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jeudi 22 décembre 2016

Mossoul : analyse tactique

Comme à Falloujah en Irak, ou en Syrie à Manbij, l'EI a utilisé des tunnels pour organiser la défense des villages environnant Mossoul, au nord, au sud, et à l'est.
Ces tunnels visent d'abord à offrir une protection contre les frappes aériennes. Ventilés par des ouvertures à la surface, ils sont souvent pourvus de courant électrique, de lits. L'EI peut ainsi y dissimuler des snipers qui attaqueront par surprise les combattants entrés dans les villages. Il peut également placer des mitrailleurs ou des tireurs RPG-7 aux entrées, et faire sortir aussi des inghimasiyyi. Une dizaine de combattants de l'EI a pu, grâce aux tunnels, tenir un village pendant des heures face aux Kurdes irakiens dès le premier jour de la bataille.

inghimasiyyi : les inghimasiyyi sont, dans ce cas, des étrangers (selon certaines rumeurs non confirmées, présence d'une katiba de Français à Mossoul venus de Syrie, 300 hommes environ). C'est aussi un ancien terme qui désigne les combattants qui partent pour une mission sans retour ( il semble que cette subtilité vienne du fait que l'islam proscrit le suicide en tant que tel ).

En défense, et en particulier en milieu urbain, l'EI a toujours utilisé les engins explosifs improvisés (IED) qui sont même devenus l'une de ses spécialités. Le premier Américain tombé dans la bataille, près de Bashiqa, le jeudi 20 octobre, le Chief Petty Officer Jason Finan, a été victime d'un de ces engins dissimulés au bord d'une route. L'EI dispose les IED au bord des routes et voies d'accès, pour ralentir les mouvements adverses, mais piège aussi toutes les habitations des localités qu'il contrôle, et jusqu'à des objets que l'on ne soupçonnerait pas, y compris les corans.



L'utilisation de VBIED, elle aussi, n'est pas une surprise de la part de l'EI, mais c'est son ampleur qui étonne quelque peu.
D'après les images de véhicules capturés sur les différents fronts, il apparaît que l'EI a préparé la défense des localités extérieures à Mossoul jusque dans l'emploi des VBIED, qui ont manifestement été stockés sous des abris dans les villages pour être jetés rapidement sur les assaillants qui approchent.
Depuisfin octobre, la plupart des VBIED ayant été « consommés », le nombre a diminué. Les types sont assez variés avec une majorité toutefois de 4x4 avec coque artisanale de blindage (plaques) sur l'avant et les côtés, mais on a aussi vu des pick-up surblindés, des camions blindés sur le même modèle et même un camion-citerne. Les VBIED ont de la même façon été utilisés dans plusieurs attaques à l'extérieur pour soulager la pression sur la ville (Shirqat, al-Rutbah).

L'incendie de colonnes de pneus ou de puits de pétrole avait déjà été utilisé par l'EI en juillet 2016 quand l'armée irakienne attaquait Qayyara, au sud de Mossoul, qui sert aujourd'hui de base logistique aux Américains engagés dans la bataille.

Dès le premier jour de la bataille, l'EI utilise cette arme pour aveugler le ciel. Le samedi 22 octobre, l'EI franchit un cap supplémentaire en incendiant une mine de souffre au sud de Mossoul, forçant les troupes au sol à s'équiper de masques à gaz : prélude, bénin, peut-être, à l'emploi d'armes chimiques par l'EI.

L'EI ne se contente pas de mener la bataille avec des engins explosifs improvisés ou des VBIED. Le groupe a aussi déployé à l'extérieur de la ville des éléments de défense mobile, comme les équipes de lance-missiles antichars (ATGM).

La défense des villages à l'extérieur de Mossoul implique l'engagement d'un petit contingent de combattants de l'EI chargés de ce combat de retardement. Tous les indices montrent qu'il ne s'agit que d'une petite partie de l'effectif total de la garnison, au maximum quelques centaines d'hommes.  Dès le départ, ils font beaucoup usage de fusils de sniping lourd bricolés à partir de tubes antiaériens, munis de frein de bouche (23 mm/14,5 mm), arme classique désormais de l'arsenal de l'EI. 

Il y a également de nombreux snipers (dont un sur la version para du FN FAL modifiée).

 Selon une tactique éculée, l'EI a lancé des contre-attaques dès le premier jour de la bataille, lundi 17 octobre, pour montrer qu'il conserve des capacités en dehors de Mossoul, pour gêner les assaillants et éventuellement les forces à détourner des moyens de la bataille.

