mercredi 14 août 2013

De Trafalgar à Gibraltar

Pour mémoire, la bataille de Trafalgar opposa le 21 octobre 1805 la flotte franco-espagnole sous les ordres du vice-amiral Villeneuve à la flotte britannique commandée par le vice-amiral Nelson. Nelson y trouva la mort, mais la tactique qu’il mit en œuvre valu aux Britanniques une victoire totale. Les deux tiers des navires franco-espagnols furent détruits et Napoléon, faute d’une flotte suffisante, dût renoncer à conquérir le Royaume-Uni. Cette victoire conforta également la présence britannique sur les mers du globe.
Maintenant, le Rocher de Gibraltar. Aux portes d’une Afrique politiquement instable et sur la route du Moyen-Orient, Gibraltar est une base stratégique équipée d’installations militaires et de renseignement (voir lien vers source en bas de page). Cédé en 1713 à la Grande-Bretagne aux termes du traité d’Utrecht, Gibraltar, un territoire de sept kilomètres carrés peuplé de 30’000 habitants, est au centre de tensions entre le Royaume-Uni et l’Espagne. L’accès protégé à l’enceinte militaire de l’aéroport est la première vue qui s’offre au visiteur du Rocher, à une extrémité de l’énorme piste d’atterrissage qu’il doit franchir, en voiture comme à pied, pour entrer à Gibraltar.
Une part du territoire est occupée par une base aérienne militaire, une base navale, essentielle pour les escales et la réparation des sous-marins nucléaires, ainsi qu’une base de renseignement. Ce petit territoire constitue l’unique porte d’entrée et de sortie de la Méditerranée, un espace plus que jamais stratégique pour les Occidentaux en raison de la montée de l’islamisme au Sahel et de l’instabilité au Moyen Orient. La base britannique de Gibraltar permet une surveillance de la Méditerranée par laquelle transite une bonne partie du pétrole et du gaz naturel consommés en Europe occidentale.
Le Royaume-Uni veut donc conserver ce territoire pour des raisons de communication, de renseignement et de contrôle du trafic maritime passant par le détroit de Gibraltar, qui sépare l’Europe de l’Afrique. L’importance stratégique du détroit s’est encore accrue avec son statut international, qui, depuis 1982, permet à tout pays de survoler et de naviguer dans la zone, y compris pour les sous-marins, sans en informer les pays riverains, à savoir l’Espagne et le Maroc. Avec 200 militaires, l’activité de la base navale britannique est permanente. C’est un point d’escale permanent tant des navires de guerre que des sous-marins nucléaires, britanniques mais également américains, à l’aller ou au retour des patrouilles en Méditerranée.
C’est ainsi que la frégate britannique HMS Westminster doit faire escale à Gibraltar, dans les jours à venir, dans le cadre du déploiement annuel de la Royal Navy jusqu’au Golfe. De plus, quatre navires de guerre britannique, dont un porte-hélicoptères, sont en route vers la Méditerranée. Londres profite par la même occasion de la capacité exceptionnelle d’écoute de ses installations de renseignement électronique.
La pointe du Rocher, à l’extrémité de l’isthme où se situe Gibraltar, se trouve à 400 mètres à l’aplomb de la mer, avec, en face, l’Afrique. Cette position fait du territoire une tour de renseignement très intéressante pour les Britanniques, qui l’exploitent pour eux-mêmes mais également pour leurs alliés occidentaux.
Le gouvernement de Gibraltar, une coalition centriste composée du Gibraltar Socialist Labour Party et du Liberal Party of Gibraltar, aurait affirmé que malgré le caractère britannique du rocher de Gibraltar, l’isthme lui est espagnol et les eaux espagnoles, seules la ville, le château, les fortifications et le port de Gibraltar ayant été cédés par traité aux Britanniques. De son côté, l’Espagne se dit fondée à porter l’affaire devant la Cour internationale de La Haye ou devant l’ONU.
Selon certains médias espagnols, l’Argentine et L’Espagne pourraient faire front commun pour revendiquer les îles Malouines et Gibraltar. L’Argentine est actuellement membre non permanent temporaire du Conseil de Sécurité de l’ONU et la présidente Cristina Kirchner a rappelé la revendication argentine il y a quelques jours par l’intermédiaire de son représentant conseil de sécurité.
Ironie de l’histoire, l’Espagne et propriétaire d’îles et d’enclaves marocaines situées de l’autre côté du Détroit de Gibraltar, notamment les deux enclaves de Ceuta et de Melilla (Ceuta, la porte d’entrée de toute la cocaine sud américaine et du hasch marocain, une montagne de pognon por ceux qui savent comment faire pour passer et pour les potes du régime marocain…), îles et enclaves nord-africaines revendiquées par le Maroc. Quant à l’Argentine, elle n’a que partiellement réglé son conflit frontalier avec le Chili à propos du Canal de Beagle.
Ce canal est situé à l’extrême sud du continent américain. Sa partie orientale constitue la limite internationale entre le Chili et l’Argentine, mais sa partie occidentale est actuellement aux mains du Chili. Il s’agit d’un détroit séparant les îles de l’archipel de la Terre de Feu, à l’extrême sud de l’Amérique du Sud. Il sépare la Grande Île de la Terre de Feu de plusieurs îles au sud.
© M. Garroté réd en chef www.dreuz.info
Source :
L’Espagne a reconnu les frontières de l’Europe lors de son adhésion à l’Union Européenne. Si de plus elle s’alliait à l’Argentine pour s’opposer au Royaume Uni il faudrait l’en exclure. Nous voilà face à une situation qui me rappelle la position de la Turquie qui demande à faire partie de l’UE et qui ne reconnait pas l’un de ses pays à savoir Chypre. Les dirigeants espagnols n’ont-ils rien trouvé de mieux pour faire oublier la crise économique que de relancer la polémique autour du rocher de Gibraltar? L’intérêt de Gibraltar est indéniable pour l’Occident et je suis convaincu que si cette ville redevenait espagnole les Etats Unis ne pourraient plus utiliser cette base pour leurs opérations militaires.

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