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mercredi 7 août 2013

L’extrême-droite intégriste pleure la mort du vichyste Madiran

Madiran-Maurras
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C’est un peu le dernier des Mohican pétainistes que pleure l’extrême-droite intégriste française. La « grande presse », Le Figaro, Le Monde, La Croix, l’AFP, en parlent. Jean Madiran, de son vrai nom Jean Arfel, est mort mercredi 31 juillet 2013 à 93 ans. Disciple de Charles Maurras, décoré de la francisque par Pétain, il était l’un des principaux théoriciens laïcs du catholicisme traditionaliste. Cofondateur du quotidien Présent en 1980, il en était encore directeur émérite.
Dans le numéro de Présent sorti le 2 août, deux pages (sur les quatre que compte ce « quotidien » à tirage confidentiel…) sont consacrées à Jean Madiran. A l’intérieur, l’on trouve les hommages de Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen. L’hebdomadaire d’extrême droite Minute a publié un texte jeudi 1er aout sur son site Internet. Avec Jean Madiran, disparaît l’une des figures du nationalisme catholique traditionaliste, ainsi que l’un des derniers collaborateurs directs de Charles Maurras, le fondateur de l’Action française.
C’est en effet dans les rangs de cette organisation royaliste que Jean Arfel, originaire de Bordeaux, qui a souvent écrit sous des pseudonymes rappelant le Sud-Ouest comme Madiran, Lagor ou Casteis, fait ses premiers pas de militant politique. Selon J.-Y. Camus et R. Monzat, dans leur livre Les droites nationales et radicales en France, Madiran rencontra Maurras à Pau en 1943.
Maurras le considérera, avec Jean Ousset qui fondera la Cité catholique, comme « l’un des espoirs du mouvement monarchiste ». C’est Maurras, d’ailleurs, qui le recommande pour la francisque en 1944. Car Madiran est un fervent soutien de la « Révolution nationale » du Maréchal Pétain.
A la Libération, Madiran s’était caché dans un monastère situé sur la colline de Madiran (Hautes-Pyrénées) d’où il avait tiré son pseudonyme. Il avait publié ensuite plusieurs ouvrages sur la doctrine catholique sous le pseudonyme de Jean-Louis Lagor. Jean Madiran avait également participé à la création au début des années 80 du quotidien Présent. Il en fut le directeur de publication et le directeur de la rédaction pendant de longues années.
En 1990, Oliver Biffaud revient sur l’itinéraire de Jean Madiran à cette époque. Militant royaliste, Madiran s’affirme antidémocrate, antirépublicain, antisémite et antimaçonnique. Il fustige les écrivains qui ont eu le malheur de ne pas suivre le même chemin que lui. « Nous savons aujourd’hui – malgré Descartes – que la pensée des Pères de l’Eglise et de Saint Thomas d’Aquin avait une ampleur, une puissance, une profondeur qu’aucun philosophe moderne n’a pu atteindre. Pour l’assimiler et le dépasser, il aurait fallu des cerveaux autrement vastes que ceux de Descartes ou des juifs Spinoza et Bergson », écrit Madiran en juillet 1941.
Biffaud révèle les sorties de Jean Madiran dans le journal l’Action française en 1944 : « Au milieu des conséquences tragiques de la défaite de 1940, le juif souffre par où il a péché, tandis que le Français souffre par où il a laissé pécher le juif. Cette double forme résume toute notre position antisémite actuelle : le regret que l’on n’ait pas empêché les juifs de nuire à la France et la volonté de ne plus se laisser guider par eux ».
Après la Libération, Jean Madiran fréquente les milieux d’extrême-droite de Georges Albertini et continue à écrire dans la presse de l’Action Française. Il collabore à Rivarol mais le quitte en 1958 à cause de l’arrivée de Lucien Rebatet dont l’antisémitisme racial, clairement paganisant, et la rancœur envers Maurras, l’éloigne.
Madiran était considéré comme l’une des meilleures plumes de de la droite catholique intégriste. Il publia son premier livre, La Philosophie politique de saint Thomas (Les Éditions Nouvelles, 1948), sous le pseudonyme de Jean-Louis Lagor et lança une publication d’inspiration maurassienne, l’Indépendance française, rachetée en 1950 par Aspects de la France.
En 1956, il fonde la revue Itinéraires qui deviendra l’une des plus importantes publications du catholicisme traditionnel. C’est une publication de haut niveau intellectuel, conçue pour la formation doctrinale. Itinéraires, proche de la Cité catholique, mouvement d’extrême droite contre-révolutionnaire qui connut une certaine influence dans les années 1950 et 1960, prend parti pour l’Algérie française, lutte contre le catholicisme « progressiste » incarné notamment par la Jeunesse ouvrière chrétienne et Témoignage Chrétien. C’est aussi l’un des fers de lance du combat contre les réformes amenées par le concile de Vatican II qui dura de 1962 à 1965.
Madiran se pose alors comme le théoricien du traditionalisme. Mais le tournant a lieu lors du sacre de quatre évêques à Ecône, en Suisse, par Mgr Lefebvre en 1988 qui provoque l’excommunication de ce dernier et des quatre évêques, dont un certain Williamson… Jusqu’alors proches, les deux hommes s’opposent, puisque Jean Madiran est contre le schisme et opte pour l’action au sein de l’Eglise. Cette rupture entraîne la chute de la revue Itinéraires qui perd de nombreux abonnements.
Quelques années auparavant, au tout début des années 1980, Jean Madiran avait fondé Présent avec Bernard Antony et François Brigneau. Ce dernier, un pétainiste déclaré, quittera le quotidien lors des sacres de quatre évêques à Ecône, qu’il soutenait.
Les devises de Présent sont « Dieu, famille, patrie » et « Dieu premier servi ». C’est le seul quotidien d’extrême droite fondé après la guerre qui existe encore. Cela dit, ce quotidien se limite à quatre pages seulement et compte très peu de lecteurs. Sa ligne est nationaliste et catholique traditionaliste. Présent prit, sous la plume de Jean Madiran, la défense du milicien Paul Touvier lors de son procès, en 1991. « Paul Touvier n’a tué ni torturé personne, il n’a fait tuer ni torturer personne. Mais il a été milicien. Il ‘faut’ donc qu’il soit coupable », écrit-il.
En 1996, Jean Madiran avait été condamné pour diffamation raciale à la suite d’un écrit article publié l’année précédente dans Présent sur le rôle prêté à Albert Lévy, substitut du Parquet de Toulon, dans l’enquête sur la mort d’un collaborateur du maire FN de Toulon de l’époque Jean-Marie Le Chevallier.
A l’époque, Présent fait partie de la presse amie du parti lepéniste. Lors de la scission de 1998 avec Bruno Mégret, Présent, sans prendre officiellement parti, penche très fortement pour Jean-Marie Le Pen. En effet, Bruno Mégret réunissait autour de lui la tendance païenne du FN, ce qui constituait un puissant repoussoir. Proche du Front national et de Jean-Marie Le Pen, Madiran n’avait toutefois pas voulu excommunier Bruno Mégret, lors de la scission de 1998, considérant qu’un journaliste « n’avait pas à prendre parti dans une affaire d’hommes ».
L’argument est cocasse lorsque l’on sait à quel point l’égo et l’arrogance de Madiran ont contribué aux guerres intestines, y compris, celles, nombreuses, survenues au sein du petit quotidien Présent, pas si présent que ça, d’ailleurs, dans le paysage médiatique français…
Proche de Mgr Lefebvre et de sa de la Fraternité Sacerdotale St-Pie XI, Madiran avait refusé d’opter en 1988 en faveur des sacres illégaux de quatre évêques et du schisme de fait qui en résulta, préférant la position légaliste de Dom Gérard Calvet, prieur puis abbé du monastère traditionnaliste du Barroux. Aujourd’hui, Présent s’est distancié des positions de Marine Le Pen sur la laïcité, sans pour autant être devenu un titre hostile à la présidente du FN.
Les obsèques de Jean Madiran ont été célébrées le matin du lundi 5 août en la chapelle Notre-Dame des Armées à Versailles, par Dom Louis-Marie, Père Abbé du monastère du Barroux, une communauté traditionnaliste qui ne dépend pas de la Fraternité Sacerdotale St-Pie X fondée par Mgr Lefebvre.
Michel Garroté www.dreuz.info
Sources :

