Par Marc Brzustowski.
Le mandat de Barack H. Obama a vraiment débuté par le discours du Caire, en 2009, appelant à un « Nouveau Commencement » dans les relations entre les Etats-Unis et l’Islam. Ce fut, en effet, un « nouveau départ » sur des chapeaux de roues, avec la démultiplication de réponses à son message de paix, selon le langage codé de la Oumma, par la chute en dominos de la plupart des régimes autoritaires. Un certain nombre, comme en Egypte, avait aussi, pour principal inconvénient de demeurer des alliés stratégiques de Washington. Qu’importe, le « plan » marchait et la Maison Blanche jubilait.
Puis, il y eut ces mille et une manœuvres afin de ligaturer les mains dans le dos au gouvernement israélien, cette détestation sans bornes envers Binyamin Netanyahou, ces appels à geler la construction dans les implantations. Mais, bien plus dangereux, s’annonçaient ces annulations ou reports d’exercices militaires conjoints, ces petites phrases programmées à ne pas être « complice » d’une frappe israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, ce refus catégorique d'émettre la moindre "ligne rouge", dans le développement de la Bombe. Obama a une telle Bibiphobie qu’il considère, désormais le Premier ministre d’Israël, en tant que l’allié direct de son rival Mitt Romney et, par conséquent, l’ennemi à vaincre, bien plus que les Ayatollahs d’Iran, avec lesquels il ne cesse de proférer « qu’il reste du temps pour la négociation ».
Barack Obama se faisait une idée encore assez confortable de sa campagne présidentielle, démarrée la semaine passée, lors de la convention démocrate. La cérémonie donnait lieu à une série de « couacs » et d'omissions, comme de Jérusalem parmi les alliés. En humiliant le gouvernement d’Israël et en préférant se pavaner sur des plateaux-télé, où séduire l’électorat féminin américain et les minorités, que d’accorder, ne serait-ce que quelques minutes à son homologue israélien sur les grands problèmes existentiels du moment, sa réélection dans un fauteuil semblait pointer au bout du chemin. Plutôt que l’Israélien, la Maison Blanche s’apprête aussi à recevoir en grandes pompes l’intriguant Mohamed Morsi, passé maître es-double-jeu et potentiel allié stratégique de Téhéran, après lui avoir, il y a moins d’une semaine, accordé une rallonge d’1 milliard de $, utiles à chasser les drapeaux noirs d’Al Qaeda de la façade diplomatique, au Caire...
Le Président US n’a eu de cesse de répéter que l’image globale de l’Amérique était bien meilleure, dans le monde arabe, depuis 2009, alors qu’il se contentait de prendre le pied inverse de son prédécesseur, GW Bush, le honni.
Les remerciements de la "rue égyptienne" pour une rallonge d'1 milliard de $.
Les évènements du 11 septembre 2012 ramènent l’équipe de campagne Obama à la dure réalité. Rien n’a changé, en dépit de son slogan présidentiel. Au contraire, c’est là où l’Amérique, selon l’Administration, avait reconquis son prestige d’antan, en intervenant pour soutenir des insurgés, derrière la France et la Grande-Bretagne, à Benghazi, que le pire retournement s’est produit. Prenant prétexte d’un film de série B,- dont l’auteur l’ayant écrit en prison, Nakoula Basseley [d'où "Sam Bacile"] Nakoula, un truand d’origine copte égyptienne, demande la protection de la police- les Islamistes se sont lancés comme les barbares qu’ils n’ont jamais cessé d’être, contre l’Ambassadeur Christopher Stevens, trois des membres de son équipe et deux Navy Seals, arrivés à leur secours.
Les "remerciements" de la rue libyenne, pour la protection des "rebelles" par les missiles Tomahawks d'Uncle Barack contre les hélicos de Kadhafi.
Disposant de renseignements clairement envoyés par des agents, au sein même des "services" libyens, ils ont bombardé les bâtiments à coup de mortier, ce qui est, en soi, en acte de guerre. Les assaillants ont ensuite encerclé le véhicule qui s’enfuyait vers un abri sûr, abattu ses occupants à bout portant, traîné le corps de l’ambassadeur pour une cérémonie macabre, l’agitant comme un trophée. C’est la tragédie la plus grave pour l’autorité des Etats-Unis dans le monde depuis le 11 septembre 2001. L’attentat était sûrement prémédité, sur ordre du haut-commandement d’al Qaeda, suite à l’élimination ciblée, en juin, du second de la mouvance, Abou Yahia Al Libi (le Libyen). Mais, ce qu’il faut, désormais, comprendre, c’est que le méga- terrorisme, fer de lance des islamistes, dispose d’une moelleuse couverture que le Président américain lui a tissée, semaines après semaines, en favorisant l’émergence des Frères Musulmans, au détriment des pouvoirs traditionnels encore en lice, notamment en Egypte voisine. Même Vladimir Poutine, qu'Obama pensait bien doubler en matière de "popularité", ne voit plus, dans l'agitation américaine pro-"révolutionnaire" que la source du chaos qui lui revient en boomerang...
