vendredi 26 janvier 2018

La vision stratégique à long terme de Trump, par Hélios d’Alexandrie

Pour comprendre la vision stratégique de Trump, il est important de jeter un coup d’œil sur le rétroviseur, les huit années de la présidence Obama ont gravement miné les États-Unis et aggravé l’insécurité sur la scène internationale. 

Obama ou le nivellement par le bas

Dès son premier périple à l’étranger en 2009, Obama s’est fait un point d’honneur de ravaler l’Amérique à la place que les antiaméricains de tous poils lui souhaitaient de prendre. En ce qui concerne l’exceptionnalisme américain, Obama n’a éprouvé aucune gêne à déclarer que l’Amérique n’était pas plus exceptionnelle que n’importe quel autre pays! Entendre par là que ce n’est pas à elle de définir le rôle qu’elle doit jouer sur la scène mondiale, mais que la définition de ce rôle doit être le fruit d’un consensus le plus large possible. 
Mais pour Obama nier l’exceptionnalisme américain n’avait pas pour unique cause l’antipathie viscérale qu’il nourrissait envers l’Amérique, sa volonté de changer radicalement le pays y était pour beaucoup. Cependant cet exceptionnalisme n’était pas une vue de l’esprit, ses fondements historiques sont avérés : en moins de deux cents ans d’existence, les États-Unis ont accédé au leadership mondial et ils s’y maintiennent depuis plus de soixante-dix ans. L’effondrement de l’empire soviétique a eu comme conséquence l’avènement d’un monde unipolaire, avec l’Amérique comme unique superpuissance. D’aucuns, y compris dans les démocraties occidentales et particulièrement en France, y ont vu un déséquilibre inacceptable des forces en présence, d’autant plus que les nouvelles démocraties de l’Europe de l’Est se dépêchaient d’établir des accords de coopération avec l’Amérique, seule puissance en mesure d’assurer leur sécurité face à un éventuel retour de l’hégémonisme russe. 
Il était important pour Obama et la gauche de détourner les ressources consacrées à la défense pour mener à bien les projets de transformation de la société américaine. La crise économique en cours et la réduction des recettes fiscales ont incité l’administration Obama à accroître constamment le déficit budgétaire du gouvernement fédéral, jusqu’à multiplier par deux la dette du gouvernement fédéral, et à couper dans les programmes de la défense et de la sécurité intérieure. Parallèlement le poids du gouvernement et son impact sur l’économie ne cessaient de grandir : multiplication des règlements et des contrôles dans tous les domaines : politique hostile à la production et au transport d’énergies fossiles, règles environnementales étouffantes pour le développement de projets, intrusion sans précédent de l’État dans le champ de la santé, etc. Tout a été fait pour aligner l’Amérique sur l’Europe occidentale en ce qui a trait à la place qu’occupe l’État tentaculaire dans la vie des citoyens et dans le remodelage de la société. 

Obama et le mondialisme

Dans son projet de transformation radicale de la société américaine, Obama a reconnu dans le mondialisme un allié naturel. L’idéologie mondialiste s’inspire étonnamment de la gauche extrême, elle est hostile aux nations et à la préservation de leur identité. Cette hostilité se traduit dans les faits par la multiplication des identités à l’intérieur de la société ; l’immigration de masse y joue un rôle important, mais également l’émergence récente de divers groupes identitaires qui s’activent à défendre leurs intérêts respectifs. Le mondialisme s’oppose à l’existence de frontières et à l’idée même de les défendre ; il ne reconnaît pas aux peuples le droit de décider du type de société qu’ils veulent léguer aux prochaines générations. Mais son projet en apparence globalisant ne vise que les pays occidentaux de tradition judéo-chrétienne, il épargne le monde islamique la Chine, l’Inde et la majorité des pays sous-développés.
L’idéologie mondialiste est essentiellement élitiste et « nomade » on pourrait même dire apatride, elle rejette l’enracinement dans une culture, dans une société, dans un pays. Elle s’évertue à homogénéiser les mentalités à travers un catalogue régulièrement mis à jour de prêts-à penser et une longue liste de licites et d’illicites. Elle exerce un pouvoir intellectuel proprement despotique qui impose la rectitude politique et se substitue au jugement des individus. Ceux qui osent s’émanciper ou ceux qui rejettent son pouvoir sont aussitôt stigmatisés et sévèrement punis. En cela elle ressemble étrangement à l’islam et ce n’est donc pas un hasard si elle fait preuve d’autant de sollicitude à son endroit, alors qu’elle cherche par tous les moyens à détruire le christianisme. 
Le mondialisme favorise les grands ensembles comme l’Union Européenne, il applaudit aux accords multilatéraux qui limitent l’indépendance des États dans tous les domaines : droit, économie, environnement, immigration, culture, etc. Il crée des instances décisionnelles supranationales qui échappent au contrôle des élus et des électeurs, bref il s’avère foncièrement antidémocratique. 
Le mondialisme est de toute évidence incompatible avec l’exceptionnalisme américain. Le premier cherche à se substituer aux États-nations, le second à conserver à l’Amérique son statut de leader des pays démocratiques. Mais tout en œuvrant à l’affaiblissement de la nation américaine, Obama, de par les responsabilités qui lui incombaient comme président, n’avait d’autres choix que de marcher sur les traces de ses prédécesseurs. Il lui était plus facile de nier le caractère exceptionnel de l’Amérique que d’apporter des preuves concrètes de la justesse de sa thèse. Dénoncer l’interventionnisme de son prédécesseur était plus aisé que de limiter ses propres interventions. Cette incohérence fondamentale couplée à son antiaméricanisme sont en partie responsables de ses échecs en politique étrangère. 

