Onze personnes ont été tuées ce mercredi dans les environs de Damas, dans une nouvelle vague de répression. Hier, une dizaine d’autres victimes a été signalée. La répression se poursuit et se durcit sans pour autant entamer la détermination des Syriens. Assad perd toutes ses cartes sauf une : une guerre régionale avec Israël, via le Hezbollah.
Or, pour les opposants, ces agissements ne font qu’accélérer la chute du régime qui a dores et déjà donné des signes de faiblesse : dimanche, Damas a annoncé une nouvelle loi sur les partis politiques ; mardi, il a concédé une nouvelle loi sur les médias. Or, non seulement ces lois restent sans effets tant que l’article 8 de la Constitution, qui fait du Baas le parti leader de l’Etat et de la société, n’est pas abrogé, mais aussi elles imposent des conditions draconiennes aux futurs partis politiques ; des conditions qui sont en contradiction flagrante avec le comportement du régime.
En effet, pour être autorisés, les futurs partis doivent s’engager à respecter les libertés et la démocratie et à ne pas recourir à la violence. Ils ne doivent pas se fonder autour de valeurs religieuses, ethniques ou raciales... Or, le régime ne respecte pas la non-violence prônée, ni la démocratie, encore moins les libertés. Le parti Baas est en outre fondé autour de l’arabité, et de ce fait, il viole l’article 1 de la future loi sur les partis !!
Ces deux projets de loi, qui seront suivis par un troisième relatif à la loi électorale, doivent encore être examinés et validés par le Parlement. Or, le Parlement manque de crédibilité, les députés ayant été littéralement nommés par le régime et le parti Baas détenant la majorité au sein de cette instance.
L’accélération des réformes, après onze années de promesses jamais tenues par Assad, prouve que le président syrien manœuvre pour gagner du temps, et n’a aucunement l’envie de réformer réellement. Car, toute libéralisation politique signifie la fin de son régime. Les opposants en sont conscients et connaissant le régime, ils excluent qu’il puisse signer sa propre mise à mort. De ce fait, les opposants rejettent les manœuvres d’Assad et promettent la poursuite de leur mouvement jusqu’à la chute du régime.
- Dans ce contexte aussi, des informations font état d’un vent de révolte qui souffle sur les miliciens du régime. Ces « mercenaires » de confession alaouite (en majorité) menacent de ne plus prêter main forte au régime si leurs salaires n’étaient pas versés à temps. Selon des sources syriennes, ils étaient payés autour de 10.000 livres par jour travaillé (par vendredi). Mais étant sollicités plus souvent, presque au quotidien, leurs salaires devenaient plus conséquents pour un employeur (Assad) qui souffre de manque de liquidités. Début juillet, les traitements journaliers ont été réduits à 2.000 Livres, et, depuis une semaine, les miliciens ne sont plus payés.
Notons aussi que plusieurs accrochages ont opposé, ces derniers jours, l’armée syrienne aux miliciens et aux services de renseignement, spécialisés dans la répression. Ces accrochages, qui ne sont pas les premiers, ont eu lieu notamment à Zabadani.
Ces informations semblent se confirmer à la lecture d’un communiqué publié ces derniers jours par les dignitaires de la communauté alaouite, dans lequel ils prennent leur distance avec le régime qualifié de « clanique et familiale » et qui « n’engage par la communauté ». Ils appellent à l’unité du pays et à la mobilisation pour renverser le régime.
Une guerre régionale en perspective ?
La seule carte d’Assad reste, à présent, le Hezbollah au Liban qui en contrôle désormais le gouvernement. Le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, a en effet menacé hier soir Israël de représailles si l’Etat hébreu autorisait les explorations pétrolières dans la zone maritime contestée au large du Liban. En l’absence d’une délimitation des frontières maritimes (que le gouvernement libanais lie au règlement du conflit israélo-arabe !), cette question peut servir de casus belli. D’autant plus que Syrie et le Hezbollah ont intérêt à une guerre de diversion. Un tel scénario permet à Damas de respirer et de réprimer loin des regards qui seront alors concentrés sur le conflit avec Israël. Et le Hezbollah n’aura plus à coopérer avec le Tribunal international dans l’affaire Hariri.
Une course contre la montre est ainsi engagée entre, d’une part, le peuple syrien désireux de se libérer après 48 années de pourvoir du Baas, et d’autre part, le régime baassiste qui s’accroche au pouvoir et le Hezbollah qui cherche une bouée de sauvetage.
Source : Mediarabe.info
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