Le régime Assad a subi un électrochoc, mercredi 16 novembre, quand des déserteurs auto-proclamés « Armée Syrienne Libre » ont tiré avec des lance-roquettes portés à l’épaule et des mitrailleuses lourdes pour frapper son plus grand complexe de sécurité à Harasta, à l’ouest de Damas, sur l’autoroute d’Alep. C’était la première fois qu’une force armée anti-Assad venaient s’en prendre à une cible stratégique essentielle avec de vraies munitions, allant bien au-delà des embuscades de véhicules militaires en mouvement pour tuer de simples soldats. Cela a été le signe de la confiance grandissante de l’opposition en sa capacité de perturber le soutien du haut commandement militaire à Assad…
Cela atteste, également, du haut degré de son organisation militaire et de son aptitude au commandement, de façon à déployer de vastes unités et produire une brusque escalade de sa campagne visant à détrôner Assad.
Le résultat de cette attaque et l’étendue des pertes et dommages subis sont difficiles à évaluer, du fait de la censure imposée aux informations, qui a durci le ton autour de cet évènement. Des sources arabes révèlent que cela n’a pris fin qu’après l’arrivée d’hélicoptères d’assaut syriens.
“Le Service de Renseignement de l’Armée e l’Air”, cible de l’attaque, est une dénomination trompeuse. Commandé par le Général Jamil Hasssan, qui est directement subordonné au plus juene frère Assad, Maher, il n’a rien à voir avec l’armée de l’air. Cet organisme fort de 20 000 hommes, le bras armé sous couverture fondamental pour le régime, dans la répression contre l’opposition et le renforcement du pouvoir de sa minorité alaouite. Ses officiers sont postés dans chaque mission diplomatique et commerciale syrienne à l’étranger, quand ses unités d’élite sont spécialisées pour abattre les Frères Musulmans syriens et d’autres adversaires et imposer le silence aux minorités kurde, druze et catholique syriennes.
La première attaque de type commando sur le complexe d’Harasta était aussi hautement symbolique pour le soulèvement qui dure depuis huit mois. En juin, cette ville a été le théâtre d’un rassemblement contre Assad particulièrement sanglant. Une photo, qui a reçu une large couverture internationale, montrait un jeune homme couvert de sang marchant seul le long d’une des rues principales, criant qu’il n’avait pas peur des tirs de l’armée syrienne et qu’il voulait mourir pour l’éviction de la famille Assad.
La 4ème Division de l’armée syrienne –La Garde Républicaine – qui est commandée par Maher Assad était intervenue pour y propager des actions brutales, afin d’étouffer la résistance dans cette ville-clé.
Le potentiel changement dans les règles du jeu contenu dans l’attaque de mercredi, faisait indubitablement partie d’un plan bien préparé pour évincer Assad, concocté par la coalition qui regroupe la Turquie et les Etats du Golfe, menés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Jordanie. Les sources militaires et du renseignement de Debkafile rapportent que ce pourrait bien être le premier effort concerté de l’intérieur de la région pour chasser le plus proche allié de l’Iran.
Depuis mercredi, quatre menaces se sont rapprochées d’Assad :
1. La Ligue Arabe, sous la férule du Conseil Militaire Suprême égyptien, en liaison avec l’Arabie Saoudite, projette de soumettre une motion au Conseil de Sécurité de l’ONU sur la crise syrienne, qui pourrait ouvrir la porte à une intervention militaire extérieure dans la crise syrienne. Si cette motion est contrecarrée par la Russie et la Chine, la Ligue Arabe agira de son propre chef, en tant qu’autorité suprême arabe dans la région.
La Ligue Arabe a pris la première mesure dans cette direction, mardi 15 novembre, avec l’annonce de plans visant à créer une force observatrice de 500 membres, et de l’envoyer en Syrie. La prochaine étape serait la constitution d’une force arabe conjointe afin d’assurer la sauvegarde des observateurs.
2. Le Conseil de Sécurité et/ou la Ligue Arabe étendront les sanctions économiques contre la Syrie. Assad est déjà à court de liquidités pour subvenir aux besoin de la répression militaire, au moment où le défi est croissant pour le régime.
3. La Turquie montre la voie à une offensive panarabe, en réitérant ses menaces d’envahir la Syrie et d’établir une zone de sécurité militaire, comme sanctuaire pour les rebelles syriens et les réfugiés – à moins que ne cesse le massacre des civils. L’opposition syrienne disposerait ainsi de sa première base territoriale à l’intérieur du pays sous la protection turque.
Jusqu’à présent, l’Arabie Saoudite et le Qatar, au nom du Conseil de Coopération du Golfe, ont limité leur intervention en Syrie au transfert clandestine d’armes et de financement. Cette fois, ils ont commencé de faire payer à l’Iran son rôle de trouble-fête subversif au Bahrein, au Yémen, en Irak et au Liban.
Dorénavant, le CCG propose de faire la mise à jour de son soutien aux rebelles contre Assad, n proportion du niveau d’ingérence iranienne contre les dirigeants arabes. Le Roi de Jordanie, Abdallah II, qui a forgé un pacte avec le CCG, a fourni une mise en garde en bonne et due forme, à propos de cette stratégie, lundi 14 novembre, en devenant le premier dirigeant arabe à appeler ouvertement à la démission de Bachar al-Assad. Cet appel, disent les sources de Debkafile, était un signal marquant l’approche d’un conflit régional.
DEBKAfile Reportage spécial 16, novembre 2011, Adaptation : Marc Brzustowski.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire