jeudi 30 novembre 2017

De Catherine II à Vladimir Poutine par Thierry Meyssan

Pour construire la Russie moderne, la Tsarine Catherine II décida de faire de sa capitale, Saint-Pétersbourg, le premier centre culturel du monde. Elle enracina son pays dans son fond culturel chrétien orthodoxe, développa l’usage de la langue française et invita les plus grands intellectuels et artistes européens à sa cour, qu’ils soient catholiques, protestants ou orthodoxes, et même musulmans.
Consciente de la perte culturelle que représentait pour l’orthodoxie, donc pour la Russie, le recul du christianisme au Moyen-Orient face à l’intolérance de l’Empire ottoman, elle entra en guerre contre le Sultan. Elle annexa la Crimée, transforma la mer Noire en mer orthodoxe et commença à délivrer la Grande Syrie en prenant Beyrouth [1]. Elle déclara alors que « La Grande Syrie est la clé de la Maison Russie ».
Ce rêve fut repoussé par les Français et les Britanniques lors de la guerre de Crimée (1853) et plus encore par les Bolcheviks qui rejetaient la place de l’orthodoxie en Russie. En 1918, ils jouèrent le jeu de Mustafa Kemal Atatürk pour le compte du trafiquant d’armes Alexandre Parvus, sponsor de Lénine.
Le rêve de la Grande Catherine aura attendu 2017 pour trouver un début de réalisation. Le président Poutine a lui aussi annexé la Crimée et délivré la Syrie, non pas de l’Empire ottoman, mais des jihadistes encadrés par les Français, les Britanniques et les Etats-uniens. La Russie est devenue la puissance protectrice de toutes les populations, quelle que soit leur religion, des rives du Nil aux monts Elbourz.
Le sommet de Sotchi marque le rôle de la Russie au Moyen-Orient élargi. Elle est désormais la puissance protectrice de l’Iran, de la Syrie et de la Turquie ; ces deux derniers Etats ayant basculé du camp de Washington en 1991 à celui de Moscou en 2017.
Le réveil de la culture orthodoxe aura d’importantes conséquences en Europe. Le continent est historiquement divisé entre une zone catholique et protestante à l’Ouest et orthodoxe à l’Est. On discute et on marchande avec Dieu à l’Ouest, on est soumis à sa Grandeur et on L’adore à l’Est. 
Les structures familiales sont plus inégalitaires à l’Ouest et plus égalitaires à l’Est. Depuis le XIème siècle, cette différence culturelle fracture l’Europe. Durant la Guerre froide, le « rideau de fer » ne respectait pas cette division, la Grèce orthodoxe ayant été rattachée à l’Otan et la Pologne catholique incorporée au Pacte de Varsovie. Aujourd’hui, l’élargissement de l’Union européenne vise prioritairement à imposer le modèle Ouest-Européen aux pays de culture orthodoxe. On peut dés aujourd’hui prévoir la dissolution de l’Union européenne et le triomphe du modèle culturel ouvert de Saint-Petersbourg.
Les chrétiens d’Orient ne se sont jamais sentis concernés par les différences culturelles intra-européennes, mais les Européens les ont toujours perçus soit comme catholiques, soit comme orthodoxes. Dès 1848, la France avait ainsi imaginé de déplacer les catholiques et maronites de Syrie en Algérie et d’exterminer les orthodoxes. Paris pensait utiliser ces arabes chrétiens fidèles à Rome pour surveiller les musulmans algériens. A défaut, il finit par s’appuyer sur les juifs locaux (décret Crémieux) et leur confier cette mission (1870). Plus récemment, durant les guerres d’Iraq et de Syrie, les Européens de l’Ouest accueillirent de nombreux chrétiens d’Orient, en réalité exclusivement des catholiques, jamais des orthodoxes.
Pour la Syrie, l’œuvre du président Poutine est l’occasion de revenir à ses propres fondamentaux après l’expérience des jihadistes qui souhaitaient imposer à tous leur unique modèle culturel : la Syrie n’est grande que lorsqu’elle prend soin de toutes ses populations, sans exception. Au départ, Vladimir Poutine pensait organiser un « Congrès des Peuples syriens » à Sotchi. Il a finalement reconnu qu’en Syrie, à la différence de la Russie, aucune communauté n’a de territoire à elle, toutes vivent mélangées dans leur unique patrie. Ce sera donc un « Congrès du dialogue syrien ».
[1] Beyrouth comme Jérusalem font partie de la Syrie historique. Le Liban n’a été créé que par les accords Sykes-Picot, durant la Première Guerre mondiale. Israël fut initié un peu plus tard par la Déclaration Balfour et proclamé en 1948.

Divergences entre les USA et la Chine à propos de la Corée du Nord

ékin a adressé une Note à Washington dressant le bilan des conflits avec la Corée du Nord.
Position des États-UnisPosition de la Chine
La Corée du Nord développe un programme nucléaire offensif afin de reconquérir la Corée du SudLa Corée du Nord développe un programme nucléaire défensif afin de prévenir un changement de régime orchestré par Washington
La Corée du Nord a violé le Protocole de 1994 qui suspendait la fabrication de bombes atomiques en envoyant un satellite à uranium enrichi dans l’espace, ce qui constitue un test de missile déguiséLa Corée du Nord n’a pas violé le Protocole de 1994, car celui-ci ne stipulait rien sur l’uranium et uniquement sur le plutonium
Washington a été invité à clarifier ses positions pour que Pékin puisse rapprocher les points de vue.

