mardi 31 mai 2016

L’ancien ministre de l’Energie russe Yuri Shafranik : La Russie restera la principale source d’énergie de l’Europe

Dans une interview diffusée sur la chaîne télévisée libanaise Mayadeen, l’ancien ministre de l’Energie russe Yuri Shafranik a déclaré que, malgré la production accrue de pétrole américain, la Russie continuerait de servir de source principale d’énergie pour l’Europe. Shafranik, président du syndicat des producteurs de pétrole et de gaz russes, a rejeté la possibilité que le Qatar et l’Iran représentent une véritable concurrence pour le gaz russe sur le marché européen. Il a expliqué qu’une décennie de stabilité serait nécessaire pour établir un corridor depuis l’Iran, à travers l’Irak et la Syrie jusqu’en Europe, et que seule la Russie pouvait répondre à la demande urgente sur le marché mondial de l’énergie, comme l’avait prouvé la catastrophe de Fukushima. L’interview est passée le 11 mai 2016. Extraits :
Yuri Shafranik : Autrefois, l’Europe dépendait uniquement du pétrole produit en Russie, mais l’Amérique a commencé à produire plus de pétrole, et ses pétroliers peuvent atteindre l’Europe rapidement. Cela représente une révolution dans le domaine de la production pétrolière.
[…]
Le marché européen est un marché important et prometteur pour les entreprises américaines, et c’est là le problème fondamental. Nous devons reconnaître que les producteurs et exportateurs de pétrole ne peuvent plus dicter les règles du jeu, qui sont aujourd’hui dictées par les importateurs.
Pendant longtemps, l’Arabie saoudite était une priorité américaine absolue. Aujourd’hui, les choses ont changé, et l’Arabie saoudite s’est retrouvée à la 4e, 5e ou peut-être 10e place sur la liste des priorités américaines. Comment [l’Arabie saoudite] peut-elle influer sur le prix du pétrole ? L’OPEP  [Organisation des pays exportateurs de pétrole] ne peut plus contrôler cette politique. Il semble que dans la mutation du pétrole en [affaires] politiques, l’Iran est devenu la priorité absolue dans la politique américaine. C’est la variable fondamentale dans la région qui a influé sur les prix du pétrole.
[…]
Concernant le marché [européen], l’histoire montre que la Russie a investi dans l’infrastructure.
[…]
Les pipelines [comme ceux] construits par la Russie ne peuvent être posés du jour au lendemain, ni d’Iran, ni du Qatar. Je crois que la Russie continuera de servir de source principale d’énergie pour l’Europe. Elle ne restera peut-être pas l’unique source, mais elle en sera la principale. Après le désastre de Fukushima au Japon, le prix du gaz a monté en flèche. Vingt millions de mètres cubes de gaz liquide ont été envoyés au Japon. Qui peut répondre à une telle demande du jour au lendemain ? Seule la Russie a la capacité de satisfaire une demande urgente de cette envergure sur le marché de l’énergie.
Par conséquent, l’Europe doit reconnaître la capacité de la Russie à répondre aux besoins énergétiques mondiaux.
[…]
Il existe une grande concurrence et une guerre féroce pour le contrôle du marché [européen].
Journaliste : Qu’en est-il de la concurrence pour la reconstruction de la Syrie ? Avez-vous abordé la reconstruction de la Syrie dans vos réunions à Washington D.C. ? Avez-vous débattu des investissements, de la reconstruction des infrastructures ? Qu’avez-vous dit aux Américains à ce sujet ?
Yuri Shafranik : Nous ne sommes pas aussi pragmatiques que les Etats-Unis. Par conséquent, la Russie n’a pas débattu de l’Irak, de l’Iran ou de la Syrie à cet égard. Nous ne discutons pas de ce qu’untel peut recevoir à l’avenir en conséquence de sa position actuelle.
[…]
Le droit international doit l’emporter sur toutes les considérations. Le droit international doit l’emporter sur la volonté de changer les régimes [politiques], car ce jeu ne sert pas les intérêts de la Russie. Il sert les intérêts des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
[…]
La position russe est que les sanctions doivent être levées, pour créer une stabilité et arrêter le flux de réfugiés. La Syrie devrait être autorisée à respirer après cette guerre.
Journaliste : Est-il possible qu’un jour, une compétition naisse entre les deux alliés stratégiques [la Russie et l’Iran] sur les marchés du pétrole et du gaz ?
Yuri Shafranik : L’Iran n’en est qu’au début de son rétablissement. On ne peut parler de grandes quantités que l’Iran pourra exporter. Personnellement, je suis favorable à la restauration du quota iranien au sein de l’OPEP, comme avant les sanctions. La Russie ne redoute pas la compétition iranienne… L’Iran est un pays exportateur de gaz, et le corridor Iran-Irak-Syrie sera influent, mais il nécessite une stabilité  en Irak et en Syrie. Pas seulement une année de stabilité. Une décennie de stabilité est nécessaire pour établir ce corridor, de l’Iran à l’Irak, et de là vers la Syrie. Vous ne pouvez placer des pipelines dans un contexte d’instabilité. Lorsque cette question deviendra viable, nous pourrons débattre de l’exportation de gaz avec l’Iran, selon les exigences du marché.

AQMI revendique l’attaque contre une mine française d’Areva au Niger et qualifie toutes les compagnies « croisées » de cibles légitimes

Le 24 mai 2016, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué une attaque de missiles Grad contre une mine française au nord du Niger. La mine, située dans la ville industrielle d’Arlit, est gérée par la société française Areva.
AQMI a déclaré que l’attaque avait été perpétrée par l’un de ses groupes du Sahara et s’est vanté avoir réussi à frapper la cible française en dépit des mesures de sécurité très strictes qui l’entourent : « Dans le cadre de [la stratégie d’AQMI] d’attaquer les intérêts français, le détachement Al-Nasr au Sahara, appartenant à Al-Qaïda au Maghreb islamique, a réussi… à prendre pour cible la base d’exploitation minière d’Arlit, au Niger, gérée par la société française Areva, avec une série de missiles Grad. Cela [s’est produit] malgré les lourdes procédures militaires, les différents dispositifs de sécurité, ainsi que la surveillance en surface et électronique [en place]. »
AQMI a averti les autres sociétés « croisées » impliquées dans le « vol » des biens musulmans qu’elles étaient également des cibles légitimes : « Les entreprises de vol croisées, qui pillent nos richesses, doivent comprendre qu’elles sont des cibles légitimes pour nous, car nos pays ne sont pas un endroit destiné au vol, et nos richesses ne doivent pas nous être extorquées. »

Le prédicateur chiite Sabah Shabr : L’islam s’est propagé par l’épée, et alors ?!

