un régime confessionnel sunnite pur.

Le conflit syrien a été prémédité par les Occidentaux

La volonté occidentale d’en finir avec la Syrie est connue et elle suffit largement à expliquer les événements actuels. Rappelons ici quelques faits qui ne laissent aucun doute sur la préméditation des événements [3].
La décision de faire la guerre à la Syrie a été prise par le président George W. Bush lors d’une réunion à Camp David, le 15 septembre 2001, juste après les attentats spectaculaires de New York et Washington. Il était prévu d’intervenir simultanément en Libye pour montrer la capacité d’action sur un double théâtre d’opération. Cette décision a été attestée par le témoignage du général Wesley Clark, ex-commandeur suprême de l’OTAN, qui y était opposé.

Dans la foulée de la chute de Bagdad, en 2003, le Congrès a adopté deux lois donnant instruction au président des États-Unis de préparer une guerre contre la Libye et une autre contre la Syrie (le Syria Accountability Act).
En 2004, Washington a accusé la Syrie de cacher sur son sol les armes de destruction massive que l’on ne parvenait pas à trouver en Irak. Cette accusation a fait long feu lorsqu’il a été admis que ces armes n’avaient jamais existé et n’étaient qu’un prétexte pour envahir l’Irak.
En 2005, après l’assassinat de Rafik Hariri, Washington a tenté d’entrer en guerre contre la Syrie, mais n’y est par parvenu car elle a retiré son armée du Liban. Les États-Unis ont alors suscité des faux témoignages pour accuser le président el-Assad d’avoir commandité l’attentat et ils ont créé un tribunal international d’exception pour le juger. Mais ils ont en définitive été contraints de retirer leurs fausses accusations après que leurs manipulations aient été mises à jour.
En 2006, les États-Unis ont commencé à préparer la « révolution syrienne » en créant le Syria Democracy Program. Il s’agissait de créer et de financer des groupes d’opposition pro-occidentale (comme le Mouvement pour la Justice et le Développement). Au financement officiel du département d’État s’est ajouté un financement secret de la CIA via une association californienne, le Democracy Council.
Toujours en 2006, les États-Unis ont sous-traité à Israël une guerre contre le Liban, dans l’espoir d’y impliquer la Syrie et de pouvoir intervenir. Mais la rapide victoire du Hezbollah a fait échouer ce plan.
En 2007, Israël a attaqué la Syrie, bombardant une installation militaire (Opération Orchard). Mais là encore, Damas a gardé son sang-froid et ne s’est pas laissé entraîner dans la guerre. Des vérifications ultérieures de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un site nucléaire, contrairement à ce qui avait été affirmé par les Israéliens.
En 2008, lors de la réunion que l’OTAN organise annuellement sous le titre Groupe de Bilderberg, la directrice de l’Arab Reform Initiative, Bassma Kodmani, et le directeur de la Stiftung Wissenschaft und Politik, Volker Perthes, exposèrent brièvement au Gotha américano-européen les avantages économiques, politiques et militaires d’une possible intervention de l’Alliance en Syrie.
En 2009, la CIA a mis en place des outils de propagande à destination de la Syrie comme la chaîne BaradaTV, basée à Londres, et OrientTV basée à Dubai.
À ces éléments historiques, ajoutons qu’une réunion s’est tenue au Caire, la seconde semaine de février 2011, autour de John McCain, Joe Lieberman et Bernard-Henry Lévy, des personnalités libyennes comme Mahmoud Jibril (alors numéro 2 du gouvernement de la Jamahiriya) et des personnalités syriennes comme Malik al-Abdeh et Ammar Qurabi. C’est cette réunion qui donna le signal des opérations secrètes qui débutèrent à la fois en Libye et en Syrie (le 15 février à Benghazi et le 17 à Damas).
En janvier 2012, les départements US d’État et de la Défense constituèrent le groupe de travail The Day After. Supporting a democratic transition in Syria qui rédigea à la fois une nouvelle constitution pour la Syrie et un programme de gouvernement [4].
En mai 2012, l’OTAN et le CCG mirent en place le Working Group on Economic Recovery and Development of the Friends of the Syrian People, sous co-présidence allemande et émiratie. L’économiste syro-britannique Ossam el-Kadi y élabora un partage des richesses syriennes entre les États membres de la coalition, à appliquer le « jour d’après » (c’est-à-dire après le renversement du régime par l’OTAN et le CCG) [5].

