Comme à Falloujah en Irak, ou en Syrie à Manbij, l'EI a utilisé des tunnels pour organiser la défense des villages environnant Mossoul, au nord, au sud, et à l'est.
Ces tunnels visent d'abord à offrir une protection contre les frappes aériennes. Ventilés par des ouvertures à la surface, ils sont souvent pourvus de courant électrique, de lits. L'EI peut ainsi y dissimuler des snipers qui attaqueront par surprise les combattants entrés dans les villages. Il peut également placer des mitrailleurs ou des tireurs RPG-7 aux entrées, et faire sortir aussi des inghimasiyyi. Une dizaine de combattants de l'EI a pu, grâce aux tunnels, tenir un village pendant des heures face aux Kurdes irakiens dès le premier jour de la bataille.
inghimasiyyi : les inghimasiyyi sont, dans ce cas, des étrangers (selon certaines rumeurs non confirmées, présence d'une katiba de Français à Mossoul venus de Syrie, 300 hommes environ). C'est aussi un ancien terme qui désigne les combattants qui partent pour une mission sans retour ( il semble que cette subtilité vienne du fait que l'islam proscrit le suicide en tant que tel ).
En défense, et en particulier en milieu urbain, l'EI a toujours utilisé les engins explosifs improvisés (IED) qui sont même devenus l'une de ses spécialités. Le premier Américain tombé dans la bataille, près de Bashiqa, le jeudi 20 octobre, le Chief Petty Officer Jason Finan, a été victime d'un de ces engins dissimulés au bord d'une route. L'EI dispose les IED au bord des routes et voies d'accès, pour ralentir les mouvements adverses, mais piège aussi toutes les habitations des localités qu'il contrôle, et jusqu'à des objets que l'on ne soupçonnerait pas, y compris les corans.
L'utilisation de VBIED, elle aussi, n'est pas une surprise de la part de l'EI, mais c'est son ampleur qui étonne quelque peu.
D'après les images de véhicules capturés sur les différents fronts, il apparaît que l'EI a préparé la défense des localités extérieures à Mossoul jusque dans l'emploi des VBIED, qui ont manifestement été stockés sous des abris dans les villages pour être jetés rapidement sur les assaillants qui approchent.
Depuisfin octobre, la plupart des VBIED ayant été « consommés », le nombre a diminué. Les types sont assez variés avec une majorité toutefois de 4x4 avec coque artisanale de blindage (plaques) sur l'avant et les côtés, mais on a aussi vu des pick-up surblindés, des camions blindés sur le même modèle et même un camion-citerne. Les VBIED ont de la même façon été utilisés dans plusieurs attaques à l'extérieur pour soulager la pression sur la ville (Shirqat, al-Rutbah).
L'incendie de colonnes de pneus ou de puits de pétrole avait déjà été utilisé par l'EI en juillet 2016 quand l'armée irakienne attaquait Qayyara, au sud de Mossoul, qui sert aujourd'hui de base logistique aux Américains engagés dans la bataille.
Dès le premier jour de la bataille, l'EI utilise cette arme pour aveugler le ciel. Le samedi 22 octobre, l'EI franchit un cap supplémentaire en incendiant une mine de souffre au sud de Mossoul, forçant les troupes au sol à s'équiper de masques à gaz : prélude, bénin, peut-être, à l'emploi d'armes chimiques par l'EI.
L'EI ne se contente pas de mener la bataille avec des engins explosifs improvisés ou des VBIED. Le groupe a aussi déployé à l'extérieur de la ville des éléments de défense mobile, comme les équipes de lance-missiles antichars (ATGM).
La défense des villages à l'extérieur de Mossoul implique l'engagement d'un petit contingent de combattants de l'EI chargés de ce combat de retardement. Tous les indices montrent qu'il ne s'agit que d'une petite partie de l'effectif total de la garnison, au maximum quelques centaines d'hommes. Dès le départ, ils font beaucoup usage de fusils de sniping lourd bricolés à partir de tubes antiaériens, munis de frein de bouche (23 mm/14,5 mm), arme classique désormais de l'arsenal de l'EI.
Il y a également de nombreux snipers (dont un sur la version para du FN FAL modifiée).
Selon une tactique éculée, l'EI a lancé des contre-attaques dès le premier jour de la bataille, lundi 17 octobre, pour montrer qu'il conserve des capacités en dehors de Mossoul, pour gêner les assaillants et éventuellement les forces à détourner des moyens de la bataille.
Peut-être aidés par des cellules dormantes dans la ville, les inghimasiyyi de l'EI s'accrochent des heures à certains quartiers et bâtiments des villes, les Kurdes irakiens doivent battre le rappel d'effectifs pour éliminer les attaquants, aidées par des renforts du PKK et même de la mobilisation populaire chiite (Turkmènes du Badr notamment).
La wilayat al-Furat, à cheval sur l'Irak et la Syrie, a développé cette année ses capacités de raids motorisés/mécanisés.
L'EI a su gérer la communication autour des combats défensifs et des contre-attaques extérieures. Une première vidéo montre ainsi 20 à 30 combattants à l'intérieur de Mossoul, à la nuit tombée, les rues désertes, pour montrer que la situation est sous contrôle.
Depuis, chaque jour ou presque, des reportages photos et vidéos couvrent les différents fronts, et de nombreux documents sont également publiés pour couvrir les attaques de diversion menées à l'extérieur de la ville, ailleurs en Irak. Amaq publie un communiqué quotidien pour résumer les opérations du jour.
La défense extérieure de Mossoul par l'EI n'est qu'une action de retardement, même si elle a été bien préparée. Les effectifs déployés et la disproportion des forces font que l'EI ne pourra tenir indéfiniment le pourtour de la ville, ce qui n'était pas l'objectif recherché. Il s'agit de gagner du temps pour peaufiner le combat urbain et permettre d'autres initiatives (évacuation des responsables, transfert d'hommes et de matériels par le corridor vers la Syrie à l'ouest/sud-ouest). La véritable question à se poser est la suivante : que nous prépare l'EI pour le combat de rues ? Le degré de préparation de la bataille à l'extérieur de la ville ne peut manquer d'inquiéter. L'EI emploiera-t-il des drones piégés, arme quasi nouvelle qu'il a testé juste avant la bataille contre les Kurdes irakiens et les forces spéciales françaises au nord de la ville ? Fera-t-il usage, en dehors des incendies de matières toxiques, de son arsenal chimique ? Emploiera-t-il en combat urbain, en plus de tous les moyens déjà listés ici, des chars et véhicules blindés, des pièces d'artillerie lourde en position enterrée ou semi-enterrée, camouflés, qui pourraient causer des dommages avant d'être inévitablement détruits ? Réserve-t-il d'autres surprises tactiques ? Autant de questions auxquelles nous aurons peut-être une réponse quand la phase de combat urbain, à proprement parler, commencera, ce qui ne saurait tarder.
http://historicoblog3.blogspot.be/2016/10/la-defense-exterieure-de-mossoul-par.html
A savoir aussi que l'armée irakienne manœuvre de manière désordonnée. Prise de quartier sans assurer la sûreté immédiate (toits , flancs) . Chaque chef veut ête le premier à prendre un objectif. Ce qui lui a déjà coûté très cher en vies.
Ces tunnels visent d'abord à offrir une protection contre les frappes aériennes. Ventilés par des ouvertures à la surface, ils sont souvent pourvus de courant électrique, de lits. L'EI peut ainsi y dissimuler des snipers qui attaqueront par surprise les combattants entrés dans les villages. Il peut également placer des mitrailleurs ou des tireurs RPG-7 aux entrées, et faire sortir aussi des inghimasiyyi. Une dizaine de combattants de l'EI a pu, grâce aux tunnels, tenir un village pendant des heures face aux Kurdes irakiens dès le premier jour de la bataille.
inghimasiyyi : les inghimasiyyi sont, dans ce cas, des étrangers (selon certaines rumeurs non confirmées, présence d'une katiba de Français à Mossoul venus de Syrie, 300 hommes environ). C'est aussi un ancien terme qui désigne les combattants qui partent pour une mission sans retour ( il semble que cette subtilité vienne du fait que l'islam proscrit le suicide en tant que tel ).
En défense, et en particulier en milieu urbain, l'EI a toujours utilisé les engins explosifs improvisés (IED) qui sont même devenus l'une de ses spécialités. Le premier Américain tombé dans la bataille, près de Bashiqa, le jeudi 20 octobre, le Chief Petty Officer Jason Finan, a été victime d'un de ces engins dissimulés au bord d'une route. L'EI dispose les IED au bord des routes et voies d'accès, pour ralentir les mouvements adverses, mais piège aussi toutes les habitations des localités qu'il contrôle, et jusqu'à des objets que l'on ne soupçonnerait pas, y compris les corans.
L'utilisation de VBIED, elle aussi, n'est pas une surprise de la part de l'EI, mais c'est son ampleur qui étonne quelque peu.
D'après les images de véhicules capturés sur les différents fronts, il apparaît que l'EI a préparé la défense des localités extérieures à Mossoul jusque dans l'emploi des VBIED, qui ont manifestement été stockés sous des abris dans les villages pour être jetés rapidement sur les assaillants qui approchent.
Depuisfin octobre, la plupart des VBIED ayant été « consommés », le nombre a diminué. Les types sont assez variés avec une majorité toutefois de 4x4 avec coque artisanale de blindage (plaques) sur l'avant et les côtés, mais on a aussi vu des pick-up surblindés, des camions blindés sur le même modèle et même un camion-citerne. Les VBIED ont de la même façon été utilisés dans plusieurs attaques à l'extérieur pour soulager la pression sur la ville (Shirqat, al-Rutbah).