mercredi 29 novembre 2017

Myanmar

A propos de l'abruti Omar Sy et des Rohingyah, quelques précisions utiles :
"Depuis quelques jours nos journaleux s’épanchent sur ces malheureux ROHINGYAS qui par dizaines de milliers se voient contraints de quitter «leur pays », la Birmanie, chassés par l’armée Birmane.
C’est tout juste si on ne nous demande pas de les accueillir chez nous ces « pauvres musulmans persécutés".
Mais au fait, qui sont-ils très exactement ces Rohingyas ?
Ce sont justement des « migrants » qui ont envahi la Birmanie au cours du XIXe siècle parce qu’ils étaient chassés du Bengale par les Anglais, qui les considéraient comme une minorité religieuse « très dangereuse, prédatrice et parasitaire », en quelques mots des « criminal tribes» (tribus criminelles).
Depuis leur arrivée en Birmanie, il y a deux siècles, les Rohingyas vivent en communauté, refusent de s’intégrer, rejettent les traditions, la culture et le mode de vie birman, tout en revendiquant tous les avantages que leur accordait la citoyenneté birmane.
Depuis le début de ce XXIe siècle et le développement mondial de l’islamisme, depuis le début de la guerre déclarée par l’État islamique au reste du monde, les Rohingyas du sud de la Birmanie se révoltent : ils saccagent les élevages de porcs et les restaurants qui en servent, ils veulent imposer la charia et leurs mœurs dans cette Birmanie dont la majorité de la population est bouddhiste. Ce dernier mois de ramadan, la violence, provoquée par le terrorisme islamiste, s’est accentuée : notamment une vingtaine de postes de police détruits par des djihadistes rohingyas dans la région de Rakhine, et la décision a été prise par les autorités birmanes d’y mettre un terme et d’expulser cette minorité rohingyas vers leur pays d’origine, le Bangladesh.
Plus de deux cent mille clandestins rohingyas ont déjà été expulsés.
Bien entendu tous les pays musulmans du monde crient au génocide (et qui mieux qu’eux peut en parler puisqu’ils le pratiquent depuis des siècles et des siècles) contre cette campagne antiterroriste, et au premier rang les organisations islamistes internationales, suivis par certains autres pays qui se veulent démocratiques, laïques, républicains, et soi-disant respectueux des droits de l’homme, comme par exemple la France et sa presse pro-musulmane, pro-chance pour la France !
En revanche on se garde bien de vous informer sur la persécution permanente des chrétiens du Timor, en Indonésie, des coptes en Égypte, des Syriaques en Irak et des juifs, dans tous ces pays essentiellement musulmans.
On passe sous silence les attentats répétés commis par une minorité musulmane islamiste, se revendiquant de l’État islamique, dans ce pays, les Philippines, à majorité chrétienne !
Nos médias critiquent ouvertement le silence de Aung San Suu Kyi, l’actuelle chef du gouvernement birman, qu’il y a peu de temps encore était encensée pour le Prix Nobel de la Paix qui lui était décerné.
Les pays qui, eux, sont parfaitement au courant de cette situation dramatique pour la Birmanie, comme l’Inde et la Chine, lui apportent un soutien inconditionnel.
Gardons-nous de jeter la première pierre contre ces pays qui se défendent courageusement contre le terrorisme religieux islamique puisque nous sommes incapables d’y mettre un terme !
Il est primordial que la population française soit informée sur ces évènements par d’autres médias que ceux «subventionnés» pour la désinformer ! ce qu’elle fait admirablement."
(Manu L.)

Djihad

  • Cette semaine a marqué la fin de l'État islamique en Syrie et en Irak, qui a été déclaré par le chef de l'Etat islamique le 29 juin 2014. L'armée syrienne, avec l'appui de l'Iran, du Hezbollah, des milices chiites et de l'armée de l'air russe, a repris la ville d'Abu Kamal, le dernier bastion de l'État islamique en Syrie (19 novembre 2017). Deux jours plus tôt, l'armée irakienne a repris la ville de Rawa, le dernier bastion de l'État islamique en Irak (17 novembre 2017). Alors que les membres de l'Etat islamique ont mené de violents combats à Abu Kamal (qui ont duré près de deux semaines), l'organisation n'affiche pas une résistance importante à Rawa (la ville a été reprise en quelques heures).
  • L'État islamique s'est effondré, mais continue d'être une organisation de terrorisme et de guérilla en Syrie, en Irak et à l'étranger, et réalise même (et devrait réaliser) des attaques de masse pour démontrer qu'il demeure une force incontournable. En Syrie, les membres de l'organisation ont mené des attaques dans la vallée de l'Euphrate, certaines osées et complexes (cette semaine, un convoi syrien a été attaqué à l'Ouest d'Al-Mayadeen ; la semaine dernière, une cellule de l'Etat islamique a procédé à un attentat suicide à l'aérodrome militaire dans la région de Deir ez-Zor). L'organisation a également multiplié ses attaques terroristes et de guérilla dans l'ensemble de l'Irak. Un attentat suicide a été mené cette semaine dans un marché bondé dans une ville chiite turkmène au Sud de Kirkouk. En outre, une attaque de l'organisation contre le poste frontalier de Tel Sfouk dans le Nord-Ouest de l'Irak a été déjouée.
  • Au cours des deux derniers mois, la Province de Khorasan de l'Etat islamique (Afghanistan/Pakistan) a procédé à quatre attaques suicide dans la capitale Kaboul. La dernière attaque a eu lieu cette semaine dans un hôtel de Kaboul où Jamaat-e-Islami, le plus ancien parti politique d'Afghanistan, avait organisé une conférence (14 morts, 18 blessés). La série d'attaques terroristes de Kaboul témoigne de l'amélioration de la capacité opérationnelle de la Province de Khorasan et de l'augmentation de la motivation de ses membres, à un moment où l'effondrement de l'État islamique a été complété. En même temps, l'organisation a publié des photos de la cérémonie de fin de formation de ses recrues dans la province de Kunar, à l'Est de Kaboul.
Implication de la Russie et des Etats-Unis
La Russie
  • Selon un rapport du ministère russe de la Défense, au cours de la semaine dernière, l'armée de l'air russe a effectué plus de 500 sorties en Syrie afin de localiser des cibles de l'Etat islamique, détruisant plus de 1 250 actifs de l'organisation. Dans le même temps, l'unité des drones de l'armée de l'air russe a effectué plus de 300 missions de reconnaissance, identifiant 432 cibles de l'Etat islamique. En outre, l'unité russe de déminage a situé et neutralisé plus de 44 780 explosifs (Spoutnik, 17 novembre 2017).
  •   Selon une annonce du ministère russe de la Défense, les 15,17 et 18 novembre, six bombardiers Tu-22M3 à longue portée ont décollé d'une base en Russie et ont survolé le ciel irakien et iranien, effectuant une frappe contre des avant-postes, des concentrations de forces et des véhicules blindés de l'Etat islamique dans et autour de la ville d'Abu Kamal (qui a été reprise par les forces syriennes et leurs alliés le 19 novembre 2017). Des appareils de type Su-30SM de la base de Hmeymim ont couvert les bombardiers au cours de l'opération. Des combattants de l'Etat islamique, de l'équipement et des armes ont été touchés dans l'attaque (Page Facebook du ministère russe de la Défense, 15,17 et 18 novembre 2017).
  • Mikhail Mezentsev, responsable du Centre russe de défense nationale, a déclaré lors d'une conférence que plus de 40 enfants russes sont rentrés en Russie de Syrie au cours des six dernières semaines. Mezentsev a ajouté que le "retour des enfants russes des zones de conflit syriennes est particulièrement important dans les domaines politique, social et du point de vue humanitaire" (Site Internet du ministère russe de la Défense, 17 novembre 2017). Il s'agit apparemment des enfants de membres arrivés Syrie avec leur famille qui se sont enrôlés dans les rangs des organisations jihadistes.
Les Etats-Unis
  • Le Colonel Ryan Dillon, porte-parole de la Coalition internationale contre l'Etat islamique, a rejeté les craintes que les Etats-Unis et la Coalition abandonnent les forces démocratiques syriennes (FDS) après la libération d'Al-Raqqah. Selon le colonel Dillon, les FDS se sont battues courageusement et ont libéré des millions de personnes de l'Etat islamique, et la Coalition leur reste engagée Il a ajouté qu'il demeure nécessaire de lutter contre l'Etat islamique et a appelé toutes les parties à s'unir autour de cet objectif. Selon lui, les membres de l'Etat islamique se cachent toujours dans la vallée de l'Euphrate et mènent des combats à partir de là. L'objectif principal de la Coalition est encore de "vaincre l'Etat islamique dans tous ces secteurs" (Rudaw, 13 novembre 2017).
Principaux développements en Syrie
La reprise d'Abu Kamal