Révolutionnaires ou contre-révolutionnaires ?

Les groupes armés ne sont pas issus des manifestations pacifiques de février 2011. Ces manifestations dénonçaient en effet la corruption et réclamaient plus de libertés, tandis que les groupes armés —nous l’avons vu plus haut— ressortent de l’islamisme.
Au cours des dernières années, une terrible crise économique a frappé les campagnes. Elle était due aux mauvaises récoltes, qui ont été à tort appréhendées comme des malheurs passagers alors qu’elles étaient la conséquences de changements climatiques durables. À cela se sont ajoutées des erreurs dans la mise en œuvre de réformes économiques qui ont désorganisé le secteur primaire. Il s’en est suivi un fort exode rural auquel le gouvernement a su faire face, et une dérive sectaire de certains paysans que le pouvoir a négligé. Dans de nombreuses régions, l’habitat rural n’était pas concentré en villages, mais dispersé sous forme de fermes isolées, personne n’a mesuré l’ampleur du phénomène jusqu’à ce que ses adeptes se regroupent.
En définitive, alors que la société syrienne incarne le paradigme de la tolérance religieuse, un courant takfiriste s’est développé en son sein. Il a fourni la base des groupes armés. Ceux-ci ont été richement financés par les monarchies wahhabites (Arabie saoudite, Qatar, Sharjah) [6].
Cette manne a suscité le ralliement de nouveaux combattants parmi lesquels on trouve des parents de victimes de la répression massive du sanglant coup d’État manqué des Frères musulmans, en 1982. Leur mobile est souvent moins idéologique que personnel. Il ressort de la vendetta.
De nombreux voyous et repris de justice appâtés par l’argent facile se sont ajoutés : un « révolutionnaire » est payé 7 fois le salaire moyen.
Enfin, des professionnels ayant combattu en Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie ou Irak ont commencé à affluer. Au premier rangs desquels les hommes d’Al Qaida en Libye, conduits par Abdelhakim Belhaj en personne [7]. Les médias les présentent comme des jihadistes, ce qui est inapproprié, l’islam ne concevant pas de guerre sainte contre des coreligionnaires. Ce sont avant tout des mercenaires.
La presse occidentale et du Golfe insiste sur la présence de déserteurs dans l’ASL. C’est certain, mais il est par contre faux qu’ils aient fait défection après avoir refusé de réprimer des manifestations politiques. Les déserteurs en question rentrent presque toujours dans les cas que nous avons précédemment cités. Au demeurant, une armée de 300 000 hommes a forcément parmi elle ses fanatiques religieux et ses voyous.
Les groupes armés utilisent un drapeau syrien à bande verte (au lieu de la bande rouge) et à trois étoiles (au lieu de deux). La presse occidentale le qualifie de « drapeau de l’indépendance », car il était en vigueur au moment de l’indépendance du pays, en 1946. En réalité, il s’agit du drapeau du mandat français qui resta en vigueur lors de l’indépendance formelle du pays (1932 à 1958). Les trois étoiles représentent les trois districts confessionnels du colonialisme (alaouite, druze et chrétien). Utiliser ce drapeau, ce n’est certainement pas brandir un symbole révolutionnaire. Au contraire, c’est affirmer vouloir prolonger le projet colonial, celui de l’Accord Sykes-Picot de 1916 et du remodelage du « Moyen-Orient élargi ».
Au cours des 18 mois d’action armée, ces groupes armés se sont structurés et plus ou moins coordonnés. En l’état actuel,la grande majorité sont passés sous commandement turc, sous le label Armée syrienne libre. De fait, ils sont devenus des supplétifs de l’OTAN, le quartier général de l’ASL étant même installé sur la base aérienne de l’OTAN à Incirlik. Les islamistes les plus durs ont formé leurs propres organisations ou ont rejoint al-Qaida. Ils sont sous le contrôle du Qatar ou de la branche sudeiri de la famille royale saoudienne [8]. De facto, ils sont rattachés à la CIA.
Cette constitution progressive, qui part de paysans pauvres pour se terminer avec un afflux de mercenaires, est identique à ce que l’on a connu au Nicaragua lorsque la CIA organisa les Contras pour renverser les sandinistes, ou que l’on avait connu à Cuba lorsque la CIA organisa le débarquement de la Baie des cochons pour renverser les castristes. Précisément, c’est de ce modèle que les groupes armés syriens se revendiquent aujourd’hui : en mai 2012, les Contras cubains ont organisé à Miami des séminaires de formation à la guérilla contre-révolutionnaire pour leurs homologues syriens [9].
Les méthodes de la CIA sont partout les mêmes. Ainsi les Contras syriens ont concentré leur action militaire d’une part sur la création de bases fixes (mais aucune n’a tenu, même pas l’Émirat islamique de Baba Amr), puis sur le sabotage de l’économie (destruction des infrastructures et incendie des grandes usines), enfin sur le terrorisme (déraillement de trains de passagers, attentats à la voiture piégée dans des sites fréquentés, assassinat de leaders religieux, politiques et militaires).
Par conséquent, la partie de la population syrienne qui pouvait avoir de la sympathie pour les groupes armés au début des événements, pensant qu’ils représentaient une alternative au régime actuel, s’en sont progressivement désolidarisés.
Sans surprise, la bataille de Damas a consisté à faire converger vers la capitale les 7 000 combattants dispersés dans le pays et des armées de mercenaires en attente dans les pays limitrophes. Des dizaines de milliers de Contras ont tenté de pénétrer le pays. Ils se sont déplacés simultanément en nombreuses colonnes de pick-up, préférant traverser les déserts que prendre les autoroutes. Une partie d’entre eux a été stoppée par des bombardements aériens et a du rebrousser chemin. D’autres après s’être emparés de postes-frontière sont parvenus à la capitale. Il n’y ont pas trouvé le soutien populaire escompté. Au contraire, ce sont les habitants qui ont guidé les soldats de l’Armée nationale pour les identifier et les déloger. Au final, ils ont été contraints de battre en retraite et ont annoncé qu’à défaut de prendre Damas, ils prendraient Alep. Au demeurant, cela montre qu’ils ne sont ni des Damascènes en révolte, ni des Alepains, mais des combattants itinérants.

