mardi 13 août 2013

Israël : la colombe et le faucon

Il n’avait fallu rien de moins que l’amicale mais insistante pression des États-Unis, allié, protecteur, mécène et indéfectible garant de l’État hébreu, pour qu’Israël, après trois ans d’interruption, accepte de rentrer en pourparlers avec l’Autorité palestinienne. Certes, ni l’organisateur ni les deux partenaires de ces retrouvailles n’attendaient grand-chose de la reprise de négociations sans autre programme qu’une discussion préliminaire sur la forme, la méthode, le calendrier et l’objet de ces négociations mêmes. Au moins, le simple fait qu’Israéliens et Palestiniens se réunissent autour d’une table pouvait-il être considéré comme un geste positif. Nous avons appris, sur ce dossier, à nous contenter de peu, et tout ce qui peut y faire baisser la tension, si peu que ce soit, ne peut qu’être bien accueilli. La décision du gouvernement israélien de puiser dans son abondant vivier de détenus palestiniens pour en libérer quelques-uns n’était-il pas un gage supplémentaire de bonne volonté ?
C’était compter sans la duplicité habituelle et la mauvaise volonté bornée de M. Benyamin Netanyahou. À quarante-huit heures de la réunion inaugurale de ce nouveau cycle de négociations, son gouvernement lançait hier un appel d’offres pour la construction de mille nouveaux logements dans deux blocs de “colonies” situés à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, c’est-à-dire, faut-il le rappeler, sur des terres illégalement occupées et abusivement annexées de fait par Israël depuis près de cinquante ans. Lecasus belli est une étrange manière d’entrer sur le sentier de la paix. Les colombes, on le sait, sont craintives, et la simple présence d’un faucon, sans même parler de ses menaces, suffit à les faire envoler.
Sans espoir de retour ? Sûr de sa force et de l’appui de son grand allié embringué avec lui dans les préparatifs de sa prochaine guerre, M. Netanyahou, qui n’a jamais renoncé au grand dessein du “grand Israël”, sème la haine à pleines poignées. Cela nous prépare de sanglantes moissons dont la région et le monde seront une fois de plus les victimes collatérales.
Depuis 60 ans que dure ce conflit, peut-être vaut-il mieux qu'il éclate une bonne fois pour toute. Au cours de l'histoire des peuples, certains règlements n'ont pu s'opérer que par la guerre. Cette situation larvée pourrit la vie d'une bonne partie du monde. Alors qu'ils se tappent desssus une bonne fois pour toute...espérons-le. Dieu reconnaîtra les siens
Dominique
Journaliste et écrivain.
Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.
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