Peut-être aidés par des cellules dormantes dans la ville, les inghimasiyyi de l'EI s'accrochent des heures à certains quartiers et bâtiments des villes, les Kurdes irakiens doivent battre le rappel d'effectifs pour éliminer les attaquants, aidées par des renforts du PKK et même de la mobilisation populaire chiite (Turkmènes du Badr notamment).

La wilayat al-Furat, à cheval sur l'Irak et la Syrie, a développé cette année ses capacités de raids motorisés/mécanisés.

L'EI a su gérer la communication autour des combats défensifs et des contre-attaques extérieures. Une première vidéo montre ainsi 20 à 30 combattants à l'intérieur de Mossoul, à la nuit tombée, les rues désertes, pour montrer que la situation est sous contrôle.

Depuis, chaque jour ou presque, des reportages photos et vidéos couvrent les différents fronts, et de nombreux documents sont également publiés pour couvrir les attaques de diversion menées à l'extérieur de la ville, ailleurs en Irak. Amaq publie un communiqué quotidien pour résumer les opérations du jour.

La défense extérieure de Mossoul par l'EI n'est qu'une action de retardement, même si elle a été bien préparée. Les effectifs déployés et la disproportion des forces font que l'EI ne pourra tenir indéfiniment le pourtour de la ville, ce qui n'était pas l'objectif recherché. Il s'agit de gagner du temps pour peaufiner le combat urbain et permettre d'autres initiatives (évacuation des responsables, transfert d'hommes et de matériels par le corridor vers la Syrie à l'ouest/sud-ouest). La véritable question à se poser est la suivante : que nous prépare l'EI pour le combat de rues ? Le degré de préparation de la bataille à l'extérieur de la ville ne peut manquer d'inquiéter. L'EI emploiera-t-il des drones piégés, arme quasi nouvelle qu'il a testé juste avant la bataille contre les Kurdes irakiens et les forces spéciales françaises au nord de la ville ? Fera-t-il usage, en dehors des incendies de matières toxiques, de son arsenal chimique ? Emploiera-t-il en combat urbain, en plus de tous les moyens déjà listés ici, des chars et véhicules blindés, des pièces d'artillerie lourde en position enterrée ou semi-enterrée, camouflés, qui pourraient causer des dommages avant d'être inévitablement détruits ? Réserve-t-il d'autres surprises tactiques ? Autant de questions auxquelles nous aurons peut-être une réponse quand la phase de combat urbain, à proprement parler, commencera, ce qui ne saurait tarder.


2http://www.dailymail.co.uk/news/article-3865164/The-mouseholes-Mosul-Labyrinth-tunnels-revealed-ISIS-try-dodge-assault-Iraq-s-second-city.html
http://historicoblog3.blogspot.be/2016/10/la-defense-exterieure-de-mossoul-par.html


A savoir aussi que l'armée irakienne manœuvre de manière désordonnée. Prise de quartier sans assurer la sûreté immédiate (toits , flancs) . Chaque chef veut ête le premier à prendre un objectif. Ce qui lui a déjà coûté très cher en vies.  

jeudi 17 novembre 2016

Le chef de la milice chiite irakienne d’Akram Al-Kaabi : Nous poursuivrons nos activités militaires après la libération de Mossoul

Akram Al-Kaabi, commandant du mouvement irakien chiite Al-Nujaba [le Hezbollah irakien], a récemment déclaré que l’activité militaire du groupe se poursuivrait après la libération de Mossoul. « Parviendrons-nous à assécher les sources de l’Etat islamique et d’Al-Qaïda par un simple contrôle militaire ? », a-t-il demandé lors d’une interview, le 5 novembre 2016 sur la chaîne télévisée Al-Sumaria. « Il y a encore du travail contre les cellules dormantes dans toutes les villes irakiennes. »