Obama et l’islam

Dès le début de son premier mandat, Obama s’est engagé dans une politique d’ouverture à l’islam. Cette politique reposait sur une doctrine qui soutient que tout peuple musulman aspire à vivre sous un régime islamique ; par conséquent seul l’islam politique détient une légitimité suffisante pour prétendre au pouvoir. D’après cette doctrine l’acceptation de cette « réalité » par les États-Unis mettra fin à l’hostilité des islamistes et fera place à la paix, à la bonne entente et à la coopération, notamment dans le domaine de la sécurité ; par conséquent le terrorisme qui carbure au ressentiment, finira par s’éteindre de lui-même. 
S’appuyant sur cette doctrine la nouvelle politique étrangère des États-Unis envers l’axe chiite à fait la part belle à l’Iran, en lui faisant cadeau de l’Irak et en fermant les yeux sur ses intrusions en Syrie et au Liban. Du coup l’Iran s’est vu accorder un accès direct à la méditerranée et aux frontières d’Israël. Il était prévu que ce geste de bonne volonté devait convaincre les mollahs d’Iran de se montrer plus coopératifs et de renoncer à l’arme nucléaire, en échange de quoi les sanctions économiques visant leur régime seraient levées, leur permettant ainsi d’accroître leur effort de guerre et de maintenir leur emprise sur le peuple iranien.
Pour ce qui est de l’axe sunnite, Obama a développé des liens étroits avec les frères musulmans, grâce à des ententes leur garantissant des relations privilégiées avec son administration et un accès facile au pouvoir. C’est ce qui s’est produit avec la chute des dictatures dites « laïques » en Tunisie, en Égypte et en Libye. En ce qui concerne Assad dont il n’a pu provoquer la chute, Obama a encouragé et armé l’insurrection islamiste contre son régime. Parallèlement il a pris ses distances avec la monarchie saoudienne du fait qu’elle est réfractaire aux Frères Musulmans, et non parce qu’elle applique rigoureusement le wahhabisme et la charia en Arabie. Dans la même veine, il a établi la Turquie et le Qatar comme agents facilitateurs de sa politique proislamiste, en particulier pour ce qui est de l’accès des Frères Musulmans au pouvoir partout où ils bénéficient d’une base populaire. 
Le scénario écrit par Obama a tourné court, pire il a eu des conséquences tragiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Bien qu’il ne soit que partiellement responsable des malheurs qui frappent la Syrie, l’Irak, le Yémen et la Libye, son refus de prendre acte de la nature violente de l’islam l’a empêché de reconnaître et de corriger ses erreurs. Obama est parti de prémisses erronées, il s’est convaincu que l’islamisme est un mouvement politique comme les autres, alors qu’il s’agit d’un fascisme dangereux. Mais il s’est également trompé quant à la possibilité de coexistence pacifique entre islamistes sunnites et islamistes chiites, il n’a pas prévu le déferlement de haine et de mort résultant de la confrontation des deux principales branches de l’islam. 

L’héritage d’Obama et du mondialisme

Donald Trump a hérité d’un monde dangereux dû en grande partie au déclin de l’Occident et en particulier de l’Amérique. Bien avant son élection il avait pris acte des pronostics que les experts répétaient à l’envi, au sujet de la montée en puissance de la Chine dans tous les domaines, et de la transformation irréversible de l’Europe, due au déclin démographique et à l’immigration de masse. Pour ce qui est des États-Unis l’horizon sur le long terme n’était pas moins sombre : les perspectives de croissance étaient faibles, l’administration précédente avait même jugé cette faiblesse comme structurelle et non temporaire. Le mouvement de délocalisation des industries manufacturières ne pouvait être stoppé et encore moins inversé. Même la supériorité technologique des États-Unis ne semblait pas devoir durer longtemps, à cause, entre autres, du piratage des secrets industriels exercé par la Chine. 
Le taux élevé d’imposition des entreprises favorisait la délocalisation des usines à l’étranger, provoquant la perte d’emplois industriels rémunérateurs par centaines de milliers et leur remplacement en partie par des emplois à temps partiel et au salaire minimum. Il en a résulté une diminution marquée du pouvoir d’achat des particuliers, une réduction des recettes fiscales, un accroissement des dépenses en assistance sociale et une explosion des déficits publics et de la dette. 
L’immigration illégale à provenance d’Amérique Latine a aggravé le phénomène en contribuant à la baisse généralisée des salaires et à l’augmentation des dépenses gouvernementales pour l’aide sociale, les soins de santé et l’éducation. 
Cette nouvelle réalité a eu comme conséquence un déséquilibre sérieux au sein de la fédération américaine. Des États naguère riches comme le Michigan et le Wisconsin ont vu leur poids économique diminuer au profit des États côtiers comme New York, et la Californie. Ce déséquilibre économique s’est doublé d’un déséquilibre politique, qui a fait passer les intérêts et les priorités des États côtiers avant ceux des États du Centre. On s’est retrouvé ainsi en présence de deux Amériques : celle des deux côtes, atlantique et pacifique d’un bord et de l’autre celle qu’il a été convenu d’appeler le « fly over country », le pays qu’on survole pour aller d’une côte à l’autre ; cette Amérique meurtrie et oubliée allait peser lourd lors des élections présidentielles de novembre 2016.
 Parallèlement à ce déséquilibre les tensions s’accentuaient entre ceux qui profitaient de la conjoncture et ceux qui en souffraient, la mondialisation favorisait les États côtiers mais elle était néfaste pour les États du Centre. Le mondialisme dont Obama était un fervent partisan a été source de divisions, l’unité nationale s’en est trouvée sérieusement compromise. 
Mais malgré le travail de sape exercé par Obama et le mondialisme, les États-Unis sont parvenus à tirer leur épingle du jeu sur un point d’une importance stratégique majeure : la production d’énergie. Le développement de l’industrie du gaz et du pétrole de schiste a permis au pays de devenir pratiquement autosuffisant, et ce en dépit des efforts d’Obama pour bloquer la prospection, l’exploitation et le transport de pétrole et de gaz. 
Sa réglementation a presque tué l’industrie du charbon ; sous son mandat tous les territoires et zones économiques sous juridiction fédérale ont été mis hors de portée de l’industrie pétrolière, et il a interdit deux projets majeurs de pipelines. En signant l’accord de Paris sur le climat il s’est engagé entre autres à réduire la production et la consommation d’énergie fossile. Mais cela n’a pas empêché les compagnies pétrolières et gazières d’exploiter les terres appartenant aux États et aux particuliers, il s’ensuivit un boom spectaculaire de la production de pétrole au pays et une réduction majeure du déficit commercial et de la dépendance au pétrole importé. Il en a résulté une abondance sur le marché mondial du brut qui a provoqué une chute des prix, et qui a eu pour effet de stimuler les dépenses de consommation, contribuant aussi à la croissance économique et à la baisse du chômage. 
Sur le plan militaire, les restrictions budgétaires ont amené le Pentagone à réduire les effectifs et le matériel, en particulier dans la marine et l’aviation. Le remplacement des navires et des avions a pris du retard et leur nombre a été réduit. L’introduction de nouveaux systèmes d’armes avancées s’est faite au compte-gouttes. Face à la montée en puissance de la chine et à sa politique agressive, l’Amérique semblait faire piètre figure, d’autant plus qu’Obama donnait l’impression d’y trouver son compte. Cette perte évidente de prestige devait se refléter dans le traitement humiliant réservé par les Chinois au « leader du monde libre » lors de sa visite à Pékin. 

