lundi 30 janvier 2017

La chute démographique des Indiens d’Amérique, la réalité

Beaucoup croient au "génocide" des Indiens d'Amérique par les Français, les Anglais, les Espagnols et, plus tard, les Américains. Mais ce n'est pas du tout avalisé par les historiens. Des massacres furent commis par les deux camps, mais ce sont bien les épidémies qui ont sonné le glas des Indiens d'Amérique.
Virus de la variole
La chute démographique des Indiens d'Amérique est due aux épidémies, la plus connue étant celle de la variole. Comme l'ont écrit les spécialistes des Indiens et auteurs des Indiens des plaines Yves Berger et Daniel Dubois, on ne peut nommer "génocide" le fait qu'une population ait été détruite par une pandémie (une pandémie qui a également touché les Blancs, huit millions d'Européens et Asiatiques tués par la variole pendant que les tribus, bien moins nombreuses, étaient contaminées).

Les citations ci-dessous en anglais résument le fait.
“Il y a beaucoup de mots pour décrire ce qui s'est passé dans l'hémisphère Nord (à propos de la colonisation de l'Amérique du Nord et du Sud), mais "génocide" n'est pas l'un d'eux. C'est un bon terme de propagande à l'heure où les slogans et les humeurs ont remplacé la réflexion et la connaissance et cela diminue le sens du mot et les souffrances endurées par les Juifs et les Arméniens, pour ne citer qu'eux.” Dr Robert Royal, 1492 and All That : Political Manipulations of History, University Press of America, 1992, page 63.
"Génocide ? Où ? Je ne connais aucune preuve de génocide indien. Exactions ? Oui. Guerre ? Oui. Victimes d'épidémies dont les Européens souffraient aussi ? Oui. Mais génocide systématique, non. Où sont les preuves ? La réalité, c'est que les activistes qui avancent cette théorie n'ont aucune preuve. C'est incroyable qu'ils arrivent à prétendre quelque chose sans preuve." Dr Robert Royal, président du Ethics and Public Policy Center.

"A travers les Amériques, les maladies qui contaminaient les Européens se propagèrent de tribus en tribus, voyageant bien plus vite que les Européens eux-mêmes. On estime que 95 % de la population amérindienne pré-colombienne [ndla : avant Christophe Colomb], les tribus les plus peuplées et les mieux organisées d'Amérique du Nord, les sociétés vivant au nord du Mississipi, disparurent entre 1492 et 1600, avant même que les Européens ne s'installent sur le Mississippi." Dr Jared Diamond (Université de Californie), Guns, Germs, and Steel : The Fates of Human Societies, W. W. Norton, 1997 (prix Pulitzer du meilleur livre de science), pages 78, 374.
Dans l'encyclopédie des guerres indiennes (dernière conquête de l'Ouest, 1860-1890) publiée par l'historien Gregory Michno en 1997 (Encyclopedia of the Indian wars, Mountain Press Publishing, 2003), on dénombre les morts américains et indiens tués durant les guerres indiennes (donc durant les batailles et massacres). Il en résulte que les Indiens ont perpétré bien plus de massacres que les Blancs, et cela est facilement démontrable.

Le massacre le plus important des guerres indiennes s'est déroulé en 1890 avec 290 tués à Wounded Knee (dont 200 civils). Ceci correspond aux civils Blancs massacrés anuellement dans le seul Kansas entre 1867 et 1870 (en 1868, on monte à 300 tués).


Il y a eu bien plus de civils américains massacrés dans l'Ouest que de civils indiens (de l'ordre de 10 massacres causés par les Blancs, contre plus de 100 causés par les Indiens).
Les Américains, les Français, les Espagnols et les Anglais ont bien sûr proféré des torrents de haine contre les Indiens et leur ont promis les pires sévices. Mais ceci est également vrai pour les Indiens, et reflète des guerre de mots entre deux races. Comme il était difficile d'identifier ceux qui avaient commis des exactions, on en arrivait souvent à vouloir l'extermination de tout le groupe d'individus auquel appartenait le fauteur de troubles. Les pionniers promettaient d'"exterminer les Diables Rouges" (presse du Minnesota, 1876), les Indiens de "nettoyer la peste blanche" (chef kiowa Satanta, 1868). Mais ceci restait une guerre de mots.
Les épidémies, causes et conséquences
Ce sont très certainement les conditions de vie (mauvaises) qui ont limité l'expansion des tribus. Ces conditions étaient notamment causées par le nomadisme.
Malgré le rêve des campeurs, vivre dans des tipis n'est pas le meilleur moyen de rester en bonne santé. Comme le souligne le spécialiste des Indiens Yves Berger, les Indiens avaient de très mauvaises conditions de vie et développaient des maladies qui allaient contribuer à leur écroulement démographique : grippes violentes, encéphalytes, maladies des yeux, des poumons, sans compter toutes les maladies véhiculées par les moustiques, par les animaux et par le climat.

On sait que la disparition de tribus entières a été causée par la variole (petite vérole) arrivée par bateau depuis l'Europe, mais on sait moins que beaucoup d'autres maladies développée avant l'arrivée des Blancs ont contribué à cette catastrophe humanitaire et démographique.

Par exemple, la syphillis a été transmise aux Blancs par les Indiens, elle n'existait pas auparavant sous la forme que l'on connaît aujourd'hui.

Les spécialistes des Indiens ont prouvé que les conditions de vie chez les Indiens étaient très mauvaises et que leur espérance de vie était faible (voir Les Indiens des plaines, Yves Berger/Daniel Dubois, éditions du Rocher, 2000). De plus, les maladies développées en interne ont été décisives dans la chute démographique indienne.

Enfin, les colons n'ont pas "amené" la variole, ils l'ont véhiculée sur eux et s'en seraient bien passés. Quatre millions de gens dans le monde mouraient de la variole au moment où elle atteignait l'Amérique, et cela a foudroyé les tribus. Suite aux accusations lancées par Ward Churchill, un professeur d'extrême gauche (qui compare les victimes du 11-Septembre à des nazis), et au livre écrit par un Hawaïen, des professeurs d'histoire américains ont cherché à déterminer si les Occidentaux avaient donné des couvertures infectées de variole à des Indiens. Il en a résulté que nous ne possédons aucune preuve de tels agissements et que, surtout, une incohérence majeure surgit : comment pouvait-on manipuler un virus sans être infecté ?