Infiltration de Contras via le désert près de Dera
L’impopularité des groupes armés doit être comparée avec la popularité de l’Armée régulière et des milices d’auto-défense. L’Armée nationale syrienne est une armée de conscription, c’est donc une armée populaire, et il est impensable qu’elle puisse servir à une répression politique. Depuis peu, le gouvernement a autorisé la constitution de milices de quartiers. Il a distribué des armes aux citoyens qui se sont engagés à consacrer chaque jour 2h de leur temps pour défendre leur quartier, sous encadrement militaire.

Des vessies pour des lanternes

En son temps, le président Reagan rencontra quelques difficultés pour présenter ses Contras comme des « révolutionnaires ». Il créa pour cela une structure de propagande, le Bureau de la diplomatie publique, dont il confia la direction à Otto Reich [10]. Celui-ci corrompit des journalistes dans la plupart des grands médias US et ouest-européens pour intoxiquer le public. Il lança entre autres une rumeur selon laquelle les sandinistes disposaient d’armes chimiques et risquaient de les utiliser contre leur propre peuple. Aujourd’hui la propagande est dirigée depuis la Maison-Blanche par le conseiller de sécurité nationale adjoint chargé des communications stratégiques, Ben Rhodes. Il applique les bonnes vieilles méthodes et a ressorti contre le président el-Assad la rumeur des armes chimiques.
En collaboration avec le MI6 britannique, Rhodes a réussi a imposer comme principale source d’information des agences de presse occidentales une structure fantôme : l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les médias n’ont jamais questionné la crédibilité de cette signature, alors même que ses affirmations ont été démenties par les observateurs de la Ligue arabe et par ceux des Nations Unies. Mieux, cette structure fantôme, qui n’a ni locaux, ni personnel, ni expertise, est également devenue la source d’information des chancelleries européennes depuis que la Maison-Blanche les a convaincues de retirer leur personnel diplomatique de Syrie.

