jeudi 21 mars 2013

Merci aux soixante-huitards




La génération cocon

Les soixante-huitards ont grandi dans un cocon protecteur. Nés après 1945, ils n’ont pas connu la guerre, sinon au cinéma, à la différence de leurs parents, de leurs grands-parents et de leurs arrière-grands-parents. L’empire et l’Algérie ont été abandonnés et la génération 1968 se trouvait de toute façon trop jeune pour les guerres coloniales.
Les soixante-huitards ont vécu dans un monde de croissance et de plein emploi.
Dans les années 1960 les services publics fonctionnent très bien, le budget s’équilibre et l’Education nationale continue de promouvoir l’ascenseur social. Une famille nombreuse peut encore vivre sur un seul salaire. Les trains arrivent à l’heure et personne ne voyage sans billet. Les villes et les villages restent à taille humaine : il y a encore des commerces et des artisans et les jeunes ne couvrent pas les murs de graffitis. On peut sortir le soir sans craindre les bandes ou les cambrioleurs. La police poursuit les délinquants et la justice les sanctionne. Les campagnes sont peuplées. On a le droit de garer sa voiture où l’on veut, on a le droit de fumer, de rouler sans ceinture de sécurité et on n’a pas à trier ses ordures. On respecte la France comme puissance économique, militaire et diplomatique et l’Allemagne, convalescente et divisée, ne la ramène pas. Et l’URSS fait contrepoids à l’Amérique.

La révolte des enfants gâtés

Mais dans ce pays de Cocagne, si on le compare à la France d’aujourd’hui, nos soixante-huitards s’ennuient. Pensez donc : leur seul défi existentiel consiste à savoir quel vélomoteur acheter – Solex, Motobécane ou Honda –, quel disque voler et avec quelle fille sortir. Un choix dramatique qui montre à l’évidence qu’il faut changer la société !
Alors les enfants gâtés vont tout casser, à l’ombre des drapeaux rouges et noirs qu’ils brandissent pour donner le change et faire peur à papa et maman.
Car si nos révolutionnaires boutonneux jouent les maoïstes, ils ne construiraient pas un barrage avec leurs petites mimines comme en Chine. Ils disent admirer le Viet-Cong, mais ils ne feraient pas 80km à vélo de nuit dans la jungle en transportant 50kg de riz et de munitions sur leur porte-bagage. La seule jungle où ils jouent au Che se trouve au bois de Boulogne. Ces trotskistes ne connaissent pas le Goulag ni la Tchéka. Ils se disent anars mais roulent dans la 404 de papa en fumant un pétard.
Dès le début les soixante-huitards nous enfument avec leur discours d’extrême gauche et leurs calculs de bourges : cela dure depuis 45 ans !
Il faut reconnaître qu’ils ont trouvé la formule gagnante : l’alliance du fric et de la bonne conscience de gôôche. D’ailleurs le Parti communiste ne s’y trompe pas dès 1968 et leur manifeste une grande méfiance. Mais le PC a perdu et eux ils ont gagné.

La génération des ingrats

En vilains ingrats, les soixante-huitards n’auront de cesse de tirer l’échelle derrière eux, alors qu’ils ont bénéficié de tout.
D’abord, ils s’en prennent à l’université puis, par contamination, à l’enseignement tout entier. Et à l’art et à la culture aussi. Enfin à la justice, car le poisson pourrit toujours par la tête. A bas la sélection, à bas la reproduction, à bas l’autorité, vive la spontanéité, le savoir c’est réac ! Vive Xénakis, à bas Gounod ! A bas la justice de classe ! Ils vont assurément enrichir notre quotidien.
Grâce à leurs idées géniales, l’enseignement en France a implosé et on a interrompu la transmission culturelle. Les délinquants courent les rues. Fini l’ascenseur social ! Mais nos soixante-huitards s’en moquent puisqu’ils en sont sortis avant. Et leurs enfants, s’ils en ont eu, vont dans le privé ou dans les grandes écoles.
No future… pour les autres ! Astuce !

A nous le pouvoir !

Les gauchos d’hier – qui vilipendaient le « pouvoir personnel » et la société de consommation – ne vont pas rester camper au Larzac ni rouler bien longtemps en 2 CV.
Ils vont vite investir tous les rouages de l’Etat, des médias et de l’économie, souvent grâce à leurs gentils papas PDG ou conseiller d’Etat. Pour faire notre bien, assurément, puisqu’ils sont de gôôche. Les soixante-huitards passent donc du col mao au Rotary sans problème car finalement ils trouvent très chébran le pouvoir et l’argent.
Mais, en dignes émules de Derrida, c’est, bien sûr, pour tout déconstruire, à l’exception de leur propre situation évidemment. Astuce !
Les soixante-huitards vont donc virer néo-libéral très vite et sans remords particulier. Grâce à eux les entreprises vont changer de nom et de taille et devenir plus « mondiales ». Le super-capitalisme c’est l’Internationale en plus cool. En plus, on y parle anglais : super-branché !
Nos experts vont privatiser, financiariser et délocaliser à tour de bras. Ceux qui prétendaient parler au nom des travailleurs vont tuer le travail. A eux les parachutes dorés et le prix du « meilleur manager de l’année ». A vous la désindustrialisation, le chômage et les petits boulots pour vos enfants et petits-enfants. Astuce !

A nous la finance et les médias !

