Artisan.
Le nouveau pape ne faisait pas partie des« favoris » du conclave à en croire les experts du Vatican qui, sur toutes les chaînes de télévision, commentaient l’élection de « François 1er », avant de nous apprendre doctement que l’usage voulait, en fin de compte, que Jorge Mario Bergoglio fût nommé simplement François jusqu’à l’avènement d’un François deuxième du nom.
Jorge Mario Bergoglio n’avait donc pas la préférence des cardinaux des rédactions françaises qui, comme au tiercé, tentaient depuis quelques jours de miser sur le bon cheval. Il n’empêche qu’en bons professionnels, les fouille-merde avaient manifestement un dossier sur chacun des pontifiables.
En première ligne, bien évidemment, Edwy Plenel n’entendait pas laisser un vulgaire pape lui faire de l’ombre. À peine Mgr Bergoglio était-il devenu le pape François que le petit moustachu répandait sa bile sur les réseaux sociaux.
Dans son sillage, les anticléricaux de tout poil (rouge en particulier) redoublaient de zèle pour donner des leçons de bonne conduite au nouveau pape. En deux coups trois mouvements, François était rhabillé pour l’hiver : « facho » collaborateur de la dictature militaire de Videla, homophobe qui voyait dans le mariage des homosexuels l’œuvre du diable, le tout sources « inattaquables » à l’appui (photo d’un prêtre anonyme de dos donnant l’hostie à Videla, vagues articles de journaux, bref, des sources à la Plenel, rappelant un peu son « scandale de Panama »…).
Mélenchon, qui pestait une semaine plus tôt contre les mécréants refusant de se prosterner devant la dépouille de saint Chavez, postait dans l’heure, sur son blog, un message de mise en garde à l’attention de ce sous-fifre de souverain pontife.
Il faut l’admettre : l’influence de messieurs Plenel et Mélenchon est colossale. En découvrant hier le visage de Jorge Mario Bergoglio sous les hommages répétés de ces commentateurs bienveillants, j’éprouvai pour la première fois une certaine fierté d’être catholique. Je l’avoue : j’étais même ému par cet homme à l’air affable et humble.
Ma foi n’étant toutefois que ce qu’elle est — précaire et volatile —, il n’est pas impossible que, à condition qu’ils se fassent violence, messieurs Plenel et Mélenchon parviennent un jour à faire de moi un bon juif, ou un bon musulman. Mais qu’ils n’attendent plus pour sortir leurs dossiers fumants : je ne suis pas immortel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire