Après un premier débat où Mitt Romney avait fait sensation face à un Barack Obama démobilisé et amorphe, un deuxième où le président sortant avait pris l’ascendant sur son adversaire républicain, le troisième et dernier face à face s’est tenu la nuit passée à Boca Raton, en Floride, dans l’enceinte de l’université Lynn. Le thème de cette ultime joute n’était à priori pas celle qui devait lui assurer la meilleure audience : les Américains s’intéressent notoirement peu aux affaires internationales.
Circonstance aggravante : deux matches, l’un de baseball, et un autre de football se déroulaient au même moment, ce dernier opposant même les Chicago Bears, favoris de l’ex-sénateur de l’Illinois, aux Detroit Lions, l’équipe de la ville de naissance de Mitt Romney.
Mais si la politique étrangère reste… étrangère à une majorité d’Américains, ces derniers attachent de l’importance à la posture de« commandant en chef » qu’on attend d’un président des Etats-Unis. Et sur ce point, le président sortant partait avec un avantage certain.
A-t-il confirmé sa victoire de la seconde manche ? Voici les leçons à retenir de ce troisième débat.
1. Que pouvait espérer Barack Obama ? Afficher sa suprématie de président en charge.
Pour le coup, Obama et son team ont pu quitter l’université Lynn satisfaits. Le président a affiché une assurance et une maîtrise incontestable des dossiers, mettant en avant ses succès, dont au premier chef l’élimination d’Ousama Ben Laden, ainsi que le retrait des troupes américaines d’Iraq. Sur la place et l’influence des Etats-Unis dans le monde, Barack Obama a affirmé que « l’Amérique est plus forte aujourd’hui qu’à « mon arrivée au pouvoir», et que « nous avons restauré notre force et notre crédibilité dans le monde ».
Etonnamment, Mitt Romney avait beau avancer qu’il souhaitait restaurer la position des Etats-Unis, ce n’était jamais que pour finir par reconnaître que, sur l’élimination de Ben Laden, sur l’usage des drones en Afghanistan (et au Pakistan), sur l’intervention en Libye…, il soutenait la politique de son adversaire. « Tout ce qu’il dit qu’il faut faire, Obama le fait déjà », constataient très justement les commentaires sur le réseau social Twitter…
1. Que pouvait espérer Mitt Romney ? Ne pas perdre démesurément sur le terrain favori d’Obama.
De ce point de vue-là, le candidat républicain s’en est indéniablement bien sorti. Bien que souvent extrêmement vague, voire naïf, comme lorsqu’il formulait son souhait que les Etats-Unis identifient et soutiennent de potentiels alliés modérés parmi les insurgés syriens, Mitt Romney n’a commis aucune gaffe majeure. Mieux : il a réussi à afficher une posture plutôt rassurante et même crédible de « commander in chief ».
Le candidat mormon a non seulement réussi à déjouer les plans du clan Obama, qui comptait exploiter d’anciennes déclarations de Romney pour le faire passer pour un va-t-en guerre, il a, à plusieurs reprises, débordé le président Obama« sur sa gauche », lui reprochant de n’avoir pas suffisamment, dans les révolutions arabes, privilégié le soutien aux sociétés civiles, au développement et à la promotion de l’égalité entre hommes et femmes. Et face à un Obama très offensif, qui avait visiblement décidé de chercher à déstabiliser son adversaire, Romney a réussi garder sa contenance, lançant au président : « M’attaquer sans cesse ne tient pas lieu de programme ! »