La chute démographique des Indiens s'est déroulée bien avant la fin des bisons. Les écorcheurs n'étaient pas encore là dans l'Ouest et des tribus entières s'éteignaient déjà (le virus est entré dans l'Ouest plus vite que les Blancs, par les échanges commerciaux et les guerres tribales qui ont propagé les germes).
Il faut aujourd'hui impérativement revenir au triomphe des faits et des analyses sur celle de la propagande. Les tribus d'Amérique ont succombé à des épidémies. Leur culture a été ruinée par une guerre de colonisation, certes, mais ils n'ont jamais été exterminés en masse. Cette affirmation ne repose sur aucun fait historique.
Surtout, elle témoigne de deux tendances qui travestissent l'étude historique : le sentiment anti-occidental (appelé par le philosophe Pascal Bruckner "le sanglot de l'homme blanc", qui oublie sa propre histoire) et la "course à la mémoire", où chaque peuple défait dispute le titre de victime aux vraies génocidés (Juifs, Arméniens rwandais). Avec les conséquences funestes que l'on voit aujourd'hui : une banalisation des vrais génocides, mis au même niveau que des pandémies, et un mépris de l'Histoire.
A quand l'accusation de "génocide" contre des groupes de personnes qui auraient trasmis le virus du sida ?
sources :
Jared Diamond (Université de Californie), Guns, Germs, and Steel : The Fates of Human Societies, W. W. Norton, 1997
Historien Robert Royal, 1492 and All That : Political Manipulations of History, Washington D.C., Ethics and Public Policy Center, 1992
Dr Guenter Lewy (professeur de droit, Université du Massachussets) Were The American Indians victims of genocide ?
Yves Berger, Daniel Dubois, Les Indiens des plaines, éditions du Rocher, 2000
David Cornut, Little Big Horn, autopsie d'une bataille légendaire, éditions Anovi, 2006
Gregory Michno, Encyclopaedia of Indian wars, Mountain Press Publishing, 2003
Dr Robert Boyd, The Coming of the Spirit of Pestilence, University of British Columbia Press, 1999
Dr Robert Royal, Hello Columbus : America Was No Paradise in 1492, Policy Review, 1992
R. G. Robertson, Rotting Face : Smallpox and the American Indian, Caxton Press, 2001
Article du Dr Robert Royal  : Christophe Colomb et les Indiens d'Amérique

http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-chute-demographique-des-indiens-32322



Palestiniens de Syrie : une Année de Meurtres et de Tortures par Khaled Abu Toameh

  • Selon les rapports, les autorités syriennes retiennent les corps de plus de 456 Palestiniens morts sous la torture en prison. Personne ne sait exactement où ces corps sont détenus, ni pourquoi les autorités syriennes refusent de les remettre à leurs familles.
  • Les grands médias semblent avoir choisi de fermer les yeux sur le sort des Palestiniens qui résident en pays arabe. Cette dérobade nuit d'abord et avant tout aux Palestiniens eux-mêmes et permet aux gouvernements arabes de poursuivre leurs persécutions et leurs politiques de répression.
  • Reste à voir si le Conseil de sécurité des Nations Unies bouleversera son agenda pour tenir une session d'urgence à propos de la campagne meurtrière que subissent les Palestiniens en Syrie. Peut-être, alors, « la construction de colonies » passera-t-elle au second rang des sujets dignes de l'opprobre international.

2016 aura été une année difficile pour les Palestiniens. Pas seulement pour les Palestiniens qui vivent en Cisjordanie sous le régime de l'Autorité palestinienne (AP), ou à Gaza sous le Hamas. Mais pour les Palestiniens de Syrie aussi.
Quand les Occidentaux entendent parler de la « situation » et de la « souffrance » des Palestiniens, ils en concluent instantanément que ce discours vise les populations de Cisjordanie ou de la bande de Gaza. Les membres de la communauté internationale entendent peu parler de ce qui arrive aux Palestiniens vivant dans les pays arabes. Sans doute parce qu'il est difficile d'imputer leur misère à Israël.
La communauté internationale et les journalistes des grands médias occidentaux ne connaissent que les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Déjà, la vie sous l'Autorité palestinienne et le Hamas n'a rien d'une sinécure, et ce fait gênant sonne désagréablement aux oreilles des journalistes occidentaux et des organisations humanitaires.
Mais lorsqu'il s'agit des Palestiniens résidant en pays arabe, quoi qu'il se passe, les grands médias ont tendance à fermer les yeux. Cet aveuglement nuit abord et avant tout aux Palestiniens eux-mêmes car elle autorise les gouvernements arabes à poursuivre leurs politiques de persécution et de répression.
Ces dernières années, l'horreur a été quotidienne pour les Palestiniens de Syrie, un pays dévasté par la guerre. Sans que cela suscite l'attention des médias. Les Palestiniens de Syrie ont eu beau être assassinés, torturés, emprisonnés et déportés..., l'Ouest a bâillé d'ennui.
Les journalistes étrangers qui couvrent le Moyen-Orient s'abattent en essaims sur Jérusalem et Tel Aviv. Comme si les Palestiniens n'existaient qu'en Cisjordanie et à Gaza. Ces journalistes n'ont aucun désir d'aller en Syrie ou dans d'autres pays arabes, couvrir les violences et offenses commises par les arabes contre leurs frères palestiniens. Pour ces journalistes, les meurtres et tortures des arabes contre d'autres arabes ne sont pas de l'information. Mais quand les policiers israéliens tirent et tuent un terroriste palestinien qui a précipité son camion sur un groupe de soldats, tuant et blessant, les journalistes occidentaux se ruent au domicile du terroriste pour interroger sa famille, leur fournissant ainsi un support pour exprimer leurs pensées.
Les Palestiniens de Syrie n'ont pas cette chance. Personne ne leur propose d'exprimer ce qu'ils ressentent quand la dévastation s'abat sur leur famille, leur communauté et leur vie. Et surtout pas les centaines de correspondants en poste au Moyen-Orient.
« L'année 2016 a été riche en exécutions, tortures et déportations pour les Palestiniens en Syrie » ont indiqué un certain nombre d'articles récemment publiés dans les médias arabes.
« L'année dernière a été un enfer pour ces Palestiniens et les conséquences des violences qui leur ont été infligées se feront sentir longtemps au cours des années à venir. En 2016, les Palestiniens de Syrie ont été soumis aux formes les plus cruelles de torture et de dénuement du fait des bandes armées et du gouvernement syrien. Il est difficile de trouver en Syrie, une famille palestinienne qui n'ait pas été touché ».
Selon certains médias, les autorités syriennes retiennent les corps de plus de 456 Palestiniens morts sous la torture en prison. Personne ne sait exactement où sont les corps ni pourquoi les autorités syriennes refusent de les remettre à leurs familles.
D'autres articles de presse, plus inquiétants encore, émettent l'hypothèse que les autorités syriennes ont prélevé les organes des Palestiniens morts. Des témoignages recueillis par certains Palestiniens font état d'une mafia liée au gouvernement syrien qui commercialiserait les organes des victimes, y compris ceux des femmes et des enfants.
Environ 1.100 Palestiniens continuent de croupir dans les prisons syriennes depuis le début de la guerre, voilà plus de cinq ans. Les autorités syriennes ne fournissent pas de statistiques sur les prisonniers et ne permettent pas aux associations humanitaires ni au Comité international de la Croix-Rouge de visiter les prisons et centres de détention.
Le rapport le plus récent affirme que 3.420 Palestiniens de Syrie (dont 455 femmes) ont été tués depuis le début de la guerre. Cette étude publiée par le Groupe d' action pour les Palestiniens de Syrie, révèle également que près de 80.000 Palestiniens ont fui vers l'Europe, près de 31.000 ont gagné le Liban, 17.000 se sont exilé en Jordanie, 6.000 en Egypte, 8.000 en Turquie et 1000 dans la bande de Gaza. Le rapport mentionne également que 190 Palestiniens sont morts de malnutrition et de manque de soins médicaux parce que leurs camps de réfugiés et leurs villages ont été assiégés par l'armée syrienne et les bandes armés.

