vendredi 5 août 2011

La Turquie a un nouvel étét-major proche du gouvernement

La Turquie a nommé jeudi les nouveaux chefs de son armée après une série de démissions causées par une crise entre les militaires et le gouvernement islamo-conservateur, qui a marqué de son empreinte le nouvel état-major en évinçant des officiers réputés hostiles.
 
 
Alors que la controverse entre les généraux et l'exécutif civil portait sur le sort d'officiers en détention provisoire dans le cadre d'enquêtes sur des complots présumés contre le gouvernement, Ankara a également décidé le maintien des officiers incarcérés dans leurs fonctions, sans promotion ni bannissement. 
A l'issue de quatre jours de réunion du Conseil militaire suprême (YAS), un organe réunissant autorités civiles et militaires pour examiner chaque année l'évolution des carrières dans l'armée, le porte-parole de la présidence Ahmet Sever a rendus publics les noms des nouveaux responsables de l'état-major.
 
Le général Hayri Kivrikoglu, qui commandait la Première armée, prend désormais la tête de l'armée de terre, une promotion qui bouleverse l'ordre de préséance hiérarchique et dans laquelle les médias reconnaissent la volonté du gouvernement d'écarter les officiers qui lui sont le plus hostiles. 
Le poste de chef de l'armée de terre devait en effet théoriquement revenir au général Saldiray Berk, responsable de l'éducation et de la doctrine de l'armée de terre, mais celui-ci est visé par des poursuites dans une affaire de complot anti-gouvernemental. 
Selon la chaîne d'information CNN-Türk, le général Berk a demandé à prendre sa retraite.
 
Deuxième candidat possible dans l'ordre hiérarchique, le général Aslan Güner, actuel numéro deux de l'état-major, avait refusé de serrer la main à l'épouse voilée du président Abdullah Gül, selon le quotidien Milliyet. 
Le général Güner a été nommé à la tête des académies militaires, a rapporté l'agence de presse Anatolie.
 
L'amiral Emin Murat Bilgel, le général Mehmet Erten et le général Bekir Kalyoncu prennent respectivement la tête de la marine, de l'aviation et de la gendarmerie, a indiqué M. Sever. 
« Concernant la nomination du chef d'état-major, nous attendons une décision du conseil des ministres, mais il est évident qu'il n'y a pas de problème », a affirmé le porte-parole, laissant entendre que le général Necdet Özel, nommé chef d'état-major en exercice après la démission du général Isik Kosaner, serait confirmé dans sa nouvelle fonction. 
Le chef d'état-major Isik Kosaner et les généraux commandant l'armée de terre, la marine et l'aviation ont démissionné en raison du refus du gouvernement de laisser les militaires en détention dans l'attente de leur procès bénéficier de promotions, au bénéfice de la présomption d'innocence.
 
Jeudi, M. Sever a annoncé que les quatorze généraux actuellement en détention provisoire étaient maintenus dans leurs fonctions, sans promotion ni mise à l'écart. « Un an de prolongation pour les quatorze généraux », a-t-il dit. 
Autrefois intouchable et incontournable dans la vie politique, l'armée turque est depuis plusieurs années la cible de critiques et d'accusations, dont celle de complots visant à renverser le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

42 généraux, soit plus d'un sur dix, et plusieurs dizaines d'officiers d'active ou à la retraite sont actuellement incarcérés dans le cadre de complots présumés visant le gouvernement.

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