Le religieux chiite irakien Sabah Shabr a abordé le sujet de l’expansion de l’islam dans une série de conférences sur le djihad. Il a confirmé que la plupart des pays islamiques ont été conquis par la force. Selon lui, les musulmans ne devraient pas essayer d’apaiser les juifs et les chrétiens en niant les faits, puisque la « vraie religion d’Allah doit se propager par l’épée ». Cheikh Shabr a précisé que lorsque les musulmans conquièrent les pays des infidèles, ils doivent donner aux habitants le choix entre la conversion à l’islam et la mort. Si les habitants sont des Gens du Livre (juifs ou chrétiens), ils doivent se voir proposer une troisième option, qui est  de payer l’impôt de la jizya. Ces conférences ont été mises en ligne le 13 octobre 2015 sur un compte YouTube dédié à la pensée de l’ayatollah Sistani. 
Sabah Shabr : La plupart des pays musulmans ont été conquis avec violence, par la force. Rares sont les pays ayant été conquis d’une quelconque autre manière. Les gens de Médine se sont convertis à l’islam de leur plein gré. Lorsque le prophète Mahomet a fait sa hijra dans la ville, l’islam y était déjà très répandu. Elle n’a pas été conquise par la force. Mais la Mecque a été conquise par la force. L’Irak a été conquis par la force, tout comme l’Iran, la Turquie, l’Egypte, la Syrie et les pays d’Afrique du Nord. La plupart des pays islamiques ont été conquis par la force, par le combat. Alors certains diront que l’islam s’est propagé par l’épée. C’est vrai. L’islam s’est propagé par l’épée. Et alors ?!
La seule vraie religion d’Allah doit se propager par l’épée, par la forceSi vous ne pouvez convaincre les gens de se convertir à l’islam, ils doivent être convertis par l’épée. Tel est l’ordre d’Allah. Toutes les flatteries sont inutiles, comme toutes ces tentatives visant à apaiser juifs et chrétiens, en disant : « L’islam ne s’est pas réellement propagé par l’épée. Nous n’avions aucun autre choix. » Ce n’est pas qu’ils n’avaient d’autre choix. Ils ont conquis les pays islamiques par la force. C’est notre devoir selon la charia. C’est la signification du djihad volontaire. Que signifie le djihad volontaire ? L’armée islamique marche sur les terres des infidèles, et leur propose de se convertir à l’islam. S’ils acceptent de devenir musulmans, tant mieux. S’ils refusent, on leur dit qu’ils doivent payer l’impôt de la jizya - s’ils sont des Gens du Livre. S’ils refusent de payer lajizya, on doit les combattre. S’ils n’appartiennent pas aux Gens du Livre, ils n’ont même pas la possibilité de payer la jizya : soit ils se convertissent à l’islam, soit ils sont tués. Il n’y a rien de mal à cela. Que l’islam se répande par l’épée. Il n’y a rien de mal à ce que la vraie religion d’Allah se propage par l’épée.
[…]
Les chrétiens et les juifs qui vivent dans des pays musulmans doivent payer l’impôt de la jizya. Ils le payent annuellement, mais le dirigeant islamique peut leur dire de le payer mensuellement, ou tous les six mois. Ils payent selon leurs capacités financières. Ils ne peuvent vivre sur les terres des musulmans gratuitement.
Alors que la ajorité des musulmans qui arrivent en occident profitent des allocations diverses qui leur sont offertes par les pays d'accueil.

L’ancien chef d’état-major britannique dénonce la politique anti-Syrie

 Le général Lord Richard Dannatt, qui fut chef d’état-major des armées britanniques de 2006 à 2009 puis conseiller personnel de l’actuel Premier ministre David Cameron, a violemment critiqué la position du Royaume-uni sur la Syrie [1].
Selon l’actuel « Connétable de la Tour de Londres », Londres commet une grave erreur en soutenant les jihadistes, dont la défaite est désormais certaine. Le gouvernement devrait donc suivre l’exemple russe et se rapprocher sans tarder de la République arabe syrienne.
Le Royaume-Uni a déployé secrètement des SAS qui encadrent divers groupes jihadistes, dont Jaysh al-Islam, le groupe armé financé par l’Arabie saoudite qui bombarde chaque jour les habitants de Damas.
[1] “Russia is getting it RIGHT in Syria, it’s the UK getting it WRONG, blasts ex-army chief”, Tom Batchelor, The Daily Express, February 16, 2016.

Comment le Royaume-Uni met en scène les jihadistes

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Photo : mise en scène dans la banlieue de Damas. Assis à la table au premier plan, on reconnaît Zahran Allouche (mort en décembre 2015). L’armement a été fourni par l’Arabie saoudite, mais les conseillers militaires sont des SAS britanniques. La photographie est ornée du logo dessiné pour l’« Armée de l’islam ». L’ensemble a été réalisé dans le cadre de la campagne de communication du gouvernement britannique.
Des sous-traitants du ministère des Affaires étrangères britannique, travaillant sous la supervision du ministère de la Défense, sont chargés de la communication des « groupes armés modérés » en Syrie, révèle The Guardian. Ils produisent des vidéos, des photos, des rapports militaires, des brochures avec les logos des groupes combattants.
Un budget de 2,4 millions de livres (3 millions d’euros) par an leur est alloué depuis l’affaire des armes chimiques à l’été 2013. D’abord destiné à la société de management de crise Regester Larkin, il parvient aujourd’hui à Innovative Communications & Strategies (InCoStrat), une compagnie créée en 2014. Les deux sociétés, basées à Londres et Washington, ont été créées par le colonel Paul Tilley. Il emploie une cinquantaine de personnes à Istanbul. Les mêmes sociétés ont conclu un autre contrat pour la guerre au Yémen.
Cette opération est distincte de celle de l’Observatoire syrien des Droits de l’homme qui dépend du MI6.
Les documents visés par le Guardian attestent notamment que ces sociétés assurent la communication en faveur du Mouvement Hazzm et de l’Armée de l’islam. Selon l’ambassadeur russe aux Nations unies, ce dernier groupe serait en réalité une dénomination « modérée » utilisée par des combattants d’Al-Qaeda. Cependant, au Conseil de sécurité… le Royaume-uni s’est opposé à son inscription sur la liste des organisations terroristes au motif qu’il participe aux négociations de Genève qui doivent être encouragées.
How Britain funds the ’propaganda war’ against Isis in Syria”, Ian Cobain, Alice Ross, Rob Evans, Mona Mahmood, The Guardian, May 3rd, 2016.

