Un soldat des forces spéciales françaises, ici en Afghanistan.© Alexander Klein / AFP
Hantise des dirigeants occidentaux
Les propos du ministère français des Affaires étrangères sont explicites. Selon son porte-parole adjoint Vincent Floreani, "tout emploi de ces armes chimiques par Bachar el-Assad serait inacceptable". Et d'ajouter : "Les dirigeants de Damas doivent savoir que la communauté internationale les observe et ne restera pas sans réaction s'il venait à utiliser ses armes." C'est aussi ce qu'a dit lundi le président américain Barack Obama en déclarant : "Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable." Ces propos millimétrés illustrent les conditions qui déclencheraient une intervention militaire, au cas où le régime se servirait de son arsenal toxique.Cette réaction prendrait la forme de frappes sur des cibles "L" (pour leadership) par des missiles de croisière, concomitantes à une prise de contrôle des stocks chimiques, avant leur sécurisation puis leur transfert. Car la hantise des dirigeants occidentaux ne porte pas seulement sur l'utilisation des armes toxiques par le régime. Ils ne veulent pas non plus que des opposants, notamment djihadistes, puissent mettre la main dessus et s'en servir. D'où la petite phrase du porte-parole, qui ne doit pas être prise à la légère, quand il évoque la volonté internationale de "prévenir toute utilisation de ces armes si la tentation en venait soit au régime soit à d'autres". On note que le Quai d'Orsay ne parle plus là d'utilisation, mais bien de "tentation". Ce qui change beaucoup de choses.
Une intervention préventive se profile
En réalité, c'est une intervention préventive qui se profile. Est-il réaliste d'imaginer que les grandes capitales laissent Bachar el-Assad agir en utilisant de telles armes, alors qu'elles ont la conviction que le despote s'apprête à le faire ? Non bien sûr... Dans cette hypothèse qui paraît aujourd'hui prendre de l'épaisseur, les forces spéciales des pays constituant une coalition "ad hoc", c'est-à-dire non soumise à l'Otan, lanceraient des raids à partir de la Jordanie et de la Turquie pour se saisir des armes là où elles se trouvent, avant que toute "tentation" de s'en servir ait connu un début de réalisation.
Les propos publics de Washington indiquent que les dirigeants américains ont pris connaissance par leurs moyens de renseignement - ou ceux de leurs alliés - de la mise en oeuvre de mesures préparatoires à l'utilisation de ces armes. Bientôt suivis par Paris qui n'est pas en retard dans cette affaire, les Américains ont en quelque sorte lancé un ultime avertissement à Bachar el-Assad. Ils ont le doigt sur la gâchette. La préparation d'une opération préventive n'est pas un mystère et, pour ne citer qu'elles, les forces spéciales françaises ont été mises en place discrètement en Jordanie à cette fin. Aussi bien pour participer elles-mêmes à une telle intervention que pour aider leurs homologues jordaniennes. Nous nous en faisions l'écho ici en septembre dernier.
Conditions politiques
Quant aux conditions politiques d'une intervention, elles sont à l'appréciation de François Hollande, chef des armées. Lors de la conférence des ambassadeurs, le 27 août dernier, il avait clairement indiqué que la France réagirait militairement si le régime de Bachar el-Assad utilisait les armes chimiques : "Je le dis avec la solennité qui convient : nous restons très vigilants avec nos alliés pour prévenir l'emploi d'armes chimiques par le régime, qui serait pour la communauté internationale une cause légitime d'intervention directe."
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius enfonçait le clou quelques jours plus tard. Depuis la fin de l'été, les choses ont changé et la constitution d'une coalition représentative dirigée par Ahmad Moaz al-Khatib permettra de déclencher une intervention à sa demande. Bachar el-Assad est prévenu
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