Ses choix de vie la conduisent à être souvent veuve. Malika El Aroud, la veuve de l’assassin du commandant Massoud, a été condamnée jeudi par la cour d’appel de Bruxelles (Belgique) à perdre sa nationalité belge. Désormais, cette femme de 58 ans n’est plus que Marocaine. Pour justifier sa décision, rare puisque prise seulement dix fois en Belgique, la juridiction a estimé qu’elle avait manqué « à ses devoirs de citoyenne belge ». Car Malika El Aroud, islamiste radicale, est, depuis la fin des années 1990, connue comme pasionaria d’Al-Qaïda et avocate du terrorisme islamiste.
En 1999, la jeune femme, alors âgée de 20 ans, épouse Abdessatar Dahmane. C’est lui qui, sous le nom de guerre d’Abou Obeyda, organise l’assassinat du commandant Massoud. Le 9 septembre 2001, avec un complice et au moyen d’une caméra dérobée à France 3 Grenoble, il se fait passer pour un journaliste, pour approcher au plus près le charismatique chef de l’alliance du Nord anti-talibans. Malika El Aroud est rapatriée en Belgique. Jugée en 2003 et alors qu’elle revendique comme légitime l’acte de son mari, elle est acquittée.
La veuve noire, qui se fait appeler Oum Obeyda, entretient la propagande djihadiste sur Internet, entre la Suisse, où elle s’est remariée avec un Tunisien, et la Belgique. En 2007, le tribunal pénal fédéral suisse la condamne à six mois de prison pour soutien à une organisation criminelle et complicité de diffusion d’images d’exécutions et de mutilations. Son mari est emprisonné. Six mois plus tard, on la suspecte d’ourdir un projet d’évasion d’un ancien footballeur tunisien condamné en Belgique pour terrorisme. Entre-temps, son mari est parti combattre en Afghanistan et a été abattu par un drone. Dans le cadre de cette filière, qui a amené sept ressortissants belges à partir combattre au côté des talibans, Malika El Aroud est condamnée en mai 2010 à huit ans de prison. Lors de son procès, elle s’était excusée « auprès des porcs pour les avoir comparés à des soldats américains ». Le président du tribunal de l’époque avait émis des doutes sur la santé mentale de l’accusée, « enfermée dans une logique maladive ». Elle a achevé sa peine il y a onze mois.
Jeudi, un autre militant du djihad a été condamné à la déchéance de nationalité. Bilal Soughir, 44 ans, avait piloté une cellule d’envoi de combattants étrangers en Irak aux alentours de 2005. Il était en contact avec le Jordanien al-Zarqaoui, le chef d’Al-Qaïda en Irak.
Une autre procédure de déchéance de nationalité est toujours en cours en Belgique, à Anvers. Elle vise Fouad Belkacem, le leader de Sharia4Belgium, un groupuscule de recrutement et d’acheminement de combattants dans les rangs de Daech.
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