Le Pape a-t-il abandonné l'Europe à l'Islam ? par Giulio Meotti

  • En 2006, le pape Benoit XVI a dit ce qu'aucun pape n'avait osé déclarer avant lui – qu'il existe un lien entre violence et islam. Dix ans plus tard, le pape François ne dénonce jamais nommément les responsables de violence anti-chrétiennes et ne prononce pas le mot « islam ».
  • Le pape François ne cherche pas à ré-évangéliser ou à reconquérir l'Europe. Il parait profondément convaincu que l'avenir de la chrétienté se situe aux Philippines, au Brésil et en Afrique. Sans doute est-ce ce qui explique que le pape consacre peu de temps et d'efforts à dénoncer le terrible destin des chrétiens d'Orient.
  • Le « multiculturalisme » en Europe, c'est la mosquée qui campe sur les ruines de l'église et pas la « synthèse » demandée par François. L'église est sur la voie de son extinction.
  • Que l'Europe joue la carte du « multiculturalisme » au moment où elle expérimente une déchristianisation spectaculaire est extrêmement risqué. Outre Rhin, un rapport a établi que la démographie « fait de l'Allemagne un pays définitivement multi-religieux ». En Grande Bretagne, une importante enquête a conclu que l'« Angleterre a cessé d'être un pays chrétien ». En France, l'islam remplace progressivement le christianisme en tant que religion dominante.
Un simple coup d'œil sur la liste des voyages apostoliques du pape François - le Brésil, la Corée du Sud, l'Albanie, la Turquie, le Sri Lanka, l'Équateur, Cuba, les États-Unis, le Mexique, le Kenya, l'Ouganda, les Philippines – montre que l'Europe ne se situe pas exactement en tête des préoccupations papales.
Les deux précédents pontifes avaient combattu pour le berceau de la chrétienté. Le pape Jean-Paul II s'en est pris au communisme et à contribué à la chute du mur de Berlin et à la disparition du rideau de fer. Benoit XVI a dénoncé « la dictature du relativisme » (croire que la vérité varie selon qui regarde) et avait fait le pari de ré-évangéliser le continent en multipliant les voyages (il a visité l'Espagne trois fois) et les prises de parole. Personne n'a oublié la menace de l'Islam, clairement évoquée dans son magnifique discours de Ratisbonne, ni lamise en garde lancée aux politiciens du Bundestag contre la crise de la foi et la tentation de « sacrifier leurs idéaux à l'amour du pouvoir ».
Le pape François, en rupture avec ses prédécesseurs, ignore l'Europe. Il agit comme si elle était déjà perdue. Cet ancien cardinal argentin, un représentant du christianisme de l'« hémisphère sud », a effectué des voyages spectaculaires à Lampedusa (Italie) et Lesbos(Grèce), deux hauts lieux d'accueil des migrants, mais ne s'est pas déplacé au cœur du vieux continent. François a également restreint le dialogue avec les anglicans rendant plus difficiles leurs relations avec l'Église catholique.
Plus important encore, dans une importante allocution prononcé le 6 mai, à l'occasion de la remise du Prix Charlemagne, le pape a fustigé le traitement que les dirigeants européens ont infligé aux migrants et les a exhorté à plus de générosité. Il a ensuite exprimé une idée révolutionnaire : « l'identité européenne est, a toujours été, une identité dynamique et multiculturelle » a-t-il dit. Une idée plus que discutable.
Le multiculturalisme désigne une politique spécifique qui a vu le jour dans les années 1970. Un concept totalement absent du vocabulaire de Schuman et Adenauer, deux des pères fondateurs de l'Europe. Le voici maintenant invoqué par le pape, qui parle de la nécessité d'une nouvelle synthèse. Quelle est la signification de tout cela ?
Aujourd'hui, le christianisme apparaît marginal et sans importance en Europe. La religion fait face à un défi démographique et idéologique islamique, tandis que les vestiges post-Auschwitz des communautés juives fuient un nouvel antisémitisme. Dans ces conditions, toute synthèse entre le vieux continent et l'islam aboutit à une capitulation sur l'Europe et son avenir.
Le « multiculturalisme » c'est la mosquée s'érigeant sur les ruines de l'église, la voie d'une extinction programmée.
Que l'Europe joue la carte du « multiculturalisme » alors qu'elle expérimente une déchristianisation spectaculaire est extrêmement risqué. En Allemagne, un rapport a établi que « la démographie fait de l'Allemagne un pays définitivement multi-religieux ». En Grande Bretagne, une importante enquête a conclu que l'« Angleterre a cessé d'être un pays chrétien ». En France, l'islam remplace progressivement le christianisme en tant que religion dominante. La même tendance se dessine partout, de la Scandinavie protestante à la Belgique catholique. Le Pape Benoît était convaincu d'une nécessaire « ré-évangélisation » de l'Europe. François lui, semble penser que l'Europe est perdue et que l'avenir du christianisme se joue aux Philippines, au Brésil et en Afrique.
Comment expliquer sinon le peu de temps que le pape consacre au terrible destin des chrétiens d'Orient ? Sandro Magister, l'analyste le plus écouté de la politique vaticane, pointe ainsi les silences du pape :
« Il est resté silencieux sur les centaines d'écolières nigérianes enlevées par Boko Haram. Il est resté silencieux sur Meriam, la jeune mère soudanaise, condamnée à mort parce que chrétienne et finalement libérée par d'autres interventions que la sienne. Il reste silencieux sur Asia Bibi, jugée en tant qu'« infidèle » au Pakistan et qui croupit dans le couloir de la mort, depuis cinq ans. Il n'a pas non plus daigné répondre aux deux lettres déchirantes que cette femme lui a écrit, au moment de sa condamnation et après que la sentence ait été confirmée en appel ».
En 2006, le Pape Benoît XVI, dans son discours de Ratisbonne, a dit ce qu'aucun pape n'a jamais osé souligner - qu'il existe un lien entre violence et islam. Dix ans plus tard, François ne mentionne jamais le nom des responsables de violences anti-chrétienne, et ne prononce pas le mot « islam ». François a récemment reconnu l'« État de Palestine » avant même qu'il n'existe – un geste symbolique et sans précédent. En matière de guerre et de paix, le pape pourrait aussi abandonner la notion traditionnelle et fondatrice de « guerre juste » quand elle est fondée sur des arguments moraux théologiques. François parle toujours de « l'Europe des peuples », mais jamais de « l'Europe des Nations ». Il préconise la bienvenue aux migrants et leur lave les pieds, en ignorant volontairement le fait que ces vagues démographiques incontrôlées transforment peu à peu, l' Europe en État islamique.
En 2006, le Pape Benoît XVI (gauche), a déclaré ce qu'aucun pape n'a jamais osé dire - qu'il existe un lien entre violence et islam. Dix ans plus tard, le pape François ne mentionne jamais le nom des responsables de la violence anti-chrétienne, et ne prononce jamais le mot « islam ». (Image source: Benedict: Flickr/Catholic Church of England | Francis: Wikimedia Commons/korea.net)
Tel est le sens des voyages du pape François vers les îles de Lampedusa, en Italie, et Lesbos, en Grèce - les deux symboles d'une dramatique frontière géographique et civilisationnelle. Tel est également le sens du discours du Pape à la remise du prix Charlemagne.
Le chef du christianisme a-t-il fait une croix sur l'Europe en tant qu'espace chrétien ?
Giulio Meotti, journaliste culturel à Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.

vendredi 27 mai 2016

Maroc : Mohammed VI tourne-t-il le dos à l'Occident ?

Le Vif.be
Il semble que Mohammed VI du Maroc s'attelle à modifier sa diplomatie, avec de nouvelles alliances, mais aussi une politique internationale plus sécuritaire, souverainiste et anti-occidentale.
Une visite en Russie avant une probable visite en Chine et un discours musclé au premier sommet qui réunissait le Conseil de coopération du Golfe et le Maroc semble entériner un changement de cap diplomatique. Même si selon un spécialiste interviewé par Le Monde on ne peut pas parler de changement de doctrine. Le roi du Maroc souhaite surtout mettre en avant l'autonomie stratégique de son pays et "affûter un discours anti-impérialiste de droite" dit encore le journal.
Le Roi assume aussi ouvertement, et c'est relativement nouveau, la place du Maroc parmi les régimes qui ont combattu le printemps arabe. Il aussi renforcé depuis 2011 la coopération avec la CCG (le Conseil de coopération du Golfe qui regroupe les six monarchies arabes de la péninsule: Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar et les Emirats arabes unis ), ce qui s'est traduit par une hausse des investissements du pays du golfe au Maroc. On parle de 120 milliards de dollars pour la période 2015-2024. Mais cette "alliance" serait surtout motivée par des intérêts sécuritaires.

