Nicolas
Vodé
En 1990, alors que, résultat de la dislocation du monde communiste, la haine montait entre les groupes religieux, on assista à un bombardement médiatique à sens unique, qui s’attacha minutieusement à présenter le peuple serbe comme un boucher fanatisé, seul et unique responsable des violences qui secouaient la région. Dès lors, soutenir le bon droit de la Serbie dans les massacres dont ses ressortissants étaient victimes, était le signe du plus abject fascisme ; bref, l’on désinformait, l’on jetait l’anathème histoire de noyer un débat plus complexe qu’un tour de passe-passe médiatique. Les accords de Dayton de 1995 ont considérablement désavantagé la Serbie dans ses intérêts territoriaux.
Aujourd’hui, alors que les minorités serbes épargnées par un certain « nettoyage ethnique » continuent d’être agressées, l’Union européenne veut faire passer pour conforme aux droits de l’homme une décision qui consiste à donner à des Albanais un territoire historiquement et culturellement serbe (pas moins de cinq monastères orthodoxes du XIIe au XIVe siècles s’y trouvent !) pour la seule raison qu’ils y habitent, alors qu’ils n’ont fait que s’y installer à partir du XVe siècle. Faut-il proposer à Catherine Ashton d’installer toute la Bourgogne dans son Lancashire natal puis, au bout de dix ans, en demander l’indépendance pour lui faire prendre conscience de l’absurdité de ce genre de proposition ? Qu’on ne s’y trompe pas : derrière le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes se cache la volonté de l’Union européenne de faire prospérer ses institutions sur des États-régions, dépourvus de sens politique et disponibles à la logique ultra-libérale.
Madame la baronne, les Serbes ont bien compris qui est le dindon de la farce dans vos manœuvres. Si en plus, comme le suggère le patriarche Irinej de Serbie dans une lettre à son gouvernement, les Serbes venaient à se rendre compte de la supercherie qu’il y a à présenter l’Union européenne comme un firmament de développement économique, vous pourriez devoir retourner appliquer votre basse cuisine à sujet moins complexe.
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