Journaliste : Nous savons que les Unités de mobilisation populaire (PMU) sont subordonnées au gouvernement. Très bien, mais il existe aussi des factions au sein des PMU qui admettent être financées directement par l’Iran.
Akram Al-Kaabi : Exact.
Journaliste : C’est une violation de la loi, des normes admises, des lois de la diplomatie, etc.
Akram Al-Kaabi : D’abord, les factions supervisent les brigades au sein des PMU. Elles transmettent leurs connaissances et leur expertise à ces brigades.
Journaliste : Vous et d’autres factions êtes financés par l’Iran. Vous entretenez des relations idéologiques, administratives et financières avec l’Iran, n’est-ce pas ?
Akram Al-Kaabi : Nous ne le nions pas. C’est vrai.
Journaliste : Alors, pourquoi les PMU ne pourraient-elles pas recevoir de l’argent de la Turquie ? Quelle est la différence ? Parce que les Iraniens sont chiites et les Turcs non ?
Akram Al-Kaabi : D’abord, sommes-nous d’Iran ou quoi ? Certains frères chrétiens sont financés par le Vatican. Alors ce ne sont plus des citoyens irakiens ? Pour certains citoyens chrétiens, la source d’autorité ne se trouve pas en Irak, mais au Vatican, et ils s’y rendent constamment. Certains d’entre eux sont membres des PMU. Cet aspect idéologique ne signifie pas que l’on a une connexion étrangère qui empiète sur la loyauté à son pays.
Journaliste : Alors, quelle est la différence ?
Akram Al-Kaabi : D’abord, nous sommes chiites, et dans l’islam chiite, il y a des écoles et des sources d’autorité, et il est normal de suivre une source d’autorité non irakienne. Si vous examinez l’histoire, vous verrez que sur les quatre doctrines islamiques, trois étaient iraniennes et une seulement était arabe. Les Arabes sont-ils les seuls à pourvoir être appelés musulmans ? Ce n’est pas raisonnable [de penser ainsi]. L’islam est une religion universelle, une religion pour tous les peuples. […]
Pour les affaires religieuses, nous recevons nos instructions de la source d’autorité irakienne [l’ayatollah Sistani], en accord avec le Juriste suprême [le Guide Khamenei]. Nos activités politiques et militaires entrent dans la ligne du gouvernement irakien – une fois de plus, sous la conduite du Juriste suprême.
Journaliste : Nous demandons à l’Arabie saoudite de ne pas intervenir dans nos affaires internes, et pourtant nous acceptons une ingérence iranienne.
Akram Al-Kaabi : Non, il n’y a pas d’intervention iranienne…
Journaliste : Vous avez dit qu’ils vous fournissent des armes et de l’argent. Quoi de plus ?
Akram Al-Kaabi : Il y a différents types d’intervention. Si n’importe quel pays voisin voulait intervenir en prenant l’Irak pour cible, afin de menacer sa sécurité, ce serait inacceptable. Mais si quelqu’un me soutient car nous avons un objectif commun – un objectif que je considère sacré – c’est une bonne chose.
Journaliste : [L’ancien gouverneur de Mossoul] Atheel Al-Nujeifi pense que la Turquie le soutient au nom d’un objectif noble : la libération de sa terre.
Akram Al-Kaabi : Il était censé protéger Mossoul depuis le début. Mossoul ne devait pas tomber ainsi. Lui et le groupe de politiciens à Mossoul ne devaient pas monter le peuple contre les forces de sécurité et le gouvernement irakien ; or Mossoul est devenue une proie facile pour l’Etat islamique (EI). L’EI, alors appelé Al-Qaïda, avait une présence dans toutes les institutions du gouvernement local. Des représentants à la tête des agences de sécurité et des officiers de police étaient membres de l’EI.
Journaliste : Mettrez-vous fin à vos activités militaires lorsque les terres irakiennes seront libérées de l’EI ?

Akram Al-Kaabi : Notre activité armée dépend du degré de danger. Il ne s’agit pas de savoir si l’EI est fini ou s’il se focalise sur la frontière irakienne, mais si le danger est passé ou non. Allons-nous assécher les sources de l’Etat islamique et d’Al-Qaïda simplement en exerçant un contrôle militaire ? Il y aura encore du travail contre les cellules dormantes dans toutes les villes irakiennes. 

samedi 12 novembre 2016

La bataille de Mossoul se mue en guérilla urbaine

Acculé sur tous les fronts depuis plusieurs semaines, l'État islamique épuise depuis plusieurs jours l'armée de Bagdad. Les forces irakiennes sont par ailleurs accusée par Amnesty International d'actes de torture lors de l'offensive contre le fief des djihadistes.
Trois semaines après le début de l'offensive des forces irakiennes, appuyées par la coalition internationale, pour reprendre aux mains de l'État islamique (EI) la ville de Mossoul, les djihadistes font preuve d'une résistance déterminée. Si les soldats de Bagdad progressaient ce jeudi vers la cité antique de Nimrod, à environ 30 kilomètres de Mossoul, un colonel de l'armée irakienne estimait que l'opération visant à chasser les djihadistes de leur dernier grand bastion urbain en Irak tourne au «cauchemar». Face à un ennemi bien préparé, mobile et d'une efficacité redoutable, exploitant à merveille le couvert des constructions et la présence des habitants, les blindés sont inutiles et ses hommes ne sont pas formés pour la guérilla urbaine, explique l'officier.
La 9e division blindée et le service de contre-terrorisme (CTS), l'unité d'élite de l'armée irakienne, ont repris la semaine dernière six des soixante districts de Mossoul, pénétrant pour la première fois dans la ville depuis le début de l'offensive le 17 octobre. Mais même ces positions sont difficiles à tenir, dit l'officier, dont les soldats sont harcelés par des vagues de combattants, de kamikazes et de tireurs d'élite de l'EI qui se déplacent à l'abri d'un réseau de tunnels percés sous la ville et peuvent surgir à tout endroit, à tout moment. En particulier la nuit, privant les militaires de repos.
«Nous sommes une division blindée et combattre sans pouvoir utiliser nos charset avec des soldats qui ne connaissent pas la guérilla urbaine met les troupes dans une situation difficile», explique le colonel, qui a tenu à rester anonyme car il n'est pas autorisé à parler à la presse. «À Mossoul, il faut progresser dans des secteurs résidentiels, déblayer les rues, sécuriser les bâtiments où se cachent les terroristes et prendre soin des habitants. J'ai peur que ça ne fasse trop pour nous», dit-il. L'officier souligne qu'il est impossible au premier coup d'œil de distinguer les civils des djihadistes qui se cachent parmi eux.