En attendant le direct, le correspondant d’Al-Jazeera Khaled Abou Saleh téléphone à sa rédaction. Il prétend que Baba Amr est bombardé et organise les bruitages. M. Abou Saleh était invité d’honneur de François Hollande à la 3e Conférence des Amis de la Syrie.
Ben Rhodes a également organisé des spectacles pour journalistes en mal d’émotions. Deux tours operators ont été mis sur pied, l’un au cabinet du Premier ministre turc Erdogan et le second au cabinet de l’ex-Premier ministre libanais Fouad Siniora. Les journalistes qui le souhaitaient étaient invités à entrer illégalement avec des passeurs en Syrie. On offrait durant des mois un voyage depuis la frontière turque dans un village témoin situé en montagne. On pouvait y réaliser des séances photos avec des « révolutionnaires » et « partager le quotidien des combattants ». Puis, pour les plus sportifs, on pouvait depuis la frontière libanaise aller visiter l’Émirat islamique de Baba Amr.
Fort étrangement, nombre de journalistes ont observé eux-mêmes d’énormes falsifications, mais ils n’en ont tiré aucune conclusion. Ainsi, un célèbre reporter-photographe a filmé les « révolutionnaires » de Baba Amr brûler des pneus pour dégager de la fumée noire et faire accroire à un bombardement du quartier. Il a diffusé ces images sur Channel4 [11], mais a continué à affirmer qu’il avait été témoin du bombardement de Baba Amr relaté par l’Observatoire syrien des Droits de l’homme.

Ou encore, le New York Times a relevé que des photos et vidéos transmises par le service de presse de l’Armée syrienne libre et montrant de valeureux combattants étaient des mises en scène [12]. Les armes de guerre étaient en réalité des répliques, des jouets pour enfants. Le quotidien a néanmoins continué à croire en l’existence d’une armée de déserteurs de près de 100 000 hommes.
Lecture d’une déclaration de l’Armée syrienne libre. Les fiers « déserteurs » sont des figurants qui portent des armes factices.
Selon un schéma classique, les journalistes préfèrent mentir que reconnaître qu’ils se sont fait manipuler. Une fois bernés, ils participent donc consciemment au développement du mensonge qu’ils ont découvert. Reste à savoir si vous, lecteurs de cet article, préférerez aussi fermer les yeux ou si vous déciderez de soutenir le peuple syrien contre l’agression des Contras.
[1] La place Tahrir n’est pas la plus vaste du Caire. Elle a été choisie pour des raisons de marketing, le mot Tahrir se traduisant dans les langues européennes par Liberté. Ce symbole n’a évidemment pas été choisi par les Égyptiens, car il existe plusieurs mots en arabe pour désigner la Liberté. Or, Tahrir indique la Liberté que l’on reçoit, pas celle que l’on acquiert.
[2] La presse occidentale a pris l’habitude d’orthographier le nom de M. Syda en ajoutant un « a », en « Sayda », de manière à éviter la confusion avec la maladie du même nom. Ndlr
[3] Le terme « préméditation » s’emploie normalement en droit criminel. En matière politique, le terme adéquat est « complot », mais l’auteur s’est abstenu de l’utiliser car il suscite une réaction hystérique de la part de ceux qui s’appliquent à faire croire que la politique occidentale est transparente et démocratique. Ndlr
[4] « Washington a rédigé une nouvelle constitution pour la Syrie », Réseau Voltaire, 21 juillet 2012.
[5] « Les « Amis de la Syrie » se partagent l’économie syrienne avant de l’avoir conquise », par German Foreign Policy, traduction Horizons et débats, Réseau Voltaire, 14 juin 2012.
[6] Sharja est un des sept émirats qui composent les Emirats arabes unis
[7] « L’Armée syrienne libre est commandée par le gouverneur militaire de Tripoli », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011.
[8] Pour plus de détails, lire « La Contre-révolution au Proche-Orient », par Thierry Meyssan, Komsomolskaïa Pravda/Réseau Voltaire, 11 mai 2011.
[9] « L’opposition syrienne prend ses quartiers d’été à Miami », par Agence Cubaine de Nouvelles, Jean Guy Allard, Réseau Voltaire, 25 mai 2012.
[10] « Otto Reich et la contre-révolution », par Arthur Lepic, Paul Labarique, Réseau Voltaire, 14 mai 2004.
[11] « Syria’s video journalists battle to telle the ’truth’ », Channel4, 27 mars 2011.
[12] “Syrian Liberators, Bearing Toy Guns”, par C. J. Chivers, The New York Times, 14 juin 2012.