Fait avéré ou, comme l’affirme Moscou, provocation de la part des rebelles syriens? Toujours est-il que l’on assite à une bataille de chiffres autour d’un bombardement effectué par les forces syriennes dans la banlieue de Damas, ce 21 août, et que ces dernières sont accusés d’avoir utilisé un gaz neurotoxique.
Ainsi, selon l’opposition syrienne, cette attaque aurait fait près de 1.300 tués. Un nombre qui n’a cessé d’évoluer au fil de la journée. Le Bureau des médias de Damas, une organisation proche des rebelles, a compté 494 victimes alors que, de son coté, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (l’OSDH), qui dispose d’informateurs dans le pays, a parlé d’une centaine de morts.
Des photographies et des vidéos diffusées par les opposants syriens montrent en effet des cadavres ne présentant pas de blessures apparentes. Seulement, ces documents n’ont, pour le moment, pas pu être authentifiés de manière indépendante. Cela étant, une infirmière d’un centre médical située à une dizaine de kilomètres de la capitale a affirmé, selon l’agence Reuters, que “de nombreuses vitimes sont arrivées avec leurs pupilles dilatées, des membres glacés et de la mousse dans leur bouche.”
Le chef de la Coalition nationale de l’opposition syrienne, Ahmed Jarba a réclamé une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies pour que soit évoqué ces bombardements qui ont visé les quartiers d’Hammouriya, la Ghouta, Moudamiya, Zamalka et Arbin.
Cet appel a été entendu par le Royaume-Uni, qui, selon William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, “va évoquer cet incident devant le Conseil de sécurité de l’ONU”. Ce dernier s’est dit “profondément préoccupé par les informations selon lesquelles des centaines de personnes ont été tuées dans des bombardements et une attaque à l’arme chimique.” Les Etats-Unis devraient en faire de même.
“Ces allégations ne sont pas corroborées et nous cherchons d’urgence davantage d’informations, mais il est clair que si elles étaient confirmées, cela marquerait une escalade choquante dans l’utilisation des armes chimiques en Syrie”, a encore ajouté le ministre britannique.
En France, le président Hollande va “demander à l’ONU de se rendre sur les lieux de l’attaque” même si “ces informations demandent évidemment à être vérifiées et confirmées”, a indiqué Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres.
Une délégation des Nations unies, composée de 10 experts en armement et en santé et conduite par Aake Sellström, mène actuellement des investigations concernant de précédentes accusations d’usage d’armes chimiques en Syrie. Mais son mandat est limité, dans la mesure où seulement trois sites pourront être inspectés (Homs, Khan al-Assal, près d’Alep et Ataybah, dans la région de Damas) et qu’elle n’est pas autorisée à déterminer le camp qui les aurait employées.
De son côté, le régime syrien a réfuté ces dernières accusations. “Les informations sur l’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta sont totalement fausses”, a réagi l’agence de presse officielle Sana. Et d’avancer que les chaînes Al-Jazeera et Al-Arabiya , “impliquées dans l’effusion du sang syrien et soutenant le terrorisme”, diffusent “informations “infondées”, avant d’ajouter qu’il “s’agit d’une tentative pour empêcher la commission d’enquête de l’ONU sur les armes chimiques de mener à bien sa mission.”
Fidèle allié du régime de Bachar el-Assad, la Russie a réfuté ces nouvelles accusations. “Tout cela nous fait penser que nous avons à faire une nouvelle fois à une provocation planifiée à l’avance”, a réagi Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. Les rebelles ont “déjà affirmé ces jours derniers que le régime utilisait des armes chimiques, accusations qui ne se sont pas vérifiées”, a-t-il ajouté, en fustigeant le “parti pris” des médias régionaux.
Via Zone Militaire
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