Actuellement, on peut désigner trois forces qui, d’une
manière ou d’une autre, projettent de revoir leurs frontières avec
l’Ukraine. La force la plus puissante est l’alliance improvisée du
Groupe de Visegrád, réunissant la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie. La
situation en Ukraine met les dirigeants de ces pays dans une situation
inconfortable. D’un côté, ils sont obligés de soutenir la révolution,
mais d’un autre ils sont confrontés au risque de graves problèmes de
politique extérieure, provoqués par le fait que la force motrice du
putsch ukrainien est exercée par les néonazis xénophobes.
Les
électeurs patriotes polonais, hongrois et slovaques ne comprennent pas
pourquoi les dirigeants de leurs pays soutiennent les forces politiques,
qui haïssent et oppriment les Polonais, les Hongrois et les Slovaques
qui vivent en Ukraine. Dans ce contexte, la rencontre des diplomates de
ces pays et la tentative de créer une stratégie commune d’ingérence dans
le cas où la situation en Ukraine ne sera plus contrôlable semble
logique.
L’establishment roumain a une position très
agressive. La presse roumaine déclenche une hystérie autour de la «
possibilité historique de rendre à la Roumanie la Bucovine du Nord et la
Bessarabie du Sud ». Les analystes proposent au président roumain
Traian Băsescu de venir à Kiev afin de proposer à l’opposition
ukrainienne un « arrangement », qui consisterait en un « soutien total
de la voie pro-européenne de l’Ukraine » en échange de concessions
territoriales. Il n’est pas difficile de comprendre ce qui se cache
derrière l’euphémisme « soutien total », car toutes les possibilités non
diplomatiques pour soutenir la révolution en Ukraine ont déjà été
explorées.
En profitant de la crise en Ukraine, Bucarest
peut intensifier ses tentatives d’annexion de la Moldavie, ce qu’a
indirectement confirmé l’ambassadeur roumain à Chisinau Marius Lazurcă.
Il a déclaré que la Roumanie peut faire à Chisinau une « proposition
politique » dans le cas où « la voie pro-européenne de la Moldavie
serait menacée ». Dans le contexte d’adhésion de la Moldavie annoncé par
le président roumain, il n’est pas difficile de comprendre en quoi
consistera cette « proposition ».
Sofia est inquièt par
rapport à la situation actuelle. L’organisation Bulgares d’Ukraine, qui
représente les intérêts de la minorité nationale bulgare, a déjà réagi
aux projets des révisionnistes roumains : « Nous rejetons toutes les
prétentions territoriales de la part de la Roumanie et exigeons la
préservation du statuquo territorial. »
La crise en
Ukraine peut facilement prendre l’ampleur d’une crise régionale. Elle a
un grand potentiel de transformation en un conflit de force
multilatéral. Tous les jours, l’instabilité à Kiev augmente les chances
des territoires ukrainiens de devenir une proie pour leurs voisins.
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