Fervent soutien de la « Révolution nationale » [définition ?] du Maréchal Pétain.: ça ce n’était pas très original
intégriste mais pas intégriste
« Disciple de Charles Maurras, décoré de la francisque par Pétain, » : comme Mitterand
Le Peniste mais pas Le Peniste
antisémite mais pas antisémite : un homme compliqué 
Dans les faits, l’Action Française aurait été beaucoup moins nocive pour les Juifs. Son anti-germanisme profond l’avait fait prendre rapidement conscience de la menace que constituait Hitler pour la France, tandis que le Front Populaire et les radicaux ne songeaient qu’à désarmer et la luter contre le fascisme italien et la « propagande anticommuniste ». Les Français partaient en congés payés au même moment que les Allemands s’entrainaient aux armes. On sait ou cela nous a mené. La lâcheté face à l’annihilation de l’Europe Centrale et donc la responsabilité directe dans la Shoah. L’Action Française était partisane d’une action préventive contre le Reich hitlérien dès 1933 avec le Polonais Pilsudski et l’Italien Mussolini. C’était le seul « parti » français à souhaiter une attaque contre l’Allemagne.
Rien de tout ce que les Juifs ont eu à subir ne se serait passé. Du moins pas de la manière que nous savons.
De ce point de vue là, indirectement, malgré son antisémitisme théorique, l’Action Française était beaucoup moins une menace pour les Juifs que la gauche française.
l’époque de l’antisémite obsessionnel Maurras, l’Eglise avait excommunié son mouvement, l’Action française. Face à Maurras, il y a avait un autre écrivain catholique, mais lui philosémite : Jacques Maritain. Madiran a choisi Maurras et non pas Maritain.

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