Pour pallier l'indifférence de la communauté internationale, les Palestiniens de Syrie tentent de se faire entendre sur les réseaux sociaux. Ils gardent espoir que les décideurs à l'Ouest ou le Conseil de sécurité des Nations Unies, si obsédé qu'il soit par les colonies israéliennes, détournera un peu de son attention sur leurs souffrances. La dernière campagne lancée sur les réseaux sociaux, intitulée « Où sont les détenus ? » évoque le sort de ces Palestiniens qui ont disparu après avoir été incarcérés par les autorités syriennes. Les organisateurs de la campagne ont révélé que, ces dernières années, 54 mineurs palestiniens sont morts sous la torture dans les prisons syriennes. Les organisateurs ont noté que des centaines de personnes appréhendées et détenues par les autorités syriennes, sont aujourd'hui portées disparues.
Un autre rapport a révélé que plus de 80% des Palestiniens vivant en Syrie ont perdu leur emploi ou leur entreprise depuis le début de la guerre civile. Pour soutenir leurs familles, de nombreux enfants palestiniens ont été contraints de quitter l'école pour chercher du travail.
Mais pour la communauté internationale et les médias occidentaux, ces chiffres et rapports sur les Palestiniens de Syrie sont dépourvus du moindre éclat et relèvent de la rumeur. Quant aux pays arabes, ces Palestiniens tués, torturés et affamés à mort ne présentent aucun intérêt. Dans le monde arabe, les violations des droits de l'homme sont la routine. Si un pays arabe respectait les droits de l'homme, là on tiendrait une information.
Le leadership palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza a également choisi de demeurer aveugle à la souffrance que le monde arabe inflige à son peuple, notamment en Syrie. Ces soi-disant dirigeants sont trop occupés à se trancher politiquement la gorge les uns les autres pour se laisser déranger par des questions touchant au bien-être de leur peuple, lequel est étouffé sous les régimes non démocratiques et répressifs de l'Autorité palestinienne et du Hamas. Ces mêmes dirigeants se préoccupent plus de l'intention du président Donald Trump de déménager l'ambassade américaine à Jérusalem que de leurs concitoyens. Au cours des deux dernières semaines, Mahmoud Abbas et ses collaborateurs n'ont manqué aucune occasion de prédire que ce transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem déclencherait des troubles au Moyen-Orient. Le meurtre, la torture et la déportation des Palestiniens dans un pays arabe passent largement sous leur radar.
Il reste à voir si le Conseil de sécurité des Nations Unies va réordonner ses priorités et tenir une session d'urgence sur la campagne meurtrière qui a lieu contre les Palestiniens en Syrie. Peut-être, qui sait, ce sujet rejoindra-t-il « la construction de colonies » comme problème digne de la condamnation mondiale.
Khaled Abu Toameh, journaliste plusieurs fois récompensé, est basé à Jérusalem.

Attentat Quebec -

Mise à jour : les deux suspects seraient étudiants à l’Université Laval, et l’un d’eux est un migrant d’origine marocaine.


Alexandre Bissonnette et Mohamed Khadir sont les deux suspects de l'attentat de la mosquée de Québec


Alexandre Bissonnette serait l'un des deux suspects arrêtés.
Alexandre Bissonnette serait l'un des deux suspects arrêtés.
Alexandre Bissonnette

Attentat Quebec

Deux hommes masqués ont pénétré dans une mosquée de Sainte Foy au Québec, dimanche soir 29 janvier pendant la prière, et ont tiré au hasard en hurlant Allahu Akbar (cette information confirmée par des témoins cités par le Journal du Québec est déjà cachée par les médias), faisant 6 morts et 8 blessés.

Mise à jour : deux des terroristes ont été nommés, mais aucune confirmation n’a été encore apportée. Il s’agit de Hassan Matti et Bashir Al-Taweed, deux réfugiés syriens arrivés la semaine dernière au Canada. Cela va sérieusement calmer les protestations contre l’interdiction d’entrée mis en place par Donald Trump…
Selon une autre source, il s’agirait de deux musulmans québécois :
Lecteur vidéo
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https://twitter.com/messages/media/825949845873709061
Un témoin musulman qui se trouvait à l’intérieur de la mosquée au moment du drame a expliqué sur Radio-Canada que les terroristes sont arrivés pendant la prière, et qu’ils étaient cagoulés.
L’un d’eux a crié « Allahu Akhbar », qui veut dire « Allah est plus grand que le Dieu des juifs et des chrétiens », il avait un accent québécois.
Selon lui, il y aurait six morts et de nombreux blessés, tandis que la police parle de quatre ou cinq morts.
Selon un autre témoin, un des terroristes a rechargé son arme trois fois.
L’un des deux coupables est âgé de 27 ans et était en possession d’un fusil automatique AK-47.
Source : heavy.com


samedi 28 janvier 2017

La ville de Mossoul au bord d'une catastrophe humanitaire

La coalition internationale poursuit son avancée sur Mossoul, ville où, selon les données de l'Onu, les extrémistes de Daech retiennent quelque 750.000 civils, s'en servant comme d'un bouclier humain. Or, plus l'étau se resserre autour des terroristes, plus le risque d'une catastrophe humanitaire grandit.