Les forces irakiennes accusées de torture à Mossoul

Au-delà de l'avancée sur le terrain, qui s'est considérablement ralentie depuis plusieurs jours, Amnesty International et Human Rights Watch ont rapporté ce jeudi que des membres des forces gouvernementales irakiennes ont tué et torturé des civils au sud de Mossoul dans leur progression vers le fief de l'État islamique. Les deux organisations internationales de défense des droits de l'homme, dans des rapports distincts, portent les premières accusations de ce genre depuis le début de la contre-offensive pour chasser les djihadistes d'une ville qu'ils occupent depuis juin 2014.
Amnesty International rapporte que jusqu'à six cadavres de personnes soupçonnées de liens avec l'EI ont été découverts dans les secteurs de Choura et de Kayara. «Des hommes en uniforme de la police fédérale (irakienne) ont procédé à de multiples assassinats, interpellant puis tuant délibérément de sang-froid des habitants de villages situés au sud de Mossoul», a déclaré Lynn Maalouf, directrice de recherche adjointe au bureau d'Amnesty à Beyrouth. Le premier ministre irakien, Haïder al Abadi, a démenti le contenu du rapport d'Amnesty, disant que ce sont des habitants et pas des soldats de l'armée gouvernementale qui ont tué des membres de l'EI.
Human Rights Watch (HRW) rapporte pour sa part qu'au moins 37 hommes soupçonnés d'être affiliés à l'EI ont été arrêtés par des forces irakiennes et kurdes à des points de contrôle, dans des villages et dans des centres d'accueil des populations déplacées autour de Mossoul et d'Haouidja, plus au sud. Leurs proches disent n'avoir aucune nouvelle d'eux. Selon HRW, cette pratique «accroît significativement le risque d'autres violations», y compris la torture. Le porte-parole du gouvernement régional du Kurdistan irakien, Dindar Zebari, a opposé un démenti aux affirmations de HRW, expliquant que l'information aux familles des personnes interpellées se heurtait à des difficultés et des ressources limitées. «Nul n'est détenu dans des centres inconnus. Ils sont détenus dans des installations identifiées», a-t-il dit.

L'offensive syrienne perturbée par des vents de sable

Faute d'une visibilité suffisante, l'aviation de la coalition internationale conduite par les États-Unis n'a pu mener des frappes précises sur des positions de l'EI. Depuis le début de l'offensive «Colère de l'Euphrate», «nous avons pu effectuer le tiers de la distance qui nous sépare du fief syrien des djihadistes de l'EI. Notre stratégie vise à encercler l'ennemi avant de procéder à des opérations de ratissage», a expliqué Jihan Cheikh Ahmad, la porte-parole de l'opération. Elle a précisé que les FDS s'étaient emparées de 15 villages et hameaux. «Aujourd'hui les combats se déroulent dans le village d'al-Hicha» tenu par l'EI à environ 40 km au nord de Raqqa.À quelque 400 km à l'ouest, de l'autre côté de la frontière irako-syrienne, l'offensive des forces kurdo-arabes soutenues par Washington pour reconquérir Raqqa est perturbée par des vents de sable. «La situation est dangereuse aujourd'hui car il n'y a aucune visibilité dans cette région désertique à cause de la tempête de sable», a confié à l'AFP un chef militaire des Forces démocratiques syriennes (FDS). «Nous craignons que Daech en profite, s'infiltre et lance une contre-attaque», a ajouté ce responsable présent près d'Aïn Issa, à 50 kilomètres de Raqqa.
Ces combats ont forcé plus de 5000 personnes à fuir leur domicile pour trouver refuge dans les zones reprises à l'EI. L'administration locale est mal équipée pour faire face à un afflux de déplacés. «Nous avons besoin d'une aide internationale car nos capacités sont limitées et il n'y a pas de camp pour les accueillir alors que l'hiver approche», a déclaré Jihan Cheikh Ahmad. De son côté, l'ONU a exprimé sa «forte préoccupation» pour les habitants de Raqqa, qui, selon les informations disponibles, «ont des difficultés à assurer leurs besoins immédiats» car les accès à la ville «sont fortement limités par l'insécurité et les restrictions établies par l'EI».

mercredi 2 novembre 2016

Moscou explique la différence entre les batailles d’Alep et de Mossoul

Les militaires russes ont expliqué au département d’État US quelle était la différence entre l’offensive sur Mossoul et l’opération de libération d’Alep lancée par les forces syriennes avec le concours des militaires russes.

