Il apparaît comme l’une des pièces essentielles des attentats qui ont frappé l’Europe. Un djihadiste belgo-marocain, Oussama Atar, est considéré par les enquêteurs comme l’un des coordinateurs depuis la Syrie des attentats de Paris et Bruxelles, selon une sources proches de l’enquête, confirmant une information du Monde.
Les enquêteurs pensent que derrière le nom de guerre «Abou Ahmad», cité à plusieurs reprises dans les investigations, se cache Oussama Atar, 32 ans, un vétéran du djihad aujourd’hui membre de l’organisation Etat islamique, qui avait revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris et ceux du 22 mars à Bruxelles. «Il est le seul coordinateur depuis la Syrie à avoir été identifié en l’état des investigations», a précisé une des sources.
Arrêté en 2004 en Irak et détenu dans la prison d’Abou Ghraib
Cousin éloigné des frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, qui se sont fait exploser avec un troisième kamikaze à Bruxelles, Oussama Atar est un nom bien connu de l’antiterrorisme. Parti en Syrie, sa trace a été perdue par les services il y a plusieurs mois, selon une source proche de l’enquête.
Auparavant, il avait été interpellé fin 2004 à Ramadi, en Irak, en pleine guerre un an et demi après le début de l’intervention américaine. Ramadi était alors un des bastions de l’insurrection djihadiste en Irak. Le Belgo-Marocain avait été condamné à dix ans de prison pour avoir illégalement franchi la frontière entre la Syrie et l’Irak.
Emprisonné dans plusieurs geôles irakiennes, notamment dans la prison d’Abou Ghraib où il est resté trois ans, selon son avocat de l’époque Vincent Lurquin, il était retourné en Belgique après sa libération en septembre 2012. Sa famille avait choisi de médiatiser son cas dans l’espoir de le faire libérer et il avait à l’époque bénéficié de soutiens de la part de personnalités politiques ou d’ONG, comme Amnesty International.
Dans une interview en 2011 au quotidien belge Le Soir, Oussama Atar racontait être allé en Syrie «pour étudier l’arabe», avant de se rendre en Irak par l’intermédiaire d’une association afin d’y acheminer des médicaments. Son entourage familial a lui aussi été ciblé par l’enquête belge sur les attentats de Bruxelles et de Paris. Son jeune frère Yassine a été arrêté cinq jours après les attentats de Bruxelles et des proches ont fait l’objet de perquisitions.
Comme nous l’écrivions en avril 2016, les enquêteurs étaient sur la piste de ce mystérieux Abou Ahmad depuis de longs mois. Après les attaques du 13 novembre, les enquêteurs avaient retrouvé un numéro turc dans la poche du kamikaze de la porte H du Stade de France. Ce même numéro a ensuite été retrouvé dans le portable d’Adel Haddadi, arrêté en Autriche le 10 décembre.
Depuis Raqqa, ce membre de Daech apparaît très tôt comme jouant un rôle clé dans le périple des commandos terroristes. Il recrute les candidats, prend en charge la fabrication des faux passeports, organise le départ du convoi depuis la Syrie jusqu’en Turquie, et réunit l’argent qui servira à payer les passeurs. Il reste ensuite en contact avec ses recrues grâce à Telegram, une application de messagerie cryptée. Selon nos informations, les enquêteurs ont découvert des fichiers audio dans lesquels les terroristes de Paris rendent compte en français des préparatifs des attaques à Abou Ahmad, qu’ils appellent « l’émir ».
Ce mystérieux personnage intéressait d’autant plus les enquêteurs européens que son ombre plane sur un autre dossier : celui des attentats de Verviers, planifié et coordonné par Abdelhamid Abaaoud en janvier 2015. Un téléphone retrouvé dans sa planque à Athènes contenait le même numéro turc, faisant d’Abou Ahmad -Ousama Atar de son vrai nom, donc- un rouage essentiel de la logistique mortifère de Daech.
© Gaïa
Source : Leparisien
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