On a beaucoup glosé, ce week-end, sur les« propos antisémites » de Jean-Luc Mélenchon. S’ils n’avaient écouté leur cœur, les journalistes n’étaient pas loin d’invoquer les mêmes esprits d’un autre âge que lorsque Le Pen y allait de ses petites phrases que les télés repassent à l’envi ; mais les journalistes ont un cœur, et ils savent l’écouter, parfois.
Il en est même qui ont un gros cœur, et n’hésitent pas, dans certaines circonstances et lorsque la réputation de certains hommes publics est entachée, à venir au secours de la vérité. C’était le cas, hier, d’un certain Michel Soudais, de la revue Politis.
Le journaliste dégonflait promptement une belle baudruche médiatique en diffusant, sur son blog, l’intégralité des propos de Jean-Luc Mélenchon à l’égard d’un Pierre Moscovici qui n’en sort plus, du coup, comme le fourbe représentant de la « juiverie internationale » mais comme un simple ministre poltron.
Réhabilitons donc ce pauvre monsieur Mélenchon, victime innocente d’un procédé journalistique fâcheux qui consiste à réduire comme peau de chagrin des citations pour en extraire une essence aussi scandaleuse que possible.
Non, Jean-Luc Mélenchon n’est pas antisémite. Monsieur Mélenchon ne hait personne, si ce n’est – mais la chose est bien dérisoire – l’homme à la peau claire. On se souvient des propos qu’il tenait, dans la course à la présidentielle, sur l’homme noir athée qu’il préférait de loin à l’homme blanc catholique. Propos sortis de leur contexte, disaient ses fidèles… Monsieur Mélenchon ne saurait donner dans l’humanisme sélectif.
Le mois dernier, au micro d’une radio marocaine, Jean-Luc Mélenchon précisait sa pensée : aujourd’hui plus encore qu’hier, l’ancien sénateur avouait qu’il ne saurait survivre au milieu de blonds aux yeux bleus…
Mais replaçons les propos dans leur contexte : dans ce petit entretien, le leader du Parti de gauche évoque avec nostalgie son enfance marocaine, dans une société cosmopolite, avant d’évoquer, avec douleur, son arrivée en France, son changement de vie brutal et sa confrontation avec le peuple« arriéré » du pays de Caux ; peuple normand odieux, rongé par l’alcoolisme et ne parlant aucune langue étrangère… bref : peuple horriblement replié sur lui-même.
Monsieur Mélenchon, lui, s’honore d’avoir appris au Maroc l’ouverture sur le monde. Mélenchon est un amoureux du monde entier, de toutes ses cultures, à une exception près : la culture rurale française, si méprisable.
Alors non, monsieur Mélenchon n’est certainement pas antisémite, monsieur Mélenchon est simplement névrosé : il ne déteste que les siens, son pays – du moins celui qui figure sur ses papiers d’identité et le paie grassement depuis trente ans – et le peuple qui a fait son histoire.
En quoi cela vaudrait-il un tollé ?
C’est ainsi, sur le marché des phobies, le Normand ne vaut pas grand-chose…
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