L'incendie de colonnes de pneus ou de puits de pétrole avait déjà été utilisé par l'EI en juillet 2016 quand l'armée irakienne attaquait Qayyara, au sud de Mossoul, qui sert aujourd'hui de base logistique aux Américains engagés dans la bataille.
Dès le premier jour de la bataille, l'EI utilise cette arme pour aveugler le ciel. Le samedi 22 octobre, l'EI franchit un cap supplémentaire en incendiant une mine de souffre au sud de Mossoul, forçant les troupes au sol à s'équiper de masques à gaz : prélude, bénin, peut-être, à l'emploi d'armes chimiques par l'EI.
L'EI ne se contente pas de mener la bataille avec des engins explosifs improvisés ou des VBIED. Le groupe a aussi déployé à l'extérieur de la ville des éléments de défense mobile, comme les équipes de lance-missiles antichars (ATGM).
La défense des villages à l'extérieur de Mossoul implique l'engagement d'un petit contingent de combattants de l'EI chargés de ce combat de retardement. Tous les indices montrent qu'il ne s'agit que d'une petite partie de l'effectif total de la garnison, au maximum quelques centaines d'hommes. Dès le départ, ils font beaucoup usage de fusils de sniping lourd bricolés à partir de tubes antiaériens, munis de frein de bouche (23 mm/14,5 mm), arme classique désormais de l'arsenal de l'EI.
Il y a également de nombreux snipers (dont un sur la version para du FN FAL modifiée).
Selon une tactique éculée, l'EI a lancé des contre-attaques dès le premier jour de la bataille, lundi 17 octobre, pour montrer qu'il conserve des capacités en dehors de Mossoul, pour gêner les assaillants et éventuellement les forces à détourner des moyens de la bataille.
Peut-être aidés par des cellules dormantes dans la ville, les inghimasiyyi de l'EI s'accrochent des heures à certains quartiers et bâtiments des villes, les Kurdes irakiens doivent battre le rappel d'effectifs pour éliminer les attaquants, aidées par des renforts du PKK et même de la mobilisation populaire chiite (Turkmènes du Badr notamment).
La wilayat al-Furat, à cheval sur l'Irak et la Syrie, a développé cette année ses capacités de raids motorisés/mécanisés.
L'EI a su gérer la communication autour des combats défensifs et des contre-attaques extérieures. Une première vidéo montre ainsi 20 à 30 combattants à l'intérieur de Mossoul, à la nuit tombée, les rues désertes, pour montrer que la situation est sous contrôle.
Depuis, chaque jour ou presque, des reportages photos et vidéos couvrent les différents fronts, et de nombreux documents sont également publiés pour couvrir les attaques de diversion menées à l'extérieur de la ville, ailleurs en Irak. Amaq publie un communiqué quotidien pour résumer les opérations du jour.
La défense extérieure de Mossoul par l'EI n'est qu'une action de retardement, même si elle a été bien préparée. Les effectifs déployés et la disproportion des forces font que l'EI ne pourra tenir indéfiniment le pourtour de la ville, ce qui n'était pas l'objectif recherché. Il s'agit de gagner du temps pour peaufiner le combat urbain et permettre d'autres initiatives (évacuation des responsables, transfert d'hommes et de matériels par le corridor vers la Syrie à l'ouest/sud-ouest). La véritable question à se poser est la suivante : que nous prépare l'EI pour le combat de rues ? Le degré de préparation de la bataille à l'extérieur de la ville ne peut manquer d'inquiéter. L'EI emploiera-t-il des drones piégés, arme quasi nouvelle qu'il a testé juste avant la bataille contre les Kurdes irakiens et les forces spéciales françaises au nord de la ville ? Fera-t-il usage, en dehors des incendies de matières toxiques, de son arsenal chimique ? Emploiera-t-il en combat urbain, en plus de tous les moyens déjà listés ici, des chars et véhicules blindés, des pièces d'artillerie lourde en position enterrée ou semi-enterrée, camouflés, qui pourraient causer des dommages avant d'être inévitablement détruits ? Réserve-t-il d'autres surprises tactiques ? Autant de questions auxquelles nous aurons peut-être une réponse quand la phase de combat urbain, à proprement parler, commencera, ce qui ne saurait tarder.
2http://www.dailymail.co.uk/news/article-3865164/The-mouseholes-Mosul-Labyrinth-tunnels-revealed-ISIS-try-dodge-assault-Iraq-s-second-city.html
A savoir aussi que l'armée irakienne manœuvre de manière désordonnée. Prise de quartier sans assurer la sûreté immédiate (toits , flancs) . Chaque chef veut ête le premier à prendre un objectif. Ce qui lui a déjà coûté très cher en vies.
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