L’Arabie Saoudite sunnite est généralement perçue par l’Iran, comme potentiellement, l’obstacle majeur à ses ambitions au Moyen-Orient, en cela que l’Iran tente d’exporter sa révolution islamique chi’ite, autant sur le plan culturel que militaire, à travers tout le Moyen-Orient, selon Ahmed Jarallah, éditeur en chef du journal koweitien, Al-Seyassah.
L’Arabie Saoudite a tenté tout ce qu’elle pouvait, aussi bien sur le plan politique que militaire, pour stopper de récents soulèvements au Bahreïn – une île au large des côtes saoudiennes, qui est à prédominance chi’ite, mais dirigée par les Sunnites – que l’Iran prétend lui appartenir et qui n’est séparée de l’Arabie Saoudite que par une mince bande de terre longue de quelques kilomètres. Les Saoudiens se préoccupaient du fait que le soulèvement au Bahreïn puisse contaminer sa propre population chi’ite minoritaire – qui vit dans les régions pétrolifères, loin de Riyad, la Mecque et Médine – augmentant encore l’influence de l’Iran dans la Péninsule Arabique.
L’Arabie Saoudite doit, par conséquent, être sur le qui-vive, depuis l’annonce du retrait américain d’Irak. L’Arabie Saoudite doit bien convenir du fait que même si elle parvient à déjouer l’influence iranienne au Bahreïn, quoi qu’il en soit, l’Iran fait tout ce qu’il faut pour tenter de prendre le contrôle de la région riche en pétrole, par la voie de l’Irak. Les Saoudiens ont désespérément tenter de trouver des pistes stratégiques pour empêcher un tel scénario, y compris, probablement, en espérant un changement au sein de l’Administration américaine, au cours des élections de l’an prochain.
“Les faits sur le terrain démontrent que l’influence de Téhéran en Irak s’est accrue sous les yeux de l’actuelle Administration américaine”, écrit Tarek Al-Homayed, éditeur en chef du journal saoudien Ashraq al-Awsat, “Tandis que l’influence iranienne [en Irak] bénéficie aussi des erreurs commises par la précédente Administration. Ce n’est pas tout, à présent, nous voyons le Président iranien Ahmadinedjad […] apparaître lors d’une interview sur CNN, déclarer qu’il ne s’attend pas à un quelconque changement dans les relations de son pays avec l’Irak, à la suite du retrait des forces américaines. De surcroît, Ahmadinedjad poursuit dans une déclaration pleine d’assurance – et c’est le point central sur ce sujet – qu’avec le gouvernement d’Irak, le Parlement, nous avons de très bonnes relations avec chacun d’entre eux… Et nous avons approfondi nos liens jour après jour ». Al-Homayed ajoute : « Ce « jour après jour » est bien réel, et il est survenu devant les yeux des Américains, par conséquent, l’extension de l’influence iranienne en Irak n’est pas une surprise, pas plus que ne l’est le soutien de Téhéran aux milices chi’ites sur place. Il suffit de prêter attention aux plaintes de l’honorable peuple d’Irak –Sunnites et Chi’ites et d’autres – qui n’acceptent pas que leur pays devienne un supplétif entre les mains de l’Iran ou dirigé par Qassem Suleimani et ses Forces Al Qods ».
L’Iran aimerait déclencher une guerre au Moyen-Orient.
Comme le journal koweitien Al-Seyassah le fait remarquer, l’Iran pourrait, très bientôt, déclencher une guerre au Moyen-Orient, comme la seule voie pour démontrer que Téhéran a encore de l’influence dans la région et qu’il est en mesure de menacer quiconque s’oppose à ses projets. Si Bachar Al-Assad est renversé du pouvoir en Syrie, l’Iran serait immédiatement préoccupé du fait que le monde risque de percevoir l’Iran comme isolé ; par conséquent, il pourrait vouloir faire comprendre que, même si la Syrie est, à présent, perdue, l’Iran peut encore prendre le contrôle de l’Irak, et combattre à travers des guerres par procuration en se servant de son groupe supplétif, le Hezbollah. Pour l’Iran, le principal ennemi qui se tient sur sa route est l’Arabie Saoudite, qui a déjà combattu l’influence de l’Iran au Liban, en Syrie, au Bahreïn et en Irak.
Comme l’Arabie Saoudite est la nouvelle première superpuissance dans le monde arabe, l’Iran peut très bien avoir conçu de la remplacer. L’éditeur en chef d’Al Seyassah a récemment remarqué que les conspirations de l’Iran faisaient constamment preuve de prudence et que Téhéran tente de dessiner une zone de conflit hors du Moyen-Orient. Il fait, alors, la différence entre le sort des Chi’ites dans le monde arabe, qui ne pose pas de menace réelle, et ce qu’il a estampillé comme le « Chi’isme Safavi Perse » – faisant référence à la dynastie perse la plus significative qui contrôlait le « Grand Iran », lorsqu’il s’étendait du Caucase au fleuve Indus, et représentait les objectifs et l’idéologie iranienne pour exercer son influence à travers tout le monde arabe.
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Par Anna Mahjar-Barducci 4 novembre 2011
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