Dans un livre paru en 1996 sous le titre Ecumenical Jihad: Ecumenism and the Culture War (La guerre sainte œcuménique : œcuménisme et guerre de culture), Peter Kreeft (*) part de deux principes : le fondement de l’ordre social est la moralité, le fondement de la moralité est la religion. Il exhorte donc les chrétiens à partir en guerre pour défendre la moralité en perdition. Il pointe du doigt l’ennemi : « le troupeau de laïques fanatiques qui essayent de nous déloger hors de la cité ». Il hurle : « Les laïques arrivent, les laïques arrivent ! ». L’auteur met dans le même panier athéisme et laïcisme (godless and secularism) qui sont des bêtes immondes à combattre. Pour Kreeft, détrôner totalement les horribles monstres du paganisme, les impies, ne peut se faire que par un œcuménisme judéo-chrétien et un œcuménisme islamo-chrétien réussis. « Nous combattons côte à côte non pas uniquement parce que nous affrontons le même ennemi mais parce que, par-dessus tout, nous servons et nous adorons le même Commandeur divin ».
Pendant ce temps, de peur d’offenser les sensibilités des musulmans, le monde continue à détourner son regard des exactions du Jihad islamique contre les chrétiens (1) et permet ainsi leur poursuite sans vergogne et au grand jour. Le sort des chrétiens d’Orient et d’Égypte (1) n’émeut même pas la conscience internationale qui acquiesce au nettoyage ethnico-religieux de ces pays où l’islam vise à faire place nette. La diversité religieuse est inacceptable pour l’islam. Par contre, quand il est en phase de conquête (en Occident), il revendique le droit à la différence et refuse adaptation et intégration.
Le dragon (le mal), terrassé par St Georges,
représente ici les laïques et les athées
Un irénisme débridé
L’irénisme de Kreeft est sans bornes. L’œcuménisme se définit habituellement comme un dialogue interreligieux dont le but est de réunir toutes les églises chrétiennes. Son extension aux autres religions et notamment à l’islam ne touche-t-elle pas à l’hérésie ? Mais quand on connait le centralisme doctrinal du Vatican, on ne doute pas un seul instant que tant que ce philosophe poursuit ses activités d’enseignement dans des établissements catholiques, c’est qu’il n’a pas été désavoué par sa hiérarchie. Est-il couvert par l’Église ? Je n’en doute pas une seconde.
Afin de parvenir à lancer sa campagne pour le jihad œcuménique, Kreeft s’efforce de lisser toutes les contradictions entre chrétienté et islam. Il souhaite effacer toute rugosité, tout conflit, toute divergence, Il va jusqu’à réfuter l’existence même de discordances entre tradition chrétienne et tradition musulmane. Voilà ce qui fait l’irénisme. Mais parmi les bizarreries du dialogue islamo-chrétien, il ne suffit pas de nier ces discordances pour les voir disparaître comme le dit Robert Spencer. Pour Kreeft, « Nos anciens ennemis, comme les musulmans, sont actuellement nos amis (p 9 et 37). Musulmans et chrétiens sont au service du même Dieu (p 30 et 33) » et pour couronner le tout : « Confucius, Bouddha, Mouhammad et les philosophes grecs comme Socrate étaient tous sur la même voie spirituelle et ont tous manifesté une compréhension de Dieu. Ils sont maintenant au Ciel » (chapitre 6). Kreeft admire aussi la vénération de Marie dans le Coran. Elle y est citée 34 fois. Mais s’agit-il de la même Marie, mère de Jésus ?
Cette soumission des chrétiens à l’islam est sans limites. Naguère, en Orient, pour se rapprocher de l’islam dominant et dominateur, les chrétiens clamaient souvent : « Nous sommes tous des « musulmans » (مسلمون, dans le sens où nous sommes « soumis à Allah », les uns par le Coran, les autres par l’Évangile ».
Cette prière commune s’adresse-t-elle au même dieu ?
Ces hommes de religion ont-ils le même but ?
Des différences fondamentales entre islam et christianisme
Quoiqu’en pense Kreeft, christianisme et islam sont très différents (1). Donnons-en plusieurs exemples, dans les dogmes et les traditions.
La Trinité, (Dieu est unique mais en trois personnes, Père, Fils et Esprit), dans le christianisme, n’est pas admise par l’islam qui croit en une unité divine absolue. De ce fait, les chrétiens sont considérés comme des « associants », donc des impies.
Pour le christianisme, Dieu est le père de la création. Pour l’islam, Allah est le Maître de tout. Il ne peut être « père » car il n’a pas d’épouse.
Le christianisme croit en la liberté de l’homme, de sa conscience, liberté qui implique sa responsabilité de faire le bien ou le mal, alors que pour l’islam l’homme n’est pas libre, l’homme est l’esclave d’Allah. C’est Allah et Lui seul qui décide s’il préfère envoyer quelqu’un en enfer ou plutôt le guider vers la vérité. Le crime commis par un musulman est toujours une volonté divine. Un acte considéré comme un crime par un chrétien ne le sera pas pour un musulman (exemple : tuer un impie ou un apostat)
Pour le christianisme, Jésus est le fils de Dieu, il est divin et humain. Pour l’islam, Jésus n’est qu’un prophète. C’est un être humain comme les autres.
