La ville de Damas et la campagne à l’Est de la capitale, la Ghouta orientale, sont le théâtre de violents combats opposants Al-Qaïda, soutenu par le Royaume-Uni et la France, à l’armée arabe syrienne. La République tente de délivrer la population de sept années d’occupation et de charia. Mais les puissances coloniales ne l’entendent pas de cette oreille.
Au cours des six dernières années, le ministère de la Réconciliation a signé plus d’un millier d’accords et amnistié des dizaines de milliers de combattants. Ils ont été réintégrés dans la société, parfois même dans les armées. Ceux de la Ghouta occidentale ont accepté, mais jamais ceux de la partie orientale.
Cette zone, assez vaste, était peuplée avant la guerre par plus de 400 000 personnes. Selon l’Onu, ils seraient aujourd’hui 367 000. Selon le gouvernement, ils sont beaucoup moins et en tous cas, pas plus de 250 000.
La principale ville est un faubourg assez mal famé, Douma, connu avant la guerre pour ses bordels et ses truands.
Cette zone est tenue par Al-Qaïda, sous la dénomination d’« Armée de l’islam » (Jaych al-Islam), encadré par des SAS britanniques (?) et des officiers de la DGSE française (?) sous couvert de l’ONG Médecins sans frontières. Principalement les combattants sont dirigés par la famille Allouche, qui dispose de biens importants à Londres.
De juillet 2012 à sa mort fin 2015, Zahran Allouche, annonçait plusieurs fois par semaine qu’il allait prendre Damas et exécuter sans jugement tous les infidèles, c’est-à-dire pour lui les non-sunnites. Il a imposé la charia à tous les habitants selon les principes du prédicateur wahhabite Abd al-Aziz ibn Baz. Il a enfermé dans des cages ceux qui contestaient son autorité.
Recevant des armes de l’Arabie saoudite, via la Jordanie, Allouche a présidé un défilé militaire avec des chars ; mis en scène et filmé par le MI6 britannique [1].
Lorsque l’armée arabe syrienne a placé des canons sur la montagne qui domine la capitale et a commencé à bombarder l’armée de Zahran Allouche, il a fait placer des prisonniers sur les toits comme boucliers humains.
Début 2016, son cousin, Mohamed Allouche a pris le commandement. Il s’est rendu célèbre en jetant des homosexuels depuis les toits. Il faut savoir que la Syrie protège les homosexuels, ce qui est une exception parmi les pays musulmans contemporains et l’était par rapport aux pays occidentaux il y a trente ans encore [2].
Mohamed Allouche est devenu le chef de la délégation de l’opposition aux négociations de Genève. Là-bas, il a demandé et obtenu que les tableaux et sculptures qui ornaient son hôtel soient recouverts d’un voile. Pendant les discussions, depuis la salle de négociations, il a tweeté à ses partisans de se préparer à tuer les soldats du « porc ».
Ce n’est que depuis quelques mois que l’armée arabe syrienne a complètement verrouillé la zone. Jusque-là, il était possible pour les habitants de fuir. L’Onu et le Croissant rouge ont un libre accès côté République, mais pas côté Al-Qaïda. Les jihadistes ne laissent sortir que leurs partisans pour être soignés. Les convois de nourriture sont fouillés par l’armée avant d’entrer dans la Ghouta. En effet, de multiples fois, des convois de l’Onu ont été utilisés pour faire parvenir des armes aux jihadistes. Si l’Onu refuse la fouille, les convois sont stoppés.
La Ghouta est la zone maraîchère qui entoure la capitale. Lorsque des produits alimentaires qui ne sont pas cultivés sur place sont fournis par l’Onu, ce sont les jihadistes qui les distribuent à la population. Leur prix sont considérablement plus élevés que dans la capitale, parfois quatre fois plus chers. Seuls les habitants qui font allégeance aux jihadistes reçoivent d’eux de l’argent qui leur permet d’acheter ces produits. Plusieurs fois, les habitants loyalistes de la Ghouta ont dû endurer la famine que leur imposaient les jihadistes.
