La couverture par les media occidentaux du récent massacre des Chrétiens Coptes au Caire, en Egypte – lors duquel l’armée a massacré des dizaines de Chrétiens et en a blessé plus de 300, a été – comme on en a parlé un peu plus tôt, déplorable. Elle n’a fait que répéter la propagande mensongère des media complices de l’Etat dirigeant, sans rendre compte des faits. Depuis lors, de nouvelles preuves des mensonges et de la brutalité qui entourent le massacre, ont surgi ; elles sont recueillies dans le rapport suivant, qui rassemble des faits documentés et des vidéos provenant de sources arabes – dont beaucoup n’ont pas été retransmis par les media occidentaux…
Ce rapport renseigne sur : 1) Les activités du Conseil Suprême de l’Armée égyptienne et de son dirigeant de facto ; 2) Les mensonges et les tactiques de duplicité de l’armée comme de ses porte-parole médiatiques, à la TV égyptienne, et 3) Le sentiment anti-chrétien omniprésent dans tous les aspects de cet incident.
L’armée égyptienne
Des véhicules blindés ont intentionnellement pourchassés et roulés sur les manifestants, en tuant et en mutilant beaucoup d’entre eux.
- Voici, peut-être la vidéo la plus explicite; elle montre un véhicule blindé fonçant à pleine vitesse et roulant en avant et en arrière, délibérément, sur des Chrétiens qui ne se doutaient de rien.
- Cette vidéo montre un second véhicule blindé pourchassant des manifestants, et un soldat ouvrant le feu contre la foule.
- Cette vidéo montre des voitures blindées roulant « amok »* à grande vitesse, au milieu de la foule, ainsi que des soldats matraquant des manifestants.
- Un nouveau rapport de Magdi Khalil démontre que la veille de la marche de protestation prévue, un “escadron de la mort » composé de snipers s’est caché au sommet de certains immeubles, dans l’intention de tirer sur des manifestants.
- Concernant les témoignages oculaires attestant de la brutalité du massacre, , il y en a de nombreux, et, parmi eux, émanant de nombreux musulmans.
Les tactiques du Conseil Militaire ( ou « La guerre, c’est la tromperie« )
Nonobstant des preuves écrasantes, après les incidents, le Conseil Militaire Egyptien a tenu une conférence de presse, lors de laquelle le responsable de haut-rang, Mahmoud Hegazy, a tissé mensonge après mensonge : il a déclaré que l’armée, jamais, jamais, ne « roulerait sur des civils ; que l’idée même était « impossible, impossible ! » et « Honte à ceux qui accusent l’armée égyptienne de telles choses !… Jamais notre armée n’a roulé sur la moindre personne, même pas en combattant l’Ennemi [Israël] ».
Hegazy a dépeint les manifestants chrétiens comme étant les agresseurs, attaquant et tuant d’”honorables” soldats. Afin de prouver ce point, il a exhibé l’image d’un manifestant sur le capot d’un véhicule blindé immobilisé, projetant un caillou en direction du soldat installé à l’intérieur, et la vidéo d’un véhicule militaire – qu’il a prétendu avoir été détourné par un manifestant – roulant sauvagement en profondeur dans la foule.
Ce qu’Hegazy s’est refusé à dévoiler, cependant, c’est que le véhicule “détourné” roulait comme un « Amok », et que celui qui était immobilisé et attaqué par un manifestant, n’était qu’un seul et même véhicule : Al Dalil a révélé que ces « deux véhicules » avait la même plaque numérologique. En d’autres termes, lorsque le véhicule avec lequel le soldat pourchassait et roulait sur les manifestants s’est immobilisé, les manifestants l’ont attaqué. Les dirigeants de l’équipe TV ont manipulé délibérément la séquence vidéo pour s’exonérer et présenter les Coptes comme de violents agresseurs.
Plusieurs témoins oculaires, dont des Musulmans, ont déclaré, plus tard que, pour dissimuler les “preuves”, ils ont apercu des soldats en train de jeter les corps mutilés de ceux sur lesquels on avait roulé, dans le Nil, à proximité. De la même façon, parmi les corps gisants, un soldat musulman mort, dont l’armée a affirmé qu’il avait été tué par les manifestants, a été, en réalité tué par un tir ami—bien qu’il existe des indices qu’il ait pu être tué ailleurs, et que son corps ait été balancé parmi les autres pour y être exposé.
Comme les Coptes l’ont longtemps soupçonné, les “voyous” (al-baltagiyya) qui apparaissent toujours au cours des manifestations, en train d’attaquer les Chrétiens, semblent être des hommes de main utilisés par l’armée pour créer un prétexte afin d’ouvrir le feu et exercer sa brutalité : des témoins oculaires musulmans déclarent avoir vu ces voyous arriver avec la sécurité d’Etat. Al Dalil a montré un clip vidéo où un soldat se présente habillé en civil, infiltré parmi les manifestants coptes, et une autre vidéo montrant les voyous en train de coopérer avec l’armée.