Le 19 novembre 2017, l'armée syrienne et les forces chiites qui la soutiennent, avec l'appui de l'armée de l'air russe, ont repris la ville d'Abu Kamal de l'Etat islamique. Abu Kamal était la dernière ville aux mains de l'État islamique en Syrie. Sa chute symbolise la fin de l'ère de l'État islamique en Syrie et la transformation de l'Etat islamique en une organisation de terrorisme et de guérilla qui n'a pas à défendre un cadre territorial.

  • Le 16 novembre 2017, l'armée syrienne est entrée dans la ville d'Abu Kamal. Avant cela, le 11 novembre 2017, l'Etat islamique a lancé une contre-attaque qui a repoussé le Hezbollah et les milices chiites de la ville. Du 16 au 19 novembre 2017, des affrontements ont eu lieu dans la ville, qui a finalement été reprise par l'armée syrienne et ses alliés. Les unités du génie de l'armée syrienne ont commencé à nettoyer la ville afin de neutraliser les mines, les engins piégés et les voitures piégées laissés par l'Etat islamique (Compte Youtube de la télévision syrienne, 19 novembre 2017).
Le rôle de l'Iran et des forces chiites dans la reprise d'Abu Kamal

Le Hezbollah et les milices chiites, sous la direction d'officiers iraniens et probablement aussi avec la participation d'une petite force des Gardiens de la révolution iranienne, étaient censés jouer un rôle-clé dans la reprise d'Abu Kamal et dans l'après-victoire. Ces forces ont joué un rôle clé dans la première attaque sur Abu Kamal. Cependant, comme indiqué ci-dessus, elles ont été repoussées par l'Etat islamique et ont subi de lourdes pertes. Apparemment, le fait que l'armée syrienne rejoigne la campagne a permis la reprise de la ville, même si les médias ont accordé une large place au rôle joué par l'Iran et ses forces chiites.

  • Dans la campagne de reprise d'Abu Kamal, plusieurs forces chiites opérant en Syrie sous l'égide de l'Iran ont pris part aux combats : la plus remarquable est le Hezbollah libanais. Il y a aussi des milices chiites irakiennes (Haydariyoun), avec notamment le mouvement Nujaba. [1]Des milices pakistanaises (la brigade Zeynabiyoun) et afghanes (la brigade Fatemiyoun) ont également pris part aux combats. Le Hezbollah et les milices chiites ont combattu aux côtés de l'armée syrienne également au cours de la phase finale de la campagne, où l'armée syrienne a été la force dominante.
 
Visite du commandant de la Force Qods Qassem Soleimani à Abu Kamal

Le Général Qassem Soleimani, le commandant de la force Qods des Gardiens de la révolution iranienne, a rendu visite aux forces chiites soutenant l'armée syrienne lors de la campagne de reprise d'Abu Kamal et a pris le commandement de la salle des opérations. Selon nous, la visite du Soleimani témoigne de l'intérêt de l'Iran pour le rôle joué par Téhéran et les forces chiites dans la campagne pour la reprise d'Abu Kkamal, le dernier bastion de l'État islamique en Syrie.

  • Dans la campagne d'Abu Kamal, les forces chiites ont reçu leurs ordres depuis une salle d'opérations. Apparemment, des officiers des Gardiens de la révolution iranienne ont joué un rôle clé dans la gestion de la salle. Qassem Soleimani, commandant de la force Qods, est arrivé dans le secteur d'Abu Kamal et a prit le commandement de la salle des opérations pendant la phase finale de la campagne de reprise de la ville (Compte Youtube du porte-parole militaire du Hezbollah, 19 novembre 2017). [2]
    
Pertes iraniennes et chiites dans la campagne d'Abu Kamal
  • Selon des sources syriennes, entre 40 à 50 combattants ont été tués dans la campagne pour Abu Kamal, dont 30 combattants du Hezbollah et des milices chiites. Parmi les morts figurent deux hauts commandants des Gardiens de la révolution iranienne avec le grade de colonel et deux commandants de rang inférieur. Les deux commandants iraniens tués sont Kheirollah Samadi et Alireza Nazari. Deux autres officiers iraniens tués sont Mehdi Movahednia, apparemment tué dans la région de Deir ez-Zor, et un autre officier nommé Aref Kaid, tué à Abu Kamal.
   
Hassan Nasrallah se réfère à la reprise d'Abu Kamal
  • Le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah, qui a envoyé une force prendre part à l'offensive d'Abu Kamal, a déclaré dans un discours que l'Etat islamique s'était effondré, mais que l'organisation n'a pas été éliminée, puisque ses idées existent toujours. Nasrallah a félicité l'ensemble des forces qui ont pris part à la reprise d'Abu Kamal : l'armée syrienne, les milices irakiennes ("la résistance irakienne", comme l'a dit Nasrallah), la brigade afghane Fatemiyoun, la brigade pakistanaise Zeynabiyoun, les Gardiens de la révolution iranienne et le Hezbollah. Il a également remercié l'aviation russe d'avoir pris part à la campagne. Nasrallah a spécialement salué le commandant de la Force Qods Qassem Soleimani qui, a-t-il dit, était présent sur le champ de bataille, au péril de sa propre vie (Al-Manar, 20 novembre 2017).
Activité de l'Etat islamique dans la région d'Al-Mayadeen
  • Le 16 novembre 2017, l'Etat islamique a annoncé que cinquante soldats de l'armée syrienne avaient été tués dans une attaque de l'organisation contre un convoi motorisé à l'Ouest de la ville d'Al-Mayadeen. Un terroriste suicide a fait exploser une voiture piégée en plein milieu du convoi. Par la suite, des heurts ont opposé l'armée syrienne à des membres de l'Etat islamique pendant de plus de huit heures. L'organisation a fait valoir qu'elle avait saisi cinq camions transportant des munitions, des fusils, quatre canons de 122 mm, deux canons anti-aériens de 23 mm et d'autres armes (Haqq, 16 novembre 2017).
  • Le 15 novembre 2017, l'Etat islamique a publié des photos montrant certains de ses membres déployés dans des positions d'observation autour de la ville de Mahkan, à environ 4 km au Sud d'Al-Mayadeen (près de la route reliant Deir Ez-zor à Abu Kamal). Un membre de l'organisation a été vu à un poste d'observation monté sur une moto (plate-forme mobile relativement petite qui fait qu'il est difficile de la localiser et qui convient aux opérations de guérilla). Un autre a tiré d'un canon anti-aérien et un autre a été vu à une position de sniper (Haqq, 15 novembre 2017).
    
Principaux développements en Irak
Reprise de Rawa, le dernier bastion de l'Etat islamique en Irak

Le 17 novembre 2017, l'armée irakienne a annoncé que ses forces avaient repris la ville de Rawa, le dernier bastion de l'État islamique en Irak. Les milices sunnites de la Mobilisation populaire ont participé à la reprise de la ville, tandis que les milices chiites n'ont joué aucun rôle significatif, afin de ne pas aliéner la population sunnite de la Province d'Anbar. Le Premier ministre irakien Haydar Abadi a annoncé la libération de Rawa en un temps record de quelques heures et a précisé que les forces irakiennes ont continué de ratisser le désert et de sécuriser les frontières de l'Irak (Al-Sumaria News, 17 novembre 2017). Dans une autre déclaration, le Premier ministre irakien a annoncé la fin de l'Etat islamique en Irak d'un point de vue militaire. Il a ajouté que, dans le court terme, le nettoyage complet du désert d'Al-Anbar serait réalisé puis la défaite absolue de l'Etat islamique déclarée en Irak (Agence de presse irakienne, 21 novembre 2017).

   
Droite : L'armée irakienne annonce la reprise de la ville de Rawa (Twitter, 17 novembre 2017). Gauche : Le Premier ministre irakien Haydar Abadi annonce la fin de l'Etat islamique en Irak d'un point de vue militaire (Agence de presse irakienne, 21 novembre 2017)
  • Apparemment, l'Etat islamique n'a pas fait preuve d'une résistance importante à Rawa. L'organisation aurait subi plusieurs pertes, son matériel a été détruit, et beaucoup de ses membres se sont enfuis vers le désert. Les forces irakiennes ratissent la ville à la recherche de mines et d'engins piégés laissés par l'organisation. Le 17 novembre 2017, le jour de la reprise de la ville, les forces irakiennes ont construit un pont sur l'Euphrate au Sud-Ouest de Rawa et ont traversé le fleuve en direction de la ville.
Attaques et tentatives d'attaques de l'Etat islamique en Irak et opérations anti-terroristes des forces de sécurité irakiennes

Au cours de la semaine où l'État islamique s'est effondré, l'organisation a procédé à une attaque de masse dans la ville de Tuz Khurmatu, au Sud de Kirkouk (23 morts). Les forces de sécurité irakiennes ont effectué des opérations anti-terroristes pour prévenir certains des projets d'attentats.

Attentat de masse au Sud de Kirkouk
  • Le 21 novembre 2017, un terroriste suicide a fait exploser une voiture piégée dans un marché ouvert dans le centre-ville de Tuz Khurmatu, à environ 69 km au Sud de Kirkouk. [3]Au moins 23 personnes ont été tuées et 60 ont été blessées. La plupart des morts sont des civils. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque.
Activités anti-terroristes des forces de sécurité irakiennes
  • Ci-après les principales activités antiterroristes menées par les forces de sécurité irakiennes contre l'Etat islamique :

La province d'Al-Anbar : Deux terroristes suicide (selon leurs photos, elles semblent âgées de 17 ans) ont été arrêtées par les forces de sécurité irakiennes dans la ville de Haditha. Elles avaient l'intention de se faire exploser dans l'appartement d'un officier appelé Bahajat al-Jreifi. L'officier appartenait à une unité qui a attaqué l'Etat islamique dans la province d'Al-Anbar (Agence de presse irakienne, 21 novembre 2017). Cette attaque peut être une indication des changements de l'organisation sur le terrain après l'effondrement de l'État islamique. Ces changements comprennent une plus grande utilisation des femmes parce qu'il est plus facile de les utiliser dans des missions telles que les attaques suicide (une femme peut faire semblant d'être enceinte et porter une ceinture d'explosifs ; les musulmans n'ont pas le droit de toucher son corps lors de fouilles).

  • La province de Diyala : Les forces de sécurité irakiennes ont empêché l'infiltration de dizaines de membres de l'Etat islamique qui avaient fui après la reprise d'Al-Hawija par les forces de sécurité irakiennes. Le nombre de membres de l'Etat islamique dans la province est maintenant estimé à environ 100 membres armés qui opèrent en escadrons secrets (Al-Sumaria News, 20 novembre 2017).
  • La province de Ninive : Le 18 novembre 2017, la Mobilisation populaire (un cadre de milices chiites sous protection de l'Iran) a annoncé qu'une force de la 29ème brigade de la Mobilisation populaire avait tué cinq membres de l'Etat islamique au terminal frontalier de Tel Sfouk entre l'Irak et la Syrie, dans le Nord-Est de la Syrie (Site Internet de la Mobilisation populaire, 18 novembre 2017).
  • La province de Kirkouk : Le 19 novembre 2017, la Mobilisation populaire a annoncé que ses forces, avec les forces de la 20ème division de l'armée irakienne, avaient tué 12 membres de l'Etat islamique dans la région d'Al-Hawija, à environ 58 km à l'Ouest de Kirkouk. Les membres de l'Etat islamique se cachaient en terrain rocheux et dans des maisons de la région (Site Internet de la Mobilisation populaire, 19 novembre 2017).
  • La province de Salah al-Din : Le 14 novembre 2017, la province de Salah al-Din (Nord de Bagdad) a publié une vidéo montrant des membres de l'Etat islamique lors d'affrontements avec les forces de sécurité irakiennes (Haqq ; site Internet de partage de fichiers, Novembre 2017).
 L'Egypte et la péninsule du Sinaï
Réponse de l'Etat islamique à l'annonce du porte-parole de Tsahal au sujet des blessures d'un soldat par des tirs du Sinaï
  • Le 20 novembre 2017, l'agence de presse de l'Etat islamique a cité le Major Avichay Deray, le chef des médias arabes au bureau du porte-parole de Tsahal, qui a dit qu'un soldat de Tsahal a été légèrement blessé par des tirs du Sinaï. L'annonce de l'Etat islamique ne fait pas référence à l'incident lui-même mais profite de l'occasion pour envoyer une menace à Israël de la Province du Sinaï de l'organisation (Haqq, 20 novembre 2017).
Activités de l'Etat islamique dans d'autres pays
Nouvel attentat suicide de l'Etat islamique en Afghanistan
  • Le 16 novembre 2017, un terroriste suicide portant un gilet d'explosifs s'est fait exploser à l'extérieur d'un hôtel à Kaboul où le Jamaat-e-Islami (le parti de la société islamique) organisait une conférence politique. Jamaat-e-Islami est considéré comme le plus ancien parti politique en l'Afghanistan. [4]Le terroriste a tenté d'entrer dans la salle, mais les policiers à l'entrée l'en ont empêché. Un total de 14 personnes ont été tuées, huit policiers et six civils. En outre, 18 personnes ont été blessées, dont sept policiers et 11 civils. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque (Afghanistan Times, 16 novembre 2017).
  • La société islamique a été la cible de deux attaques cette année. La conférence à l'hôtel a été organisée par des partisans de l'organisation en l'honneur d'Atta Muhammad Nur, membre du parti et Gouverneur de la province de Balkh, au Nord de l'Afghanistan (près de la frontière avec l'Ouzbékistan). Atta Nur devrait être l'un des candidats à l'élection présidentielle en Afghanistan en 2019 (Afghanistan Times, 16 novembre 2017).

L'attentat suicide est le quatrième d'une série d'attaques suicide effectuées par l'organisation à Kaboul au cours des deux derniers mois(les trois attaques précédentes ont été effectuées à l'entrée de l'académie militaire de l'Ouest de Kaboul, à la mosquée de l'Imam chiite Zaman, et à l'aéroport international de Kaboul). Selon nous, cette série d'attaques témoigne de l'amélioration des capacités opérationnelles de l'Etat islamique en Afghanistan et de l'augmentation de sa motivation à effectuer des attaques, précisément au moment où l'État islamique en Irak et de la Syrie s'est effondré.

Fin de formation de l'Etat islamique à l'Est de l'Afghanistan
  • Le 20 novembre 2017, la Province de l'Etat islamique (Afghanistan/Pakistan) a publié des photos montrant de nouvelles recrues qui ont terminé leur formation. Les photos montrent le camp du cheikh Abd al-Hassib à Kunar (une province située à l'Est de Kaboul, près de la frontière avec le Pakistan). Les recrues (au moins 17 membres) ont rejoint les rangs de l'Etat islamique dans la province de Kunar (Haqq, 20 novembre 2017).

[1] Le mouvement Nujaba ("le mouvement des Nobles") est une milice chiite irakienne opérant principalement dans la région de Bagdad. Il est affilié à l'Iran. Son commandant est cheikh Akram Abbas al-Kaabi. Une partie de cette milice a été envoyée en Syrie et a combattu aux côtés de l'armée syrienne. 
[2] Les médias iraniens ont rapporté que Soleimani avait personnellement commandé les opérations de reprise d'Abu Kamal (Al-Alam, 19 novembre 2017). Cette fanfaronnade, dont le but était de glorifier le rôle de l'Iran et de Soleimani dans la reprise de la dernière place forte de l'État islamique, est sans fondement. Soleimani n'a pas commandé l'armée syrienne, qui a joué le rôle clé dans la reprise de la ville, mais plutôt les forces chiites ("les alliés"). 
[3] La ville de Tuz Khurmatu est à majorité Turkmène-Shiite et des Kurde et des Arabes y résidents également. 
[4] Le parti Jamaat-e-Islami (la société islamique) a été fondé en 1972 et est considéré comme le plus ancien parti politique d'Afghanistan. La plupart de ses membres sont des Tadjiks (sunnites) du Nord et de l'Ouest du pays. Il prône une idéologie anti-occidentale essentiellement fondée sur la loi islamique (charia), tel qu'elle est perçue par les Frères musulmans. Au cours de l'invasion soviétique en Afghanistan (1979-1989) et de la guerre civile qui a suivi (1989-1992), il est devenu l'un des plus importants groupes de moudjahidin. Le parti possédait une branche armée dirigée par Ahmad Shah Massoud, qui a fondé le Front Nord, qui a combattu les talibans après leur invasion de l'Afghanistan (1996-2001). Massoud a été assassiné dans un attentat suicide le 9 septembre 2001. Au cours des dernières années, le parti est principalement impliqué dans des questions nationales. 

samedi 18 novembre 2017

D’où viennent les combattants étrangers de l’Etat islamique ?


La France est la cinquième exportatrice mondiale de djihadistes, elle est la première pour l’Europe (hors Russie)… En Europe, le Kosovo a la plus forte proportion par habitants.


Source : le rapport sur les combattants étrangers de l’EI et les risques liés à leur retour émis par le « Souphan Center » (ONG installée à New York mais pour l’instant ces chiffres n’ont pas été contestés par la Russie à notre connaissance).

Ultra-gauche, ultra-droite, islam, anarchistes, écolos : qui sont les pires terroristes

La Base de données mondiale du terrorisme (GTD) sur les attentats classés par idéologie apporte des éclairages importants qui permettent de séparer la réalité de la propagande.
Le terrorisme est un type de violence étroitement défini, même dans le spectre plus large de la violence motivée par des convictions idéologiques, et peu de gens sont capables de faire la différence car ils se réfèrent constamment au mauvais instrument de mesure : le nombre de cercueils.
C’est pour cela qu’il n’est pas rare de voir les relativistes avancer le nombre de morts dans leur baignoire ou par piqûre de guêpe pour minimiser l’horreur terroriste, et leurs contradicteurs rester coi, sans réponse.
⇒ La GTD définit le terrorisme comme l’utilisation réelle – ou la menace d’utilisation – de la violence illégale par un acteur non étatique pour atteindre un but politique, économique, religieux ou social.
  • Dans l’application de cette définition largement partagée par les organismes anti-terroristes internationaux, ne sont pas inclus les menaces, complots et conspirations que les auteurs n’ont pas tenté d’exécuter.
  • La GTD n’inclut pas non plus les actes violents qui ont eu lieu dans le cadre d’une opération d’application de la loi, tels que le contrôle routier ou l’exécution d’un mandat de justice.
  • La GTD n’inclut également pas la violence issue d’interactions spontanées ou réactives, comme par exemple des affrontements à la suite de manifestations ou d’émeutes ou de crimes de haine violents, parce que justement, elles sont spontanées.
  • Et la GTD n’inclut pas la violence exercée par les acteurs étatiques.
Il convient de noter que la classification des attentats terroristes par idéologie peut souffrir d’un flou, en particulier lorsque les auteurs d’attentats s’identifient à plusieurs groupes ou points de vue idéologiques. Et la classification de l’activité terroriste par idéologie ne caractérise pas une population ou un mouvement idéologique tout entier comme étant violent ou prédisposé à utiliser des tactiques terroristes pour faire avancer les croyances idéologiques.