L'offensive lancée par l'armée irakienne et la coalition internationale contre Daech à Mossoul et l'opération de libération d'Alep en Syrie par les militaires syriens et russes présentent des différences fondamentales, a déclaré mardi le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov. « Il y a effectivement des différences entre la situation dans la ville syrienne d'Alep et l'assaut de Mossoul en Irak. Nous sommes prêts à les préciser à l'amiral John Kirby », a indiqué M. Konachenkov, commentant les propos de l'amiral Kirby qui avait insisté sur une différence fondamentale entre la situation à Alep et à Mossoul.

Premièrement, « la ville de Mossoul est quotidiennement la cible de frappes menées par des bombardiers stratégiques américains B-52N et des avions F/A-18 et Rafale-M qui décollent des porte-aéronefs USS Dwight Eisenhower et Charles de Gaulle. Rien que ces dernières 24 heures, la coalition a effectué 25 raids aériens, portant 21 frappes aux missiles sur Mossoul et ses banlieues », a rappelé le général russe.

Quant à la ville d'Alep, les aviations russe et syrienne y ont suspendu leurs frappes depuis plus de deux semaines, a-t-il précisé. 
En plus, les autorités syriennes et les militaires russes ont organisé six couloirs humanitaires à Alep pour permettre aux habitants de quitter la ville. Malheureusement, les terroristes entravent l'évacuation en minant les approches des corridors humanitaires et en tirant sur les civils. « À Mossoul, nous entendons parler d'un assaut imminent des quartiers peuplés par des civils, qui risque de provoquer de nombreuses victimes », a ajouté M. Konachenkov.

À Alep, il existe en outre deux couloirs humanitaires créés à la demande des Américains pour les terroristes qui peuvent quitter les quartiers est de la ville avec leurs armes et véhicules afin de se réfugier dans d'autres régions syriennes.

À Mossoul, la coalition parle d'un étau de fer « comme si la ville d'un million d'habitants était peuplée uniquement de terroristes ». 
Enfin, les représentants de l'Onu, du Croissant-rouge et d'autres organisations internationales, ainsi que des journalistes travaillent à Alep, alors qu'à Mossoul, les journalistes et les volontaires sont les grands absents. « Il n'y a pas de journalistes ni de Casques blancs ou d'autres couleurs de l'arc-en-ciel. Personne, pour des raisons inconnues. Tout ce que les chaînes de télévision américaines et européennes peuvent se permettre de diffuser sont des rapports optimistes et censurés sur les succès exceptionnels de la coalition et sur l'imminente victoire sur les terroristes, sans pour autant fournir des images réelles », a souligné le porte-parole Konachenkov.

« Compte tenu de ces faits, comment John Kirby peut-il affirmer sur un ton indigné que l'opération de Mossoul se déroule en stricte conformité aux normes du droit international ? » a conclu le général.

https://fr.sputniknews.com

La vraie question à se poser est celle de la qualité et l'engagement véreux de la presse occidentale au bord du gouffre économique. Les subsides à la presse sont à ce prix !!

Bataille de Mossoul: « Ni GPS, ni armes modernes ne feront la différence dans cette guerre urbaine»

Vincent Desportes Propos recueillis par Oihana Gabriel
On l’attendait depuis des semaines. Seize jours après le lancement de la vaste offensive contre Daesh, la prise de Mossoul a commencé mardi. Des forces irakiennes sont en effet entrées dans la deuxième ville d’Irak, fief autoproclamé de l’organisation islamiste. Mais les combats risquent de durer. 20 Minutes a recueilli l’analyse de Vincent Desportes, enseignant à Sciences Po et spécialiste de défense et de sécurité.

Combien de temps peut-on supposer que la bataille va faire rage ?