Le Sahara et les"complots contre son intégrité territoriale"

Pas plus tard que le 20 avril, Le roi Mohammed VI du Maroc appelait les monarchies du Golfe à protéger son pays de ce qu'il a qualifié de "complots contre son intégrité territoriale" accusant au passage le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, d'être utilisé dans une "guerre par procuration" contre le Maroc au travers de ses "déclarations biaisées" à propos du Sahara occidental. Le roi n'aurait guère apprécié que Ban Ki-Moon qualifie d'"occupation", l'annexion par le Maroc du Sahara occidental.
Le Sahara est en effet une cause nationale au Maroc et semble être l'une des premières priorités de la politique étrangère marocaine. Pour rappel, Rabat propose depuis 2007 un plan d'autonomie pour le Sahara occidental, vaste territoire d'un demi-million d'habitants. Les indépendantistes du Polisario réclament un référendum d'autodétermination.
Selon Mohammed VI, les discussions annuelles en avril du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental auraient été utilisées comme un "épouvantail pour faire chanter le Maroc". En représailles, le Maroc a expulsé la plupart des experts civils de la mission des Nations unies dans ce territoire (Minurso) et fait fermer un bureau de liaison militaire, empêchant selon l'ONU, la mission de fonctionner. Une mission a été déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario et aider à définir le statut du territoire, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975.

Un anti-impérialisme de droite

La critique de Mohammed VI n'était pas cantonnée qu'à l'ONU, puisque, quelques jours plus tôt, le roi adressait un message au sommet de l'Organisation de la Conférence islamique, où il dénonçait "une islamophobie grandissante et inquiétante" en Occident précise encore Le Monde. Une critique dont les prémices remontent déjà à 2014. Le premier ministre marocain avait prononcé un discours à l'ONU dénonçant les effets pervers de la colonisation. Mais le vrai tournant aurait eu lieu un peu plus tôt, en février 2014, lorsque le roi du Maroc se lance dans un discours ouvertement souverainiste et "critique envers les anciennes puissances coloniales": "L'Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n'est plus un continent colonisé".

Les ressources énergétiques des Balkans occidentaux : un enjeu eurasiatique

http://www.diploweb.com/Les-ressources-energetiques-des.html?utm_source=sendinblue&utm_campaign=NL95110416&utm_medium=email

Par Alexis TROUDE

Les Balkans occidentaux, engagés dans un processus d’intégration euro-atlantique, regorgent de ressources énergétiques insoupçonnées. Convoitées par les firmes multinationales et les puissances régionales et internationales, ces ressources expliquent en partie les guerres passées et les conflits à venir.
LE KOSOVO et ses richesses en lignite, la Serbie en cuivre, le fer et charbon de Bosnie, voilà quelques exemples de ressources qui offrent aux Balkans occidentaux de réelles perspectives de développement énergétique. Le réseau électrique ainsi que tous les réseaux de distribution d’énergie, ont été construits sous la Yougoslavie titiste ; devenus obsolètes ou bien abîmés par les guerres des années 1990, leur renouvellement présente un enjeu important, à la fois pour les populations et les élites locales. Il donne lieu déjà aussi à une vraie bataille entre firmes transnationales et puissances d’Europe et d’Asie.

L’Europe du sud-est : une zone de fortes ressources du sous-sol

La Serbie est à la fois au cœur des réseaux de distribution d’hydrocarbures balkaniques et pourvoyeuse d’électricité aux pays voisins. Avec 8 centrales hydroélectriques et 9 centrales thermiques, la Serbie a une dépendance énergétique modérée (40 %). Les bombardements de l’OTAN de 1999 ont endommagé ce potentiel car de l’autosuffisance avant la guerre la Serbie est passée aujourd’hui à l’importation de 25 % de ses besoins en électricité. C’est ce qui a amené l’UE à verser des prêts importants ; la Serbie est entrée en 2005 dans l’ECSEE ce qui lui permet de bénéficier de crédits de 1 à 6 milliards d’euros. En dehors de l’augmentation des capacités de la centrale hydroélectrique de Djerdap sur le Danube, un important potentiel existe sur les rivières Ibar, Lim et Drina [1].
La Croatie est un pays de transit sur les différentes routes du gaz entre Asie et Europe et en même temps le pays des Balkans occidentaux à l’offre énergétique des plus diversifiées. Avec pas moins de 30 centrales hydroélectriques, les capacités hydrauliques sont importantes pour la production d’électricité (54%). 
La Bosnie-Herzégovine a vu son réseau fortement endommagé par quatre années de guerre ; cela explique les aides importantes de la BERD et de la BEI qui ont octroyé plus de 230 millions de dollars aux trois compagnies électriques du pays. Sans hydrocarbures, les principales ressources énergétiques de la Bosnie sont donc l’hydroélectricité et le lignite. Le Monténégro, sans hydrocarbures, est placé en outre loin des grands tubes énergétiques ; Elektroprivreda Crne gore (EPCG) gère publiquement une énergie à 76% hydraulique. 
Les ressources énergétiques des Balkans occidentaux : un enjeu eurasiatique
Kosovo. La mine de Trepca
Cliquer sur la vignette pour agrandir l’image. Source : Wikipedia
En revanche, le Kosovo est aujourd’hui l’une des régions les plus riches en minerais d’Europe. Le site de Kopiliq possède la cinquième réserve mondiale de lignite et la mine de Trepca regorge de plomb, de zinc et de cuivre aux teneurs exceptionnelles. On trouve également au Kosovo de l’argent, de l’or, du nickel, de la bauxite et du manganèse. Selon un rapport de la Banque mondiale de novembre 2007, la valeur des richesses du sous-sol kosovar est évaluée à 13 milliards de dollars. Cette concentration de richesses sur un aussi petit territoire attise donc forcément les convoitises : Trepca, jusque là exploitée par l’ « Agence pour la Privatisation », doit passer sous contrôle du gouvernement du Kosovo [2].

Des acteurs multiples en confrontation : Etat, firmes privées et pouvoirs locaux

Dans les Balkans occidentaux, la privatisation des sociétés publiques a profité ces dernières années à des acteurs nationaux ou étrangers mais liés aux pouvoirs politiques en place. Par ailleurs, les réseaux de gazoducs et d’oléoducs sont l’objet de luttes économiques intenses mettant aux prises sociétés russes, américaines et même chinoises.
En Serbie, depuis le rachat de la société nationale NIS par le russe Gazprom, d’importants investissements ont permis d’exploiter 59 champs d’exploitation. Pour le gaz, le géant russe Gazprom, depuis le rachat de 2008 a mis sous dépendance la Serbie, mais en même temps a permis de couvrir les deux tiers de ses besoins en gaz. En effet, la Serbie est le pays à la plus grande partie du tracé sur son territoire, soit plus de 400 km sur une longueur totale d’environ 900 km, pour la partie terrestre.
Or cela pose problème en Bosnie-Herzégovine, où le raffinage du pétrole importé vient principalement de Serbie et se fait dans deux raffineries rachetées par le russe Zrubezhneft : cela place Sarajevo sous dépendance directe de la Republika srpska, en plus du lien avec la Serbie. Par ailleurs, un projet de rattachement à South stream (Bjelina-Novi Grad) aurait fourni à la Republika srpska du gaz en quantité non négligeable. Mais depuis le retournement de situation de décembre 2014, cela est resté lettre morte. Milorad Dodik, Président de la Republika Srpska, constate amèrement qu’« On a perdu, sous la pression de l’UE, South stream », or « Il ne nous reste que deux centrales thermiques ». La politique changeante de l’UE pousse ainsi Dodik à se tourner vers la Russie. [3]
L’électricité croate est contrôlée totalement par HEP (Elektroprivreda Hrvatske), la grande compagnie qui, malgré un plan de privatisation de 2004, donne à l’Etat le quasi monopole sur la production et la distribution de l’électricité croate. Pour les hydrocarbures, la privatisation a remodelé le paysage énergétique. Même s’il reste sous contrôle public, le projet d’oléoduc JANAF reliant Belgrade à Zagreb puis Rijeka met en partie la Croatie sous dépendance russe. Pour le gaz, même si la Croatie contrôle 40 % des besoins, INA a été racheté par l’italien ENI. Face aux avances de Gazprom pour relier la Croatie à South stream, les gouvernements croates successifs ont préféré réaliser un gazoduc la rattachant au réseau hongrois.
Le gouvernement monténégrin aimerait se rattacher à l’oléoduc Trans-Adriatic Pipeline (TAP) Turquie-Italie chapeauté par les Etats-unis, mais cela reste encore au niveau d’un projet. Les écologistes sont furieux du projet de barrage sur la Tara, qui bouleverserait l’écosystème au Monténégro et aurait des conséquences en Bosnie et en Serbie en aval [4].