Mohamed Morsi, alias Double-Face, le "Messie démocratique" de la Nouvelle-Egypte, selon la doctrine en usage à la Maison Blanche.
Au Caire, le drapeau noir d’al Qaeda se substitue à la bannière étoilée, au-dessus de la représentation diplomatique américaine. Un sondage réalisé par l’Institut Pew, démontre qu’en Egypte, partant d’un faible soutien de 27% favorables à l’Amérique, en 2009, celui-ci s’est affaissé à moins de 19%, en 2012. En Jordanie, le score est encore plus ridicule, passant de moitié moins, de 25 à 12%. Mais, pour être concret et marquer sa confiance dans les alliés musulmans, Obama a prôné le retrait des forces de l’OTAN en 2014, en Afghanistan. Désormais, les Taliban savent que le temps joue en leur faveur et 74% des Pakistanais considèrent les USA comme leur « ennemi ».
En 1979, « Dhimmi » Carter pensait qu’en lâchant le Shah, modernisateur, malgré les critiques de sa poigne de fer, il s’attirerait l’empathie « révolutionnaire » des Islamistes chi’ites : ils sont à la veille de l’obtention de la bombe nucléaire, et son successeur dans l’âme, Obama n’en finit pas de cogner sur le premier menacé, Israël. En 2009, année de « regain de prestige américain », selon Obama, celui-ci a refusé de tendre la main aux protestataires contre les élections truquées par les Mollahs et Pasdaran, bien qu’il ait courtisé outrageusement les Frères Musulmans dans tout le Moyen-Orient, par la suite.
De même, laissant les Syriens se battre contre le régime dictatorial d’Assad, il offre une porte de sortie qu’il croit « honorable » au Hezbollah et à l’Iran, à Damas. Mais, c’est oublier que les plus fanatiques des Islamistes se rassemblent peu à peu pour combattre cette dictature d’obédience chi’ite, et occuper le vide d’un Occident spectateur vitupérant de toute son impuissance. Des milices chrétiennes et arméniennes défendent leurs quartiers, aux côtés de l'armée syrienne, contre les Jihadistes d'Alep. Quoi qu'il en soit, après l'exemple libyen, la moindre velléité d'intervention en Syrie, pour "rétablir le bien", est plus que compromise et au-delà...
Les troubles du 11 septembre 2012 ont tout d’un remake, où la politique d’apaisement envers ses ennemis a servi de tremplin aux plus radicaux, tout en instituant des vitrines légales à tendance islamiste prononcée dans la plupart des capitales du Moyen-Orient.
Barack Hussein Obama a, malgré ses démentis et ses certitudes ancrées, été balayé par le vent de l’histoire qu’il a contribué à faire monter, depuis le désert de sa politique moyen-orientale. Elle tourne, à moins d’un mois et demi du scrutin, aux Etats-Unis, au plus complet et profond fiasco, aussi bien en matière de régulation des marchés, dont dépend le redémarrage économique, qu’en politique étrangère. Il était réputé détenir un avantage pratique dans ce domaine, face à son rival. Tout démontre qu’il laisse son grand pays face à une vague de fond qui n’a fait que s’approfondir et s’étendre.
Obama n’a jamais compris que tout a commencé dans des grottes des montagens afghanes, avec seulement quelques cutters dans un avion de ligne, et que le modèle américain est, de loin, celui qui attise le plus la haine des Fondamentalistes Islamistes, parce que capable de détourner les foules vers l’aspiration à l’individualisme, à la modernisation des mœurs et l'accès par l'effort aux biens courants. Israël apparaît, à leurs yeux, comme une insolente réussite, doublée d'un réel défi théologico-stratégique, là où, à part la destruction, il n’ont jamais rien développé. Il a voulu la paix dans l’honneur, il laisse à ses successeurs, ou si les Américains sont vraiment inconscients, se prépare un second mandat dans la guerre et le déshonneur… En effet, le Directeur du Renseignement National, Anthony Cordesman pense que, désormais, les conditions sont réunies pour une redite des mêmes ingrédients qui ont conduit au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale : des années de négociations interminables et de menaces, où, jamais, ces menaces n'ont été prises au sérieux, jusqu'au moment où elles sont devenues plus que réelles....
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