Ce qui pourrait bien en offrir la meilleure preuve : plusieurs jours avant le massacre, lorsque les Coptes protestaient contre la destruction de leur église la plus récente, environ 20 soldats égyptiens et membres du personnel de sécurité avaient capturé un manifestant et l’avaient frappé sans merci (tout en le désignant comme « infidèle », histoire de remettre le matraquage dans son contexte). Mélangé parmi les militaires (en uniformes de camouflage) et la sécurité (en uniformes noirs), se tient ce qui apparaît être un civil en vêtement de ville, qui est en train de poignarder avec un couteau le manifestant chrétien à la tête, plusieurs fois de suite ; la victime a, un peu plus, tard, a reçu 20 points de suture. L’homme en vêtement civil est, plus probablement, un membre de l’armée ou de la sécurité, vêtu en civil pour des objectifs d’infiltration, sans quoi il n’aurait pas eu la possibilité de circuler parmi eux de façon aussi familière.
Le Rôle de la télévision d’Etat égyptienne (ou « La guerre, c’est la tromperie« )
“La télévision égyptienne” – démontrant, sans surprise, que les médias sous tutelle de l’Etat servent toujours les régimes dictatoriaux – a purement et simplement propagé les mensonges du Conseil militaire.
Alors même que les véhicules blindés étaient en train de faucher les manifestants chrétiens, la TV égyptienne programmait une brochette de journalistes déclarant : “A l’aide! Les Coptes sont en train d’assassiner nos héroïques soldats patriotes et de brûler le Coran ! ». Une séquence sur la TV égyptienne a montré un reporter outragé condamnant les Chrétiens – « comme s’ils étaient l’ennemi israélien » -pour le meurtre de « nos nobles protecteurs [soldats], qui n’ont jamais tiré un seul coup de feu ! ». Pour toute conséquence, de nombreux musulmans sont descendus dans la rue, attaquant brutalement les Chrétiens et leurs biens.
La TV égyptienne a aussi menti en affirmant que trois soldats avaient été tués entre les mains des Coptes ; des responsables de la station TV ont, plus tard, avoué d’avoir maquillé les faits. Ceci, cependant, n’a pas arrêté un flux d’ éditoriaux en Egypte, accusant les Chrétiens de leur propre massacre.
Du fait de la désinformation de la Télévision égyptienne, plusieurs reporters égyptiens l’ont condamnée sans équivoque. La présentatrice Dina Rasmi a déclaré : “J’ai honte de travailler pour cette chaîne méprisable… La Télévision égyptienne a, effectivement, appelé à la guerre civile entre les Musulmans et les Chrétiens… La TV égyptienne a prouvé qu’elle n’est que l’esclave de ceux qui dirigent ». Un autre présentateur de nouvelles, Mahmoud Yousif, a annoncé qu’il “se lavait les mains de ce que la TV égyptienne programmait”.
Haine anti-Chrétienne
Quoi qu’il devrait être clair que le sentiment anti-chrétien a alimenté ce dernier massacre musulman contre les minorités chrétiennes, quelques particularités sont les suivantes :
- Les soldats hurlaient « Allahu Akbar! »["Allah est le plus Grand ! », le cri de guerre islamiste]. Et maudissaient les « Infidèles », alors qu’ils s’approchaient et attaquaient les manifestants – ce qui, bien entendu, n’est pas aussi éloigné de l’ordinaire, quand on considère que, même dans les temps anciens et dans les films, l’armée égyptienne était appelée la Jihadiyya [l’organisation qui répand la guerre sainte].
- Une vidéo d’un soldat qui se vante d’avoir tiré sur un Chrétien dans la poitrine, est salué par la foule autour de lui, aux cris d’ »Allahu Akbar ! ».
- Après l’incident, le Dr. Hind Hanafi, président de l’Université du Caire, a recommandé de séparer les blessés chrétiens des musulmans blessés et admis à l’hôpital, et ainsi, d’institutionnaliser la discrimination religieuse, même dans les hôpitaux.
Conclusion
Un massacre à ce niveau ne s’est jamais produit durant le règne de trente ans du Président Moubarak chassé du pouvoir, et pourtant, Moubarak est accusé de “crimes contre les Egyptiens”. Qu’en est-il du conseil militaire ? Il a commis de bien plus grands crimes – quoi qu’il ne soit aux affaires que depuis moins d’un an. Saddam Hussein a été condamné par la Communauté Internationale pour avoir fait usage de gaz chimiques contre son propre peuple, où sont donc passés la « Communauté Internationale », les médias, et les soi-disant groupes des droits de l’homme, lorsqu’il advient qu’un gouvernement se rue contre ses propres civils avec des tanks et en mettant sur pied des « escadrons de la mort » de snipers qui leurs tirent dessus ?
Finalement, si ce rapport témoigne de crimes contre l’humanité, considérons ce qu’il nous dit de la diplomatie. Si les cercles dirigeants égyptiens mentent et trompent pour réprimer ses propres citoyens « infidèles », quel « crime » cela constituait-il d’objecter contre la destruction continuelle de leurs églises — et à quel point cela peut-il être crédible [et prémonitoire] pour les « infidèles » étrangers que sont Israël et les Etats-Unis ?
Raymond Ibrahim, spécialiste du Moyen-Orient et de l’Islam, est chercheur au Centre David Horowitz pour la Liberté et chercheur associé au Forum sur le Moyen-Orient.
http://www.hudson-ny.org/2544/egypt-massacre-christians-media
- * Amok (ethnologie), comportement meurtrier spécifique aux populations austronésiennes
- Amok ou le Fou de Malaisie, nouvelle de l’écrivain autrichien Stefan Zweig publiée en 1922
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