Les Balkans occidentaux au cœur des stratégies des grandes puissances

Seize ans après les bombardements de l’OTAN sur la Serbie et le Kosovo, on parvient désormais à mieux cerner l’intérêt stratégique capital de ces hauts-plateaux du Kosovo, enclavés entre montagnes d’Albanie, du Monténégro et de Macédoine. A l’Est, dans la basse-Morava, le corridor X draine déjà entre Budapest et Salonique des flux commerciaux vitaux pour la Macédoine et la Serbie. A l’ouest, le corridor IV Trieste-Constantza aiguise les appétits des Russes. On comprend pourquoi les projets de tuyaux gaziers et pétroliers soutenus par Moscou (« South Stream ») contrecarrent au Kosovo le projet américain AMBO de faire transiter par les Balkans les sources d’approvisionnement en hydrocarbures en provenance d’Asie centrale.
L’Union européenne a investi, depuis 1997, huit milliards d’euros dans le corridor VIII (oléoduc, voie ferrée et autoroute). Pour l’instant, seuls deux tronçons d’autoroute sont achevés sur cet axe, hormis le tronçon Bulgarie- l’Albanie. Or l’UE est sur cet axe Est-Ouest en concurrence avec les Américains. L’oléoduc Trans-Balkans AMBO, se développe depuis 1997 entre Mer Noire et Mer Adriatique ; le gazoduc « Nabucco » doit relier Istanbul à Vienne par la Roumanie. Le retour des Russes dans cette course à l’énergie est saisissant. Depuis 2007, l’oléoduc Burgas (Bulgarie) /Alexandroupoli (Grèce) permet d’éviter la Turquie en passant par deux pays orthodoxes. Mais surtout le projet de gazoduc américain « Nabucco » est concurrencé par le projet russe du gazoduc « South Stream » [5].
Dans cette course aux carburants, l’indépendance du petit Monténégro a débouché sur une mainmise des capitaux russes sur l’économie du pays. Des hommes d’affaires russes investissent à tour de bras au Monténégro depuis 2006. Ainsi, le groupe Rusal d’Oleg Deripaska, qui serait proche de Vladimir Poutine, a racheté les mines de bauxite de Nikšić ainsi que le combinat d’aluminium de Podgorica KAP - première industrie du pays. En 2006, il a remporté l’appel d’offres pour la privatisation des mines de charbon et de la centrale thermique de Pljevlja. [6] Selon l’économiste Nebojsa Medojević, « la moitié de la richesse produite au Monténégro est aux mains des Russes ». Certes, c’est le groupe britannique E.F.T. qui est concessionnaire de ce site, mais le projet n’aurait pas été réactivé sans la pression d’Oleg Deripaska, qui veut agrandir le complexe d’aluminium KAP, énorme consommateur d’électricité : 1,4 milliard de kwh - soit l’équivalent du déficit énergétique du pays - pour une production passée à 120 000 tonnes d’aluminium par an [7]. Ce complexe est le plus grand pollueur du pays ; construit par Péchiney il y a un demi-siècle, il est très vétuste et est maintenant menacé de fermeture. Oleg Deripaska réclame 300 millions d’euros pour le rénover.
Passage obligé vers la Hongrie et la Roumanie, la Voïvodine est au débouché des tubes énergétiques balkaniques : les couloirs européens IV et X la traversent, ainsi que les tracés des futurs gazoducs « Stream » russe et « Nabucco » américain. C’est pourquoi les grands industriels autrichiens, hongrois et russes tentent de s’implanter en Voïvodine. L’autrichien O.M.V. s’était déjà intéressée en 2006 à l’acquisition d’une raffinerie à Novi Sad, et, au début de 2008, une alliance énergétique austro-hongroise était sur le point d’être conclue. Mais les Russes ont été plus rapides et ont acquis 51 % de Naftna Industrija Srbije (NIS), la compagnie pétrolière serbe, en décembre 2008. La Voïvodine est ainsi devenue le terrain d’une confrontation stratégique entre une Russie misant sur la Voïvodine comme couloir énergétique vers l’Europe et de contournement de l’ « ennemi » ukrainien » et des Hongrois de plus en plus présents sur leurs franges méridionales. Ce n’est pas par hasard que Gazprom a décidé d’installer le principal centre de stockage gazier russe des Balkans en Voïvodine.

Conclusion

Le retour en 2015 du « conflit est-ouest » est ici flagrant. South stream est mort par la pression exercée par l’UE sur un des pays récemment entré, la Bulgarie : celle-ci a déclaré en novembre 2014 ne plus vouloir des tubes gaziers russes.Poutine change alors son fusil d’épaule et propose le « Turkish stream » dès janvier 2015, qui passerait par la Turquie, la Grèce puis la Macédoine et la Serbie. Or l’UE exerce une pression constante sur ces pays du sud-est de l’Europe afin d’empêcher la réalisation du Turkish stream. Proposition d’un hypothétique « Anneau oriental », chantage aux crédits sur la Grèce et autres revification de projets UE-Etats-Unis des années 1990 (TAP ou TANAP) semblent pour le moment dissuader Gazprom et le gouvernement russe d’entamer des travaux d’envergure.
Le 15 janvier 2015, Vladimir Poutine annonçait tel un coup de théâtre, le changement du tracé de South stream par la Turquie : il mettait ainsi fin aux atermoiements des supposés « alliés » serbe et bulgare et, tel un joueur d’échec, répondait par un oukaze à la politique de sanctions menée durant l’année 2014 contre la Russie. Est-ce la fin annoncée du projet South stream ? Poutine teste ici les Européens, sachant que plus de 40 % de leurs livraisons de gaz proviennent d’Asie ; mais il montre aussi que l’Europe n’est plus l’avenir radieux tant espéré. La Russie se tourne de plus en plus vers l’Asie, pendant que la Chine s’installe dans les Balkans. Celle-ci a décidé de faire de la Serbie une plate-forme énergétique ; la Chine va construire deux centrales thermiques et un réseau ferré de trains rapides entre la Grèce et la Hongrie viaBelgrade. Dans cette nouvelle « Question d’Orient », les Balkans sont devenus un centre européen du Grand jeu énergétique mondial.

