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Dans un communiqué du 6 décembre 2013, le Parti communiste sud-africain (SACP) dit : « Au moment de son arrestation en août 1962, Nelson Mandela ne faisait pas seulement partie du SACP, alors dans la clandestinité, mais aussi de son Comité central. Pour nous, communistes sud-africains, le camarade Mandela a toujours été le symbole de la grande participation du SACP dans la lutte pour la libération. » Cela a, par exemple, également été dit au nom des dirigeants du Congrès national africain (ANC).
Cela a provoqué des discussions tumultueuses sur les relations entre Madiba et les communistes sud-africains. Certes, l’adhésion « de courte durée » de Nelson Mandela au parti communiste au début des années 1960 est connue depuis longtemps, tout comme le fait que la CIA a aidé les services spéciaux (politiques) de la police sud-africaine à arrêter l’insaisissable militant justement parce qu’il était considéré comme un dangereux communiste. Une question reste en suspens : pourquoi Nelson Mandela a-t-il intégré le parti communiste et nié tout lien avec lui jusqu’à la fin de sa vie ?
Le SACP a été interdit en Afrique du Sud en 1950, et l’ANC dix ans après. À cette époque, aux violentes méthodes de dispersion des manifestations, les communistes répondaient de la même façon. L’ANC n’a pas eu recours à la violence avant 1961. Mais cette année-là, Nelson Mandela a décidé de créer la branche armée de l’ANC, Umkhonto we Sizwe (« le fer de lance de la nation »). Il fallait pour cela de l’argent et des armes, et, en 1962, Nelson Mandela est allé demander de l’aide aux amis politiques à l’étranger. Comme l’écrit Vassili Solodovnikov, un des architectes de la politique de l’URSS en Afrique et membre correspondante de l’Académie des sciences de Russie, « nous avons décidé d’aider l’Afrique, mais ils avaient des moyens très réduits. L’Europe occidentale a refusé d’aider l’ANC. Ses dirigeants se sont donc tournés vers l’Union soviétique. »
Ainsi peut s’expliquer la « double appartenance » de Nelson Mandela : en étant membre du SACP, il lui a été plus simple de faire aider « son » ANC par l’URSS. Selon Vassili Solodovnikov, « l’ANC a effectivement reçu des armes de la part de l’URSS, de la RDA et d’autres pays socialistes. Des combattants et des commandants y ont été formés. Des militaires soviétiques et cubains ont préparé des combattants dans des camps de l’ANC en Angola. »
Mais Nelson Mandela a nié son appartenance au parti communiste en 1964 déjà, devant le tribunal de Pretoria. C’est aussi compréhensible : un « patriote africain » aurait tout simplement pu avoir une peine moins lourde qu’un communiste. Cependant, les autorités connaissaient très bien ses liens avec l’URSS et Nelson Mandela a été condamné à perpétuité pour « préparation de lutte armée avec le soutien de forces extérieures ».
En juillet 1989, il a une nouvelle fois écrit qu’il « n’appartenait à aucune autre organisation que l’ANC », mais personne ne le croyait. La principale raison de sa libération le 2 février 1990, comme l’avait déclaré à l’époque le président sud-africain Frederik de Klerk, était l’effondrement du communisme. L’ANC n’attendait plus d’aide de la part de l’URSS, et les autorités sud-africaines n’avaient plus peur.
En arrivant au pouvoir, l’ANC a suivi sa voie politique. Mais il restait dans le gouvernement des dirigeants à la « double appartenance ». Parmi eux, il y avait un ami proche de Neslon Mandela, Ronnie Kasrils. Membre du comité exécutif de l’ANC et en même temps du Comité central du SACP, il a reçu une formation militaire à Odessa et a mis la théorie en pratique pendant de longues années. En 1994, après la victoire sur le régime, il a été nommé vice-ministre de la Défense, et en 2004, chef des services spéciaux sud-africains. Ce que Nelson Mandela a préféré taire, Ronnie Kasrils l’a écrit ouvertement dans son autobiographie Armed and Dangerous (1993). Il y explique en détail à quel point les positions politiques de l’ANC et du SACP sont proches et comment les dirigeants de leurs cellules militaires se sont préparés à la guerre partisane en URSS.
Du reste, en prison, Nelson Mandela a dépassé le cadre d’un simple parti, et, une fois en liberté, est devenu bien plus que « le père de la nation ». Ses méthodes de lutte controversées et ses anciens alliés sont devenus de l’histoire ancienne depuis longtemps, et il fallait mieux ne pas les rappeler au vu de la nouvelle donne politique. Il ne les a donc pas rappelés. Nelson Mandela, en fin de compte, a atteint l’objectif de toute sa vie. Et tout le monde lui a rendu les honneurs, les communistes et les capitalistes.
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