Idéologies terroristes à travers les décennies

  • Entre 1970 et 2016, 2 794 attentats terroristes ont entraîné la mort de 3 659 personnes aux États-Unis.
  • Plus des quatre cinquièmes (82%) des personnes tuées dans des attaques terroristes aux États-Unis au cours de cette période sont décédées à cause des attentats du 11 septembre 2001 à New York, en Pennsylvanie et en Virginie.
  • 5% des décès ont été causés par l’attentat à l’explosif de 1995 contre le bâtiment fédéral Alfred P. Murrah à Oklahoma City, Oklahoma.
Les graphiques ci-dessous montrent la classification idéologique des attentats terroristes (en haut) et des décès causés par les attentats (en bas) par décennie.
Les catégories comprennent :
  • l’extrémisme de gauche,
  • l’extrémisme écologiste et environnemental,
  • l’extrémisme de droite,
  • l’extrémisme religieux,
  • l’extrémisme nationaliste/ séparatiste et
  • l’extrémisme motivé par un problème étroitement défini comme l’opposition à Fidel Castro, l’opposition à l’avortement ou l’opposition à la police.
  • Un tiers (33%) des attentats ont été classés comme ayant été motivées par plus d’un type d’idéologie. Par conséquent, chaque colonne correspond à un nombre d’idéologies supérieur au nombre d’attaques survenues au cours de chaque décennie.
  • Notez également que les attentats pour lesquels la motivation idéologique spécifique n’était pas connue (24% de toutes les attentats, 2% de tous les décès) ne sont pas affichées sur ces graphiques.
  • Dans la plupart des cas où l’idéologie du ou des attaquants n’était pas connue, ceci est lié à l’information insuffisante sur l’identité ou les motivations de l’auteur, bien que dans certains cas où l’agresseur n’a pas été identifié, des conclusions sur les motivations idéologiques de l’attentat étaient basées sur l’identité de la cible ou des messages anonymes.

Années 70

Dans les années 1970, les motivations idéologiques les plus courantes des attaques terroristes étaient :

  • l’extrémisme de gauche (68% de tous les attentats et 58% de tous les décès) et
  • l’extrémisme nationaliste/ séparatiste (39% de tous les attentats et 37% de tous les décès).
Ces deux catégories se chevauchaient fréquemment aussi, car certains groupes nationalistes/ séparatistes avaient tendance à adopter une perspective politique de gauche.
Parmi les organisations les plus fréquemment responsables de la violence terroriste de gauche dans les années 1970, il y avait :
  • le Front de Libération du Nouveau Monde (NWLF),
  • le Weather Underground et
  • l’Armée de Libération des Noirs (the Black Liberation Army).
  • La violence terroriste dans les années 1970 était aussi fréquemment attribuée aux extrémistes de gauche qu’aux nationalistes noirs qui n’étaient pas affiliés à une organisation particulière.
  • Les Forces armées de libération nationale (FALN) étaient le groupe nationaliste/ séparatiste responsable de la plupart des attentats dans les années 1970.
  • Le FALN, avec le Mouvement pour l’Indépendance Révolutionnaire Armée (MIRA) et les Commandos Révolutionnaires Armés Indépendants (CRIA), était une organisation marxiste-léniniste qui a mené des attentats terroristes dans le but de faire avancer la cause de l’indépendance de Porto Rico.
  • Les attaques nationalistes/ séparatistes ont également été attribuées aux mouvements de gauche comme le Front de libération de Chicano, basé à Los Angeles, et aux organisations religieuses de droite, la Ligue de défense juive (JDL) et son groupe dissident, la Résistance armée juive (JAR).
  • Parmi les autres auteurs religieux actifs au cours des années 1970 figuraient les «Tueurs de zèbres» (un élément marginal de la Nation de l’Islam) à motivation raciale, et
  • le Ku Klux Klan.
  • Les attentats des extrémistes de droite dans les années 1970 comprenaient aussi ceux attribués aux suprématistes blancs et aux nationalistes blancs qui n’étaient pas affiliés à une organisation particulière.
Il y a eu relativement peu d’attentats dans les années 1970 motivés par des «problèmes individuels» étroitement définis, mais ceux qui ont eu lieu étaient principalement menés par des auteurs qui s’opposaient au régime de Fidel Castro.
Les organisations anti-castristes les plus actives comprenaient Oméga-7, le Front national de libération de Cuba (FLNC) et Action cubaine.

Années 80

Au cours des années 1980, le nombre total d’attentats terroristes aux États-Unis a diminué de plus de 65 pour cent et le nombre de décès de victimes a diminué de 70 pour cent.

  • Ce changement était en grande partie le résultat de la diminution de la violence exercée par les groupes de gauche et nationalistes/ séparatistes décrits ci-dessus. Bien que certains groupes indépendantistes portoricains aient accru leur recours à la violence dans les années 1980 – notamment Los Macheteros et l’Organisation des Volontaires pour la Révolution portoricaine – ils sont restés bien moins actifs que le FALN, qui a mené plus de 100 attentats dans les années 1970 et 13 dans les années 1980.
  • Et bien que le nombre d’attentats motivés par une perspective idéologique de droite ait également diminué pendant cette période, la fréquence des attentats de droite en proportion de toutes les violences terroristes a légèrement augmenté, passant de 14 pour cent de tous les attentats et 19 pour cent de tous les décès de victimes dans les années 1970, à 19 pour cent de tous les attentats et 48 pour cent de tous les décès de victimes dans les années 1980 – en raison des déclins plus spectaculaires de la violence de gauche et nationaliste/ séparatiste.
Des tendances similaires se sont produites pour les attentats motivés par l’idéologie religieuse et les problèmes individuels.
  • Le nombre d’attentats terroristes motivés par la religion était stable entre les années 1970 et 1980, mais en raison du déclin général du terrorisme pendant cette période, la fréquence des attentats motivés par la religion par rapport à d’autres types d’attentats a presque triplé en passant de 10 pour cent à 29 pour cent de tous les attentats.
  • Le nombre total de décès de victimes résultant d’attentats à motivation religieuse est passé de 40 dans les années 1970 à neuf dans les années 1980, soit 21 pour cent des victimes (contre 26 pour cent dans les années 1970).
  • La violence motivée par des problèmes individuels était également relativement stable entre les années 1970 et 1980, mais représentait une plus grande proportion de la violence terroriste totale dans les années 1980 (36% de tous les attentats et 19% de tous les décès de victimes) compte tenu du déclin de la violence de gauche et nationaliste/ séparatiste.
Le caractère de la violence motivée par des problèmes individuels a toutefois considérablement changé. Les attentats des groupes et des individus anti-castristes sont passées de plus de 80 dans les années 1970 à moins de 50 dans les années 1980.
  • Suite à la légalisation de l’avortement en 1973, le nombre d’attaques motivées par une idéologie anti-avortement est passé de 10 à la fin des années 1970 à 89 dans les années 1980.