Donald Trump présente sa politique étrangère: "L'Amérique d'abord"

Donald Trump, en pole position pour décrocher la nomination républicaine à l'élection présidentielle américaine, a présenté sa vision de la politique étrangère. "L'Amérique d'abord", a-t-il résumé.
Donald Trump a tenu son discours à l'hôtel Mayflower de Washington, en promettant de "secouer la rouille de la politique étrangère de l'Amérique" et de "remplacer l'arbitraire par l'efficacité, l'idéologie par la stratégie et le chaos par la paix", relaie CNN.
"Comme président, je regarderai le monde à travers l'objectif clair des intérêts américains. Ma politique étrangère donnera toujours priorité aux intérêts du peuple américain et à la sécurité américaine". Il a qualifié la politique étrangère du président sortant Barack Obama de "fiasco total".
Image
Selon CNN, cette présentation cadre avec les projets de Trump d'améliorer son image et d'augmenter ses chances pour l'élection présidentielle de novembre. L'homme d'affaires flamboyant est en tête pour remporter la nomination républicaine, mais son succès sème le trouble dans son parti. La direction du parti craint que son ton dur fasse le jeu de son rival démocrate (probablement Hillary Clinton).
Selon Paul Manafort, un haut représentant de la campagne de Trump, l'écriture du discours a pris une semaine. Les idées originales viennent de Donald Trump et ont été discutées point par point avec des experts de l'intérieur et de l'extérieur de "l'establishment de l'étranger". Le fait que Trump ait lu son discours à l'aide d'un prompteur prouve également qu'il voulait éviter les dérapages.
Pour Trump, les États-Unis se sont fourvoyés en matière de politique étrangère depuis la fin de la guerre froide. "Cela a commencé par l'idée que nous pourrions transformer des pays sans expérience en la matière ou qui n'y avaient aucun intérêt en démocraties occidentales". "À l'heure actuelle", a-t-il poursuivi, "nous n'avons ni vision, ni objectif, ni direction, ni stratégie". Son approche se concentrera sur l'intérêt personnel américain.
Qu'est-ce que Trump a dit?
Au sujet de l'État islamique
Trump a déclaré au sujet de l'EI que "leurs jours sont comptés." "Je ne vais pas leur dire où ni comment. Nous devons, en tant que pays, être plus imprévisibles. Endiguer la propagation mondiale de l'islam radical doit être un objectif important des États-Unis et du monde". À cet égard, il souhaite coopérer avec les alliés américains au Moyen-Orient.
Sur l'OTAN et d'autres puissances mondiales
Trump souhaite essayer de réformer la structure de l'OTAN et revoir le financement américain.
Il souhaite se concerter avec la Russie pour trouver une position commune, éventuellement sur l'approche de l'extrémisme musulman. "Certains disent que les Russes ne peuvent être raisonnables. J'ai l'intention de le vérifier".
Quant à la Chine, il estime qu'elle abuse économiquement des États-Unis, ce qui leur fait perdre leur respect. Trump souhaite "rétablir les relations avec la Chine", mais n'a pas précisé comment.
Sur les alliés des États-Unis
Trump a l'intention de faire payer les pays défendus par les États-Unis. "Sinon, nous devons être prêts à laisser ces pays se défendre eux-mêmes, nous n'avons pas le choix." Interrogé par le New York Times le mois dernier, il avait déjà parlé des relations avec le Japon. "Si nous sommes attaqués, ils ne doivent pas nous protéger. Si eux sont attaqués, nous devons les protéger. C'est ça le problème".
Qu'est-ce qu'il n'a pas dit?
Trump a déclaré mardi lors de son discours de la victoire qu'il n'est pas à la recherche d'une doctrine Trump. Il souhaite conserver la souplesse pour adapter ses positions aux circonstances. Il ne désire pas, comme George W. Bush en Irak, construire des nations étrangères.
Il est frappant qu'il n'ait plus reparlé de donner la possibilité au Japon et à la Corée du Sud d'acquérir des armes nucléaires.

Le Vif

Une intervention en Libye se prépare.. Mais laquelle ?