750 000 civils… Selon les données de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, tel est le nombre des habitants de Mossoul vivant sous le joug de Daech. Mais bien que la situation dans la ville se trouve au bord d'une catastrophe humanitaire, la coalition internationale menée par les États-Unis poursuit son assaut et les civils tombent aussi bien des mains des terroristes que sous les frappes de l'aviation alliée.
« Les raids aériens continuent à emporter des vies civiles. Le nombre exact de victimes des frappes ne peut pas être calculé, les terroristes de Daech continuant à occuper les sites civils et à se servir des habitants locaux comme d'un bouclier humain. Nous sommes très préoccupés par la situation sécuritaire et humanitaire dans l'ouest de Mossoul », a déclaré la porte-parole des Nations unies pour les droits de l'homme, Ravina Shamdasani.
Toute l'infrastructure sociale de la ville — écoles, hôpitaux — servent de bases militaires à Daech, toujours selon les données de l'Onu.
Pour les civils, pratiquement toutes les tentatives de quitter la ville signifient la mort: les terroristes n'hésitent pas à abattre les fugitifs. Mais le sort des rares personnes ayant réussi à fuir la ville n'est pas à envier non plus.
« Nous n'avons plus de vie. Comment peut-on vivre si nous n'avons plus rien. Il y a des jours où je n'ai pas de quoi nourrir mon enfant. Ici, rien ne se passe: pas de travail, pas de vie. Ils nous jettent de l'aide humanitaire comme on jette un os à des chiens », se plaint Sahar Abdalla, habitante de Mossoul placée dans un camp à El-Khazer.
Les réfugiés ne sont pas autorisés à quitter l'enceinte du campement où vivent, selon différentes données, près de 35 000 déplacés.
Pendant ce temps, les forces de la coalition anti-Daech poursuivent leur offensive.
« Comme nous avons pris la partie orientale de la ville, les forces de Daech sont actuellement concentrées sur un tout petit territoire. Nous aurons plus de chances de les contrôler et de les vaincre », commente la situation Ihsan al-Chammari, professeur de sciences politiques à l'Université de Bagdad.
Armée irakienne près de Mossoul
© AFP 2016 AHMAD AL-RUBAYE
Toutefois, nul n'explique comment se fera le tri entre les terroristes et les civils lors de l'offensive finale.
Le début de l'offensive sur Mossoul a été annoncé par le premier ministre irakien Haïder al-Abadi dans la nuit du 16 au 17 octobre. L'armée et la police irakiennes, soutenues par les milices kurdes et les avions de la coalition internationale anti-Daech, ont entamé une vaste opération.

L'armée syrienne reprend les sources alimentant Damas en eau

Les troupes gouvernementales syriennes ont hissé le drapeau d'État au-dessus de la source d'eau potable dans le village d'Aïn al Fija situé dans la vallée de Wadi Barada, après sa libération des terroristes, indique la chaîne de télévision Al-Mayadin.

Selon cet accord, les terroristes doivent quitter la zone de la source.
Un accord a été conclu entre le gouvernement et les combattants pour autoriser l'accès à cette zone située au nord-ouest de Damas, précise la chaîne de télévision.
Les militants du groupe terroriste Front al-Nosra ont fait exploser la conduite d'eau reliant la source d'Al-Fija à Damas. Suite à cet acte de subversion, six millions de personnes se sont retrouvées privées d'eau courante dans la capitale syrienne et ses environs depuis le 22 décembre.

vendredi 27 janvier 2017

L’action des militaires français auprès des unités irakiennes ou kurdes (et syriennes) : résultats quantitatifs et qualitatifs

http://mars-attaque.blogspot.be/2017/01/irak-syrie-chammal-formation-operations-narvik-monsabert-formation-militaires-francais-icts-irakiens.html

Si la mise en perspective du nombre d’avions déployés ou de frappes effectuées est relativement courante, cet effort est généralement moins fait sur le second volet de l’action de la coalition qu’est la formation et le conseil. En s’appuyant tout d’abord sur des données uniquement quantitatives, et donc non descriptives de la qualité des formations et des conseils prodigués (basées sur la manière de procéder, l’expérience, etc.), l’effort français par rapport au reste de la coalition est dans ce domaine globalement moins marqué que pour le volet aérien (2nd ou 3ème contributeur en nombre de frappes aériennes, par exemple).
 
L’effort français par rapport à celui des partenaires de la coalition
 
En avril 2016, selon le département à la Défense américain, 18, dont la France, des 65 membres répertoriés de la coalition étaient engagés dans ce volet de formation et de conseil en Irak. Cet effort se fait principalement via 6 bases : Bagdad (pour l’ICTS), Taji (pour les sous-officiers et les snipers), Al-Asad (pour le sauvetage au combat et le combat d’infanterie), Taqaddum (pour la formation niveau section), Besmaya (pour la formation jusqu’au niveau brigade), Erbil (et les centres associés au Kurdistan irakien). 
 
En-dehors de l’effort américain (autour de 3.500 militaires américains à l’époque), ce volet représentait environ 3.100 militaires, dont, à « isopérimètre » (conseillers et formateurs issus des forces spéciales ou non, éléments de force protection et de soutien, etc.) : 
  • 460 pour l’Australie (au camp de Taji, notamment auprès des unités irakiennes de police, ou, pour une centaine, issue des forces spéciales, sur le terrain auprès de l’ICTS) ;
  • 440 pour l’Italie (principalement auprès d’unités kurdes et des unités irakiennes de police via l’envoi de Carabiniers) ;
  • 340 pour l’Espagne (à Erbil, Bagdad, Besmaya, et Taji, notamment auprès des unités irakiennes de police, avec une trentaine de membres de la Guardia Civil) ; 
  • 240 pour le Grande-Bretagne (notamment à Erbil, Al Asad et Besmayah) et pour la France ; 
  • 130 pour les Pays-Bas (auprès des Irakiens et d’unités kurdes) et le Danemark (à Al Asad, en liaison avec la Lettonie, et sans compter un groupement réduit de forces spéciales) ; 
  • 120 pour la Hongrie (pour la force protection de centres de formation d’unités kurdes) et l’Allemagne (auprès d’unités de peshmergas) ; 
  • 110 pour la Nouvelle-Zélande (au camp de Taji, avec les Australiens) ; 
  • 80 pour la Norvège (notamment auprès d’unités kurdes) ; 
  • 70 pour le Canada (principalement auprès d’unités kurdes) ;
  • 50 pour la Finlande (auprès d’unités kurdes) ; 
  • Et des efforts plus réduits pour la Suède (auprès d’unités kurdes) et le Portugal (30), la Belgique (20, notamment auprès de l’ICTS), l’Estonie, la Slovénie et la Lettonie (10).
Soit 7% pour la France (hors effectifs américains), forces spéciales et unités conventionnelles incluses. La France fournit, avec la Task Force Monsabert, une des 12 équipes de type « advise and assist » alors déployées (les autres étant quasi toutes fournies par les militaires américains). Par contre, la France est un des rares pays à reconnaître opérer au sol en Syrie (avec la Grande-Bretagne ou le Danemark, par exemple). Ces spécificités, pas tant en nombre de militaires déployés qu’en fonction des capacités offertes, en font néanmoins un partenaire de premier ordre, avec peu de limitations d’emploi, ce que les responsables américains ne manquent pas de fréquemment souligner. 
 
