Le petit prince voulait qu’on lui dessine un mouton ; la société du spectacle de l’information veut, quant à elle, expliquer le djihad.
Certes, l’humble amateur d’Histoire que je suis se félicite que la raison l’emporte sur l’émotion, cet inhibiteur de pensée. Mais – car il y a un mais – l’Histoire, sauf erreur de ma part, demande un certain recul pour être convenablement appréhendée. Or, de recul il n’est point sur ces plateaux de spécialistes dégoulinant d’une démagogie qu’aucun détachant ne saurait ravoir !
Dernière perle en date, l’émission de Taddeï qui, avec une exemplaire obscénité, eu égard aux morts à peine enterrés du 13 novembre 2015, s’interrogeait ainsi :« Expliquer, c’est excuser ? » Question louable si, dans son ensemble, elle était traitée avec honnêteté et pudeur. Car, ici comme ailleurs, et à quelques rares exceptions près, nous avons été abreuvés d’explications socioculturelles sur les motivations des terroristes ayant sévi avec une remarquable efficacité sur le sol français au cours de l’année 2015. Explications souvent oiseuses et maquillées en bouche de la vérité !
Ce déterminisme zolien, considérant que la pauvreté et la différence culturelle sont les causes de la conséquence, serait juste ridicule s’il n’était pas tragique. À ce compte-là, la France aurait dû brûler mille fois, elle qui a si souvent accueilli de fort modestes personnes venues d’ailleurs.
Et les victimes, cette poussière qu’on cache volontiers sous le tapis pour ne pas déranger ces diatribes spécialistes et politiciennes, qu’en est-il ? Elles sont sommées de parler dans le sens du vent consensuel, et gare à quiconque serait pris d’une rage rétrospective ! La censure – effective, n’en déplaise aux aveuglés – veille ; comme elle veille à juguler les voix dissonantes qui s’immiscent dans ce concert d’hypocrites. Le ministre de la Culture a ainsi privé Valeurs actuelles de subventions car (je cite) « pour bénéficier de ces fonds, un titre ne doit pas avoir été condamné pour racisme, antisémitisme, incitation à la haine raciale ou à la violence lors des cinq dernières années » (source : Marianne). Quelle belle et limpide démocratie avons-nous là !
Et si l’explication de ce terrorisme était plutôt à chercher du côté de la perversité, ce « goût pour le mal », cette « recherche du mal » (Le Robert) ? Perversité peut-être favorisée par une incitation sacrée à la haine.
De mon côté, je ne vois ni révolte ni cri de désespoir dans l’extermination gratuite de son prochain, même s’il est vrai qu’il ne s’agit pas de prochain mais de mécréant !
Revenant à mon petit prince, je me dis que « l’essentiel est invisible pour les yeux » de tous les spécialistes.
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