Le Vif.be
Il semble que Mohammed VI du Maroc s'attelle à modifier sa diplomatie, avec de nouvelles alliances, mais aussi une politique internationale plus sécuritaire, souverainiste et anti-occidentale.
Il semble que Mohammed VI du Maroc s'attelle à modifier sa diplomatie, avec de nouvelles alliances, mais aussi une politique internationale plus sécuritaire, souverainiste et anti-occidentale.
Une visite en Russie avant une probable visite en Chine et un discours musclé au premier sommet qui réunissait le Conseil de coopération du Golfe et le Maroc semble entériner un changement de cap diplomatique. Même si selon un spécialiste interviewé par Le Monde on ne peut pas parler de changement de doctrine. Le roi du Maroc souhaite surtout mettre en avant l'autonomie stratégique de son pays et "affûter un discours anti-impérialiste de droite" dit encore le journal.
Le Roi assume aussi ouvertement, et c'est relativement nouveau, la place du Maroc parmi les régimes qui ont combattu le printemps arabe. Il aussi renforcé depuis 2011 la coopération avec la CCG (le Conseil de coopération du Golfe qui regroupe les six monarchies arabes de la péninsule: Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar et les Emirats arabes unis ), ce qui s'est traduit par une hausse des investissements du pays du golfe au Maroc. On parle de 120 milliards de dollars pour la période 2015-2024. Mais cette "alliance" serait surtout motivée par des intérêts sécuritaires.
Le Sahara et les"complots contre son intégrité territoriale"
Pas plus tard que le 20 avril, Le roi Mohammed VI du Maroc appelait les monarchies du Golfe à protéger son pays de ce qu'il a qualifié de "complots contre son intégrité territoriale" accusant au passage le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, d'être utilisé dans une "guerre par procuration" contre le Maroc au travers de ses "déclarations biaisées" à propos du Sahara occidental. Le roi n'aurait guère apprécié que Ban Ki-Moon qualifie d'"occupation", l'annexion par le Maroc du Sahara occidental.
Le Sahara est en effet une cause nationale au Maroc et semble être l'une des premières priorités de la politique étrangère marocaine. Pour rappel, Rabat propose depuis 2007 un plan d'autonomie pour le Sahara occidental, vaste territoire d'un demi-million d'habitants. Les indépendantistes du Polisario réclament un référendum d'autodétermination.
Selon Mohammed VI, les discussions annuelles en avril du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental auraient été utilisées comme un "épouvantail pour faire chanter le Maroc". En représailles, le Maroc a expulsé la plupart des experts civils de la mission des Nations unies dans ce territoire (Minurso) et fait fermer un bureau de liaison militaire, empêchant selon l'ONU, la mission de fonctionner. Une mission a été déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario et aider à définir le statut du territoire, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975.
Un anti-impérialisme de droite
La critique de Mohammed VI n'était pas cantonnée qu'à l'ONU, puisque, quelques jours plus tôt, le roi adressait un message au sommet de l'Organisation de la Conférence islamique, où il dénonçait "une islamophobie grandissante et inquiétante" en Occident précise encore Le Monde. Une critique dont les prémices remontent déjà à 2014. Le premier ministre marocain avait prononcé un discours à l'ONU dénonçant les effets pervers de la colonisation. Mais le vrai tournant aurait eu lieu un peu plus tôt, en février 2014, lorsque le roi du Maroc se lance dans un discours ouvertement souverainiste et "critique envers les anciennes puissances coloniales": "L'Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n'est plus un continent colonisé".
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