Années 90

Dans les années 1990, le nombre total d’attentats terroristes aux États-Unis a continué de diminuer, puisque le recours à la violence par le mouvement indépendantiste portoricain a largement disparu.

  • De même, les années 90 ont vu une diminution du terrorisme motivée par l’extrémisme de gauche, ainsi que des changements dans les motivations spécifiques des auteurs de gauche.
  • Dans les années 1970 et 1980, les auteurs de gauche étaient le plus souvent motivés par l’objectif de l’indépendance portoricaine ou par des idées anti-guerre, anti-capitalisme et de « justice sociale ».
  • En comparaison, la plupart des attentats terroristes de gauche dans les années 1990 (82%) ont été perpétrés par des groupes écologistes tels que le Front de libération des animaux (ALF) et le Front de libération de la Terre (Earth Liberation Front,ELF).
  • Le terrorisme motivé par l’environnementalisme a composé presqu’un quart (23%) de tous les attentats des années 1990, mais n’a entraîné aucun décès.
  • La fréquence et la létalité du terrorisme de droite a augmenté dans les années 1990 et, comme pour le terrorisme de gauche, la composition de ses motivations spécifiques a également changé.
  • La JDL et les organisations associées n’étaient plus des auteurs actifs dans les années 90 ; cependant, les auteurs suprématistes blancs, nationalistes blancs et anti-gouvernementaux sont devenus plus violents.
  • En particulier, l’attaque de Timothy McVeigh le 19 avril 1995 contre le Murrah Federal Building à Oklahoma City a fait 168 morts, au moins 650 blessés, détruit le bâtiment et endommagé plus de 300 autres bâtiments. Cet attentat et plusieurs autres motivés par l’idéologie de l’extrême droite ont causé 89 pour cent des décès résultant d’attentats terroristes dans les années 1990.
  • La fréquence et la létalité du terrorisme anti-avortement a également augmenté dans les années 1990.
  • Il y a eu 26 pour cent d’attentats terroristes anti-avortement de plus dans les années 1990 que dans les années 1980.
  • Alors que les attentats anti-avortement des années 1980 étaient non létaux, huit personnes ont été tuées par des auteurs motivés par l’opposition à l’avortement dans les années 1990.
  • Au moins 46% des attentats anti-avortement des années 1990 – y compris tous les attentats meurtriers et tous les attentats pour lesquelles l’identité religieuse de l’agresseur a été spécifiée dans les documents sources – ont été perpétrées par des auteurs dont les croyances anti-avortement étaient enracinés dans le christianisme.
  • Le terrorisme motivé par l’extrémisme religieux dans les années 1990 comprenait également des attentats perpétrés par des groupes d’identité chrétienne tels que :
    • l’Armée républicaine aryenne,
    • l’Église mondiale du Créateur et
    • la Prêtrise de Phineas.
  • Deux attentats antisémites ont été perpétrés par des assaillants musulmans – l’assassinat en 1990 du rabbin Meir Kahane, fondateur de la JDL, et un assaut contre des étudiants juifs sur le pont de Brooklyn en 1994 pendant lequel une personne a été tué et trois autres blessées.
  • Six personnes ont été tuées et plus de 1000 ont été blessées lorsque Ramzi Yousef a fait exploser un camion piégé dans un garage du World Trade Center à New York en 1993.
  • L’un des complices de Yousef a envoyé une lettre au New York Times pour revendiquer la responsabilité de l’attentat au nom du «cinquième bataillon de l’armée de libération». La lettre indiquait que l’attaque avait été menée en représailles contre l’appui des États-Unis à Israël et avait mis en garde contre de futurs attentats.

    Années 2000

    Bien que le nombre d’attentats terroristes aux États-Unis ait diminué de près de la moitié dans les années 2000, la létalité et l’impact à long terme des attentats d’Al-Qaïda le 11 septembre 2001 ont été extraordinaires.

    • Près de 3 000 personnes ont été tuées et des milliers d’autres ont été blessées le jour des attentats de 9/11.
    • Malgré les attentats d’Al-Qaïda, les années 2000 ont vu une diminution du nombre d’organisations formelles à qui l’on attribuait la responsabilité d’attentats terroristes.
    • Bien que la taille, la structure et la cohésion des organisations ait varié, plus de 30 groupes désignés ont été responsables d’attentats dans les années 1990, comparativement à seulement huit dans les années 2000.
    • D’autres attentats islamistes au cours des années 2000 ont principalement été menés par des assaillants qui n’étaient pas officiellement affiliés à des organisations particulières. Il s’agit notamment de :
      • l’attentat de Nidal Hasan en 2009 à Fort Hood, au Texas, au cours duquel 13 personnes ont été tuées et plus de 30 autres blessées.
    • Bien que les attentats terroristes meurtriers motivés par l’idéologie chrétienne, anti-avortement et l’idéologie antisémite aient eu lieu dans les années 2000, ils étaient beaucoup moins nombreux que dans les années 1990.
    Nombre d’organisations actives auteurs d’actes terroristes aux États-Unis, par décennie.
    Décennie
    Organisations
    «Auteurs identifiés»
    Années 1970
    Années 1980
    Années 1990
    Années 2000
    Années 2010
    92
    55
    31
    8
    8
    30
    23
    18
    11
    18
    • Le nombre d’attentats réalisés par les extrémistes de gauche a augmenté de 80% dans les années 2000.
    • Ces attentats étaient presque tous motivés par l’environnementalisme et menés par des auteurs affiliés à l’ALF et l’ELF.
    • Tous ces attentats avaient pour but de causer des dommages matériels et des intimidations ; aucun n’était mortel.
    • Le nombre d’attentats motivés par l’extrémisme de droite a diminué de 40% entre les années 1990 et 2000, et comprenait des attentats perpétrés par des auteurs motivés par la suprématie blanche et l’idéologie néonazie, ainsi que par les idées antisémites, anti-immigrationnistes et anti-avortement et l’opposition aux politiques sociales progressistes.