Trump et la renaissance sur le plan stratégique

La stratégie de Trump se confond avec son slogan électoral : Make America Great Again (abréviation : MAGA). On peut résumer sa doctrine stratégique en quelques mots : tout ce qui contribue à la grandeur de l’Amérique est stratégiquement utile et tout ce qui peut l’affaiblir est stratégiquement néfaste. Trump a pris acte des effets délétères de l’idéologie mondialiste, non seulement sur l’économie des États-Unis mais sur l’unité nationale et la psyché collective des Américains. Ces effets sont encore plus désastreux en Europe où des peuples naguère puissants et fiers ne sont plus maîtres chez eux et n’ont aucun contrôle sur leur avenir. Trump est aussi conscient de la communauté de destin des pays de religion et de culture judéo-chrétiennes, il sait que l’Occident ne peut être sauvé à moitié et que la stratégie qu’il adoptera ne doit pas faire abstraction de l’Europe. Cependant pour sauver l’Occident il convient en premier lieu de redonner à l’Amérique toute sa grandeur. 
L’élection de Trump a provoqué un séisme de forte magnitude dans les hautes sphères politiques et intellectuelles à travers le monde. Jusque là le mondialisme avait le vent en poupe, le Brexit n’avait pas entamé sa confiance, son avancée inexorable semblait irrésistible et son triomphe final assuré. Avec le recul on réalise que les mondialistes aux États-Unis et ailleurs s’étaient bercés d’illusions et avaient cru à leur propre propagande qui ne donnait à Trump que deux ou au maximum cinq pour cent de chance de gagner. Le nombre de voix qu’il a obtenu au collège électoral s’est avéré un choc, en fait un traumatisme dont ils ne se sont pas encore remis. Si Trump ne représentait pas un danger existentiel pour le mondialisme, son élection n’aurait pas été reçue aussi négativement. C’est parce qu’il constitue un obstacle majeur au projet mondialiste qu’autant de « résistance » s’organise contre lui. 
Dès son entrée à la Maison-Blanche Trump s’est mis à la tâche de faire échec au mondialisme. Il a mis fin au projet de créer la zone de libre échange Asie-Pacifique et a fait part de sa volonté de renégocier les termes de l’accord de libre échange avec le Mexique et le Canada. Parallèlement il a proposé d’établir les accords commerciaux sur la base d’ententes bilatérales. Il envoyait ainsi un message clair à l’effet qu’il ne permettra pas que l’Amérique se fasse prendre dans la toile d’araignée d’accords commerciaux multilatéraux, qui la privent d’une partie importante de son indépendance économique et de sa liberté d’action. 
Quelques mois plus tard, Trump annonçait sa décision de se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Il s’agissait là du deuxième coup majeur assené au mondialisme. Par cette décision il libérait l’Amérique de l’obligation d’établir un plafond à sa consommation d’énergie fossile et par le fait même à sa croissance économique et à la prospérité de ses habitants. Tout frein à la création de richesse devait être levé, c’est ainsi que la décision d’alléger considérablement la réglementation a été mise en application sans délai et a permis d’éliminer plus de vingt règlements existants pour chaque règlement nouvellement mis en vigueur. Trump a de cette façon donné un sérieux coup de pouce aux petites entreprises qui, au lieu d’engager du personnel productif, consacraient une part importante de leur temps et de leur capital à se conformer aux règlements et à noircir du papier. Les milliards de dollars qu’elles dépensaient en pure perte chaque année ont été ainsi épargnés et rendus disponibles pour l’achat d’équipement et la création de nouveaux emplois. Ces mesures qui n’ont rien coûté à l’État ont produit une hausse marquée de la création d’emplois dans l’industrie manufacturière. Des mines et des usines fermées rouvraient leurs portes, d’autres ajoutaient de nouvelles lignes de montage et engageaient du nouveau personnel, le taux de chômage baissait, le salaire horaire augmentait, l’optimisme et la confiance renaissaient dans nombre de villes et de villages naguère laissés pour compte.
La hausse observée dans le niveau d’optimisme et de confiance des Américains n’a cessé de grimper, il se trouve à présent à un niveau jamais atteint auparavant. La mesure statistique de l’indice de confiance sert à prédire la croissance économique. La réforme fiscale proposée par Trump et adoptée en décembre dernier par le congrès réduit considérablement le fardeau fiscal de la classe moyenne et des entreprises. En réaction à la nouvelle loi, plusieurs compagnies ont octroyé des bonis substantiels à leurs employés et ont sensiblement augmenté les salaires. La confiance et l’optimisme se reflètent également dans les indices boursiers qui fracassent leurs propres records chaque semaine. Nul ne sait quand cette euphorie prendra fin, chose certaine elle ne repose pas sur du vent. 

Le front intérieur

En termes de stratégie cet optimisme et ce regain de confiance constituent un puissant atout pour ne pas dire une arme redoutable. En effet la déprime, les divisions internes et les conflits sociaux affaiblissent les États et servent la cause du mondialisme. Dans la mesure où Trump parviendra à augmenter la prospérité et à l’étendre à toutes les régions, les tensions sociales s’atténueront et la bonne entente régnera : Les gens heureux n’ont pas d’histoires. Trump compte rétablir l’unité au sein de la nation américaine en accordant à tous les laissés pour compte de la mondialisation, la possibilité d’améliorer leur sort et de regagner la fierté perdue, principalement la fierté d’occuper un emploi rémunérateur et de qualité. Mais les efforts qu’il déploie ne ciblent pas uniquement les groupes qui ont voté pour lui, en fait les noirs et les latinos qui votent démocrates ne sont pas moins touchés par les effets délétères de la mondialisation, de la pénurie d’emplois et de la baisse de revenu. En créant les conditions favorables à l’économie et à l’emploi, Trump leur rend un immense service et leur permet de sortir du cachot identitaire où la gauche américaine les avait enfermés.
Afin de réussir son pari Trump doit nécessairement mettre un terme à l’immigration clandestine, en effet les « illégaux », du fait qu’ils travaillent à très bas salaire, font concurrence aux travailleurs américains non spécialisés et contribuent ainsi à la baisse des revenus d’emploi. La volonté de Trump se heurte aux intérêts des uns et des autres : les patrons qui s’enrichissent aux dépens des employés à bas salaire, et les démocrates qui voient dans les clandestins un futur eldorado électoral. Il doit également se confronter aux différents lobbys pro-immigrants financés par les richissimes « philanthropes » mondialistes, dont George Soros. Mais mettre un terme à l’immigration illégale c’est également faire échec au crime et en particulier à la contrebande de drogues. C’est par le fait même améliorer la sécurité à l’intérieur des grandes cités telles Chicago et Detroit, et permettre à leurs habitants de sortir du marasme économique et social qui les accable depuis des générations. 

Le levier du pétrole

La renaissance que Trump est en train de réaliser repose en premier lieu sur la prospérité économique et l’unité nationale. Ces fondements sont essentiels, ils constituent à la fois sa base de lancement et sa profondeur stratégique. Le combat qui l’oppose au mondialisme est sans merci, il se déroule sur plusieurs fronts, dont celui de l’énergie. Trump a non seulement donné carte blanche aux producteurs d’énergie (charbon, pétrole et gaz) en les débarrassant des carcans réglementaires, il leur a également permis d’opérer sur toutes les terres appartenant au gouvernement fédéral, y compris en Alaska, ainsi que dans la zone économique au large des côtes américaines. Dès son entrée à la Maison-Blanche, il a donné le feu vert à deux projets majeurs de pipelines, le premier acheminera le pétrole produit en Alberta vers les raffineries du Texas, le second le pétrole de schiste extrait au Dakota. « Nous ne visons pas uniquement l’autosuffisance en énergie, nous visons la domination. » Cette déclaration Trump l’a répétée à plusieurs occasions, elle traduit sa volonté de faire des États-Unis le joueur principal sur le marché mondial du pétrole et du gaz naturel. 
En novembre 2017 un article publié dans la revue Fortune fait état d’une augmentation imminente de la production américaine d’hydrocarbures. Basé sur les estimés de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) à Paris, ce boom pétrolier éclipsera de loin les records du passé. Les prévisions sont à l’effet que 80% de l’augmentation mondiale de la production de pétrole au milieu des années 2020 proviendra des États-Unis, faisant d’eux des exportateurs nets de pétrole et le plus grand exportateur de gaz naturel liquéfié. « Les États-Unis à l’échelle mondiale deviendront le leader incontesté du pétrole et du gaz pour les décennies à venir, » a déclaré Fatih Birol le directeur de l’AIE, et il a renchéri en signalant qu’autour de 2030 ils devraient plus que doubler leur production de pétrole, dépassant probablement les 31 millions de barils par jour. Mais si l’on s’en tient au court terme, pour le mois de janvier 2018, l’agence Reuters a rapporté des prédictions à l’effet que la production quotidienne dépassera le seuil des 10 millions de barils, un « exploit » qu’aucun expert croyait possible il y a à peine quelques années. 
Dans le champ de l’énergie Trump s’est assigné trois objectifs principaux :
  1. alimenter à prix raisonnable la croissance économique américaine
  2. augmenter l’exportation d’énergie fossile incluant le charbon.
  3. réduire le déficit commercial
L’atteinte de ces trois objectifs aura des conséquences stratégiques à long terme soit :
  • Maintenir le faible prix du pétrole sur les marchés mondiaux
  • Réduire d’une façon permanente les revenus que les pays islamiques et la Russie tirent du pétrole
  • Réduire les débouchés et l’effet de levier politique du pétrole produit par ces mêmes pays
  • Affaiblir l’OPEP et l’obliger à se saborder
  • Permettre à l’Europe et au Japon de diversifier leurs sources d’énergie
  • Forcer les pays islamiques exportateurs de pétrole à renoncer à leurs ambitions planétaires en ce qui concerne la diffusion de l’islam
  • Les amener à remettre en question le type de société patriarcale et tribale qui freine leur évolution vers la modernité
  • Contrôler autant que faire se peut le pétrole importé par la Chine
Il est possible de déceler d’ores et déjà les fruits de cette politique de suprématie dans le champ de l’énergie. L’Arabie Saoudite a amorcé des réformes substantielles de sa politique économique et sociale, d’exportateur de l’idéologie islamique wahhabite elle affiche à présent sa volonté de promouvoir un islam ouvert et respectueux des autres religions. Consciente qu’elle ne pourra plus contrôler le marché du pétrole, elle se place volontiers dans le giron américain, non seulement pour assurer sa sécurité face à l’Iran, mais également pour préserver ses parts de marché. Les monarchies pétrolières à l’exception du Qatar s’ajustent rapidement à la nouvelle donne ; sur le marché de l’énergie elles ne détiennent plus le gros bout du bâton, partant leur intérêt leur dicte de se placer dans l’orbite économique américaine et de peser de tout leur poids afin de résoudre le problème israélo-palestinien. 
La montée en puissance de la Chine est l’un des facteurs déterminants dans le choix que font les monarchies pétrolières de se placer à l’ombre du géant américain. L’appétit immodéré de la Chine pour le pétrole et l’expansionnisme économique dont elle fait preuve en Asie et en Afrique leur ont fait prendre conscience de leur vulnérabilité. Trump y voit une occasion à ne pas manquer, celle de leur accorder la protection de l’Amérique en échange de leur coopération dans le contrôle du marché du pétrole ; le but visé étant de mettre un frein à l’expansion chinoise. 

La restauration de la suprématie militaire

Les forces armées américaines ont été passablement éprouvées par seize ans de conflits en Afghanistan et en Irak. Mais c’est au niveau du moral des troupes que l’épreuve s’est avérée particulièrement pénible. Le défaut de définir des objectifs clairs et de permettre à l’armée de les atteindre sans interférence politique a fait en sorte que les militaires ont développé le sentiment d’avoir été utilisés et sacrifiés pour des résultats dérisoires. Si l’on ajoute à cela des règles d’engagement absurdes qui augmentent le risque d’être tué ou blessé, on se retrouve avec des soldats profondément mécontents et démoralisés.
Toutes les branches des forces armées américaines ont vu leurs effectifs et leur équipement réduits. Au sortir de huit ans d’Obama les États-Unis conservaient malgré tout leur suprématie sur le plan stratégique, cependant la Chine et à un moindre degré la Russie comblaient rapidement leur retard. D’aucuns voient dans la Chine la future superpuissance qui supplantera une fois pour toutes l’Amérique, ils s’en trouvent même qui se réjouissent à l’idée qu’un État non démocratique et oppressif accède au rang de leader du monde et contrôle ainsi le destin de la planète. 
« La Paix par la puissance » tel est le mot d’ordre de Trump qui résume sa vision sur le plan militaire. La paix mondiale est tributaire de la puissance américaine, à l’inverse la faiblesse relative de l’Amérique est source d’incertitudes et accroît les risques de conflits. En tant que gendarme du globe, l’Amérique joue un rôle ingrat mais nécessaire, c’est par la dissuasion plutôt que par l’usage des armes qu’elle assume cette lourde responsabilité. Pour bien remplir leur rôle, les forces armées américaines doivent être abondamment pourvues d’effectifs et de matériel de qualité, mais elles doivent également se prévaloir d’une doctrine bien articulée et sans ambiguïté : l’objectif qu’on veut atteindre doit être clairement défini, les moyens nécessaires doivent être disponibles et rien n’est acceptable en dehors de la victoire. Fini le temps où les décideurs politiques se permettent de gérer quotidiennement l’effort de guerre à la place des officiers sur-le-champ de bataille. Le président et son équipe désignent l’objectif et s’en remettent aux militaires professionnels pour accomplir la mission. Fini également le temps où on défendait au soldat d’ouvrir le premier le feu sur l’ennemi, ou de lui tirer dessus s’il se trouve des civiles à proximité. 
La suprématie militaire de l’Amérique vise également des objectifs secondaires dans la mesure ou elle rend futile la course aux armements. Elle est la seule nation ayant la capacité de maintenir et de rehausser son statut de superpuissance militaire sans pour autant compromettre sa prospérité. Toutes les autres incluant la Chine doivent imposer des privations à leur population afin de développer leurs forces armées. Il ne leur sert donc à rien de s’épuiser économiquement à concurrencer l’Amérique, d’autant plus que le fait de consacrer une part importante de leurs ressources à équiper leurs armées risque de ruiner leur économie. C’est ainsi que la défunte URSS s’est effondrée en tentant de relever le défi que le président Reagan lui avait lancé en accélérant la course aux armements. Trump cherchera-t-il, en ce qui concerne la Chine, à répéter l’exploit de Reagan ?
 La Chine ou comment rabaisser son caquet
La Chine d’aujourd’hui est le rejeton de la mondialisation. Par un pacte non écrit, l’Occident lui a permis de se développer à marches forcées, et ce dans l’espoir d’assurer la paix et la prospérité mondiale. Cette politique de portes grandes ouvertes a considérablement avantagé l’économie chinoise, des décennies de croissance fulgurante lui ont permis de se hisser au-dessus du Japon et de l’Allemagne. L’Histoire de l’humanité ne connaît pas d’exemple similaire où des « empires » bien établis et surpuissants, tels que les États-Unis et l’Europe occidentale, aient contribué à susciter un rival de puissance égale à la leur. L’Occident s’est infligé des dommages économiques et sociaux quasi irréversibles en permettant à la Chine de vampiriser des industries entières, réduisant au chômage et à la précarité des dizaines de millions d’ouvriers occidentaux. La Chine n’est pas l’unique bénéficiaire de ce transfert manufacturier, l’Inde et plusieurs pays d’Asie ont également sauté dans le train en marche. La mondialisation a eu des effets bénéfiques, elle a permis la production et la mise en marché de divers produits à prix avantageux, améliorant ainsi le pouvoir d’achat des consommateurs. Elle a donné un travail rémunérateur à des centaines de millions de femmes et d’hommes du tiers-monde qui autrement n’auraient pas pu améliorer leur sort. Mais elle est aussi responsable de l’émergence de fortunes colossales en dehors du contrôle des États, ceux qui les possèdent ou les contrôlent jouissent du pouvoir d’influencer les politiques économiques et sociales d’un grand nombre de pays, particulièrement en Occident. C’est ainsi que la mondialisation se nourrit d’elle-même et cherche sans cesse à s’étendre. 
Les détenteurs des grosses fortunes issues de la mondialisation sont devenus les alliés objectifs de la Chine et les promoteurs les plus ardents du libre échange et de l’ouverture des frontières. Leur pouvoir à présent dépasse celui des urnes, à tel point qu’il est devenu presqu’impossible à la volonté des peuples de s’imposer. Les leaders politiques qui s’écartent du chemin tracé ne font pas long feu dans l’arène politique, leur intégrité est aussitôt attaquée par la machine médiatique et jetée en pâture à leurs adversaires. Tel était le sort qu’on réservait à Trump et qu’il a su habilement conjurer en appelant au peuple, et en lui proposant un programme bien étayé de retour à la préférence nationale et à la prospérité. 
La victoire de Trump et l’adoption de sa politique économique qui comprend entre autres la réforme fiscale constitue une défaite décisive pour les promoteurs de la mondialisation ; mais il s’agit aussi d’une première défaite pour la Chine. D’autres devraient suivre qui auront pour effet de tracer des limites à ses ambitions démesurées. En effet Trump a l’intention d’appliquer des pénalités aux importateurs de produits fabriqués à partir de transferts technologiques, de vols de brevets et de secrets industriels américains. La gamme de produits est très large et ces mesures auront pour effet de les rendre non-concurrentiels sur le marché américain. Elles auront aussi pour effet de réduire le déficit commercial avec la Chine et de revitaliser l’industrie américaine en combattant la concurrence déloyale des Chinois. 
Trump sait que la Chine favorise le secteur de l’exportation et s’empare de parts de marché de plus en plus grandes, afin d’assurer sa croissance économique et son statut de superpuissance. Il s’agit pour les leaders chinois d’une course contre la montre car la menace qui guette l’industrie chinoise dans le futur provient de l’automation. Grâce à elle il n’en coûtera pas plus cher de fabriquer des produits aux États-Unis, l’avantage que procure une main-d’œuvre bon marché n’aura donc plus d’effet. Tout le secteur chinois de l’exportation en sera affecté ce qui risque de provoquer de graves secousses économiques et sociales. Pour se prémunir contre cette éventualité, les leaders chinois n’auront d’autres choix que de développer leur marché intérieur en stimulant la consommation et en redistribuant une part substantielle de la richesse accumulée. Les remous sociaux pourraient les contraindre à accorder davantage de droits et de libertés à leurs sujets et à mettre sur pied des programmes coûteux de sécurité sociale et d’assurance maladie qui réduiront d’autant le budget de la défense. 
La politique de préférence nationale mise en place par Trump a donc de bonnes chances de profiter indirectement au peuple chinois. Les leaders despotiques de la Chine ont pris pour de la faiblesse la politique occidentale des portes ouvertes. Ils ont abusé de la mondialisation et en ont profité pour étendre leur hégémonie et se hisser au rang de superpuissance. Trump est bien décidé de les freiner, en attendant il négocie avec eux des ententes qui visent à réduire le déficit commercial américain. 

