L’Iran, ainsi que la Syrie et le Pakistan, a peut-être obtenu une technologie qui peut être appliquée à des programmes militaires susceptibles de provoquer des destructions massives, ont déclaré les services de renseignement aux Pays-Bas à la fin du mois dernier.
«La technologie néerlandaise a été utilisée dans des programmes d’armes de destruction massive en Iran, au Pakistan ou en Syrie», ont écrit les ministres néerlandais de la Défense, des Affaires étrangères et du Commerce extérieur dans une lettre envoyée à la chambre basse du parlement la dernière semaine d’octobre.
Les ministres ont indiqué que les services de renseignement néerlandais sont conscients «que dans un certain nombre de cas», la technologie des Pays-Bas jouait un rôle dans les programmes d’armes de destruction massive iranien, a rapporté ANP, la plus grande agence de presse du pays.
Onno Eichelsheim, chef du Service de renseignement et de sécurité militaire néerlandais, a déclaré à l’ANP en septembre que son pays est «presque un supermarché pour les pays qui veulent développer ce type d’armes».
Les services de renseignement «découvrent chaque année un nombre important de tentatives d’obtention de savoir-faire et de matériaux pour des armes de destruction massive», ont écrit les ministres sortants, Lilianne Ploumen pour le commerce extérieur, Bert Koenders des affaires étrangères et Klaas Dijkhoff de la défense.
Wim Kortenoeven, ancien député néerlandais et expert du Moyen-Orient, a déclaré à Benjamin Weinthal du Jerusalem Post :
«Le fait que les services de renseignement néerlandais tentent d’empêcher l’acquisition par des États voyous, tels que l’Iran, de matériels à double usage n’est évidemment pas suffisant.
Il devrait y avoir une sanction politique et économique pour les responsables. Ils devraient être attaqués, cités et humiliés publiquement à l’ONU et dans les salles de réunion de l’OIAC [Organisation pour l’interdiction des armes chimiques] et de l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique].
Et lorsqu’ils sont attrapés, leurs acheteurs aux Pays-Bas devraient être expulsés ou enfermés.»
Kortenoeven a ajouté:
«Ils sont responsables parce que ces équipements sont également soumis à des licences d’exportation strictes.
Mais cela ne s’est pas produit. Au lieu de lutter énergiquement contre la prolifération des ADM [armes de destruction massive] par l’Iran, les acteurs néerlandais et européens ont sauté sur le train économique dès l’annonce du JCPOA [le Plan global d’action conjoint, l’accord nucléaire d’Iran de juillet 2015]. »
Les découvertes néerlandaises surviennent quelques semaines après que les responsables du renseignement en Rhénanie-du-Nord-Westphalie aient dit que l’Iran avait fait 32 tentatives pour obtenir des équipements nucléaires et des missiles dans l’État allemand en 2016.
M. Eichelsheim a dit que le Service de renseignement et de sécurité militaire mettait un terme à un nombre important de tentatives d’obtention de la technologie néerlandaise pour des programmes militaires chimiques, biologiques et nucléaires.
Selon les médias néerlandais, il peut s’agir de matières premières pour la fabrication d’armes chimiques ou de matériaux résistant à la chaleur et de roulements à billes. « Un de ces jours, vous pourriez juste trouver une pièce d’origine néerlandaise dans un missile balistique de l’Iran», a dit Eichelsheim à l’ANP.
Kortenoeven a souligné l’importance des Pays-Bas à apprendre les leçons de sa propre histoire :
«C’est un homme d’affaires néerlandais, Frans van Anraat, qui a fourni à Saddam Hussein l’ingrédient pour les armes chimiques qu’il a utilisé pour tuer 5 000 civils kurdes à Halabja en 1988».
Leon de Winter, un éminent intellectuel, chroniqueur et romancier à succès aux Pays-Bas, a dit au Jerusalem Post que les révélations sur la recherche par l’Iran, la Syrie et le Pakistan de technologie militaire avancée sont sérieuses, car elles sont soutenues par «le chef du Service de renseignement militaire néerlandais, une organisation qui semble être de classe mondiale. Le MIVD [le service de renseignement] n’est pas un service de collecte de renseignements banal, il travaille principalement avec des technologies de pointe. »
De Winter a ajouté à propos des révélations que :
«Vous devez toujours vous demander pourquoi la MIVD veut que nous sachions cela. C’est un avertissement envoyé aux pays concernés que le MIVD les surveille.
Les Pays-Bas semblent suivre les traces de l’UE et souffrent de l’illusion que les élites iraniennes s’ouvrent à l’Occident avec l’aide du commerce.
Le MIVD leur gâche la fête.
Ainsi, le MIVD n’avertit pas seulement des pays comme l’Iran, mais aussi le gouvernement néerlandais de ne pas marcher aveuglément dans les pièges de l’Iran. Apparemment, le MIVD estime que le gouvernement n’écoute pas suffisamment ses rapports. Il n’y a pas d’autre explication», a dit de Winter.
Le gouvernement néerlandais a refusé de révéler la nature de la technologie et les noms des entreprises impliquées dans les achats illicites.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction © Marina Linardi
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