Il y a quelques semaines, un haut fonctionnaire russe m’a assuré que son gouvernement ne s’opposerait pas à « une résolution forte » de soutien à l’insurrection en Syrie. Pourtant, la Russie, ce mois-ci, a mis son veto à une résolution “douce” du Conseil de Sécurité de l’ONU. Et tout cela alors que le ministre des Affaires Étrangères russe, Sergueï Lavrov, a invité l’opposition syrienne à Moscou, ce qui implique que le président Bachar al-Assad n’est plus l’interlocuteur exclusif de la Russie… Et seulement 48 heures après le veto, le président russe Dmitri Medvedev a appelé Assad à réformer le pays !
Pourquoi la Russie se comporte-t-elle comme une république bananière plutôt que comme une puissance maîtrisée face à la menace de la paix régionale?
Dans les faits, l’histoire, une fois de plus, se répète. Revenons 15 ans en arrière, après que ce pays soit classé parmi “les indépendants” et qu’il ait cherché le patronage de la Russie comme protecteur. Au fil des années, une dépendance s’est développée dans l’épine dorsale de la stratégie nationale syrienne. Même dans les années 70, sous la répression du terrible dictateur Hafez al-Assad, qui servait alors les intérêts américains en écrasant la gauche de son pays, Damas entretenait des liens étroits avec Moscou.
Dans les faits, l’histoire, une fois de plus, se répète. Revenons 15 ans en arrière, après que ce pays soit classé parmi “les indépendants” et qu’il ait cherché le patronage de la Russie comme protecteur. Au fil des années, une dépendance s’est développée dans l’épine dorsale de la stratégie nationale syrienne. Même dans les années 70, sous la répression du terrible dictateur Hafez al-Assad, qui servait alors les intérêts américains en écrasant la gauche de son pays, Damas entretenait des liens étroits avec Moscou.
Avec la fin de la guerre froide, la Russie a perdu de l’intérêt pour la Syrie et pour les autres régimes militaires arabes. Mais les événements changent et redeviennent souvent comme ils étaient par le passé.
Le retour de Vladimir Poutine en tant que président a été le signal de départ d’une politique anti-occidentale plus agressive. Le “vernis diplomatique” a été égratigné par Medvedev. Poutine pense que l’Amérique est en déclin et que la Russie peut redevenir une superpuissance. Du moins, au Moyen-Orient et en Asie.
Et, au Moyen-Orient, la Russie n’a pas d’ami à l’exception de la Syrie. Les mollahs iraniens peuvent être des alliés tactiques quand il s’agit de faire un pied de nez à l’Amérique, mais ils ne sont que des seconds rôles pour Poutine. Ils se voient eux-mêmes comme une superpuissance alors, pourquoi faire confiance à Moscou ?
Poutine sait que Bachar el-Assad est condamné. Mais il veut s’assurer que la Russie a son mot à dire dans le choix de son successeur. Un autre facteur : le bail russe sur le port de Sébastopol en Crimée expire en 2017 et ne peut être prolongé sans l’accord de l’Ukraine. Sébastopol est la plus grande base navale Russe et sa bouée de sauvetage pour le maintien d’un accès direct sur la Mer Noire, puis sur les Dardanelles et la Méditerranée. Perdre cette base serait comme devenir enclavée pour la Russie. Kaliningrad ne pourra jamais être transformée en un atout naval majeur tandis que les côtes sibériennes et extrême-orientales ne permettront pas un ravitaillement facile.
En 2017, l’Ukraine pourrait bien être un membre de l’Union européenne et il est fort à parier que l’OTAN ne voudrait pas de cette base navale russe en Ukraine. Alors Moscou est à la recherche d’une alternative à Sébastopol. Les stratèges russes estiment qu’ils ont trouvé la solution sur la côte méditerranéenne de la Syrie. Là même où ils stationnent actuellement plusieurs sous-marins et destroyers.
En 2002, Moscou et Damas ont tenu des discussions préliminaires sur ce sujet. Initialement, l’idée était de transformer le port syrien de Tartous en une base tout-usage aérienne et marine pour les deux nations. Mais les investissements européens (car l’Europe investit massivement dans le régime nazi de Syrie) ont empêché les Russes de s’accaparer de Tartous, alors, ils se sont tournés vers le port de Latakié, ou ils sont aujourd’hui massivement implantés.
Mais là encore il y a le facteur iranien, principal donateur du régime Assad. La République islamique exige des installations pour sa propre marine. En Février, une flottille iranienne a visité la Syrie pour la première fois… Elle souhaite installer des “ports d’amarrage” pour une présence permanente en Méditerranée.
La Russie sait qu’Assad va devoir bientôt partir. C’est pourquoi Poutine recherche une solution médiane : un nouveau régime syrien dans lequel les amis de Moscou (donc des proches actuels d’Assad) auraient une place assez forte pour offrir à la marine russe tout ce dont elle désire.
Inspiré d’un article d’Amir Taheri
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