M’attendant à ce que les médias français ne disent pas les choses telles qu’elles sont, il faut bien que je me dévoue pour le faire.
L’accord passé concernant le relèvement du plafond de la dette à Washington représente une très lourde défaite pour Barack Obama, qui, en dix jours, a perdu quasiment toutes ses chances d’être réélu lors des élections de novembre prochain. Sauf si les Républicains choisissaient un candidat très nul, la Maison Blanche devrait changer d’occupant au début de l’année 2013.
Obama apparaissait déjà comme un Président qui avait conduit l’économie américaine vers la ruine, et qui avait laissé le Proche-Orient glissé vers le chaos et l’islamisme, il apparaît désormais comme ce qu’il n’a jamais cessé d’être en fait : un homme arrogant, manipulateur, cynique, et assez mauvais manœuvrier.
Son objectif était de contraindre les Républicains à un accord « équitable » impliquant un relèvement des impôts, en échange de coupes insignifiantes dans les dépenses, en menaçant, s’ils ne signaient pas, d’être présentés comme responsables d’un cataclysme économique et financier planétaire.
Les Républicains n’ont pas signé cet accord « équitable » et n’ont quasiment rien cédé de leurs positions de départ. Obama apparaît, lui, comme quelqu’un qui a fait le matamore, engagé une partie de bras de fer et perdu. Il apparaît comme quelqu’un qui a disséminé la peur, et procédé à des chantages et à des comparaisons insultantes, pour finalement changer de discours et entériner ce qu’il était censé ne pas entériner du tout. Les Républicains pensent avoir montré que le prétendu roi est nu. Les Démocrates sont furieux : c’est de chez les démocrates que viennent désormais les comparaisons d’Obama avec Carter.
Symétriquement, cet accord représente une victoire pour les Républicains.
Ceux-ci ne disposent que d’un seul levier de pouvoir aujourd’hui, la Chambre des représentants. Chaque projet qu’ils sont à même de présenter ne peut qu’être refusé par le Sénat où les Démocrates disposent d’une majorité érodée, mais d’une majorité quand même. Et même s’ils parvenaient à se concilier les voix de quatre ou cinq démocrates au Sénat, ils se heurteraient encore à la possibilité d’un veto présidentiel. Avec ce seul levier, ils ont réussi à faire que le débat se déroule sur leur terrain : aucune augmentation d’impôts et de taxe, rééquilibrage des comptes par des coupes drastiques dans les dépenses, acceptation éventuelle d’un relèvement du plafond de la dette, à la stricte condition que toute somme ajoutée à l’endettement soit compensée par des coupes dans les dépenses d’un montant égal.
Non seulement le débat s’est déroulé sur leur terrain, mais le résultat final est conforme, à quatre vingt dix pour cent, à leurs positions. Le chiffre du relèvement du plafond de la dette est peu ou prou celui qu’ils s’étaient fixés, et ce relèvement vaudra pour une période qui s’achèvera en janvier 2013. Le montant des coupes budgétaires est peu ou prou celui qu’ils s’étaient fixés. La seule concession qu’ils aient faite, et encore est-ce une concession transitoire qui sera redébattue dans quelques mois, est qu’une partie des coupes budgétaires affectera le budget de la défense. Ce sont les Démocrates et Obama qui ont demandé que des coupes affectent prioritairement le budget de la défense. Nombre de Républicains, même s’ils ont entériné l’accord, présentent ces coupes comme relavant de l’irresponsabilité, et disent que Démocrates et Obama font courir un péril à la défense américaine, dans un contexte de turbulences graves sur la planète.
Il est fort loin d’être certain que l’insistance des Démocrates et d’Obama à avoir voulu couper dans le budget de la défense sera un atout pour Obama et les Démocrates dans les mois à venir. Surtout si, comme c’est probable, des fiascos s’ajoutent aux fiascos dans les zones de turbulences. John Boehner, chef de la majorité républicaine à la Chambre des Représentants a lui-même expliqué ses réticences à couper dans le budget de la défense. Il a expliqué pourquoi augmenter les impôts aurait été dangereux dans un contexte de stagnation économique. Il a expliqué que les déficits étaient la faute d’Obama et de dépenses astronomiques effectuées depuis deux ans et demi. Les répliques d’Obama et des Démocrates, fondées sur une rhétorique de lutte de classes, ou leurs accusations consistant à dire que la situation économique est la faute de Bush, plaisent en Europe, mais laissent de marbre les électeurs américains : or, ce sont les électeurs américains qui votent.
Au sein du Parti Républicain, cette victoire est, surtout, celle du mouvement des Tea parties.
Ce mouvement, diabolisé, traîné dans la boue, présenté comme irresponsable, a porté à la Chambre des représentants l’essentiel des nouveaux entrants, et ceux-ci détiennent la clé qui permet aux Républicains d’être majoritaires. Le refus de toute augmentation d’impôts et de taxes émane directement des membres des tea parties qui s’en font les gardiens vigilants. La volonté que toute somme supplémentaire d’endettement soit compensée par une somme égale de coupe dans les dépenses émane aussi directement des membres des tea parties. Les plus stricts gardiens des principes des tea parties étaient hostiles à toute forme de relèvement du plafond de la dette et étaient prêts à laisser l’administration fédérale aller à la banqueroute : c’est ce qui explique que le texte présenté par John Boener voici quelques jours, ait dû être revu, et que sa présentation ait été différée. On peut, sur le principe, donner raison à ces gardiens stricts des principes. On doit aussi constater que les Républicains n’ayant pas toutes les cartes en main, il valait mieux faire ce qui a été fait : placer Obama en position d’échec, le contraindre à se renier, mais éviter le pire, qu’Obama semblait vouloir, à certains moments, aux fins, sur un mode révolutionnaire, d’en attribuer la faute à ses ennemis républicains.
Une bataille est gagnée. Dans des conditions où il était difficile de faire mieux et d’obtenir davantage pour les Républicains et les tea parties. Obama a subi une lourde défaite et a perdu quasiment toutes ses chances pour 2012. On pourrait dire comme des commentateurs divers, jusque dans le New York Times, l’écrivent, qu’Obama s’est suicidé en direct, devant les caméras de télévision. Les Démocrates sont furieux.
Il faut que les Républicains et les tea parties se mettent en ordre de marche pour la bataille décisive, celle de novembre 2012. Et il faut qu’ils se donnent les moyens de gagner. Il leur restera ensuite à mener le travail de redressement intérieur et extérieur des Etats-Unis. Ce ne sera pas chose facile. Il a fallu un Ronald Reagan pour réparer les dégâts de Jimmy Carter.
Obama étant désormais sans nul doute le pire Président de toute l’histoire des Etats-Unis, il va falloir une femme ou un homme d’exception. Et il faudra à cette femme ou à cet homme non seulement des idées claires, mais du courage et de la détermination.
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© Guy Millière pour Drzz.fr
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