Le cas de la Corée du Nord

Kim Yong un est un instrument ou plutôt un épouvantail entre les mains des leaders chinois, il sert à détourner l’attention de l’Occident des problèmes autrement plus sérieux posés par la montée en puissance de la Chine. Il sert également de monnaie d’échange peu onéreuse dans les tractations entre les chinois d’un bord et de l’autre les Américains et leurs alliés japonais et sud-coréens. Le lien de dépendance qui lie la Corée du Nord à la Chine permet à cette dernière de contrôler sans trop de risques son imprévisible satellite. La Chine a permis à la Corée du Nord de développer des bombes nucléaires et des vecteurs capables de les livrer à destination. Son but : augmenter le niveau d’anxiété des Japonais et des occidentaux pour les amener à faire des concessions, en échange de quoi elle leur promet de ramener Kim Yong un à la raison sans toutefois le contraindre à abandonner son programme nucléaire. 
Trump s’est promis dès le début de son mandat à renverser la vapeur en retournant contre les Chinois leur stratégie de négociation. À renard renard et demi, au lieu de se laisser intimider par Kim Yong un il a brandi la menace d’un face à face nucléaire et a menacé de rayer la Corée du Nord de la carte, si elle ne mettait pas au rancart ses bombes et ses missiles. Cherchant à faire grimper davantage la tension il piqua au vif l’amour propre de son ennemi pour l’amener à répliquer, ce que ce dernier ne manqua pas de faire en haussant le ton et en testant de nouveaux missiles. Trump joua à fond la carte de l’imprévisibilité, il joignit le geste à la parole et ordonna de déplacer ses porte-avions et ses bombardiers nucléaires à proximité de la Corée du Nord, de grandes manœuvres regroupant plusieurs systèmes d’armes se sont déroulés non moins des côtes Nord-coréennes. Du coup, les Chinois ont commencé à s’inquiéter sérieusement et, pour faire baisser la tension, ils serrèrent la vis à Kim Yong un en réduisant drastiquement les échanges commerciaux, le privant ainsi de la presque totalité de financement. 
Mais Trump ne s’est pas arrêté en si bon chemin, il fit plus, il encouragea les Japonais et les Sud-Coréens à s’armer massivement et laissa entendre qu’il ne s’opposerait pas à la nucléarisation du Japon. Avec ce dernier point, il toucha une corde sensible chez les Chinois, en effet ses derniers n’ont pas oublié les atrocités commises par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale ; apprendre que leur ennemi d’hier pourrait ranimer son esprit militariste et les menacer d’un cataclysme nucléaire, est de nature à les rendre extrêmement nerveux. 
Trump n’a pas encore obtenu le démantèlement de l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord, mais il a largement pavé le chemin qui le conduit au but recherché. D’ores et déjà la tension a baissé de plusieurs crans entre la Corée du Sud et son frère ennemi. Kim Yong un a baissé pavillon, non sans s’être vanté d’avoir eu le dessus, en cela il rejoint la longue liste de tyrans qui ont organisé des défilés de victoire afin de masquer leurs défaites militaires.

L’impérialisme des mollahs d’Iran

Il est utile de souligner l’opposition du peuple iranien à l’impérialisme de ses dirigeants. Les mollahs se trouvent à présent pris entre le marteau de l’ennemi extérieur et l’enclume de l’opposition. Incapables et certainement non désireux de battre en retraite, ils n’ont d’autre option que la fuite en avant, soit l’intensification de leur effort de guerre en Syrie et au Yémen et la répression des opposants.
Trump a décidé de leur faire subir le supplice de la goutte d’eau. Tout en reconduisant l’accord nucléaire pour les trois prochains mois, il a sommé l’Iran et les Européens de rouvrir cet accord pour y inclure des mesures de surveillance plus strictes et l’abandon définitif du programme de missiles vecteurs d’ogives atomiques. Il a par la même occasion imposé des sanctions économiques à plusieurs personnalités importantes du régime, les empêchant d’effectuer des transactions sur les places financières mondiales.
Les exigences de Trump ont peu de chances de trouver un écho favorable auprès des Européens et encore moins de la part des mollahs, qu’à cela ne tienne Trump réimposera les sanctions économiques levées par Obama, elles affecteront l’exportation du pétrole iranien et provoqueront ainsi une crise financière à un moment où l’Iran est engagé militairement sur plusieurs fronts. Dans le climat insurrectionnel qui sévit en Iran, ces sanctions pourraient s’avérer fatales pour le régime. 
Trump ne cherche pas à provoquer l’effondrement rapide de la mollahcratie de peur de provoquer l’implosion de l’État, avec les conséquences catastrophiques qui en résulteraient pour le peuple. Le but est d’affaiblir suffisamment le régime pour permettre à d’autres forces politiques de prendre le pouvoir. 
La chute éventuelle des mollahs aura des conséquences sérieuses et étendues. Le régime d’Assad en Syrie en sera ébranlé mais pas au point de tomber, principalement à cause de l’appui des Russes et de la volonté des Américains d’assurer une transition pacifique et ordonnée du pouvoir à Damas. Mais le Hezbollah se retrouvera en fort mauvaise posture ; coupé de ses ressources en armes et en argent il n’aura d’autres choix que de baisser pavillon et de s’entendre avec les autres formations libanaises sur un nouveau partage des pouvoirs. La menace qu’il fait peser sur Israël fondra comme neige au soleil. En Irak les chiites perdront la puissance tutélaire qui les soutient, ils devront faire des concessions en faveur des sunnites et se résoudre à accepter l’autonomie des Kurdes. La position de ces derniers s’en trouvera renforcée en Syrie, en Irak et en Iran, mais pas au point de leur permettre de créer un État indépendant ; cependant rien ne les empêchera d’accéder à une autonomie leur permettant de se gouverner sans interférence du gouvernement central. Les houthis au Yémen se retrouveront sans appui et devront battre en retraite face aux forces supérieures appuyées par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes. Le Hamas pour sa part sera privé d’une partie de son financement et de son armement en missiles. 
Il n’est pas avisé de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, il est possible que le régime des mollahs survive ; l’Histoire nous dit qu’ils ne reculent devant rien pour se maintenir au pouvoir, réprimer la révolte dans un bain de sang est certainement à leur portée, il faut donc user de prudence et de réserve à chaque fois qu’on émet un pronostic. 