Pour le christianisme, Jésus a été crucifié et est mort sur la croix pour sauver les hommes de leurs péchés. Pour l’islam, Jésus n’a pas été crucifié, il n’est pas mort sur une croix, il n’est pas ressuscité et il n’est le sauveur de personne.
Pour le christianisme, Jésus annonce que l’Esprit-Saint viendra après sa mort pour conduire l’espèce humaine vers la vérité absolue. Pour l’islam, Jésus annonce la venue de Mouhammad qui guidera l’espèce humaine vers la vérité absolue.
Le christianisme croit en Jésus qui reviendra à la fin des temps pour initier le jugement divin. Pour l’islam, Jésus reviendra à la fin des temps pour détruire le christianisme et islamiser le monde.
Pour le christianisme, les prophètes de la Bible étaient tous des juifs qui préparaient la venue du Christ. Pour l’islam, ces prophètes sont des musulmans qui enseignaient l’islam. Leur message a été détourné et pris en otage pour créer le judaïsme et le christianisme.
Le christianisme considère qu’il y a une morale absolue, celle des Dix Commandements et des préceptes qui en découlent. Mais pour l’islam, il n’y a pas de morale absolue au delà de ce qui est bon pour l’avancée et la défense de l’islam.
Le christianisme émet des réserves sur le mensonge et la tromperie, même dans des situations extrêmes alors que, dans l’islam, tromper les non-croyants est permis quand les croyants [musulmans] sont en état de guerre ou sous une contrainte. Ruse et dissimulation (التقّيّة, la takiyya) sont érigées en véritable stratégie de guerre. Tant que le monde n’est pas totalement islamisé, l’islam est en « guerre sainte », en jihad permanent.
Pour le christianisme, le vol est intrinsèquement immoral mais, pour l’islam, les biens des non-croyants peuvent être pris comme butin de guerre. Les non-croyants sous gouvernance de l’islam sont soumis à une taxe spéciale dont les musulmans sont de fait exemptés.
Pour le christianisme, l’avortement est un meurtre alors que pour l’islam l’avortement est permis jusqu’au 3e mois de grossesse et même au-delà.
Pour le christianisme, tous les êtres humains sont égaux devant Dieu. Pour l’islam, non. La vie d’un musulman a plus de valeur que celle d’un non-musulman et la femme musulmane a un statut inférieur à celui de l’homme.
Pour le christianisme, l’homme doit être fidèle à sa femme car, par le mariage, ils deviennent un seul corps. Pour l’islam, l’homme peut prendre quatre épouses et des concubines. Pour le christianisme, le divorce n’est pas accepté car « ce que Dieu a uni l’homme ne peut le rompre ». Dans l’islam, l’homme peut divorcer de sa femme en prononçant simplement 3 fois la formule : « Tu es répudiée ». On a même glosé sur la validité du divorce par texto … Si le mariage chrétien est indissoluble, un chiite peut contracter un mariage de plaisir (زواج المتعة) pour une courte durée. De même les sunnites ont inventé des mariages à durée déterminée (des CDD en somme) pour assouvir leurs désirs sexuels.
Pour le christianisme, l’esclavage sous toutes ses formes est contraire à la dignité de la personne humaine. Dans l’islam, l’homme peut acheter des esclaves sexuelles en plus de ses épouses.
La litanie des divergences est encore longue …
Christianisme et islam sont incompatibles
En présence de ces nombreuses discordances dans l’essence, le rituel et les traditions de ces deux religions, nous constatons l’immense abîme qui les sépare, de la liberté à la soumission, de l’égalité à l’inégalité, de la monogamie à la polygamie, la fusion dans l’islam des pouvoirs religieux et politique, etc. …
Joindre œcuménisme et jihad est en lui-même choquant. Partir en guerre contre les laïques l’est aussi : beaucoup de laïques sont souvent chrétiens et la laïcité est une valeur fondamentale : elle est le dénominateur commun qui permet à tous de vivre ensemble et de se respecter, croyants et non-croyants. Il est absurde aussi de mener une guerre contre les athées car ces derniers ne sont pas hostiles aux croyants, ne les empêchent pas de vivre leur foi. Ils vivent leur athéisme dans la discrétion.
Cette campagne guerrière de Kreeft, pour le moment « soft », quoique menée par une alliance des religions décidée en haut lieu, laisse les croyants dubitatifs et tout particulièrement les catholiques qui sont plus laïques que les autorités religieuses veulent nous le faire croire. Lancer une telle guerre universelle des religions par une stratégie d’autodestruction, viderait encore davantage les églises, les temples, les synagogues, en affaiblirait les communautés et laisserait l’islam dominer l’Occident et le monde libre. Ici, en France, c’est aux catholiques, de mettre leurs évêques en quarantaine dès qu’il s’agit pour eux de traiter avec l’islam. « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées ».
Bernard Dick
(*) Peter Kreeft est professeur de philosophie au Boston College, université catholique de recherche dirigée par les Jésuites. Il est l’auteur de Ecumenical Jihad : Ecumenism and Culture War (1996) et deBetween Allah and Jesus : What Christians can learn from Muslims(2010). Evangéliste, il s’est converti au catholicisme.
(1) Le 15/08/2013, une vingtaine d’églises ont été incendiées en Égypte.
(2) Robert Spencer, directeur de Jihad Watch, est l’auteur de Not Peace but a Sword, Ed. Catholic Answers, San Diego, 2013, 239
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