Rien ne peut se prédire quand il s’agit de guerre. Mais on peut supposer que cette bataille durera plusieurs mois. L’avancée des troupes de la coalition risque de se ralentir.
Ce qui est sûr, c’est que les quinze premiers jours, les choses se sont bien passées pour la coalition parce qu’elle n’était pas au cœur de la zone occupée par Daesh. On appelle cela une manœuvre de retardement. On est passé de la banlieue aux faubourgs, et des faubourgs à la ville.
Les choses vont se corser maintenant que les combattants sont entrés dans Mossoul. La bataille va sans doute se figer avec peut-être des accélérations quand Daesh lâche un quartier. Comme repère on peut rappeler qu’en 2004, les Américains ont mis 11 mois à libérer Falloujah, une ville cinq fois plus petite que Mossoul et les habitants avaient été évacués…

Qu’est-ce qui risque de se passer dans les prochaines semaines ?

Selon les informations disponibles, Daesh compterait entre 3.000 et 5.000 soldats dans Mossoul. C’est impossible avec ces forces de défendre une ville de 1,5 million d’habitants. Il est probable que les combattants de Daesh se regroupent dans une zone réduite, un « Fort Alamo », que les soldats de Daesh défendront jusqu’à la mort. Mais ils devraient emmener avec eux un grand nombre de civils. Daesh a déjà montré qu’il utilisait la population locale comme bouclier humain. Cela va se transformer en guerre de terrain, bloc par bloc, quartier par quartier, une guerre de fantassins… Plus on va s’approcher du cœur, plus les combats seront durs. D’autant que l’on sait que Deash a miné, piégé la ville pour freiner l’ennemi.

Quels sont les grands défis pour la coalition aujourd’hui ?

Jusqu’à maintenant, la coalition avait un avantage : sa puissance de feu avec l’aviation notamment. Et les villages autour de Mossoul avaient été évacués. Mais maintenant qu’on arrive dans une ville fermée et très peuplée, où les civils sont bloqués, les troupes de la coalition perdent cet avantage comparatif.
Cette population de Mossoul prise au piège a un effet nivelant. D’autant que l’avance technologique de la coalition comptera beaucoup moins : ni GPS, ni armes modernes ne feront la différence dans cette guerre urbaine. 

Qu’est-ce qu’il y a de particulier dans cette bataille de Mossoul ?

Lors des sièges historiques, celui de Leningrad qui a duré trois ans pendant la Deuxième Guerre mondiale ou celui de Sarajevo de 1992 à 1996, la population et les militaires partageaient la même volonté de défendre leur ville. Là, c’est la première fois que la population est otage. Le lien entre Daesh et les habitants de Mossoul n’existe que par la terreur.

Pourquoi cette guerre serait plus barbare qu’une autre ?

Depuis des décennies, l’Occident a tenté de civiliser la guerre, avec la Convention de Genève, le respect des Droits de l’homme… Mais Daesh ne respecte pas du tout ce droit de la guerre. La guerre n’est jamais propre, mais dans ce cas, elle ne peut être que barbare et sanglante. 
Je pense que la coalition continuera à respecter les règles éthiques. Mais pas forcément les milices chiites ou les peshmergas, moins attachés à ces normes occidentales. Ce qui risque d’accentuer les tensions au sein de cette coalition hétéroclite.

La bataille de Mossoul encore un peu plus importante que prévu: le chef de l'État islamique se cacherait dans la ville

Entamée il y a une dizaine de jours, la bataille de Mossoul a véritablement démarré ce dimanche avec l’entrée des forces irakiennes dans cette ville stratégique. Et à en croire certaines sources kurdes, cette bataille est encore plus importante que prévu pour une bonne raison.

Et cette raison, c’est la présence, dans la ville de Mossoul du leader autoproclamé de l’Etat islamique, Abu Bakr al-Baghdadi. Si sa présence dans la ville n’a pas encore été confirmée officiellement, de nombreuses sources kurdes assurent que le chef de l’organisation islamique se cache quelque part dans la ville : « Abu Bakr al-Baghdadi est ici et s’il est tué, cela signifiera la chute de tout le système de Daesh », a déclaré Fouad Hussein, le chef des troupes kurdes à The Independent.

« La présence d’Abu Bakr al-Baghdadi à Mossoul pourrait compliquer et prolonger la bataille étant donné que ses partisans lutteront jusqu’à la mort pour le défendre. Il est évident qu’ils vont perdre mais on ne sait pas combien de temps cela nous prendra », a-t-il ajouté.
Invisible depuis près d’un an, Abu Bakr al-Baghdadi avait proclamé le califat de l’État Islamique en Syrie et en Irak en juin 2014, à Mossoul.

