Cela ne fait pas les gros titres mais cela le devrait : Place Tahir au Caire, ce ne sont plus des manifestants soucieux de liberté et de conditions économiques décentes qui se sont installés, en cette fin juillet mais des islamistes purs et durs qui veulent que soit établie la charia. Et, à Alexandrie, des femmes entièrement voilées manifestent aussi, mais séparément, bien entendu ! Ces manifestations, organisées par les Frères Musulmans, sont sans doute les plus importantes en Égypte à ce jour
A El-Arish, ville du nord du Sinaï, les manifestations islamistes ont pris une tournure violente : dans des échauffourées opposant armée et islamistes un officier égyptien a été tué et il y a eu dix blessés. Par ailleurs, dix hommes armés ont attaqué le commissariat local, blessant un capitaine et six autres personnes
Le 16 juillet il y avait eu d’autres manifestations un peu partout en Égypte pour demander que soient rapidement mises en place des réformes tardant à venir. Elles étaient dirigées contre le Conseil Suprême des Forces Armées qui a pris le pouvoir après la chute d’Hosni Moubarak. Autre demande : que soient jugés les policiers qui avaient tué des manifestants lors de la révolte initiale de janvier. Le gouvernement avait promis un remaniement. Les Frères musulmans avaient alors averti qu’ils lui donneraient quinze jours pour honorer ses engagements.
Des changements avaient été annoncés, des ministres avaient donné leur démission Un nouveau ministre des Affaires étrangères est nommé : Mohamed Kamel Amr Celui-ci a pris des positions hostiles à Israël qu’il accuse de colonisation, en appelant à la communauté internationale pour faire pression.
En dépit d’un remaniement et de l’engagement pris par le gouvernement de respecter la démocratie des heurts violents ont lieu au Caire le 24 juillet. Bilan : 231 blessés dont 39 doivent être hospitalisés. Les manifestants veulent que les officiers ayant servi sous Moubarak soient expulsés de l’armée et que les richesses soient redistribuées
Il est vrai que le tourisme, qui fournissait de précieux revenus à l’Égypte, est en berne, compte tenu de la situation et que l’économie est en chute libre...Par ailleurs des femmes égyptiennes demandent qu’une égalité des droits soit prévue dans la nouvelle constitution. En effet, le Conseil militaire au pouvoir a annoncé que le quota de 13 % de femmes établi par Hosni Moubarak pour le parlement serait aboli. Prudentes, ces femmes précisent qu’il n’est pas question de contester la charia mais qu’elles veulent que la nouvelle loi soit précisée étant donné que les interprétations varient
Tout cela pour déboucher sur ce qui semble être une reprise en main par les Islamistes. Ou une tentative allant dans ce sens.
Hélène Keller-Lind
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