    2010

    • Comparativement aux années 2000, la proportion d’attentats terroristes perpétrés par des extrémistes écologistes de gauche au cours des sept premières années de 2010 a fortement diminué (de 64% à 12%).
    • En même temps, il y a eu une forte augmentation de la proportion d’attentats menés par des extrémistes de droite (de 6% à 35%) et
    • des extrémistes religieux (de 9% à 53%).
    • Les attentats entre 2010 et 2016 ont généralement été perpétrés par des auteurs individuels qui n’étaient que vaguement liés à une organisation ou à un mouvement idéologique spécifique. Les motivations des attentats étaient à la fois diverses et imbriquées. Dans certains cas, ils se concentraient étroitement sur certains problèmes et, dans d’autres cas, s’inspiraient de larges systèmes de croyances. Ils comprenaient à la fois des idées d’opposition et affirmatives ou parfois les deux.
    • La nature du terrorisme aux États-Unis entre 1970 et 2016 a été caractérisée par des milliers d’attentats non mortels (91%) qui ont été ponctuées par des attentats relativement rares mais mortels, voire exceptionnellement mortels.
    • Bien que la létalité des attentats au cours de la période allant de 2010 à 2016 ne corresponde pas à celle des deux décennies précédentes, cette tendance fondamentale est restée.
    • Par exemple, sur les 68 personnes tuées dans des attentats perpétrées par des extrémistes inspirés par le djihadisme au cours de cette période,
      • 49 sont mortes à Orlando, en Floride, à la suite d’un assaut armé réalisé en 2016 par Omar Mateen.
      • 14 sont mortes à San Bernardino, en Californie, lors d’une attaque en 2015 par Syed Farook et Tashfeen Malik.
      • 9 des 18 personnes tuées par des suprématistes blancs ou des nationalistes blancs sont mortes à la suite de l’attaque de Dylann Roof en 2015 à l’église épiscopale méthodiste africaine Emanuel (Emanuel African Methodist Episcopal Church) à Charleston, en Caroline du Sud.
      • 6 autres personnes ont été tuées lorsque Wade Michael Page a attaqué des fidèles dans un temple sikh d’Oak Creek, dans le Wisconsin.
    • Cela démontre que les tendances générales du terrorisme aux États-Unis en matière d’idéologie sont très sensibles à l’influence des attaques individuelles entraînant de nombreuses victimes.
    Les auteurs d’actes terroristes aux États-Unis, 2010 – 2016
    Groupes responsables des actes de terrorisme
    Nombre total d’attaques
    Nombre de décès de victimes
    Extrémistes inspirés par le djihadisme
    21
    68
    Extrémistes anti-musulmans
    18
    3
    Extrémistes anti-gouvernementaux
    11
    8
    Extrémistes musulmans
    8
    10
    Extrémistes blancs (suprématistes/ nationalistes)
    7
    18
    Front de libération des animaux (ALF)
    6
    0
    Extrémistes luttant contre la police
    6
    8
    Extrémistes opposés à l’avortement
    5
    3
    Citoyen souverain
    4
    0
    Anarchistes
    3
    0
    Extrémistes opposés au contrôle des armes
    3
    0
    Extrémistes antisémites
    3
    0
    Extrémistes anti-blanc
    3
    5
    Hébreux Israélites noirs
    2
    0
    Anciens combattants unis pour les monuments commémoratifs non religieux
    2
    0
    Extrémistes anti-sikh
    1
    0
    Extrémistes anti-Trump
    1
    0
    Citoyens pour la liberté constitutionnelle
    1
    0
    Extrémistes pour les réformes des tribunaux
    1
    0
    Extrémistes Irakiens
    1
    0
    Extrémistes pour les droits LGBT
    1
    0
    Extrémistes de droite
    1
    0
    Étudiants pour l’insurrection
    1
    0
    Tehrik-i-Taliban Pakistan (TTP)
    1
    0
    Département de la justice
    1
    0
    Empire aryen uni
    1
    0
    Source: Base de données mondiale du terrorisme

    Annexe : définitions des idéologies

    L’extrémisme de gauche

    La violence à l’appui d’un programme socialiste révolutionnaire et la vision que l’on est un protecteur de la population. Caractérisé par le mépris pour le capitalisme, l’impérialisme et le colonialisme, et par une orientation politique marxiste et des idées pro-communistes/ pro-socialistes, ou le soutien à un système sociopolitique décentralisé et non hiérarchique (par exemple, l’anarchisme).

    L’extrémisme écologiste et environnemental

    La violence à l’appui de la biodiversité et de l’égalité bio-centrique (l’idée que les humains n’ont aucune prétention légitime à dominer la terre). Caractérisé par l’idée que la terre ou les animaux sont en danger imminent, que le gouvernement et des parties constitutives de la société telles que les entreprises sont responsables de ce danger, que ce danger entraînera finalement la destruction de l’environnement moderne et d’espèces entières, et que le système politique est incapable ou refuse de prendre des mesures pour préserver l’environnement et soutenir la diversité biologique.

    L’extrémisme de droite

    La violence à l’appui de la conviction que le mode de vie personnel et national est attaqué et déjà perdu, et que la menace est imminente. Caractérisé par l’anti-globalisme, la suprématie raciale ou ethnique, le nationalisme, la méfiance à l’égard de l’autorité fédérale centralisée, le respect de la liberté individuelle et la croyance dans les théories du complot qui impliquent une grave menace pour la souveraineté nationale et la liberté individuelle.

    Extrémisme religieux

    Violence à l’appui d’un système de croyance confessionnel particulier et de ses pratiques et opinions culturelles correspondantes, parfois en opposition à des systèmes de croyances concurrents. Caractérisé par l’opposition à des prétendus ennemis de Dieu, des non-croyants ; faisant tout son possible pour insérer de force la religion dans la sphère politique ou sociale en imposant des règles ou des lois religieuses strictes ; ou provoquer la fin des temps.

    L’extrémisme nationaliste/ séparatiste

    Violence à l’appui de l’autodétermination ethnique ou géopolitique. Caractérisé par la concentration régionale et une histoire de l’autonomie politique organisée, le système traditionnel, ou le gouvernement régional, et un engagement à gagner ou à retrouver l’indépendance politique.

    L’extrémisme lié à une cause particulière

    Violence à l’appui de l’avancement d’une cause spécifique ou étroitement définie. Cette idée peut être associée à n’importe quel espace sur le spectre politique.

    Source de ce rapport

    Les données présentées ici sont tirées de la Base de données mondiale du terrorisme (GTD). La GTD contient des informations sur plus de 170 000 attentats terroristes survenus dans le monde entier depuis 1970. Pour plus d’informations sur la GTD, visitez www.start.umd.edu/gtd.
    La GTD est un projet du Consortium national pour l’étude du terrorisme et des réponses au terrorisme (the National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism, START). Le START vise à fournir des conseils opportuns sur la façon de réduire l’incidence du terrorisme et de désorganiser les réseaux terroristes, ainsi que de renforcer la résilience de la société face aux menaces terroristes au pays et à l’étranger. Des informations supplémentaires sur le START sont disponibles sur www.start.umd.edu.
    L’auteur de cette fiche d’informations est Erin Miller. 
    © Université du Maryland, novembre 2017
    Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction © Oksana Zvirynska