Quelques évolutions notables ont eu lieu depuis ce décompte d’avril 2016 :
  • L’augmentation du nombre de militaires américains autorisés : 5.262 en Irak, sans compter le bras armé Expeditionary Targeting Force (EFT) des forces spéciales en Irak (100 officiellement), et 300 forces spéciales en Syrie ;
  • Le renforcement significatif de l’effort britannique (qui dépasse celui de la France dans ce domaine) autour de 400 à 500 militaires (dont 20 militaires déployés en Turquie pour former des forces partenaires en Syrie) ;
  • L’augmentation des efforts du Canada (pour atteindre 210 militaires), de la Norvège (autour de 150 au total), de la Suède (dorénavant à 120 militaires) ou de la Pologne (environ 60) ;
  • Le lancement de nouvelles formations (lutte anti-IED, planification, etc.) par l’OTAN, notamment en Jordanie et en Turquie (pays qui déploie aussi environ 1.000 militaires à Bashiqa en Irak, notamment comme formateurs), avant une éventuelle mission (réduite) en Irak.
Pour ce qui concerne la Grande-Bretagne, elle coordonne le programme de lutte anti-IED depuis octobre 2014 (pour les unités kurdes et irakiennes). Le déroulement des opérations l’a obligé à renforcer les effectifs dédiés, notamment en juin 2015 avec 125 militaires supplémentaires et en juin 2016 avec 50 formateurs (intervenant également dans les domaines du combat d’infanterie et du sauvetage au combat). Elle a également déployé de spécialistes des ponts depuis mars 2016, utiles notamment prochainement dans la reprise des quartiers à l’Ouest du Tigre à Mossoul. 
 
Pour finir, alors que la France annonce avoir fourni pour 13,4 millions d’€ d’équipements, l’Allemagne indique avoir donné pour 90 millions d’€ (véhicules blindés de type Dingo, missiles anti-chars Milan ou Panzerfaust 3, grenades, gilets pare-balles, jumelles de visions nocturnes, etc.). De son côté, la Grande-Bretagne annonce en septembre 2016 avoir fourni aux unités kurdes : 1.000 détecteurs de mines, 50 tonnes d’équipements non-létaux, 40 mitrailleuses de 12,7mm et plus de 500.000 munitions diverses.
 
La complexe évaluation du nombre de forces locales formées 
 
Mise en avant par les uns et les autres, la comptabilité sur le nombre de membres des forces locales (irakiennes ou kurdes) formés est relativement complexe à comparer, ne recouvrant que rarement les mêmes périmètres (kurdes ? irakiens ? formés ? ré-entrainés ?). Pour ce qui concerne l’action discrète en Syrie, aucune donnée n’est évidemment disponible quant à l’effort français. 
 
Selon les chiffres publiés par l’état-major des armées (EMA) et selon une approche chronologique, en juillet 2015 (à la fin du 1er mandat), 1.000 stagiaires de l’ICTS avaient été formés, ainsi que 150 moniteurs de la 6ème division (au cours de 17 stages d’une durée de 15 jours environ) et quasi autant de moniteurs pour l’ICTS.  
 
Après 9 mois environ de mission, fin 2015, les militaires français étaient responsables de la formation de 2.300 stagiaires de l’ICTS (soit 53% des effectifs instruits par la coalition pour cette unité) et plus de 2.500 militaires irakiens en ajoutant ceux de la 6ème division d’infanterie (environ 430 cadres). Plus de 17.500 militaires irakiens avaient été formés au cours de l’année (selon l’état-major de la coalition, quand de son côté l’EMA indique plutôt un effectif autour de 15.000), la France y ayant participé à hauteur de 13 à 15%. 
 
 
Après une année complète de mission de conseil et de formation, en mars 2016, 3.700 des 18.600 militaires irakiens formés par la coalition le sont par la France, soit environ 20%. En mai, et uniquement la TF Narvik, elle participe directement à la formation de plus de 400 nouveaux stagiaires, et participe avec la coalition à la formation de près de 800 autres. Le ratio attribué dans ces comptabilités à la part de formation réalisée par les militaires français rend les comparaisons strictes alors difficilement pertinentes. 
 
En juin 2016, ICTS et 6ème division compris, c’étaient 4.300 des 23.000 militaires irakiens formés par la coalition qui l’ont été par des militaires français. La TF Narvik seule était à l’origine de 3.600 militaires irakiens (1.350 sur les 6 premiers mois de 2016), dont un peu plus de 50% à 100% par les militaires français. Ils ont été formés au cours d’une trentaine de stages allant de 1 à 8 semaines. Pour la 6ème division, 90 stages avaient été effectués, 1.800 heures cumulés de conseil, et plus de 700 instructeurs irakiens formés.  
 
En octobre, ce chiffre atteignait 830 instructeurs et spécialistes, et 5.300 stagiaires. Sur le dernier mandat complet (de juin à octobre 2016), la TF Narvik a participé à la formation de plus de 1.100 stagiaires de l’ICTS. Ce mandat est marqué par une ré-accélération du nombre de stagiaires formé, (du fait de l’effort nécessaire pour la reprise de Mossoul, et du besoin de renforcer les rangs de l’ICTS après les durs combats dans la reprise de Ramadi et Falloujah. 
 
Le 14 décembre 2016, la coalition annonçait que plus de 66.000 militaires avaient été formés et/ou équipés (ainsi que 3.000 « forces partenaires syriennes »), contre 54.000 en septembre. La France représentant donc environ 10% de l’effort global. Dans les détails, cela représentait environ 26.000 militaires de l’armée régulière, 8.500 de l’ICTS (dont plus de 65% par la France), 12.000 peshmergas, 5.800 membres de la police fédérale et des gardes-frontières, 5.000 de la police locale et 20.000 combattants des tribus. Ainsi, ce volet "Building partner capacity" s’est accéléré avec environ 17.500 forces de sécurité irakiennes (armées et polices) formées en 2015, et plus du triple un an après. 
 
De son côté, l’Espagne indique être partie prenante dans la formation de 28.000 militaires irakiens en décembre 2016. La Grande-Bretagne indique être à l’origine de l’entraînement de 30.000 membres des forces irakiennes (dont 6.900 d’unités kurdes). A eux deux, ces deux partenaires seraient à l’origine de plus de 75% des effectifs formés…
 
Au total, 12 brigades (entre 800 et 1.600/2.000 militaires chacune) doivent être ré-entrainées et équipées (9 pour l’armée irakienne et 3 de peshmergas). Selon la comptabilité britannique, 35.000 avaient été formés entre décembre 2014 et septembre 2016. Quand pour la comptabilité américaine, 19.915 étaient formés en avril 2016 (et 4.800 en cours de formation), dont 6 brigades de l’armée irakienne et 13 bataillons peshmergas
 
Et qualitativement ? 
 
