La coalition internationale a indiqué vendredi que les forces irakiennes observaient une "pause" de deux jours dans leur offensive pour reprendre au groupe Etat islamique (EI) la ville de Mossoul, où les jihadistes ont commis cette semaine des massacres selon l'ONU.
L'objectif de cette pause est de consolider les gains obtenus durant les douze jours premiers d'opérations, a expliqué le colonel américain John Dorrian, un porte-parole militaire de la coalition internationale menée par Washington qui soutient les forces irakiennes.
"Ensuite, la marche sur Mossoul reprendra", a-t-il ajouté lors d'une vidéoconférence depuis Bagdad, précisant que cet arrêt temporaire faisait partie du plan initial.
Vendredi, l'ONU a dénoncé un massacre par l'EI de plus de 250 personnes, exécutées par balles, cette semaine dans et autour de la deuxième ville d'Irak, fief des jihadistes dans ce pays.
L'EI aurait en outre kidnappé près de 8.000 familles autour de Mossoul, vraisemblablement pour être utilisées par les jihadistes comme "boucliers humains" .
"La stratégie dépravée et lâche (de l'EI) consiste à essayer d'utiliser la présence des civils pour mettre des zones ou des combattants à l'abri des opérations militaires", a affirmé le Haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
Ces tueries, qui "ont été corroborées dans la mesure du possible" selon l'ONU, ne seraient que les dernières d'une série d'atrocités perpétrées par l'organisation extrémiste qui contrôle des pans de territoire irakien depuis 2014.
- 'Augmentation spectaculaire' -
Depuis le début de l'offensive sur Mossoul le 17 octobre, l'avancée des forces de sécurité irakiennes a permis de resserrer l'étau sur Mossoul par le nord, l'est et le sud, mais le nombre de personnes fuyant l'organisation ultraradicale augmente et le spectre d'un déplacement massif de civils grandit également de jour en jour.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 16.566 personnes ont été déplacées depuis le début des opérations militaires.
"Nous avons constaté une augmentation spectaculaire dans les chiffres ces derniers jours, et (les civils) vont maintenant dans les camps récemment mis en place", a déclaré à l'AFP Karl Schembri, responsable régional du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Selon lui, la situation "est déjà inquiétante" parce que les forces irakiennes ne sont pas encore entrées dans la ville. Au moment où cela arrivera, "on assistera à un déplacement de masse".
Mais les déplacés de guerre sont seulement l'un des nombreux problèmes qui vont continuer à hanter l'Irak après la fin des combats.
L'autre enjeu de taille concerne la relation entre Bagdad et la région autonome kurde, dont les forces peshmergas ont joué un rôle important dans la guerre contre l'EI, combattant les jihadistes mais aussi étendant les territoires qu'elles contrôlent au-delà de leur frontière officielle.
Cela poserait surtout problème si le Kurdistan irakien fait pression pour son indépendance, un sujet que le Premier ministre de cette région a dit vouloir remettre sur la table après la prise de Mossoul.
- Stratégie critiquée -
"Aussitôt Mossoul libérée, nous allons nous réunir avec nos partenaires à Bagdad et discuter de notre indépendance", a affirmé Nechirvban Barzani au quotidien allemand Bild.
"Nous ne sommes pas arabes, nous sommes notre propre nation kurde. (...) A un moment, il y aura un référendum sur l'indépendance du Kurdistan et nous laisserons les gens décider", a-t-il ajouté, selon la traduction allemande.
Soutenues par l'aviation de la coalition internationale, les forces irakiennes fédérales et kurdes ont progressé plus rapidement que prévu, selon des responsables, et se sont déjà emparées de localités et villages aux environs de Mossoul.
Dans un entretien accordé à l'AFP, le général américain Joseph Votel, chef du Commandement central de l'armée américaine (Centcom), estimait jeudi que jeudi que les forces irakiennes avaient "probablement tué environ 800 à 900 combattants de l'EI" jusqu'à présent.
Selon des estimations américaines, il y a entre 3.000 à 5.000 combattants jihadistes à Mossoul, ainsi que plus de 2.000 autres dispersés à la périphérie de la ville.
Certains jihadistes ont fui par l'ouest de Mossoul, où les forces de irakiennes n'ont toujours pas ouvert un front.
Cette stratégie, critiquée par certains analystes, a des avantages, a expliqué M. Votel: "Elle permet aux populations s'enfuir et (...) de limiter la destruction de la ville".
Dans un communiqué, Amnesty International a mis en garde vendredi du danger posé par les bombes au phosphore blanc, qui "peut brûler profondément les muscles et les os", et a affirmé qu'elles ne devaient plus être utilisées lors de l'offensive sur Mossoul dans les zones où les civils sont présents.
L'ONG indique en effet avoir reçu des preuves photographiques évidentes et des témoignages sur l'emploi de phosphore blanc, généralement utilisé pour créer des écrans de fumée, au nord d'un village situé à l'est de Mossoul.
Via la Libre.be et AFP
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