Le Royaume-Uni, par la Déclaration Balfour, avait en 1917 approuvé la naissance d’un foyer national juif en Palestine. Soixante-cinq ans et cinq ou six guerres plus tard, Israël n’est toujours pas reconnu par la plupart des pays arabes. La division et l’instabilité de ceux-ci, s’ils procurent un répit à l’État hébreu, n’assurent pas une solution à long terme. Son soutien le plus fidèle et le plus déterminant est venu des États-Unis. Mais, là encore, l’alliance avec les djihadistes en Afghanistan, avec le soutien de l’armée et des services secrets pakistanais d’une part, et l’appui des moyens considérables de pays du Golfe liés au fondamentalisme musulman d’autre part, a réveillé un islam militant et conquérant qui déteste le monde occidental. A la fin des années 70, le monde arabe était encore lisible : il y avait les monarchies pro-occidentales, les dictatures plus ou moins nationalistes, militaires et corrompues que l’Occident avait ramenées dans son giron, et il y avait les dictatures nationalistes et socialistes, notamment les deux appuyées sur le parti Baas (Syrie et Irak), qui étaient proches du bloc soviétique.
Deux guerres d’Irak plus tard, la situation est devenue totalement illisible. Le Printemps arabe a soufflé et soulevé de nouvelles illusions occidentales sur le développement de la démocratie : plusieurs dictatures vermoulues se sont effondrées, par la révolution ou par la guerre. Mais sur les ruines d’un nationalisme arabe plus ou moins faisandé, ce n’est pas la démocratie fondée sur les droits de l’homme qui est apparue mais des régimes marqués par l’islamisme et tendant vers l’application de la charia. Cette régression, notamment dans des pays ouverts au tourisme, et comprenant comme l’Égypte de fortes minorités religieuses, a provoqué des mouvements contre-révolutionnaires qui s’opposent au pouvoir sorti des urnes. Assassinats et manifestations en Tunisie, coup d’État militaire en Égypte, éclatement de fait et anarchie en Libye : le bilan est désastreux. Les dominos tombent dans le sens inverse.
Pendant ce temps, depuis plus de deux ans, le domino qui devait tomber pour s’ouvrir lui aussi à l’aube radieuse de la démocratie (la Syrie) résiste et vit un cauchemar : 100.000 morts ! El-Assad, son armée, le Hezbollah et, en seconde ligne, ses alliés iranien et russe semblent même prendre l’avantage. Les rebelles ont un visage présentable mais les éléments les plus actifs sur le terrain sont les djihadistes. Personne ne pourra empêcher qu’ils bénéficient des livraisons d’armes qu’envisagent les Occidentaux. Depuis un an, 28 tonnes d’armes ont déjà été livrées à partir de la Libye, par l’entremise du Qatar. Le gouvernement Assad a créé un ministère de la Réconciliation nationale. Il ne perd pas mais il est épuisé, et ce sont les Syriens qui paient le prix de nos illusions.
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