Activité fondamentalement humaine, la guerre reste difficilement décryptable et enfermable uniquement par des chiffres. Ce qui n’est pas sans conséquence pour tenter d’évoluer qualitativement, de manière pertinente et dans la durée, l’effort de formation et de conseil des forces locales menant en première ligne ces opérations. Quelle part cet effort a joué dans les dernières opérations conduisant à la reprise de plusieurs agglomérations et provinces ? Qu’en restera-t-il d’ici quelques mois ? Quelles raisons de l’effondrement en 2014 des forces de sécurité irakiennes ont-été durablement corrigées ? 
 
La tendance générale est pour le moment plutôt à l’optimiste : reprise de Ramadi, Fallujah, de quasi toute la rive Est de Mossoul après de durs combats et une progression, que certains disent lente quand d’autres la présente comme méthodique, etc. Le recul, notamment territorial, est indéniable, même si une défense solide se maintient en bien des zones. La capacité d’attraction, un des centres de gravité de l’organisation de l’Etat islamique qui en tirait une part importante de sa puissance, est touchée, pour le moment, pas encore durablement. Il n’en reste pas moins que certaines tendances fortes demeurent, et que certaines questions n’ont pas encore de réponse toute faite ou certaine : avenir de Mossoul une fois entièrement libéré, comportement des tribus locales une fois les opérations principales terminées, concrétisation des efforts de réconciliation intra-irakien, maintien de la sécurité face au retour prévisible à la clandestinité de l’organisation de l’Etat islamique et aux opérations d’harcèlement, relations avec la région autonome du Kurdistan, réintégration des combattants, etc.
 
Pour les militaires français déployés, une des différences majeures par rapport à leur expérience de formation et de conseil, notamment dans différents pays d’Afrique, est le fait que les militaires irakiens rejoignent directement la ligne de front, ce qui conduit leurs stagiaires à être particulièrement attentifs et concernés par une instruction qui pourrait dans les jours à venir leur sauver la vie. C’est le cas par exemple pour la détection et la neutralisation de véhicules piégés, notamment avec des missiles AT-4 CS, que les militaires français connaissent bien pour en être eux-mêmes dotés au sein des unités d’infanterie notamment. Les militaires français reconnaissent d’ailleurs que la majorité de leurs stagiaires ont une expérience du feu supérieur à la leur, certains étant au combat depuis près de dix ans. Ce qui permet de relativiser leur apport, quand bien même certaines de leurs procédures méritent une sérieuse mise à jour. C’est le cas du déminage face aux IEDs (80% des pertes des militaires irakiens seraient dues à ces pièges en 2015 et 2016), des zones entières étant dorénavant déminées avec bien moins de pertes, et de manière autonomes. Ainsi, durant les premiers jours de la bataille de Ramadi en 2015, l’ICTS a été en mesure de déminer 62 IED avec "seulement" 4 blessés. 
 
En parallèle, au-delà de ces efforts dans le domaine des tactiques, techniques et procédures, voir dans le niveau opératif (manœuvre d’enveloppement de certaines agglomérations correctement menées), une corruption latente demeure, malgré les grandes déclarations et engagements officiels. Par exemple, pour les opérations à Falloujah, auxquelles ont participé à la fois l’ICTS et la 6ème division irakienne, la mise à disposition d’un char de combat de type Abrams M1 se négociait 2.000$. En cas d’absence de paiement, il était uniquement fourni un char d’origine russe, sans forcément l’équipage correctement formé pour l’utiliser. Il en est de même pour les systèmes de promotion interne. Autant de points d’attention non traités directement par la mission française, mais qui reste pourtant cruciaux pour le devenir des forces de sécurité irakiennes.
 
Un apport non quantifiable dans le domaine du renseignement et du capital opérationnel
 
 Au-delà de l’apport des militaires français aux militaires irakiens, cette opération est également utile pour les militaires français eux-mêmes. Le fait d’être déployé au sol permet d’emmagasiner plus facilement une connaissance fine du théâtre (situation, modes d’actions ennemis, etc.), difficilement accessible uniquement par des capteurs déployés notamment depuis les airs ou les mers. Cette expérience irrigue l’ensemble des composantes des armées, et même au-delà. 
 
C’est notamment le cas dans le domaine, très évolutif, de la connaissance des modes d’action ennemis, notamment autour des IEDs et autres dispositifs piégés (usage de dronesvéhicules piégés, etc.), de menace NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique), de systèmes d’organisation du terrain (tunnels, postes fortifiés en zone urbaine, etc.). Ces dispositifs et savoir-faire, plus ou moins nouveaux, sont dûment répertoriés. La nouveauté repose d’ailleurs plus dans l’échelle de leur emploi, avec un niveau de forte saturation du terrain (et donc avec, notamment pour les IEDs, une production en amont à un niveau quasi industriel), que dans l’usage qu’il en est fait. Plus que de "maison piégé", les militaires parlent dorénavant de "maison-IED", tellement certaines habitations sont saturées. De plus, la présence dans la durée permet de suivre les évolutions, comme ce fût le cas pour les risques chimiques, à l’origine autour d’éléments chlorés, puis peu à peu d’éléments à base d’ypérite (ou gaz moutarde). Au-delà des preuves directement collectées sur le terrain d’un tel usage, sans passer par des tiers, les capteurs permettent également de quantifier cette menace (sa fréquence, l’évolution des compétences de l’ennemi, etc.), alors que son usage est particulièrement craint localement depuis son emploi par Saddam Hussein en 1988.
 
 
Cela se fait par des détachements dont le recueil et l’analyse du renseignement est une des missions principales (comme illustré par le reportage à Mossoul et ses environs), parfois de manière tragique comme ce fût le cas début octobre 2016, avec deux opérateurs blessés au sein du CPA 10. Cela se fait également par d’autres capteurs, au contact quotidien des forces locales, qui reviennent pour certaines des premières lignes, avec les dernières évolutions. D’où l’importance d’une relative approche à la française pour la mission de conseil et de formation où les militaires français sont auprès des forces locales, même durant les phases de détente, de sport, etc. C’est également le rôle des militaires insérés au sein des états-majors (comme au sein du Combined Joint Operations Center - Baghdad ou CJOC-B) où en plus de leurs missions de représentation, de conformité de l’emploi de la force ou d’appréciation de la situation, ils ont aussi accès à un certain nombre de renseignements.  
 