Trump et la dérive mondialiste de l’Europe

À plus d’une occasion lors de ses discours de campagne, Trump s’est désolé du sort fait à l’Europe, provoquant du coup des réactions indignées de la part des politiciens européens. Les commentateurs des médias n’ont pas manqué de s’esclaffer en réaction à ses déclarations, sans se donner la peine de les réfuter. Personne ne prit vraiment au sérieux le diagnostic accablant que Trump a posé, et comme on lui accordait très peu de chances de gagner, nul ne se préoccupa, même après sa victoire de connaître sa vision des choses et encore moins les éléments de sa future politique européenne. 
Il n’est sans doute pas exagéré, à la lecture des analyses et des éditoriaux rédigés par des commentateurs professionnels et des politologues, de parler à leur propos d’aveuglement volontaire, voire de blocage mental. On reste sur l’impression qu’ils s’évertuent, non seulement à discréditer le président des États-Unis, mais à ne pas prendre acte de sa vision et encore moins de son plan stratégique concernant l’Europe. Il s’agit là d’une attitude suffisante, qui découle de leur refus de voir la réalité au présent et d’anticiper les désordres à venir. 
L’Europe est la proie du mondialisme gauchisant et son trophée de chasse le plus précieux. Les Européens, particulièrement à l’Ouest, ont été dépouillés de leur volonté, ils assistent impuissants à la destruction de leur mode de vie et du modèle de société qui les a vus naître. Le virus du mondialisme a presque détruit leur système immunitaire, les rendant incapables de résister à l’invasion qui les rendra bientôt étrangers et sans défense dans leurs propres pays. Pire, le matraquage médiatique et l’endoctrinement qu’ils subissent les ont amenés à admettre comme allant de soi l’effacement de leur identité et de leur culture. Le mondialisme a remporté une victoire éclatante contre le patriotisme et le sentiment d’appartenance nationale, il a réussi à rendre les Européens honteux d’être ce qu’ils sont face à l’envahisseur qui les agresse. Mais il a eu également d’autres effets désastreux sur la psyché collective des Européens, en les amenant à penser et à agir contre leurs intérêts les plus élémentaires, il les a mis sur le chemin qui mène au suicide. 
Trump n’est pas indifférent au sort de l’Europe, il croit profondément à la communauté de destin qui l’unit à l’autre rive de l’Atlantique. Il craint à juste titre que le déclin et la chute de l’Europe n’entraînent à leur suite les États-Unis. En cela il suit les traces de Franklin D. Roosevelt et de Winston Churchill, qui ensemble ont jeté les bases de l’alliance Atlantique, durant les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, alors que la presque totalité de l’Europe se trouvait sous la botte de l’Allemagne nazie. Un nouveau totalitarisme s’est emparé de l’Europe, certes il ne fait pas usage de la force physique, mais il contamine, manipule et terrorise les esprits, il ne tue pas le corps mais il tue moralement et socialement ceux qui lui résistent. Pour Trump il est impérieux de sauver l’Europe fut-ce d’elle-même, et pour y parvenir il y a lieu de ranimer la fierté, le patriotisme et l’instinct de conservation dans le cœur des Européens. De passage à Varsovie le discours qu’il a donné ne recèle aucune ambiguïté quant à sa volonté de lutter pour le salut de l’Europe :
«Les américains, les Polonais et les nations de l’Europe valorisent leur liberté et leur souveraineté. Nous devons travailler ensemble pour faire face aux forces menaçantes, celles du dedans comme celles de l’extérieur, elles cherchent avec le temps à saper nos valeurs et défaire nos attaches à la culture, à la foi et aux traditions, lesquelles ont fait de nous ce que nous sommes. Si nous laissons faire, ces forces mineront notre courage, saperont notre esprit et affaibliront notre volonté de nous défendre individuellement et de défendre nos sociétés.»
Et plus loin il posa cette question qu’aucun autre homme politique n’a osé aborder :
«La question fondamentale qui se pose en notre temps est celle-ci : l’Occident a-t-il la volonté de survivre ? Avons-nous suffisamment confiance en nos valeurs pour les défendre, quel qu’en soit le prix ? Avons-nous assez de respect pour nos citoyens pour protéger nos frontières ? Avons-nous le désir et le courage de préserver notre civilisation face à ceux qui voudraient la subvertir et la détruire ?» 
Trump se garde de courir deux lièvres à la fois, pour lui le redressement de l’Amérique est prioritaire, sans lui le sauvetage de l’Europe et de la civilisation occidentale ne se fera pas. Mais en attendant, il aide à renforcer la résistance des Européens dans les pays où elle s’exprime avec force et conviction. Le groupe de Visegrád composé par la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie oppose un front commun face à la Chancelière d’Allemagne et aux diktats des technocrates de l’Union Européenne. L’Autriche de son côté vient d’élire des hommes politiques soucieux de la préservation de sa culture et de la protection de ses frontières. Avec le retrait de l’Angleterre et la forte résistance du groupe de Visegrád et de l’Autriche, les tireurs de ficelles du mondialisme ont de quoi s’inquiéter, c’est pourquoi ils ne ménagent pas leurs menaces et font tout pour que les autres membres de l’Union ne soient pas tentés de les imiter. 
C’est aussi en traçant le chemin que Trump encourage les Européens à secouer le joug du mondialisme et de la gauche. L’exemple d’une Amérique prospère, jouissant du plein emploi, libérée de l’immigration illégale et du carcan des organismes supranationaux, a de quoi faire réfléchir les Européens qui souffrent et qui assistent impuissants à l’invasion programmée de leur territoire et à la mutilation de leur paysage socioculturel. On comprend mieux pourquoi les médias européens sont unanimes à honnir Trump et à le diaboliser, il est un danger mortel pour le mondialisme et son projet monstrueux. Mais la cabale médiatique dirigée contre Trump sera impuissante à occulter ses réalisations, déjà la hausse en flèche des indices boursiers et le rapatriement aux États-Unis de centaines de milliards de dollars de bénéfices opérés par les géants informatiques, ont de quoi interpeller le public, le plein emploi et l’autosuffisance énergétique également. Dans peu de temps on assistera à un véritable exode de jeunes européens, qu’attirera une Amérique débarrassée de la grisaille et de la médiocrité de l’ère Obama. Ces départs vers la « terre promise » seront autant de votes de non-confiance envers le mondialisme et un pied-de-nez à l’adresse des médias. 

Trump, Poutine et l’équilibre des forces

Il existe une Russie qui n’a pas encore digéré la chute de l’URSS, c’est elle qui a mis Poutine au Kremlin et qui l’y maintient. Cette Russie nostalgique n’a aucune idéologie à promouvoir, mais elle se souvient du temps où elle mettait l’Occident sur la défensive et attirait les regards sinon la sympathie de nombreux pays du tiers monde. Cette Russie blessée dans son amour propre et qui peine à se hisser au rang de puissance économique, ne rate pas une occasion pour rappeler sa présence et faire parler d’elle. Dirigée de main de fer par Vladimir Poutine, elle cherche, sinon à récupérer, du moins à attirer dans son orbite les anciennes républiques soviétiques devenues indépendantes après l’effondrement de l’URSS. 
La Russie de Poutine n’a presque plus de « soft power », elle ne se distingue ni par son pouvoir économique ni par son rayonnement scientifique et intellectuel. Il lui reste certes de beaux vestiges de son passé tsariste et soviétique, mais peu de réalisations récentes qui suscitent l’admiration. Faute d’impressionner par son succès, elle doit faire usage de sa force pour signaler sa présence. La Tchétchénie, la Géorgie, l’Ukraine, la Crimée et la Syrie sont autant de champs de bataille où le génie stratégique de Poutine s’est déployé. En dépit de ses succès militaires et de ses visées impérialistes, la Russie de Poutine n’a pas encore trouvé sa voie, coincée entre son lourd passé et un avenir incertain. 
À l’égard de l’Amérique, Poutine fait preuve d’ambivalence, certes le passage d’Obama lui a fourni nombre d’occasions de lui faire échec. Mais « à vaincre sans périls on triomphe sans gloire » et Poutine n’a pas trouvé en la personne d’Obama un adversaire à sa mesure. D’autre part l’islamophilie d’Obama et son mépris des Américains suscitaient sa méfiance, en effet commun s’allier à un président qui voit l’Amérique avec les yeux de ses ennemis ? C’est clair pour Poutine l’absence de patriotisme, même chez un adversaire, interdit l’idée même d’alliance. Cela explique aussi pourquoi il a exprimé publiquement son estime pour Trump durant la campagne électorale de 2016. Mais l’élection de Trump n’a pas pour autant produit une amélioration des relations entre les deux pays ; de part et d’autre des obstacles se sont dressés, tant en politique intérieure qu’en politique étrangère : avant de quitter Obama avait copieusement miné le terrain, en expulsant plusieurs diplomates russes et en laissant filtrer un faux dossier, monté de toutes pièces par le FBI et le parti démocrate, suggérant une possible collusion de l’équipe électorale de Trump avec la Russie. 
Mais les nuages finiront un jour par se dissiper et Poutine sera obligé de faire un choix : renoncer à ses visées impérialistes et faire alliance avec Trump pour contrebalancer la Chine, ou bien poursuivre sa politique hégémonique et se retrouver sans allié face au voisin chinois. Mais serait-on étonné d’apprendre que Trump de son côté a besoin de Poutine pour équilibrer les forces avec la Chine ? Les réalités de la géopolitique sont têtues et incontournables, la Russie et l’Amérique ont des intérêts vitaux communs qui les conduiront à imposer des limites à l’expansionnisme chinois. 
Pour le moment les deux adversaires se guettent et se jaugent. Poutine veut s’assurer de la capacité de Trump à concevoir une politique sensée et à l’appliquer, et il cherche en même temps à le tester pour éprouver sa détermination. C’est sur le théâtre syrien qu’il est loisible à Poutine et à Trump de s’éprouver l’un l’autre. Il ne se passera donc pas beaucoup de temps avant que chacun des adversaires ne s’assure de la solidité et de la fiabilité de son vis-à-vis. 
Trump et Poutine auront l’occasion de négocier ferme. Poutine sait que Trump a des atouts dans sa manche, lui-même se garde de découvrir son jeu. Les négociations porteront sur la sécurité en Europe orientale, en effet la Pologne, l’Ukraine et les pays baltes sont menacés par la Russie ; elles porteront aussi sur les sanctions économiques imposées à la Russie suite à son occupation de la Crimée et son incursion militaire au-delà de sa frontière avec l’Ukraine. Mais il y a d’autres éléments qui pèseront dans la balance, il s’agit des parts de marché qui seront consenties au pétrole et au gaz naturel russe. Trump mettra à profit le contrôle que l’Amérique exerce déjà sur le marché du pétrole pour amener Poutine à faire des concessions. 
Trump offrira donc à Poutine la prospérité en échange de la sécurité en Europe, et il n’y a pas de raison fondamentale qui pourrait empêcher Poutine de conclure un accord sur ces bases. L’offre de Trump si elle est acceptée permettra à la Russie de tourner la page de son passé soviétique. Accéder à la normalité, même sous un régime autoritaire, est de nature à libérer les énergies du peuple russe et lui donner l’occasion d’exceller et de contribuer au sauvetage de la civilisation occidentale. 
Mais la contribution de la Russie pourrait aller encore plus loin : pour avoir fait revivre leur foi chrétienne après soixante-dix ans de persécutions et d’athéisme imposé par l’État, les Russes se présentent comme un exemple vivant de la résilience du christianisme et de la pérennité de ses valeurs. À notre époque caractérisée par la confusion, l’inversion des valeurs et la misère spirituelle, le renouveau spirituel russe ne peut faire autrement que nous interpeller.
 Conclusion
Avec Trump au pouvoir deux courants puissants s’opposent : le mondialisme et le nationalisme renaissant. La donne a changé, la mondialisation et l’idéologie qui la soutient font à présent face à des vents contraires qui risquent fort de les faire chavirer. Le combat de titans est en cours et Trump, en tant que champion du nationalisme, a pris l’initiative et n’a pas l’intention de la laisser tomber. Ses objectifs stratégiques sont clairement définis et il a en main des moyens puissants. L’issue du combat est encore incertaine, mais tout indique qu’il a de bonnes chances de gagner.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hélios d’Alexandrie

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