http://www.bruxelles2.eu/
(B2) Régulièrement, les médias en Italie, en France, au Royaume-Uni font état de plans imminents pour intervenir en Libye. A écouter certains (comme le Daily express par exemple), on a l’impression que les moteurs des avions vrombissent déjà, les pales des hélicoptères sont sorties, les navires se rassemblent au large telle une gigantesque armada prête à intervenir. La réalité semble légèrement différente…
Des actions ponctuelles ne signifient pas une opération
Je sais, je vais décevoir quelques confrères, boy scouts de l’intervention militaire, parachute sur le dos et lance roquette en bandoulière qui flamboient dès qu’ils entendent parler « boum boum ». Certes il y a quelques survols, plus ou moins discrets, d’avions. Ce n’est pas vraiment nouveau, c’est simplement plus systématique (1). Il y a des forces spéciales disséminées, ci et là, pour prêter leurs concours aux forces locales, préparer la suite des opérations, repérer (et éliminer) de potentiels suspects. C’est le boulot des forces spéciales. Il y a un ou deux raids de drones armés, en nombre limité, pour procéder à une ou deux frappes « d’élimination ». Ce n’est pas vraiment différent de ce qui se passe en Somalie, au Yemen… C’est la méthode trouvée par les Américains pour tenter de décapiter les structures de Al Qaida (ou Daech maintenant) sans intervenir de façon trop visible. Quant aux états majors — à Rome, à Paris, à Londres — ils planifient divers scénarios. C’est leur rôle. Mais l’essentiel n’est pas là…
Le souvenir de la catastrophe de 2011
Il ne semble pas question (pour l’instant) d’une intervention militaire occidentale, avec navires de l’OTAN au large, contrôle aérien et forces spéciales au sol pour guider les avions, au sens de celle qu’on a vécu en 2011. L’intervention actuelle semble plus diffuse, plus discrète, et plus multiple. Tout simplement car ce ne peut être la même chose. Le problème n’est pas d’avoir en Libye un Etat « ennemi » ou un gouvernement « ennemi », c’est l’anarchie qui est l’ennemi aujourd’hui. Et contre çà, tous les bombardiers du monde n’y peuvent rien. Personne n’a aussi vraiment envie de rééditer le scénario de 2011. Car l’intervention occidentale de 2011 — justifiable de façon ponctuelle —, reste, dans tous les esprits, comme une vraie défaite, politique et militaire au sens stratégique (2). Enfin, faut-il le rappeler, il y a d’autres terrains d’engagement. Et personne n’a vraiment les moyens d’une campagne d’envergure et sur une longue durée. Il faut être réaliste…
Qu’en est-il en réalité ?
De fait, il semble y avoir confusion entre plusieurs opérations ou projets d’opération qui se déroulent ou se préparent de façon simultanée, et d’une certaine façon sont complémentaires.
Trois acteurs multinationaux : l’ONU, une coalition, l’UE
Il y a actuellement trois acteurs et trois vecteurs d’action possible, multinationaux : 1° l’ONU et sa mission UNSMIL, 2° la LIAM, coalition militaire formée sous direction italienne et sous ombrelle de l’ONU, rassemblant plusieurs pays (dont les Britanniques, les Jordaniens et d’autres) ; 3° l’Union européenne et ses missions PSDC (EUNAVFOR MED en mer et une future mission à terre). Ces vecteurs ne sont pas alternatifs l’un de l’autre. Ils s’inscrivent en complément.
Et l’OTAN ?
Même si l’OTAN reste dans tous les esprits, le rôle de l’Alliance Atlantique n’est pour l’instant ni défini ni souhaité par les Libyens eux-même (souvenir de 2011) ni par certains Européens, même du côté maritime ou de contrôle des migrations. Angela Merkel l’a rappelé précisément à Hanovre au président américain. « Il y a maintenant une mission européenne – EU NAVFOR Med aussi appelée « Sophia » – qui fonctionne très bien ». De nombreux articles de presse mentionnent une opération en préparation sur les migrations. Il semble que cela soit loin d’être acquis … (pour être poli !) « On est davantage dans une idée défendue par un ministre (la ministre italienne de la Défense) que dans une décision approuvée » m’ont confirmé plusieurs sources. La confusion règne, savamment entretenue avec d’autres projets en cours (Lire :L’opération Active Endeavour en passe d’être transformée. Une coordination UE-OTAN en Méditerranée à l’étude)
Des rôles complémentaires
Le principal d’entre eux est la LIAM, qui a pour objectif sous commandement italien, la sécurisation de Tripoli, et la restructuration et formation de l’armée libyenne (dans un format assez proche des missions EUTM de l’Union européenne). Pour les garde-côtes et la surveillance maritime, ce sera davantage le rôle de l’opération européenne EUNAVFOR MED / alias Sophia (lire : Les Etats envisagent plusieurs options diverses). Pour remettre sur pied une police, judiciaire essentiellement, ainsi que les poursuites, ce serait le rôle d’une autre mission européenne qui est à l’étude actuellement.
Trois conditions
Mais tout cela est placé à trois conditions : 1° Un gouvernement libyen reconnu comme légitime (non seulement par la communauté internationale mais aussi par les Libyens = le Parlement de Tobrouk), 2° Le gouvernement doit avoir demandé une intervention ou, au moins, ne s’y oppose pas, 3° Avoir un certain consensus international, à défaut d’une résolution formelle des Nations unies. Cela signifie notamment l’absence de veto formel de la Russie. On peut certes se passer de cet accord pour faire une ou deux frappes, de façon inopinée, discrète, et solitaire. Mais répéter cet acte de façon régulière serait (très) délicat à tenir sur le plan des relations internationales serait quasiment un cas decasus belli.
Une intervention militaire : désastreuse
Pour les spécialistes de la Libye, il faut agir avec tact et prudence. La pire des choses serait d’avoir une intervention militaire sans aval des autorités libyennes un peu légitimes. « En l’état des choses, une opération militaire serait désastreuse et inefficace. Cela reviendrait à plomber le processus de recomposition nationale. Nous ne sommes plus dans le contexte de la Libye 2011 » avait confié, il y a quelques temps, à B2 un diplomate expérimenté, bon connaisseur de la Libye. Certes il reconnait que l’idée d’une intervention « est bien dans la tête de quelques uns. Dans tous les pays, il y existe une tentation permanente d’intervention. C’est le rôle des militaires d’ailleurs de planifier toutes les situations. » 
Une offensive libyenne en cours
Les Libyens du général Haftar à l’oeuvre, bien aidés
A ceux-là, il faut ajouter l’action des forces libyennes, recomposées, du général Haftar, avec l’aide « technique » de plusieurs acteurs opérationnels : l’Egypte et les Emirats arabes unis de façon à peine cachée, et de quelques acteurs européens. Le soutien occidental (Français notamment mais aussi Britannique) est plus discret. Mais il semble bien présent (comme en 2011 d’ailleurs), sous la forme de fourniture d’équipement, d’éléments d’entraînement voire directement sur le terrain (avec quelques unités de forces spéciales). Ces forces sont repassées à l’offensive depuis quelques jours reprenant Benghazi et Derna, selon les dernières informations.
L’espoir d’une tenaille
C’est sur ces forces essentiellement, qu’une partie de la communauté internationale compte pour effectuer l’offensive contre Daech, davantage que sur une intervention militaire extérieure qui apparait davantage comme une situation d’extrême limite. Ces forces pourraient être aidées au besoin par quelques milices, à l’ouest, notamment à Misrata, qu’il reste à convaincre de repartir à l’assaut. Ce qui permettrait de prendre en tenailles les hommes de Daech, de les contraindre à la défensive et les empêcher d’atteindre les champs de pétrole notamment. Des experts (Américains notamment mais aussi Italiens semble-t-il) sont, ainsi, sur le terrain depuis pour « nouer des contacts », avait indiqué Peter Cook, porte-parole du Pentagone il y a quelques temps.
Des divergences d’intérêt
Derrière une certaine unanimité européenne se cache mal, même entre Européens, des intérêts divergents. La Libye excite. Et celui qui sera dans le camp du vainqueur aura un atout dans la manche. D’où une certaine course de vitesse entre Paris, Londres, Berlin et Rome pour pousser « sa » solution, avec Washington en rôle d’arbitre (c’était en sous-main l’enjeu de la réunion au sommet de Hanovre). L’Italie veut garder la mainmise sur un pays, tout proche, qu’elle considère un peu comme son arrière-cour (les puits de pétrole exploités par ENI, le pétrolier italien, notamment à Mellitah, sont toujours en fonctionnement). La France soutient, sans ambages, l’Egypte qui soutient le général Haftar, qui refuse de reconnaître la légitimité du gouvernement d’Al-Sarraj (lire notre interview à paraitre de l’eurodéputée Ana Gomes). Mais, dans le même temps, elle est « prête » à aider le nouveau gouvernement d’union nationale pour assurer « sa sécurité maritime » comme l’a confirmé, mardi (26 avril) sur Europe 1, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian… « si le Premier ministre (sollicite) la communauté internationale » (3). Quant aux Britanniques, ils mènent aussi un jeu complexe dont l’objectif, à la faveur du changement de pouvoir, est de damer le pion aux Italiens.
(Nicolas Gros-Verheyde avec Leonor Hubaut)
(1) Cela se produit déjà depuis des années. Si mes souvenirs sont bons, les avions français qui font régulièrement des exercices dans le nord du Tchad n’ont pas pour seul objectif d’inspecter si les dunes du Tibesti ont changé de place … Et, actuellement, il y a très peu de chances de se faire pincer par des radars ou une chasse libyenne anéantie. Il ne faut pas oublier non plus que l’opération EUNAVFOR MED avait pour premier objectif le recueil de renseignements et d’informations. Informations traitées d’abord au niveau national puis transmises au niveau européen (pour ce qui concerne la lutte contre les trafiquants.
(2) Avoir détruit un pôle de stabilité (même dictatorial) pour en faire un pôle d’instabilité et une menace à court terme peut, difficilement, être dénommée autrement, même si d’un point tactique, sur le champ de bataille, la victoire militaire est indéniable et restera, là aussi, dans les annales. Gagner une bataille n’est pas gagner la guerre comme aurait dit le Général…
(3) La seconde partie de la phrase du ministre français est souvent oubliée, ne retenant que la disponibilité française. Elle vient d’une certaine façon « compléter » la phrase de François Hollande qui indiquait lors du dernier sommet européen ne pas vouloir s’engager trop avant.

Des Modérés? En Grande Bretagne? Redites moi ça encore?