Cela permet à la fois d’adapter les formations et les conseils dispensés sur place pour les rendre plus pertinentes, mais également irriguer la mémoire opérationnelle des armées, et participer au processus itératif et continu d’adaptation en prenant en compte les dernières innovations. De plus, par transfert de compétences, il est possible que ces savoir-faire se retrouvent un jour sur d’autres théâtres (Mali ou ailleurs), mais également sur le territoire national. En effet, une probabilité forte existe selon les services de renseignement de voir apparaitre, via le retour des « revenants » de ces théâtres ou par diffusion, des modes d’actions observées en Irak et en Syrie : chaines complexes de pièges (daisy chain), emploi de drones, faux colis piégé pour viser dans un second temps les équipes de secours, etc. D’ores et déjà, ce capital d’expériences se diffuse au sein des services compétents : référents IED des armées, démineurs de la Sécurité Civile, etc. Cela permet également d’ajuster au mieux les déploiements des unités, comme ce fût le cas pour le groupement tactique d’artillerie depuis l’été 2016, entraîné de manière plus intense sur la conduite à tenir en cas de risques NRBC (pas toujours travaillée intensément par les unités) et donc sur l’usage des tenues dédiées (masques ANP VP lors des phases de tir, etc.), permettant un calibrage plus pertinent du soutien médical, etc. Précautions qui se sont révélées plus qu’utiles comme le montre l’épisode du nuage sulfurisé qui planait fin 2016 au-dessus de leur zone de déploiement après l’incendie d’une usine de production de souffre par l’organisation de l’Etat islamique. 

Pepe Escobar : Ce que nous réserve la nouvelle administration Trump


La nouvelle ère Trump s’amorce. Attendez-vous très bientôt à toute une série de rebondissements géopolitiques et géo-économiques imprévisibles.

Pepe Escobar
J’ai soutenu que la stratégie déployée par Henry Kissinger, le gourou de Trump en matière de politique étrangère, pour contrer le redoutable trio favorisant une intégration eurasienne (Russie, Chine et Iran), est une version remixée du classique Diviser pour régner, en séduisant la Russie pour l’éloigner de son partenariat stratégique avec la Chine, tout en continuant de harceler l’Iran, le maillon le plus faible du trio.

C’est ce qui se joue d’ailleurs, comme les débordements de certains des membres du cabinet proposé de Trump le démontrent, lorsqu’ils comparaissent devant le Sénat des USA. Dans le royaume du baratin, certaines factions rappellent justement la politique chinoise de Nixon, conçue par Kissinger, en se disant très emballés par la perspective de pouvoir contenir au moins une de ces puissances « susceptibles de se liguer contre les USA ».

Kissinger et le Dr. Zbig « Grand échiquier » Brzezinski sont les deux plus grands dalangs(maîtres de marionnettes) occidentaux autoproclamés de l’arène géopolitique. Par opposition à Kissinger, Brzezinski, le mentor d’Obama en matière de politique étrangère, fidèle à sa russophobie, propose une politique de diviser pour régner misant sur la séduction de la Chine.

Cela dit, après avoir examiné ma thèse, une source influente du milieu des affaires de New York, très proche des véritables Maîtres de l’Univers au demeurant discrets, qui a correctement prédit la victoire de Trump des semaines à l’avance, a été cinglante à l’endroit de ces précieux dalangs. Mais elle s’est surtout proposée d’expliquer en détail comment les Maîtres de l’Univers ont exposé la nouvelle normalité directement à Trump. Appelons-la « X ».

La Chine sous haute surveillance

« X » commence par dire ce que les porte-parole habituels de l’État profond aux USA, qui vénèrent leurs idoles, n’osent jamais affirmer, du moins en public : « Il est important de ne pas donner trop de poids à Kissinger ou à Brzezinski, qui ne sont que des façades pour ceux qui prennent les décisions, et dont le rôle consiste à recouvrir ces décisions d’une patine d’intellectualité. Leur contribution ne signifie pas grand-chose. J’utilise leurs noms à l’occasion, car je ne peux nommer ceux qui rendent vraiment les décisions. »

C’est à partir de là que « X » définit la nouvelle normalité : « Trump a été élu avec le soutien des Maîtres, pour qu’il penche la balance en faveur de la Russie. Les Maîtres ont leurs pions dans les médias et au Congrès, qui poursuivent une campagne de dénigrement contre la Russie. Ils disposent aussi de leur marionnette Brzezinski qui s’en prend également à la Russie, en déclarant que ‘l’influence mondiale des USA dépend de sa coopération avec la Chine’. L’objectif est de forcer la Russie à coopérer et à placer ses jetons en faveur de Trump à la table des négociations. C’est la technique du bon flic et du méchant flic. Donald est perçu comme le bon flic qui souhaite de bonnes relations avec la Russie, tandis que le Congrès, les médias et Brzezinski jouent le rôle du mauvais flic. On aide ainsi Trump dans ses négociations avec la Russie, Poutine étant conscient de la position ‘précaire’ de son ami, ce qui devrait l’amener à faire des concessions majeures comme on dit. »

Ce qui nous amène à parler de la façon dont Taïwan – et le Japon – se sont retrouvés dans le bain. « En parlant aux Taïwanais, Donald montre aux Russes que son virage, c’est du sérieux. Mais on a décidé de mettre aussi le Japon dans le bain, en tant que prédateur s’en prenant à l’industrie américaine, par une attaque contre Toyota, bien méritée d’ailleurs. C’est que les Maîtres ont jugé plus prudent de modérer la position, par crainte que notre renforcement du Japon contre la Chine ne soit perçu comme une trop grande provocation. »

Il faut donc s’attendre à ce que la Chine, comme l’a prévu Kissinger, à qui « il est important de ne pas trop donner de poids », demeure constamment sous haute surveillance : « Les Maîtres ont décidé de réindustrialiser les États‑Unis et veulent ramener les emplois de Chine. Ce qui est souhaitable du point de vue des Chinois, car pourquoi vendraient-ils le fruit de leur travail aux américains, pour un dollar qui n’a pas de valeur intrinsèque en n’obtenant pratiquement rien en retour? Chaque travailleur chinois devrait avoir une voiture dans son garage et la Chine va devenir un plus grand producteur de voitures que l’UE, les USA et le Japon réunis. Sa richesse, la Chine la gardera à l’intérieur de son territoire. »

Pourquoi la Chine plutôt que la Russie? « La Russie étant un pays de ressources naturelles, qui possède un complexe militaro-industriel gigantesque (la seule raison pour laquelle on la respecte secrètement), elle n’est pas engagée dans des pourparlers commerciaux difficiles, car elle n’exporte pratiquement rien d’autre que des ressources naturelles et du matériel militaire. Les Maîtres veulent ramener les emplois délocalisés du Mexique et d’Asie (Japon, Taïwan, etc.), comme l’a démontré la sortie de Trump contre le Japon. La principale raison sous-jacente est que les USA ont perdu le contrôle des mers et ne sont pas en mesure de sécuriser leurs composantes militaires, en cas de guerre majeure. Cette réalité indéniable dissimulée à l’arrière-scène est tout ce qui importe désormais. »

En quelques mots seulement, « X » décrit l’inversion d’un cycle économique : « Les Maîtres ont empoché de l’argent du transfert des industries en Asie (Bain Capital en a fait sa spécialité) et Wall Street a fait pareil en profitant des taux d’intérêt plus bas sur les capitaux recyclés des déficits commerciaux. La question est maintenant devenue stratégique et ils vont faire de l’argent en misant sur le retour des industries qui réduiront leurs investissements en Asie pour les ramener aux États‑Unis, où nous reconstruisons la capacité de production. »

