Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
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Le 21 mars 2013, une mosquée située au nord de Damas a été frappée par un attentat suicide : un musulman a actionné sa ceinture explosive, tué 42 personnes (dont un imam, partisan de Bashar Al Assad), et blessé 84 personnes. Le dignitaire assassiné et visé par l'attentat, bien que sunnite, était porte parole du pouvoir d’obédience alaouite (qui est encore une branche du chiisme). En Syrie, les différentes mouvances de l’Islam se mènent une guerre pour le contrôle étatique et religieux du pays, conduisant les musulmans à s’entretuer.
Tous les moyens employés par les différentes branches de l'Islam, sont bons pour parvenir à leur fin. Le 20 mars 2013, toujours en Syrie, les partisans du pouvoir (alaouites) et les rebelles (sunnites) se sont mutuellement accusés d'une utilisation d’armes chimiques dans le conflit armé qui les oppose. Des armes non conventionnelles sont donc utilisées pour garder ou conquérir le pouvoir politique et religieux du pays.
Le 22 mars 2013, le Président pakistanais Musharraf a annoncé l’imminence de son retour au Pakistan, en vue de participer aux élections prévues pour le mois de mai 2013 (Il avait conquis le pouvoir lors du coup d’état de 1999 mais avait été contraint à la démission en 2008, en raison de son implication présumée dans le meurtre d’opposants politiques et de celui de son ancienne premier ministre Benazir Bhutto en 2007). Passablement agacés par son alliance avec Washington dans la guerre contre le terrorisme lancée à la suite des attentats du 11 septembre 2001, les talibans ont annoncé avoir mis sur pied « une escouade spéciale pour envoyer Musharraf en Enfer » composée de « kamikazes, de tueurs d’élites, d’une unité spéciale d’assaut et d’une équipe de combat rapprochée », dès le retour de l'ancien Président sur le territoire. Les talibans, musulmans sunnites salafistes (responsables de la mort de 6000 personnes au cours des 6 dernières années au Pakistan), imaginent donc recourir au meurtre d’un musulman pour empêcher son retour au pouvoir puisqu'il ne partage pas leur conception, notamment religieuse, du pouvoir.
Le 22 mars 2013, le Hamas (proche d’une conception chiite de l’Islam), a ordonné l’arrestation de terroristes salafistes (sunnites) qui avaient tiré des roquettes sur Israël (la veille) alors que le Président Obama était en visite au Moyen Orient pour tenter de relancer le processus de paix entre israéliens et palestiniens. Le fait de lancer des roquettes sur Israël ne pose pas de problème particulier au Hamas, sauf si l’initiative est prise par une mouvance sunnite qui risque de menacer son influence politico religieuse sur la bande de Gaza. Or, les salafistes, idéologiquement proches et financés par Al-Qaïda, réclament une application stricte de la Loi islamique (Charia). Ils vouent une haine profonde et définitive au Hamas (issu de la mouvance des Frères musulmans égyptiens) qui les réprime sans merci depuis leur contrôle de la bande de Gaza en 2007, autorise les cyber-cafés, les cinémas et dont les dirigeants ont des moeurs dissolues...
Au Mali, les activistes islamistes (proches d’Al Qaeda) ont tenté de prendre le pouvoir avant d'être chassés par les armées maliennes et françaises au cours des deux derniers mois. Si les Touaregs revendiquaient un Etat indépendant dans la partie nord du pays, les islamistes aspiraient à la mise en place d’un Etat islamique sur l’ensemble du territoire. Aussi, et pour se venger de la perte du pouvoir, les islamistes ont, le 21 mars 2013, perpétré un attentat suicide à la voiture piégée dans la ville de Tombouctou, tuant un soldant malien et en blessant 10 autres. Il s'agit encore d'opérations musulmanes de représailles visant des personnes musulmanes dans le cadre d’une lutte de pouvoir, conformément à une vision politique et religieuse du pays.
Le meurtre n’est toutefois pas le seul crime que commettent les musulmans dans leur combat politique : l’enlèvement de personnes est également très prisé, même s'il conduit à des situations pour le moins ubuesques : le 22 mars 2012, des bédouins musulmans, ont enlevé un arabe israélien musulman et sa petite amie norvégienne (dans le Sinaï), en vue d’obtenir la libération d’autres prisonniers musulmans détenus en Egypte…
Les guerres de religion menées au sein des pays arabo musulmans, ne sont pas sans rappeler les guerres de religion entre catholiques (soutenus par l’Espagne) et protestants (soutenus par l’Angleterre) qui ont frappé l’Europe au XVI ° siècle. D'ailleurs, les massacres commis en France dans les deux camps ont, comme en Islam, été à l’origine de milliers de morts jusqu’à ce que l’Edit de Nantes, promulgué par Henri IV en 1598, accorde la liberté de culte, des places fortes et l’égalité civile aux protestants. Le principe a subi une première entorse avec Richelieu qui a enlevé aux protestants leurs places fortes avant que l’Edit de Nantes ne soit révoqué par Louis XIV en 1685 (200.000 personnes ont alors du quitter la France). Il faudra attendre la Révolution de 1789 pour que soient institués les principes de liberté religieuse, de laïcité de l’Etat et d'égalité entre les Français.
L'avantage de la religion chrétienne, résulte de sa condamnation du meurtre, en toutes circonstances, ce qui lui a permis de corriger les incohérences de son intolérance au Moyen Age, et plus tard à l'égard des juifs.
Ce n'est hélas pas le cas en Islam. Le monde arabo musulman traverse une crise de la pensée religieuse voisine de celle qu’a connue le christianisme qui se déchirait entre catholiques et protestants. Toutefois, si la religion de Mahomet contient des appels à la tolérance, à la solidarité et au respect de l’autre, aucune autorité religieuse musulmane n’impose de hiérarchie entre les principes (qu'ils soient moraux ou non, d'ailleurs). Or, faute de condamnation définitive du meurtre, les musulmans se trouvent dans l'incapacité de surmonter l'intolérance des principes religieux.
Ce n’est pas le cœur ou l’intelligence qui guide les relations entre individus en Islam, mais uniquement le rapport de force. D’ailleurs, le mode d’expansion de l’Islam s’est lui-même opéré par les conquêtes guerrières et meurtrières, seul mode de généralisation du système de foi.
Sur le plan politique, l'épanouissement de l'individu n'est pas à l'ordre du jour. La démocratie est utilisée pour mettre en place des systèmes islamistes pour une raison bien simple, l’Islam ne se conjugue pas avec le principe d’une séparation des pouvoirs religieux et temporels. De plus, les pays musulmans ne privilégient pas le développement socio économique des populations, l’encouragement de la jeunesse ou l’élévation de la société sur le plan scientifique, médical, technologique…tout est encore axé sur le message religieux islamique.
Or, faute de guides éthiques et moraux, les musulmans se trouvent dans l'incapacité d'entamer une réconciliation entre les différentes mouvances de l’Islam, comme ce fut le cas avec l’Edit de Nantes en France. Le nombre de prix Nobel donnés aux personnes musulmanes dans les disciplines telles que la physique, l’économie ou la médecine ne devrait donc pas augmenter dans les années à venir. C'est bien dommage.
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