  • Un nouveau sondage sur les musulmans britanniques confirme que la majorité d'entre eux a des points de vue qui entrent généralement en conflit avec le sentiment général de la population britannique. Ainsi, 52% des musulmans britanniques pensent que l'homosexualité devrait être interdite par la loi. Un autre sondage montre que 27% des musulmans britanniques ont une « certaine sympathie pour les motivations » des terroristes qui ont attaqué la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo en 2015.
  • A chaque sondage, la quasi-totalité de la communauté musulmane, y compris les journalistes musulmans en poste dans les médias et les « leaders (autoproclamés) de la communauté musulmane » tentent de démontrer que le sondage a été trafiqué.
  • Si je savais que ma « communauté » abritait des opinions de ce type et qu'un sondage vienne le révéler, je serais profondément honteux. Mais quand de tels sondages éclairent les opinions des musulmans britanniques, nul soupçon d'introspection. Ni honte, ni préoccupation, seulement une attaque.
  • Quand un sondage explique qu'un quart de votre communauté veut modifier la loi britannique et instaurer la charia, les 75% de modérés devraient passer leur temps à tenter de faire évoluer l'opinion de la minorité. Au lieu de cela, la majorité qui n'est pas en faveur de la charia passe son temps à couvrir les 25% pro charia et à attaquer la société de sondages qui les a dévoilés.
Qui n'a pas entendu parler des « musulmans modérés » et du fait qu'ils seraient majoritaires au sein de leur communauté ? Après chaque attaque terroriste, les hommes et femmes politiques nous affirment que « la majorité des musulmans est modérée et condamne la violence ». Après chaque atrocité, les éditorialistes et commentateurs se précipitent pour affirmer que « bien sûr, la vaste majorité des musulmans est modérée ». Mais est-ce si vrai ? Dans leur majorité, les musulmans sont-ils réellement « modérés » ?
Un certain nombre d'informations nous permettent d'imaginer le contraire, à commencer par les sondages d'opinion. De manière régulière, les sondages réalisés au sein du monde occidental, ne parlons pas du Moyen Orient ou de l'Afrique du Nord, mettent en relief une image quelque peu différente du « musulman modéré ».
Ainsi, les sondages montrent que seulement 27% des musulmans britanniques éprouvent « une certaine sympathie » pour les motivations des agresseurs du magazine satirique Charlie Hebdo en 2015. Certes, entre un tiers et un quart seulement des musulmans britanniques a éprouvé de la sympathie pour ce commando anti blasphème. Plus récemment, un sondage ICM commandé par la chaîne Channel 4, a mis en lumière que la majorité de musulmans affichait des positions que tous les britanniques ou presque désapprouveraient. Ainsi, 52% des musulmans britanniques pensent que l'homosexualité devait être considérée comme un délit pénal. Voilà un chiffre qui frappe. Pas 52% des musulmans britanniques qui affirment que l'homosexualité n'est pas « leur tasse de thé » ou qu'ils ne sont « pas entièrement d'accord avec le mariage gay », non ! Plus d'un musulman sur deux estime que l'homosexualité devrait être passible des tribunaux.
Mais c'est après la publication de tels sondages que la rassurante image de la « majorité modérée » se fissure. Tout d'abord, il y a toujours une tentative de donner aux chiffres un éclairage positif. Pour le sondage Charlie Hebdo, la BBC (qui avait commandité l'ouvrage) s'est empressée de titrer « Une majorité de musulmans s'oppose aux représailles contre les caricatures de Mahomet ». Bien que cette affirmation soit vraie, là n'est pas le plus intéressant. La suite est infiniment plus éclairante et appelle à une réflexion sur la notion de « majorité de modérés » derrière laquelle se profile en réalité une « minorité de modérés ». En effet, chaque fois que les résultats sont rendus publics, la quasi-totalité de la communauté musulmane, y compris les musulmans en poste dans les médias et les chefs auto-proclamés des différentes communautés musulmanes, tous s'efforcent de prouver que le sondage est mensonger. C'est ce qui s'est passé pour le sondage ICM, et tous les sondages qui l'ont précédé. A l'exception d'un ou deux personnalités dissidentes, tous les musulmans qui ont pu s'exprimer dans les médias et tous les groupes de musulmans ont choisi de ne pas réagir sur les résultats d'ICM, mais de tout mettre en œuvre pour invalider la méthodologie ou les « motivations » derrière le sondage. Ce qui est en soi très révélateur.
Imaginons un instant une petite expérimentation. Quelle serait votre réaction si un sondage type ICM jetait un éclairage trouble sur la communauté dont vous vous sentez le plus proche ? Imaginez que vous êtes juif et qu'un sondage révèle que la majorité des juifs pense que l'homosexualité doit être considérée comme un crime. Quelle serait votre première réaction ? Mon impression est que la plupart des juifs ressentiraient un profond embarras. Tout de suite après, vous vous poseriez la question de savoir quels moyens il conviendrait d'employer pour faire évoluer une statistique aussi terrible. Toutefois, il est possible, si aucune des personnes de votre entourage ne pense que l'homosexualité doit être passible des tribunaux et si aucun représentant de la confession à laquelle vous appartenez, n'a jamais évoqué cette éventualité (ni aucun autre sondage sur un sujet apparenté), il est possible alors que vous mettiez en question la crédibilité du sondage et sa méthodologie. Mais si ce n'est pas le cas, vous poussez un soupir et vous vous interrogez pour savoir comment on peut améliorer les choses. Si vous avez la conviction que le sondage dit vrai, vous n'êtes pas tenté d'en mettre en pièces les résultats.
De même, si demain un sondage rendait public l'opinion des britanniques blancs ayant reçu une éducation chrétienne, j'y porterais je crois un certain intérêt. Si j'apprenais demain que 39% des chrétiens anglais pensent que les femmes doivent toujours obéir à le leurs maris (ainsi qu'un sondage ICM l'a révélé pour les musulmans), j'aurais des raisons de m'inquiéter. Si le même sondage m'informait qu'un quart (23%) des britanniques anglais de confession chrétienne réclamait qu'une sorte de police biblique fondamentaliste puisse opérer en toute légalité sur certaines zones du territoire britannique, je m'inquiéterais encore plus.
Bien entendu, aucune de ces éventualités ne risque de se produire à brève échéance. Mais imaginons un instant que le problème se pose. Quelle serait ma réaction ? Je serais tout d'abord mort de honte. Et s'il s'avérait que les résultats de ce sondage n'étaient pas une surprise pour moi, je courberais la tête plus bas encore. En effet, si je savais que ma « communauté » cultivait des idées de ce genre, et si un sondage en informait l'ensemble du pays, je serai profondément honteux que ce « secret » soit maintenant connu de tous.
Mais quand de tels sondages apparaissent sur les musulmans britanniques, jamais, mais alors jamais, le moindre soupçon d'introspection ne fait surface. Encore moins de honte ou de préoccupation. Seule l'agressivité surgit. Si la majorité des musulmans était réellement « modérée », elle se préoccuperait du fait qu'un quart des musulmans réclame une séparation d'avec la loi britannique au profit de la charia. Les 75% de « modérés » devraient passer leur temps à corriger l'opinion de l'autre quart. Au lieu de cela, 99 % des 75% de « modérés » passent leur temps à couvrir les autres 25% et à attaquer la société de sondages qui les a mis au jour. Il y a là un petit symptôme d'un problème plus vaste que nos sociétés n'ont pas réellement commencé d'affronter.