Dans la finance ils ont aussi fait très fort. Très créatifs décidément, les enfants du professeur Spock (1) : indépendance des banques, mise en place de l’euro-carcan, explosion de l’endettement public, super-profits pour les banquiers, sauvetage des banquiers libéraux donneurs de leçons par les contribuables, super-montages sophistiqués pour gruger les épargnants, prise de contrôle des médias par les banques. Du grand art !
Les médias leur réussissent bien, aussi. Avec eux, le PAF se distingue enfin de l’ORTF et de ses vieilleries franchouillardes genre Thierry la Fronde ou La Caméra explore le temps ! Enfin, les médias vont s’ouvrir au fric, à la pub, au sexe, à la violence, à la « diversité », bref, aux séries américaines ! Et puis tous se mettent au politiquement correct et les médias rapportent gros : une bonne affaire commerciale mais aussi politique, puisqu’ils assurent la domination de gôôche sur les esprits. Mieux que l’alliance du sabre et du goupillon car, en plus, les spectateurs en réclament ! Tout le monde devant ses écrans du matin au soir et des télés partout. Astuce !

Changeons le peuple !

Leur autre grande réussite c’est la natalité, la politique familiale, les prestations sociales et l’immigration. Non seulement ces éternels adolescents ont tué le père, mais ils ont au surplus tué la mère et l’enfant. Ils ont dépassé Œdipe !
Familles je vous hais, disent les soixante-huitards. Familles autochtones, s’entend, car les familles du Maghreb et d’Afrique leur plaisent beaucoup, par contre.
Ils ont « libéré » les femmes françaises de la maternité pour qu’elles puissent enfin goûter aux charmes du travail salarié comme les hommes. Ils ont déconstruit les prestations familiales qui ne leur semblaient pas assez égalitaires, encouragé l’avortement – désormais remboursé par la Sécurité sociale – et promu la loi du genre : aujourd’hui il n’y a donc plus que les immigrés et les homos qui veulent se marier et avoir des enfants. Astuce !

A vous les dettes !

Mieux encore : les soixante-huitards ont préféré la sexualité à la natalité, mais sans changer notre système de protection sociale fondé sur la cotisation et non sur la capitalisation ; car on est de gôôche, quand même !
Devinez le résultat ? La natalité française a chuté et, comme il y a de moins en moins d’actifs, c’est nous qui payons la retraite des soixante-huitards, mais à un taux de cotisation nettement plus élevé que le leur. Et les enfants que nous n’avons pas financeront sans doute la nôtre !
A nous, en plus, la réduction continue des « dépenses de santé », à eux le financement de la « dépendance » puisqu’ils n’ont pas de familles. Et, comme ils sont très prévoyants, les soixante-huitards augmentent gentiment nos impôts pour que nous puissions rembourser la montagne de dettes qu’ils nous ont léguée. Astuce !
Enfin, comme ils n’aiment pas trop le peuple depuis qu’il ne vote plus à gauche, ils ont décidé d’ouvrir toutes grandes les portes de l’immigration… au nom des droits de l’homme, bien sûr, mais aussi de son prophète le CNPF (on dit MEDEF aujourd’hui). Le grand remplacement de la population européenne leur doit beaucoup. Et puis ils trouvaient le catholicisme étouffant : à la place ils nous offrent l’alliance de l’islam et du puritanisme anglo-saxon, ce qui, vous en conviendrez, est beaucoup plus cool.

Faites comme je dis, pas comme je fais !

Et puis souvenez-vous : Peace and love, Faites l’amour, pas la guerre, A bas la bombinette du Grand Charles, à bas l’armée. Mais, curieusement, depuis qu’ils sont aux commandes ils aiment beaucoup la guerre, du moins ils aiment envoyer les autres la faire pour leur compte : aux Malouines, en Serbie, dans le Golfe, en Irak, en Libye. Avec un peu de chance aussi, bientôt en Iran ou en Corée du Nord.
Mais attention : il ne faut pas confondre. Les soixante-huitards ont des « valeurs » : ils font la guerre – sans la déclarer – au nom du Bien. N’est-on pas allé au Mali « parce qu’il y avait des femmes qui étaient victimes de l’oppression et de la barbarie » (2) ? Astuce !
Ils criaient aussi « CRS=SS » et qu’il était « interdit d’interdire ». Mais depuis ils couvrent la France des services de sécurité, de caméras et de radars. Ils nous ont aussi offert les lois mémorielles, la police de la pensée politiquement correcte, la censure des médias et de l’édition, la police fiscale, les quotas ethniques et sexistes. J’en oublie certainement.

La génération Attila

La génération des soixante-huitards restera dans l’histoire comme la génération Attila : après elle, rien ne repousse.
Elle ne nous laisse que des immeubles de bureaux, entourés de décombres, dans lesquels errent des chômeurs, pardon, des titulaires de « contrats d’avenir ».
Elle nous lègue une Union européenne qui déconstruit avec zèle l’Europe. Une montagne de dettes. Une immigration catastrophe. Le saccage de 2000 ans d’histoire et de culture européennes. La destruction de l’Etat et de la Nation. La fin de la décence commune et de la morale publique.
On dit que les soixante-huitards ont quand même donné naissance à quelque chose : la génération X et maintenant Y. On ne sait pas trop ce que cela signifie, sinon qu’il s’agit des dernières lettres de l’alphabet. Ce n’est pas bon signe…
Michel Geoffroy

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