Barack Obama qui, contrairement à son prédécesseur, l’immense George Bush, Jr., n’est pas un obsédé de la politique du gros bâton, avait solennellement mis en garde la Syrie : si le régime commettait l’erreur criminelle de recourir contre la rébellion à des moyens de destruction massive, et notamment à des armes chimiques, il franchirait une « ligne rouge » et obligerait ipso facto les États-Unis et leurs alliés à sortir de leur neutralité malveillante et à intervenir dans la guerre civile, dans le sens que l’on sait.
Si discutables que puissent être les règles généralement admises par ce que l’on appelle le droit international, qui autorise l’emploi par un gouvernement menacé de la matraque, de la baïonnette, du revolver, du pistolet-mitrailleur, du canon, de l’obus, de la bombe, du missile sol-sol, du missile sol-air, du blindé, de l’avion, du drone, du napalm, mais proscrit la balle dum-dum, les armes chimiques et l’arme nucléaire, et si peu soucieux de la vie humaine que puisse être Bachar el-Assad, il est clair que le dictateur syrien avait tout intérêt à ne pas franchir la limite que lui assignait, au nom des grands principes dont se prévaut l’Occident, le président américain.
Pourtant, depuis quelques jours, les services de renseignement israéliens (qu’on ne saurait soupçonner d’avoir jamais travesti la vérité), les services spéciaux britanniques (qui n’ont guère à se reprocher, ces dernières années, que d’avoir fourni à Colin Powell les preuves fallacieuses qui entraînèrent la deuxième guerre d’Irak et causèrent la mort d’environ cent cinquante mille civils), et la CIA (qui ne s’est jamais trompée et n’a jamais trompé personne) assurent « avec différents degrés de certitude » que le gouvernement syrien a « peut-être » utilisé « à petite échelle » contre l’insurrection des armes chimiques.
On sait de reste que, poursuivant pour des motifs et avec des objectifs différents le même but, qui est d’empêcher l’Iran de constituer un arc chiite qui irait de Téhéran à Beyrouth en passant par Bagdad et Damas, une coalition étrange et souterraine unit les États-Unis, Israël, la Turquie sunnite et les monarchies du Golfe. Dès lors, une question simple se pose : est-ce vraiment parce que la Syrie aurait recouru à l’arme chimique qu’il faut intervenir d’urgence contre le régime de Bachar el-Assad ? Ou est-ce parce que l’on est décidé, sous n’importe quel prétexte, à renverser le régime de Bachar el-Assad, que l’on affirme que celui-ci a recouru à l’arme chimique ?
Les bonimenteurs et les menteurs qui nous ont dupés en 2003 tentent de nous refaire le même coup, avec les mêmes méthodes. Donner dans le même panneau ne démontrerait pas leur savoir-faire, mais seulement notre imbécillité.
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