Le premier ministre libanais Najib Mikati vient de démissionner, après une journée chargée de rebondissements. Mais Mikati restera sans doute en place, pour longtemps, afin d’expédier les affaires. Car à quelques mois de la fin du mandat du Parlement, il est quasiment impossible de former un nouveau gouvernement.
Najib Mikati vient d’annoncer sa démission, et donc celle du gouvernement, dans un discours télévisé adressé aux Libanais, ce vendredi soir, au terme d’une journée pleine de rebondissements. Le Conseil des ministres a échoué aujourd’hui à s’entendre sur plusieurs questions cruciales et à faire face à la situation explosive à Tripoli, fief de Mikati. Les principaux sujets de discorde sont :
Les ministres du Hezbollah et de son allié Michel Aoun ont refusé la création d’une commission nationale de supervision des élections législatives, une mesure indispensable pour réussir les législatives de juin prochain, qui seront reportées de facto, d’autant plus que la classe politique ne s’est pas encore entendue sur le mode de scrutin à adopter.
Les ministres de la majorité pro-syrienne ont également refusé le maintien du général Ashraf Rifi dans ses fonctions. Le commandant des Forces de Sécurité Intérieures (FSI) atteint, dans quelques semaines, l’âge de la retraite. Le Hezbollah cherche à le remplacer par l’un de ses fidèles pour contrôler ce dernier corps constitué qui lui échappe encore. Le Hezbollah et le général Aoun refuset également le maintien à son poste du chef des services de renseignement de l’armée. Michel Aoun cherche aussi à imposer son gendre à la tête de l’armée.
Pour accentuer la pression sur l’armée et sur Mikati, les Alaouites de Tripoli ont mis leurs menaces à exécution, et la situation déborde désormais les quartiers traditionnellement tendus de Jabal Mohsen et Bab Tebbani. L’armée libanaise peine à imposer le calme.
Les pressions syriennes directes se poursuivent à la frontière, tant dans le nord (Akkar) que dans la Békaa (Ersal et Hermel). Selon plusieurs sources, Bachar Al-Assad a menacé, la semaine dernière, de bombarder le Liban si le président Michel Sleiman ne remplace pas le commandant en chef de l’armée, lequel avait refusé d’engager l’armée contre les rebelles syriens.
Le gouvernement a échoué à financer les revalorisations salariales promises. Les syndicats ont accentué les pressions, à travers les manifestations et les sit-in. L’économie est au bord de la faillite. Mikati n’a pas trouvé les ressources nécessaires pour financer les hausses des salaires susceptibles de désamorcer la crise.
Ces raisons apparentes ont poussé Mikati à démissionner et à engager le Liban dans un vide institutionnel. Mais plusieurs observateurs redoutent d’autres raisons sournoises, comme notamment la volonté délibérée de provoquer le vide, afin de reporter les élections et de permettre au Hezbollah d’accomplir un coup d’Etat blanc qui lui permettrait de mieux aider Bachar Al-Assad dans sa guerre d’extermination en Syrie.
Dario S.
Source«MediArabe.info»
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