« X » est un adepte de la stratégie commerciale d’Henry Ford et c’est ce qui le motive à parler de ce thème crucial qu’est la défense nationale. D’après lui, « Ford a doublé les salaires qu’il payait et a fait plus d’argent que n’importe quel autre fabricant. La raison en était que le salaire de subsistance du mari permettait à la mère d’avoir de nombreux enfants, ce qui était psychologiquement bon pour la productivité dans ses usines automobiles, tout en permettant à ses employés d’avoir les moyens d’acheter ses voitures. Il a ainsi reconnu que dans la société, il doit y avoir une distribution équitable de la richesse, ce que Steve Jobs, qui l’admirait, n’a pas su faire. »

« La productivité de masse de Henry Ford était une merveille, et c’est ce qui a permis aux États‑Unis de gagner la Seconde Guerre mondiale. Amazon ne contribue en rien à la défense nationale, car il n’assure qu’un service de marketing sur Internet basé sur des programmes informatiques, pas plus que Google d’ailleurs, qui ne fait que mieux organiser les données. Aucun des deux ne contribue autrement que de façon bien négligeable à construire un meilleur missile ou sous‑marin. »

C’est le Pentagone qui compte

Tout se rapporte donc à la réorganisation de l’appareil militaire des USA. « X » est revenu sur ma référence à un rapport du CNAS, que j’avais cité dans mon article initial : « Ce qui ressort d’entre ces lignes est très important. C’est que nous sommes en sérieuse difficulté, car nos armements accusent un retard technologique de plusieurs générations par rapport à la Russie, ce qui va dans le sens de la déclaration de Brzezinski, selon laquelle nous ne sommes plus une puissance mondiale. »

Voici une analyse exhaustive et approfondie de la façon dont la Russie a réussi a mettre en place la meilleure force armée du monde. D’autant plus qu’elle ne tient même pas compte du système de défense antimissile S‑500, qui est en train d’être déployé et qui scellerait l’espace aérien de la Russie au grand complet. La prochaine génération (S‑600?) promet d’être encore plus performante.

« X » ose aussi aborder un sujet tabou de l’État profond, à savoir comment la Russie, au cours de la dernière décennie, est parvenue à devancer les USA, au point de lui avoir « ravi le titre de plus grande puissance militaire ». Mais la partie est loin d’être terminée, qu’on ait affaire ici à des vœux pieux ou non : « Nous espérons que le secrétaire à la Défense James Mattis comprendra cela et que le sous‑secrétaire à la Défense possède les compétences en technologie de pointe, la capacité organisationnelle et la clairvoyance qu’il faut pour comprendre que les armes de la Troisième Guerre mondiale, ce sont les missiles offensifs et défensifs et les sous‑marins, et non pas la puissance aérienne, les blindés et les porte‑avions. »

Réaliste, « X » reconnaît que les néocons et les néolibéraux-cons, qui représentent la majorité des factions de l’État profond aux USA, tiennent au statu quo belliciste et n’abandonneront jamais leur hostilité acharnée à l’endroit de la Russie. Mais il préfère parler de changement : « Laissons Tillerson réorganiser le département d’État en améliorant son efficience à la Exxon. Il pourrait faire ses preuves à cet égard. Lui et Mattis se sont peut-être dégonflés, mais s’ils avaient dit la vérité au Sénat, ils auraient risqué de ne pas être confirmés à leur poste. Ce qu’ils ont dit n’a ainsi aucune importance. Mais il faut noter ceci à propos de la Libye. La CIA avait pour but d’éloigner la Chine de l’Afrique, tout comme l’AFRICOM. C’était un des secrets de notre intervention en Libye. »

On ne peut pas dire que cela a fonctionné. L’OTAN et l’AFRICOM ont fait de la Libye une terre désolée sous la coupe des milices et la Chine n’a pas encore quitté le reste de l’Afrique.

« X » reconnaît aussi ceci : « La Syrie et l’Iran sont des lignes à ne pas franchir pour la Russie. Tout comme l’est de l’Ukraine à partir du Dniepr. » Il est pleinement conscient que Moscou n’autorisera aucun stratagème de changement de régime à Téhéran. Il sait aussi que « les investissements chinois dans le pétrole et le gaz naturel iraniens font en sorte que la Chine ne permettra pas à Washington de renverser le gouvernement iranien. »

Les choses se corsent vraiment lorsqu’il est question de l’OTAN. « X » est convaincu que la Russie « va envahir la Roumanie et la Pologne, si les missiles en Roumanie ne sont pas retirés et si la Pologne ne renonce pas à son engagement d’en déployer. Ce qui est en cause, ce ne sont pas les missiles défensifs inefficaces des USA que l’on compte placer dans des silos, mais plutôt leur substitution par des missiles nucléaires offensifs. La Russie ne tolérera pas pareil risque. Cette question n’est pas négociable. »

Contrairement au parti de la guerre aux USA, pour qui la « menace perpétuelle » fait l’objet d’une propagande perpétuelle, Moscou observe la réalité sur le terrain depuis les années 1990 : le démantèlement de l’allié slave historique qu’est la Serbie; l’annexion à l’OTAN des pays du pacte de Varsovie et d’anciennes républiques soviétiques, sans oublier les tentatives d’y inclure aussi la Géorgie et l’Ukraine; la multiplication des révolutions de couleur par les USA; le fiasco du « Assad dégage », un changement de régime qu’on voulait imposer à la Syrie, en armant notamment des salafo-djihadistes; l’imposition de sanctions économiques; la guerre des prix du pétrole et les raids sur la valeur du rouble; et le harcèlement incessant de l’OTAN.

« X », qui est bien conscient de ces faits, ajoute ceci : « Les Russes ont toujours voulu la paix. Mais ils n’entreront pas dans le jeu des Maîtres de l’Univers, faisant de Trump le bon et le Congrès, la CIA et ainsi de suite le méchant, en tant que stratagème de négociation. C’est ainsi qu’ils voient les choses. Ils ne considèrent pas tout ce cirque comme réel. »

Le cirque ne pourrait être qu’une illusion, ou encore du wayang, un théâtre de marionnettes balinais, comme je l’ai suggéré. « X » y va d’une interprétation limpide du jeu de l’ombre qui se dessine du point de vue de Moscou, en laissant passer « plusieurs mois, pour voir si Poutine peut parvenir à une détente avec Trump qui entraînera la création d’une Ukraine orientale autonome, la signature d’un traité de paix en Syrie en laissant Assad en place, et le retrait des forces de l’OTAN derrière leurs lignes de défense établies sous Ronald Reagan. »

Qui aura le dessus? Les Maîtres de l’Univers ou l’État profond? Attendez-vous à des secousses.