1. Le Moyen-Orient, l’Asie centrale et la Chine, seules préoccupations des Etats-Unis.
Si le nom de l’Europe est incidemment tombé deux ou trois fois dans les échanges, si Romney a brièvement plaidé pour que les Etats-Unisse préoccupent un peu plus de l’Amérique du Sud, qui est « économiquement aussi importante que la Chine », ce sont surtout le Moyen-Orient, avec son cortège de révolutions et de crises, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan, qui ont monopolisé l’attention des deux débatteurs, et de leur modérateur (le journaliste de la CBS Bob Schieffer, une star toujours active de 75 ans. ) Mitt Romney, qui cherche depuis le début de la campagne électorale à se présenter comme un meilleur allié d’Israël, a bien tenté d’attaquer le président Obama sur ce terrain glissant, lui reprochant de n’avoir pas visité l’Etat juif, alors qu’il a effectué une tournée de « demande de pardon » dans le pays arabes, en début de mandat. Mal lui en prit. Romney, qui a commis quelques mémorables gaffes lors de ses voyages à l’étranger, a offert à son adversaire la possibilité d’un petit morceau de bravoure : « On pourrait parler longuement de nos voyages respectifs à l’étranger. Mais moi, mon premier voyage de candidat, je l’ai effectué auprès de nos troupes. Et lorsque je suis allé en Israël, comme candidat, je n’ai pas sollicité des dons ni participé à des levées de fonds, je me suis rendu à Yad
Vashem. » Mais, sur la question de savoir si une éventuelle attaque contre Israël serait déclarée équivalente à une attaque contre les Etats-Unis, les deux candidats ont martelé leur indéfectible soutien à l’allié israélien, mais sans aller jusqu’à répondre clairement par l’affirmative.
1. Au menu de la politique étrangère, la politique… intérieure.
De l’avis des commentateurs américains, une prime avantageuse devait aller à celui des deux candidats qui réussirait le premier à relier les questions internationales aux questions intérieures, afin de revenir sur le sujet qui préoccupe vraiment les Américains : l’économie et l’emploi.
Si Obama réussit ce « petit roque » le premier, les deux se sont entendus pour rester le plus possible sur ce terrain. Reconnaissant, signe des temps, que l’Etat (actuellement gravissime) des finances publiques, l’indépendance énergétique (en progression), la renaissance industrielle (face aux délocalisations), constituent des enjeux de sécurité majeurs :impossible d’être forts dans le monde, si l’on est faible à l’intérieur, ont implicitement reconnu Obama comme Romney.
Personne ne s’attendait à ce qu’Obama puisse perdre sur le terrain de la sécurité nationale et la politique étrangère. Mais beaucoup pensaient que Romney risquait l’humiliation. Pour le coup, il n’en a rien été. Si le président sortant peut être déclaré vainqueur de ce troisième débat, on peut penser que les électeurs qui penchaient vers Romney n’auront pas changé d’avis. Mais aussi que des électeurs indécis, qui auraient pu être épouvantés par un candidat aussi volontariste qu’incompétent, commencent à lui accorder leur confiance, ou au moins le bénéfice du doute. Avec ce troisième débat qu’il n’a pas lourdement perdu, Mitt Romney a donc tiré son épingle du jeu…
Circonstance aggravante : deux matches, l’un de baseball, et un autre de football se déroulaient au même moment, ce dernier opposant même les Chicago Bears, favoris de l’ex-sénateur de l’Illinois, aux Detroit Lions, l’équipe de la ville de naissance de Mitt Romney.
Mais si la politique étrangère reste… étrangère à une majorité d’Américains, ces derniers attachent de l’importance à la posture de« commandant en chef » qu’on attend d’un président des Etats-Unis. Et sur ce point, le président sortant partait avec un avantage certain.
A-t-il confirmé sa victoire de la seconde manche ? Voici les leçons à retenir de ce troisième débat.
1. Que pouvait espérer Barack Obama ? Afficher sa suprématie de président en charge.
Pour le coup, Obama et son team ont pu quitter l’université Lynn satisfaits. Le président a affiché une assurance et une maîtrise incontestable des dossiers, mettant en avant ses succès, dont au premier chef l’élimination d’Ousama Ben Laden, ainsi que le retrait des troupes américaines d’Iraq. Sur la place et l’influence des Etats-Unis dans le monde, Barack Obama a affirmé que « l’Amérique est plus forte aujourd’hui qu’à « mon arrivée au pouvoir», et que « nous avons restauré notre force et notre crédibilité dans le monde ».
Etonnamment, Mitt Romney avait beau avancer qu’il souhaitait restaurer la position des Etats-Unis, ce n’était jamais que pour finir par reconnaître que, sur l’élimination de Ben Laden, sur l’usage des drones en Afghanistan (et au Pakistan), sur l’intervention en Libye…, il soutenait la politique de son adversaire. « Tout ce qu’il dit qu’il faut faire, Obama le fait déjà », constataient très justement les commentaires sur le réseau social Twitter…
1. Que pouvait espérer Mitt Romney ? Ne pas perdre démesurément sur le terrain favori d’Obama.
De ce point de vue-là, le candidat républicain s’en est indéniablement bien sorti. Bien que souvent extrêmement vague, voire naïf, comme lorsqu’il formulait son souhait que les Etats-Unis identifient et soutiennent de potentiels alliés modérés parmi les insurgés syriens, Mitt Romney n’a commis aucune gaffe majeure. Mieux : il a réussi à afficher une posture plutôt rassurante et même crédible de « commander in chief ».