Espérons qu'il soit pris vivant et jugé suivant les critères d'une justice libre et démocratique où les droits de l'inculpé soient respectés; 
Ils faut démontrer à ces islamistes que la justice des hommes est bien plus noble que la justice de leur divinité.

lundi 31 octobre 2016

Les forces irakiennes très proches de la périphérie de Mossoul

Les forces irakiennes n'avaient plus lundi qu'un village à capturer pour prendre position à la périphérie est de Mossoul, le bastion du groupe Etat islamique (EI) désormais sous pression de tous les côtés.
Cette offensive d'envergure sur la deuxième ville d'Irak est entrée dans sa troisième semaine et des dizaines de localités situées dans les plaines autour de la métropole ont été reprises aux jihadistes avec le soutien de l'aviation et de l'artillerie de la coalition internationale menée par Washington.
Les forces irakiennes n'ont pas encore mis le pied dans l'agglomération de Mossoul, a indiqué lundi un responsable militaire irakien en démentant des informations faisant état d'une telle percée.
"Nous ne sommes pas entrés dans le quartier d'Al-Karama (dans l'est de Mossoul), nos forces sont dans le village de Gogjali, à 2,5 km de là", a expliqué à l'AFP Abdelwahab al-Saadi, un commandant des forces d'élite du contre-terrorisme (CTS), qui opèrent sur le front est de l'offensive sur la métropole du nord de l'Irak.
Gogjali était, avec le village de Bazwaya, l'une des deux cibles fixées lundi au CTS, qui avancent depuis l'est et la ville de Bartalla.
Bazwaya a été repris et si Gogjali tombe, "ce (lundi) soir nous serons à 700 mètres de (l'agglomération de) Mossoul", a indiqué un responsable militaire au sein du CTS, Muntadhar al-Shimmari, dont les hommes et leurs convois de véhicules blindés légers essuient des tirs de mortier des jihadistes.
Depuis le 17 octobre, des dizaines de milliers de membres des forces de sécurité évoluent sur les fronts est, sud et nord.
Des unités paramilitaires dominées par des milices chiites viennent par ailleurs de lancer une offensive à l'ouest pour priver les jihadistes de leur liberté de mouvement entre Mossoul et la frontière syrienne.
La coalition internationale avait annoncé vendredi une "pause" de deux jours des forces irakiennes afin de consolider leurs premiers gains territoriaux et la progression a repris lundi sur le front est.
- Réputation sulfureuse -
Au nord et à l'est de Mossoul, les forces kurdes ont consolidé leurs positions après avoir récemment repris quelques localités alors qu'au sud, les forces fédérales remontent la vallée du Tigre mais sont encore loin des abords de la cité où l'EI avait déclaré en 2014 son "califat". Ce sont elles qui ont le plus de terrain à gagner.
A plusieurs dizaines de kilomètres à l'ouest de la métropole du nord de l'Irak, les unités paramilitaires de la Mobilisation populaire (Hached al-Chaabi) ont été chargées de prendre Tal Afar pour couper la route entre Mossoul et la frontière syrienne dont les jihadistes profitent pour se mouvoir et s'approvisionner.
Officiellement, ces forces dominées par des milices chiites soutenues par l'Iran ne participeront à la libération de Mossoul, où la communauté sunnite est largement majoritaire, mais certains de leurs commandants l'entendent autrement.
Ces milices à la réputation sulfureuse ont été accusées de violences confessionnelles dans des zones sunnites précédemment libérées du joug jihadiste, comme Fallouja et Ramadi (ouest).
- 17.000 déplacés -
Une fois en position autour de Mossoul, les forces irakiennes devraient ensuite entamer un siège et tenter d'ouvrir des couloirs sécurisés pour faciliter la fuite des habitants, que les jihadistes pourraient utiliser comme "boucliers humains".
Ensuite, il leur faudra livrer une guerre urbaine aux quelques 3.000 à 5.000 jihadistes, selon des estimations américaines, retranchés dans l'agglomération, qui compte environ 1,5 million d'habitants d'après l'ONU.
Si les déplacements de population n'ont pour l'heure rien de massif, les organisations humanitaires redoutent un afflux massif dès que les forces irakiennes entreront dans l'agglomération.
Plus de 17.000 personnes ont quitté leurs foyers en deux semaines d'opérations militaires et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) assure qu'il ne reste à l'heure actuelle que 55.000 places disponibles dans les divers camps aménagés.
Dans les localités reprises à l'EI, quelques civils tentent de reprendre une vie normale après plus de deux ans de joug jihadiste mais la plupart de ces secteurs ne sont pas encore habitables. Dans certaines zones, il faudra encore des mois pour déminer et reconstruire.

samedi 29 octobre 2016

Les forces irakiennes observent une pause dans l'offensive sur Mossou

La coalition internationale a indiqué vendredi que les forces irakiennes observaient une "pause" de deux jours dans leur offensive pour reprendre au groupe Etat islamique (EI) la ville de Mossoul, où les jihadistes ont commis cette semaine des massacres selon l'ONU.
L'objectif de cette pause est de consolider les gains obtenus durant les douze jours premiers d'opérations, a expliqué le colonel américain John Dorrian, un porte-parole militaire de la coalition internationale menée par Washington qui soutient les forces irakiennes.
"Ensuite, la marche sur Mossoul reprendra", a-t-il ajouté lors d'une vidéoconférence depuis Bagdad, précisant que cet arrêt temporaire faisait partie du plan initial.

