mardi 14 janvier 2014

Omerta, blasphème et antijudaïsme de combat


Ecrivain.

L’opération Quenelle vengeresse d’un Manuel Valls en piste pour Matignon ouvrira-t-elle les yeux des beaux esprits ? Rien n’est moins sûr. Ils ne comprennent pas le phénomène Soral et Dieudonné.
Une précision de vocabulaire d’abord. Il n’existe pas plus de sémitisme que d’antisémites patentés depuis que les derniers qui crurent à ces délires périrent dans leur bunker berlinois, outre que la race sémite conçue contre l’assimilation des juifs fut la condition sine qua non de l’apparition de l’antisémitisme, dixit Hannah Arendt.
À l’antisémitisme racialiste a succédé un antijudaïsme de combat, d’autant plus virulent que le débat sur le judaïsme ne se fait pas, qu’il est couvert par l’omerta.
Le premier communautarisme français est né du côté de Sarcelles, du Sentier et du Marais (Michel Wieviorka). La réalité occultée sur l’entre-soi judaïque alimente la rancœur et les soupçons. Quand on kidnappe, torture et tue un fils de commerçant juif, c’est aux sépharades de La Vérité si je mens qu’on s’en prend.
Le silence sur la place du judaïsme, justifiée par les talents ou les réseaux d’influence, nourrit le ressentiment de ceux qui s’en sentent exclus. Les fantasmes de complot se nourrissent du secret, décuplés à l’ère de l’information instantanée. Débattons pour montrer qu’il n’y a rien à cacher.
Le rappel obsessionnel des souffrances juives suscite la compétition des victimes et l’envie d’en souiller la mémoire. Le repos des aïeux disparus et le confort satisfait des vivants ne s’achètent pas avec des lois mémorielles. À force de capitalisation victimaire (René Girard) et de sacralisation vient la tentation de la profanation, à l’instar des sabbats sacrilèges des sorcières contre l’Église (Carlo Ginzburg).
Se joue ce que Sartre énonçait dans La Question juive, à savoir l’essentialisation de l’adversaire à une origine fantasmée ou une phobie supposée : hier le juif, aujourd’hui le raciste et l’antisémite. Leo Strauss nous mettait pourtant en garde contre la reductio ad hitlerum.
Celui qui se voit lynché, sans procès ni jugement, pour déviance antisémite, raciste, homophobe et bientôt islamophobe, ne s’en remet pas. Renaud Camus en sait quelque chose, obligé à un philosémitisme de tous les instants pour faire oublier sa sincérité d’un moment. Pauvre Voltaire, des affaires de blasphème comme celle du chevalier de La Barre, il s’en produit tous les jours. De là vient l’antijudaïsme et la xénophobie, bêtes mais jamais sans fondements, quenelle et banane à l’appui.
Les juifs qui brisent l’omerta sont aussi voués aux gémonies : Chomsky ou Gaby Cohn-Bendit, partisans de la liberté d’expression, Arendt pour qui le mal d’Eichmann était banal, Jean Daniel dénonçant le judéo-centrisme obsessionnel et névrotique du CRIF et même Nicolas Bedos se plaignant des haineux et paranoïaques, fragiles psychiatriquement.
Le terrorisme de la LDJ et du Betar et l’allégeance à Israël valent la violence des musulmans et leur obédience à l’égard du Maghreb. La névrose juive et les oukases du parti dévot suscitent l’antijudaïsme stupide dont Dieudonné s’est fait le porte-voix. Toute cette folie est fort contagieuse.

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