La Voix de la Russie :
Jean-Michel Vernochet, en Syrie les deux camps chercheraient à trouver
un terrain d’entente ; à savoir le gouvernement de Bachar al-Assad et
l’opposition armée. En même temps, l’esprit corsaire, proche de la
Défense Nationale, nous signale par la bouche du Grand reporter à La
Croix François d’Alançon que l’Iran serait en train de remplir les
caisses de la Banque Nationale de Syrie avec quelques 500 Millions de
dollars sans parler de l’aide massive par les combattants : 15.000
gardiens de la révolution qui combattraient actuellement en Syrie contre
les wahhabites. Alors où en est-on : donnez-vous une chance au
gouvernement de Bachar de s’en sortir ou ses heures sont comptées ?
Jean-Michel Vernochet. Vous
me posez une question précise, à savoir : si le régime de Bachar
al-Assad c’est-à-dire à la fois le gouvernement des Alaouites ou plus
exactement le groupe ethnique confessionnel alaouite et à l’intérieur
même de ce groupe ethno-confessionnel alaouite et le clan Assad vont
partir… Je vous dirai que depuis un an, on nous a signalé que l’aide
massive financière, mais également en hommes de l’Iran aide beaucoup la
Syrie qui compte sur ces combattants chiites du Hezbollah. Ainsi donc la
Syrie n’est pas seule. Ses forces militaires regagnent constamment du
terrain. Aujourd’hui il y a une bataille assez sévère au nom de Damas.
J’ai oublié un peu de porter mon regard sur ce terrain ou plus
exactement, théâtre d’opérations comme il faudrait le faire également
pour d’autres points chauds de la planète. Mais de nos jours, toute
l’attention est consacrée sur l’Ukraine et Kiev. Ceci étant dit, ces
négociations qui se déroulent ou qui sont censées se dérouler entre les
deux camps doivent être considérées comme un quasi-échec. Je crois que
les Etats-Unis les ont reconnues pour tel. A la fois par
l’intransigeance de l’opposition qui est assez disparate pour ne pas
dire hétéroclite. Il y a là-dedans certains éléments fantoches. Les
Etats-Unis et la France n’ont pas réussi à trouver des représentants qui
aient la consistance ou l’étoffe. A la fois pour conduire les
négociations et pour représenter utilement le clan des insurgés.
Je
ne sais si le président Assad se maintiendra. Mais on devra arriver à
un cas de figure où il pourra faire représenter sa candidature dans
l’hypothèse de l’organisation des élections présidentielles. Mais à ceci
près et je m’arrête ici que les Américains n’aient pas gelé leur
position ni leurs options. Les Etats-Unis arment actuellement les
insurgés et jouent assurément un double jeu. Alors qu’en général,
lorsque l’on veut négocier, on suspend les hostilités et l’on part à
partir de bases qui sont figées sinon fixées. Là ce n’est pas le cas :
on joue sur les deux tableaux. Je pense que cela ne joue pas en faveur
du camp occidentaliste mais plutôt de l’axe Téhéran-Beyrouth.
LVdlR. Quels sont les intérêts français en Syrie ?
Jean-Michel Vernochet. Les
intérêts français ne sont pas les intérêts français. Récemment un axe
s’était dessiné : Paris – Tel-Aviv- El-Riyad. Cet axe combattait la
contraction ou le revirement diplomatique et géopolitique des Etats-Unis
au Proche-Orient. M.Hollande est allé prendre ses ordres à Washington.
M.Obama lui a passé la main dans le dos, l’a rassuré à un moment
d’ailleurs où les choses sont difficiles pour M.Hollande : il est au
plus bas des sondages. M.Hollande a une ligne de conduite qui est
extrêmement limitée : la position de la diplomatie française était une
position belliciste. Les Français avaient du mal tout comme El-Riyad ou
Tel-Aviv à renoncer à l’option militaire avec une intervention directe.
Maintenant nous sommes entre les deux et je pense que pour l’instant
M.Hollande a d’autres chats à fouetter. Je Pense à la Centre-Afrique où
nos troupes sont en train de s’enliser.
Commentaire de l’Auteur.
Comme on le voit quelqu’un travaille à mettre le feu aux poudres. Le
Caucase a été mis à contribution avec les barbus locaux vite pacifiés
par les Russes. L’Irak et l’Afghanistan sont deux centres d’instabilité,
le Liban et la Jordanie devenus pratiquement l’arrière-ligne d’un
combat acharné ; l’Irak envahi et la Syrie comme une véritable tête de
pont pour faire éclater le conflit mondial qui se propagerait de la
République Centre-Africaine et le Mali jusqu’au Pakistan en empiétant
sur le territoire russe et entraînant dans le feu et le sang une Europe
en pleine dégénérescence. Et toujours derrière toutes ces guerres
locales on retrouve la France, fidèle alliée des Etats-Unis. Un grand
bravo pour François Hollande !
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