En 2003, pour expliquer, sur le ton de la plaisanterie, la raison pour laquelle les responsables américains avaient la certitude que le régime de Saddam Hussein disposait encore d’armes de destruction massive, certains avancèrent que c’était parce qu’ils en avaient conservé les factures… Mais si l’on en croit Foreign Policy, cette boutade n’était finalement peut être pas si loin de la vérité.
En effet, selon le magazine américain, les Etats-Unis ont apporté un appui décisif à l’Irak quand, en 1988, les forces iraniennes étaient sur le point de lancer une offensive sur Bassorah, qui était alors le point faible du dispositif irakien.
Et, dans les documents confidentiels diffusés par Foreign Policy, l’on a la confirmation que Washington était parfaitement au courant de l’existence d’un arsenal chimique en Irak, composé de gaz sarin et d’ypérite (ou gaz moutarde), deux substances dont l’usage est interdit par le protocole de Genève, ratifié par les Etats-Unis en 1975.
“Les Irakiens ne nous ont jamais dit qu’ils allaient utiliser des gaz neurotoxiques. Ils n’en avaient pas besoin. Nous le savions déjà”, a confié le colonel Rick Francona, un ancien de la Defense Intelligence Agency (DIA), l’agence de renseignement du Pentagone.
Et pour cause : déjà, au cours du conflit, de telles armes chimiques furent utilisées – à l’époque, les Etats-Unis prétendirent qu’elles l’avaient été par les Iraniens, sans pour autant en apporter la preuve – et un memo de la CIA, diffusé par Foreign Policy, évoque même les efforts irakiens pour en produire davantage.
En 1987, et selon des informations obtenues par cette dernière, tout laisse croire à une offenvise iranienne dans le secteur de Bassorah. Or, selon les analystes, si cette ville irakienne tombe, l’Iran serait alors sur le point de gagner la guerre qui l’oppose à l’Irak depuis 1980. Pour le président Ronald Reagan, cela n’est pas acceptable et il donne des consignes, selon le colonel Francona, dans une note transmise au patron du Pentagone de l’époque.
Pour éviter un succès iranien, les Etats-Unis vont alors fournir à Bagdad tous les renseignements en leur possession concernant les mouvements de troupes adverses, que ce soit des images satellites ou des compte-rendus d’interceptions électroniques. Grâce à ces informations, les forces irakiennes lanceront, en 1988, 4 offensives – décisives – avec des armes chimiques, provoquant la mort de milliers de soldats iraniens. Ce qui conduira, en juillet de la même année, à un cessez-le-feu entre les deux pays.
Via Zone Militaire
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