Vendredi, l'ONU a dénoncé un massacre par l'EI de plus de 250 personnes, exécutées par balles, cette semaine dans et autour de la deuxième ville d'Irak, fief des jihadistes dans ce pays.
L'EI aurait en outre kidnappé près de 8.000 familles autour de Mossoul, vraisemblablement pour être utilisées par les jihadistes comme "boucliers humains" .
"La stratégie dépravée et lâche (de l'EI) consiste à essayer d'utiliser la présence des civils pour mettre des zones ou des combattants à l'abri des opérations militaires", a affirmé le Haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
Ces tueries, qui "ont été corroborées dans la mesure du possible" selon l'ONU, ne seraient que les dernières d'une série d'atrocités perpétrées par l'organisation extrémiste qui contrôle des pans de territoire irakien depuis 2014.
- 'Augmentation spectaculaire' -
Depuis le début de l'offensive sur Mossoul le 17 octobre, l'avancée des forces de sécurité irakiennes a permis de resserrer l'étau sur Mossoul par le nord, l'est et le sud, mais le nombre de personnes fuyant l'organisation ultraradicale augmente et le spectre d'un déplacement massif de civils grandit également de jour en jour.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 16.566 personnes ont été déplacées depuis le début des opérations militaires.
"Nous avons constaté une augmentation spectaculaire dans les chiffres ces derniers jours, et (les civils) vont maintenant dans les camps récemment mis en place", a déclaré à l'AFP Karl Schembri, responsable régional du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Selon lui, la situation "est déjà inquiétante" parce que les forces irakiennes ne sont pas encore entrées dans la ville. Au moment où cela arrivera, "on assistera à un déplacement de masse".
Mais les déplacés de guerre sont seulement l'un des nombreux problèmes qui vont continuer à hanter l'Irak après la fin des combats.
L'autre enjeu de taille concerne la relation entre Bagdad et la région autonome kurde, dont les forces peshmergas ont joué un rôle important dans la guerre contre l'EI, combattant les jihadistes mais aussi étendant les territoires qu'elles contrôlent au-delà de leur frontière officielle.
Cela poserait surtout problème si le Kurdistan irakien fait pression pour son indépendance, un sujet que le Premier ministre de cette région a dit vouloir remettre sur la table après la prise de Mossoul.
- Stratégie critiquée -
"Aussitôt Mossoul libérée, nous allons nous réunir avec nos partenaires à Bagdad et discuter de notre indépendance", a affirmé Nechirvban Barzani au quotidien allemand Bild.
"Nous ne sommes pas arabes, nous sommes notre propre nation kurde. (...) A un moment, il y aura un référendum sur l'indépendance du Kurdistan et nous laisserons les gens décider", a-t-il ajouté, selon la traduction allemande.
Soutenues par l'aviation de la coalition internationale, les forces irakiennes fédérales et kurdes ont progressé plus rapidement que prévu, selon des responsables, et se sont déjà emparées de localités et villages aux environs de Mossoul.
Dans un entretien accordé à l'AFP, le général américain Joseph Votel, chef du Commandement central de l'armée américaine (Centcom), estimait jeudi que jeudi que les forces irakiennes avaient "probablement tué environ 800 à 900 combattants de l'EI" jusqu'à présent.
Selon des estimations américaines, il y a entre 3.000 à 5.000 combattants jihadistes à Mossoul, ainsi que plus de 2.000 autres dispersés à la périphérie de la ville.
Certains jihadistes ont fui par l'ouest de Mossoul, où les forces de irakiennes n'ont toujours pas ouvert un front.
Cette stratégie, critiquée par certains analystes, a des avantages, a expliqué M. Votel: "Elle permet aux populations s'enfuir et (...) de limiter la destruction de la ville".
Dans un communiqué, Amnesty International a mis en garde vendredi du danger posé par les bombes au phosphore blanc, qui "peut brûler profondément les muscles et les os", et a affirmé qu'elles ne devaient plus être utilisées lors de l'offensive sur Mossoul dans les zones où les civils sont présents.
L'ONG indique en effet avoir reçu des preuves photographiques évidentes et des témoignages sur l'emploi de phosphore blanc, généralement utilisé pour créer des écrans de fumée, au nord d'un village situé à l'est de Mossoul.
Via la Libre.be et AFP