L'Otan a mené dans la nuit jeudi à vendredi de violents raids
aériens sur Tripoli, a accusé la télévision officielle libyenne, le
gouvernement du colonel Mouammar Kadhafi dénonçant lui le sabotage par
les insurgés du pipeline alimentant l'unique raffinerie du pays.
Plusieurs puissantes explosions ont secoué très tôt vendredi la
capitale libyenne survolée par des avions, a constaté un journaliste de
l'AFP. Une dizaine de détonations successives ont retenti dans la
ville vers 01H30 (jeudi 23H30 GMT).
La télévision libyenne a indiqué peu après que "des sites civils et
militaires" à Khellat Al-Ferjan, dans la banlieue sud-est de la
capitale, ont été "les cibles de raids de l'agresseur colonialiste
croisé".
De leur côté, les rebelles ont saboté un pipeline dans la région de
djebel Nefoussa (sud-ouest de Tripoli) alimentant la seule
raffinerie encore en activité du pays, a indiqué jeudi soir le vice-ministre
libyen aux Affaires étrangères Khaled Kaaim.
"Les rebelles ont fermé une valve du pipeline et ont versé dessus
une grande quantité de béton armé dans la région d'Al-Rayaniya", a
déclaré M. Kaaim lors d'une conférence de presse, faisant état d'une
pénurie d'électricité dans Tripoli et ses environs.
Selon lui, le pipeline alimente la raffinerie de Zawiyah (50 km à
l'ouest de Tripoli) en gaz et fuel, utilisés par la suite pour
générer l'électricité.
Plusieurs habitants des banlieues de la capitale ont fait état
jeudi à l'AFP de coupures de plus en plus fréquentes d'électricité,
durant plusieurs heures, ainsi qu'une pénurie de bombonnes de gaz de
cuisine, s'ajoutant à celle du carburant.
Il a indiqué par ailleurs que l'Otan a bombardé une turbine à gaz
dans la même région ainsi qu'une station de haute tension à Jefara
(sud-ouest de Tripoli).
M. Kaaim a également dénoncé l'"opération de piratage" d'un
pétrolier appartenant au régime qui était en route vers Tripoli avec à son
bord, selon lui, 39.000 tonnes de carburant.
Il a indiqué qu'à cause de la pénurie d'électricité, plusieurs
médicaments et produits alimentaires sont désormais périmés, jugeant que
l'Otan "souhaite créer une crise humanitaire en Libye".
Le pétrolier, le "Carthagène", a accosté jeudi à la mi-journée dans
le port de Benghazi, dans l'est de la Libye, les rebelles à bord
affirmant avoir saisi ce bateau au large de Tripoli.
Le navire de près de 200 mètres de long est venu immédiatement
accoster sur le quai réservé au débarquement de produits pétroliers, à
quelques dizaines de mètres d'un autre tanker libyen, le Anwar
Afriqya, lui aussi capturé en mer à la mi-mars par les rebelles.
L'opération s'est déroulée "avec l'aide de l'Otan" qui déploie
actuellement 17 navires en Méditerranée pour faire respecter l'embargo
sur les armes décrétée par l'ONU contre la Libye, a affirmé un
officier rebelle ayant participé à l'arraisonnement, sans préciser les
circonstances précises de l'arraisonnement.
"Nous n'avons pas eu à faire usage de la force, les menaces ont
suffi", a-t-il assuré, ajoutant que l'opération avait été menée du côté
rebelle depuis le Nour, un bateau ravitailleur d'une cinquantaine
de mètres basé à Benghazi.
Un porte-parole de l'Otan à Naples a de son côté affirmé que le
Carthagène avait été intercepté par l'Alliance atlantique mais autorisé
à poursuivre sa route vers Benghazi après que le commandant eut
répondu à une série de questions.
Selon M. Kaaim, des forces spéciales françaises et britanniques ont
participé à l'opération.
La perte de ce navire est un coup dur pour Tripoli alors que la
question du carburant devient cruciale des deux côtés du front en Libye
où le soulèvement populaire entamé il y a six mois s'est transformé
en conflit armé.
Depuis le début des affrontements, des milliers de personnes, pour
la plupart des travailleurs immigrés venant d'Afrique ou des
réfugiés des conflits de la région, ont embarqués depuis les côtes
libyennes pour rejoindre Lampedusa, une petite île à mi-chemin entre les
côtes africaines et la Sicile.
Jeudi, une centaine de migrants sont morts au cours de la traversée
et leurs corps ont été jetés à la mer, selon une rescapée marocaine
citée par l'agence italienne Ansa.
Sur le terrain militaire, le centre de Zliten, verrou stratégique à
150 km de la capitale, était jeudi sous contrôle des forces
pro-Kadhafi, a constaté l'AFP au cours d'un déplacement organisé par le
régime, qui a accusé l'Otan d'avoir tué une femme et ses deux enfants
dans un raid aérien sur une maison dans l'ouest de la ville.
Des tirs d'artillerie étaient audibles en direction de l'est de
Zliten où, selon les habitants, la ligne de front serait fixée entre 10
à 15 km.
A Benghazi, le Conseil national de transition (CNT), l'organe
politique de la rébellion, tentait toujours jeudi de gérer les
conséquences de l'assassinat de son chef d'état-major, le général Abdel Fatah
Younès, et de contenir le mécontentement de certains acteurs
politiques locaux.
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