L’électeur musulman n’a pas d’autre choix que de voter par défaut pour l’idéologie la plus explicitement ancrée dans son histoire, et qui se rapproche le plus de son identité, ses convictions et ses croyances. Pourtant, il n’y a aucune raison de s’alarmer d’une éventuelle réédition de l’expérience algérienne, lorsque les généraux avaient annulé à tort, sous l’effet de la panique, les élections législatives remportées par le FIS en 1991. Les statistiques électorales de la Tunisie aujourd’hui, comme ceux de l’Algérie de 1991 sont presque semblables.
Moins de 50% du corps électoral ont participé à ces élections et des milliers de bulletins n'ont pas été validés (analphabétisme, indécision, mode de scrutin,...). Les résultats définitifs, mentionnant le nombre de votes blancs ou invalides, n'ont pas encore été publiés.
Ennahdha a récolté 37% des suffrages exprimés qui lui donnent 41% des sièges, selon le mode de scrutin proportionnel. Des milliers de votants n'ont pas de représentant à l'Assemblée en raison de la dispersion des voix. 14 partis et listes indépendantes, sur les 25 représentés à l’assemblée, n’ont obtenu qu’un seul siège.
Ennahda a donc recueilli plus de 1,5 million de voix, soit 20% des 7,5 millions d’électeurs potentiels. En 1991, le FIS avait recueilli 25% des voix du corps électoral. On reste donc globalement dans les mêmes proportions.
Malgré la répression qu’avaient subie Rached Ghannouchi et ses militants par le régime de Ben Ali, ils n’ont jamais appelé au jihad et la Tunisie n’a pas connu le terrorisme qui a ensanglanté l’Algérie. Une scission historique a déjà eu lieu dans les années 1990, entre les salafistes comme Ali Benhadj, adeptes de la violence politique, et les islamistes modérés qui s’y sont opposés comme Ghannouchi et Mahfoud Nahnah, adeptes d’une logique de compromis.
C’est cette tendance pacifiste qui a toujours dominé dans une Turquie autoritariste jusqu’à l’aboutissement de la victoire de l'AKP, devenue aujourd’hui la référence et le modèle du mouvement islamiste arabe.
Les véritables questionnements d’aujourd’hui ne concernent pas la victoire de l’islamisme sur d’autres idéologies, mais les tendances dominantes à l’intérieur même des partis islamistes entre modérés et radicaux, selon les écoles de pensée, les leaderships, et leurs sources de financement.
Les Saoudiens continueront de financer et d’encourager les salafistes radicaux, pour faire apparaître leur propre wahhabisme ultraconservateur comme modéré.
Cela fait déjà plusieurs siècles que les pays arabes n’ont pas connu une évolution autonome de leur vie politique. A la domination de l’empire ottoman a succédé le colonialisme qui a étouffé toute expression politique. La décolonisation a aussitôt été remplacée par le néo-colonialisme qui a écarté la génération des nationalistes révolutionnaires au profit de dictateurs qui ont réprimé durement leurs peuples sur plusieurs générations.
Les retards politiques, économiques et culturels du monde arabe ne sont pas le seul fait de leurs peuples ni de leur religion, mais de la tyrannie occidentale judéo-chrétienne dont l’idéologie de domination remonte à l’époque des croisades et s’est poursuivie avec le colonialisme. La majorité des peuples musulmans, qui votent aujourd’hui islamiste, ne l’a pas oublié.Trop facile comme conclusion; comme d'habitude toutes les fautes sur les juifs et l'occident. La croisade ne l'oublions pas était une réaction à l' hégémonisme de l'islam. La plus longue colonisation du monde arabe vient de l'empire ottoman qui était musulman, lorsque cet empire a dominé il y avait du sable, lorsqu'il s'est écroulé il n'y avait que du sable. Il y a des livres qui racontent l'histoire des croisés et ces livres sont écrits par des arabes, pourquoi les musulmans préféraient-ils vivre dans les zones chrétiennes? Demandez au chiites libanais ce qu'ils pensent de la domination ottomane!
Saad Lounès
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