Je reste convaincu que l’avenir de l’Eglise catholique, entre autre pour des raisons démographiques, se situe dans le sud et l’est de l’Europe, aux Amériques, en Afrique et en Asie. Certes, c’est humiliant pour d’autres pays, tels la France (ex-Fille aînée de l’Eglise qui, aujourd’hui, plus que jamais, est divisée contre elle-même et amputée de son passé) et l’Allemagne par exemple (le cas de l’Italie reste incertain). C’est humiliant, écrivais-je. Mais c’est, selon moi, la stricte réalité. Le siège de l’Eglise catholique est et demeurera à Rome, donc en Europe « de l’Ouest ». Mais celle-ci ne fait plus le poids face à l’islam. Car à l’inverse des évangéliques ouest-européens – qui eux font preuve d’un grand courage (il suffit de les lire et de les écouter pour s’en apercevoir) – les catholiques ouest-européens font preuve de compromission et de lâcheté.
La France, le Royaume Uni, l’Allemagne et la Belgique totalisent, ensemble, des millions de musulmans. C’est un fait. Et rien ne permet de supposer que la présence musulmane, dans les pays précités, va diminuer ou même stagner. L’Europe de l’Ouest va devoir vivre avec cela. Quant aux chrétiens du Proche et du Moyen Orient, ainsi que du Pakistan – faute de soutient de la part de l’Eglise catholique d’Europe de l’Ouest – ils continueront d’être tantôt persécutés, tantôt contraints à l’exil. J’ignore, pour la prochaine décennie, comment les pays européens catholiques et les pays européens post-chrétiens vont coexister. Je n’exclue pas un exode des catholiques de France, du Royaume Uni, de l’Allemagne et de la Belgique vers le sud et l’est de l’Europe, vers les Amériques, vers l’Afrique et même vers l’Asie. Je sais qu’écrire cela en 2011 semble totalement surréaliste. Nous reprendrons certainement le sujet dans une dizaine d’années.
A ce propos, deux documents récents confirment l’avenir du catholicisme notamment en Espagne et aux USA.
En prévision de la venue, à Madrid, de Benoît XVI, pour les XXVI Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ du 18 au 21 août), voici les statistiques relatives à l'Eglise catholique d'Espagne (extraits) : pour 46'073’000 habitants, l'Espagne compte 42'470’000 catholiques (92,18 %). L'Eglise dispose de 70 circonscriptions, de 22’890 paroisses, de 126 évêques, de 24’778 prêtres, de 1’866 séminaristes, de 1’258 postulants, de 54’184 religieux, de 2’826 laïcs consacrés et de 99’581 catéchistes. L'éducation catholique, de la maternelle à l'université, compte 1'461’899 élèves et étudiants, répartis en 5’535 structures. L'Eglise dirige 77 hôpitaux, 54 dispensaires, 1 léproserie, 803 maisons de retraite, 391 orphelinats et garderies, 293 centres pour la famille et la protection de la vie, 3’323 centres sociaux spécialisés et 632 autres structures variées. L’évêque de Cordoue prend régulièrement des positions courageuses contre le prosélytisme agressif des musulmans en Andalousie. On ne peut en dire autant des évêques français, britanniques, belges et allemands.
De son côté Sandro Magister à propos du catholicisme aux USA, ose un texte politiquement très incorrect (extraits) : « Après Scola à Milan, voici Chaput à Philadelphie. Pas à pas, les nominations décidées par Benoît XVI remodèlent les instances dirigeantes dans les pays phares du catholicisme mondial. La nomination de Charles J. Chaput comme archevêque de Philadelphie, rendue publique aujourd'hui, est un nouveau pas en avant dans la démarche entreprise par Benoît XVI pour remodeler conformément à ses idées les instances dirigeantes de l'Église catholique aux États-Unis, comme cela a déjà été fait dans d'autres pays. Avec cette nomination de Chaput à Philadelphie, siège qui est traditionnellement honoré du chapeau cardinalice, les principaux postes de l'épiscopat des États-Unis sont de plus en plus solidement occupés par des hommes très en accord avec les idées du pape Joseph Ratzinger, qui les connaît et les estime. On se bornera à citer, parmi eux, l'archevêque de New York, Timothy Dolan, et celui de Los Angeles, José H. Gómez, qui est un grand ami de Chaput. Depuis l'automne dernier, Dolan est également président de la conférence des évêques des États-Unis. Pour son élection, les votes qui s'étaient précédemment portés sur Chaput lui-même ont été déterminants au moment du vote final ».
A Sandro Magister, Mgr Chaput déclare : « Les catholiques ont très largement contribué à modeler l'Amérique, depuis Charles Carroll – le seul signataire catholique de la Déclaration d'Indépendance – jusqu'à aujourd'hui. Mais cela n'a pas été facile. L'Amérique n'a jamais été vraiment à l'aise avec le contenu de la foi catholique. Le courant majoritaire des Américains a eu tendance à accepter les catholiques en raison inverse du sérieux avec lequel ils vivaient leur foi. Il existe évidemment un grand nombre d'exceptions à cette règle, mais elle est encore trop souvent vraie ».
Sandro Magister : Et en politique ?
Mgr Chaput : « Particulièrement en politique. Robert Casey, le gouverneur de Pennsylvanie aujourd'hui disparu, est l'un des hommes que j'admire le plus. Le pays pourrait employer beaucoup plus d'hommes et de femmes catholiques comme lui dans le service public. L'archevêque de New York, Timothy Dolan, qui est également président de la conférence des évêques catholiques des États-Unis, est habituellement très présent dans les médias. Vous-même, vous intervenez par écrit, en participant à des débats et même en affrontant les autorités politiques. En Europe ce comportement serait qualifié d'“ingérence” de l'Église et il provoquerait des protestations. L'Europe a été modelée, partiellement, par les Guerres de Religion et aussi par ces héritages de la Révolution française que sont son anticléricalisme et sa méfiance fondamentale vis-à-vis de la religion. C'est un poids du passé que la plupart des Américains ne comprennent pas. La Révolution américaine a été un phénomène différent et elle a eu lieu dans un contexte profondément chrétien et protestant. Beaucoup des Pères Fondateurs étaient eux-mêmes chrétiens. John Courtney Murray a fait un jour remarquer que même lorsque les Américains ne sont pas croyants, leur absence d'intérêt est amicale. L'hostilité aiguë envers la religion que l'on trouve en Europe est étrangère à l'Amérique. Ou, tout du moins, elle l'était encore récemment ».
Sandro Magister : Par comparaison avec l'Europe, les États-Unis paraissent beaucoup plus religieux. Est-ce vraiment le cas ? Ou bien le désert de l'incrédulité y gagne-t-il également du terrain ?
Mgr Chaput : « Si l'on se fie aux apparences, c'est vrai. D'une manière générale, les Américains sont beaucoup plus enclins à la foi religieuse que les Européens. Mais ce n'est pas seulement une apparence. Des millions et des millions d'Américains prennent vraiment leur foi au sérieux et ils pratiquent sincèrement leur christianisme. On ne peut pas vraiment comprendre les États-Unis si l'on ne tient pas compte de leurs racines influencées par le christianisme. Cependant il y a, dans le caractère des Américains, un pragmatisme, un fond de matérialisme et d'instinct de possession, qui agit contre l'Évangile. C'est pour cette raison que beaucoup d'Américains ont l'habitude d'avoir une croyance sans se rendre compte de ce qu'elle implique et sans laisser leur foi modeler véritablement leur vie. Aux États-Unis, le catholicisme a toujours été une foi d'immigrants, une foi de minorités. C'est ce qui explique à la fois sa vigueur et sa très forte volonté de s'assimiler et de s'intégrer. La culture américaine a une aptitude extraordinaire à homogénéiser et à assimiler les nouveaux venus. Ce n'est pas quelque chose de tout à fait mauvais. Les États-Unis sont fondamentalement une nation d'immigrants. Mais cela peut donner comme résultat une population dont les croyances perdent de leur vigueur », ajoute Mgr Chaput.
Pour ce qui me concerne – et en guise de conclusion – j’aimerais dire, à quel point je regrette, que les pays d’Europe de l’Ouest à forte population musulmane, semblent refuser obstinément, le concept de société libre et laïque de culture judéo-chrétienne.
Ce qui est encore possible aux Amériques, ne l’est plus, dans les pays d’Europe de l’Ouest, que j’ai cités, en introduction. L’on y préfère l’israélophobie et l’islamophilie. Je vis dans un « pays », le Valais, où, il est encore possible, de défendre et de valoriser, par oral et par écrit, la société libre et laïque de culture judéo-chrétienne. Détail révélateur, je suis catholique, je vis dans une maison tenue par des évangéliques, et, près de là, vit une communauté de Juifs. Tout cela dans la paix et l’harmonie. Pour combien de temps encore ?
Michel Garroté
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