Le candidat mormon a non seulement réussi à déjouer les plans du clan Obama, qui comptait exploiter d’anciennes déclarations de Romney pour le faire passer pour un va-t-en guerre, il a, à plusieurs reprises, débordé le président Obama« sur sa gauche », lui reprochant de n’avoir pas suffisamment, dans les révolutions arabes, privilégié le soutien aux sociétés civiles, au développement et à la promotion de l’égalité entre hommes et femmes. Et face à un Obama très offensif, qui avait visiblement décidé de chercher à déstabiliser son adversaire, Romney a réussi garder sa contenance, lançant au président : « M’attaquer sans cesse ne tient pas lieu de programme ! »
1. Le Moyen-Orient, l’Asie centrale et la Chine, seules préoccupations des Etats-Unis.
Si le nom de l’Europe est incidemment tombé deux ou trois fois dans les échanges, si Romney a brièvement plaidé pour que les Etats-Unisse préoccupent un peu plus de l’Amérique du Sud, qui est « économiquement aussi importante que la Chine », ce sont surtout le Moyen-Orient, avec son cortège de révolutions et de crises, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan, qui ont monopolisé l’attention des deux débatteurs, et de leur modérateur (le journaliste de la CBS Bob Schieffer, une star toujours active de 75 ans. ) Mitt Romney, qui cherche depuis le début de la campagne électorale à se présenter comme un meilleur allié d’Israël, a bien tenté d’attaquer le président Obama sur ce terrain glissant, lui reprochant de n’avoir pas visité l’Etat juif, alors qu’il a effectué une tournée de « demande de pardon » dans le pays arabes, en début de mandat. Mal lui en prit. Romney, qui a commis quelques mémorables gaffes lors de ses voyages à l’étranger, a offert à son adversaire la possibilité d’un petit morceau de bravoure : « On pourrait parler longuement de nos voyages respectifs à l’étranger. Mais moi, mon premier voyage de candidat, je l’ai effectué auprès de nos troupes. Et lorsque je suis allé en Israël, comme candidat, je n’ai pas sollicité des dons ni participé à des levées de fonds, je me suis rendu à Yad
Vashem. » Mais, sur la question de savoir si une éventuelle attaque contre Israël serait déclarée équivalente à une attaque contre les Etats-Unis, les deux candidats ont martelé leur indéfectible soutien à l’allié israélien, mais sans aller jusqu’à répondre clairement par l’affirmative.
1. Au menu de la politique étrangère, la politique… intérieure.
De l’avis des commentateurs américains, une prime avantageuse devait aller à celui des deux candidats qui réussirait le premier à relier les questions internationales aux questions intérieures, afin de revenir sur le sujet qui préoccupe vraiment les Américains : l’économie et l’emploi.
Si Obama réussit ce « petit roque » le premier, les deux se sont entendus pour rester le plus possible sur ce terrain. Reconnaissant, signe des temps, que l’Etat (actuellement gravissime) des finances publiques, l’indépendance énergétique (en progression), la renaissance industrielle (face aux délocalisations), constituent des enjeux de sécurité majeurs :impossible d’être forts dans le monde, si l’on est faible à l’intérieur, ont implicitement reconnu Obama comme Romney.
Personne ne s’attendait à ce qu’Obama puisse perdre sur le terrain de la sécurité nationale et la politique étrangère. Mais beaucoup pensaient que Romney risquait l’humiliation. Pour le coup, il n’en a rien été. Si le président sortant peut être déclaré vainqueur de ce troisième débat, on peut penser que les électeurs qui penchaient vers Romney n’auront pas changé d’avis. Mais aussi que des électeurs indécis, qui auraient pu être épouvantés par un candidat aussi volontariste qu’incompétent, commencent à lui accorder leur confiance, ou au moins le bénéfice du doute. Avec ce troisième débat qu’il n’a pas lourdement perdu, Mitt Romney a donc tiré son épingle du jeu…
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