Durant six ans, les jihadistes ont régulièrement attaqué Damas depuis la Ghouta. Chaque jour, ils n’ont cessé d’en tuer des habitants, dans le silence assourdissant de la communauté internationale. Petit à petit, Daraya, Mouadamiyat al-Cham, Qudsaya et al-Hameh en août 2016, puis Jobar, Barzeh, Qaboun et Tichrine en février 2017, ont été repris. Les accords qui ont alors été signés prévoyaient le transport des combattants sous escorte jusqu’à Idleb, au Nord-Ouest du pays, à la seule condition qu’ils libèrent les habitants.
La République vient de décider de libérer la Ghouta orientale des jihadistes. Des bombardements intensifs sont opérés par l’artillerie et l’aviation. Il s’agit d’anéantir les jihadistes et de faire le moins de victimes possibles parmi les civils. Durant cette campagne, les convois humanitaires sont impossibles. De sont côté, Al-Qaïda tire des obus sur la capitale. En temps normal, les jihadistes ciblent principalement l’ambassade d’Iran à Mazzeh, la place des Omeyyades (siège de la télévision et du ministère de la Défense), le Centre culturel russe en centre ville et l’ambassade de Russie. Cette fois des obus tombent un peu partout. Les Damascènes et les millions de Syriens qui refusent la charia et se sont réfugiés dans la capitale sous la protection de la République tentent à nouveau de survivre. Plus du tiers des habitants reste cloîtré à la maison de peur d’être tué par des obus en ville. Un quart des commerces reste fermé et les administrations travaillent au ralenti.
Le Royaume-Uni et la France tentent d’imposer un cessez-le-feu de trente jours dans la Ghouta. Ces deux États ne font pas mystère de leur soutien à la famille Allouche et de leur hostilité à la République arabe syrienne en général et à son président, Bachar el-Assad, en particulier. Tous deux ont refusé d’assister à la conférence de paix de Sotchi à laquelle plus de 90% des Syriens étaient représentés —mais pas les Allouche— [3].
La guerre est un moyen de résoudre un conflit qui d’abord simplifie les problèmes à l’extrême et divise les hommes en deux groupes, jamais trois, contrairement à ce que prétendent les diplomaties britannique et française. La guerre se pratique en tuant non seulement ses ennemis autant que faire se peut, mais aussi les siens, le moins possible. Dans toutes les guerres on est contraint de sacrifier les siens, sans cela ce serait une simple opération de police.
Lorsque la Coalition occidentale a bombardé Mossoul, l’année dernière, pour écraser les quelques milliers de jihadistes qui y restaient, elle a tué beaucoup plus de civils (9 à 11 000, selon les sources). Les médias occidentaux ont salué cette victoire avec enthousiasme. Les mêmes médias occidentaux diffusent à satiété les images de deux petites filles de la Ghouta au milieu des bombardements. Aucun ne s’interroge sur les familles de ces deux enfants, ni sur la manière dont elles ont appris l’anglais. Aucun ne pense aux autres enfants qui meurent à Damas. Tous implorent que l’on cesse le massacre.
Si un cessez-le-feu intervenait, il n’aurait aucune conséquence pratique. En effet, à la fois Al-Qaïda en serait exclu par l’Onu et il le rejetterait, or c’est Al-Qaïda et lui seul qui tient la Ghouta orientale.
Dans ces conditions, on doit se demander pourquoi le Royaume-Uni et la France promeuvent l’idée de ce cessez-le-feu impraticable ? Pourquoi ces deux États se proposent de donner un répit à Al-Qaïda au seul détriment des civils qu’il opprime ?
[1] « Comment le Royaume-Uni met en scène les jihadistes », Réseau Voltaire, 13 mai 2016.
[2] « Daesh et les homosexuels », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 juin 2016.
[3] « Consensus entre Syriens à Sotchi », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 février 2018.
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