lundi 8 octobre 2012

Le « neo-djihadisme » en France

 La Sous Direction Anti-terroriste (SDAT) de la police judiciaire et la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) ont mené, à Paris, Strasbourg et le sud de la France, une vaste opération contre les milieux salafistes. Cette rafle faisait suite au jet d’un engin explosif de faible puissance – peut-être une grenade artisanale – contre une épicerie casher de Sarcelles (banlieue parisienne), le 19 septembre dernier.

Al-Qaïda n’a plus été capable de mener d’opérations de large envergure en dehors de certaines zones de djihad traditionnelles telles que l’Irak, le Pakistan, l’Afghanistan ou plus récentes, la Syrie et la Libye.
 Les frappes de drones américaines ordonnées par le président Barack Obama dans diverses régions du monde (Pakistan, Yémen, etc.) ont éliminé des dizaines de cadres supérieurs et intermédiaires d’al-Qaïda de même qu’un nombre imprécis de volontaires qui s’entraînaient.
Les services de police et de contre-terrorisme en Europe et aux Etats-Unis ont fait le reste.

La menace terroriste a radicalement changé.

Les mouvances infra-terroristes sont de taille réduite, ne regroupant, le plus souvent, que quelques personnes souvent liées par des relations de famille ou de quartiers. Elles sont donc virtuellement impossibles à infiltrer.

Ces « cellules » ou ces bandes n’ont pas les moyens  d’organiser de grands attentats du type de ceux du 11 septembre, de Madrid (11 mars 2004) ou de Londres (7 juillet 2005), mais elles peuvent pratiquer un « terrorisme de proximité » du type de celui de Mohammed Merah qui s’attaqua à des militaires français appartenant à des régiments déployés en Afghanistan (et dont les casernes étaient proches de son domicile) ou à une école juive de sa ville.


L’attentat de Sarcelles est de ce type. La cible peut paraître dérisoire mais le poids symbolique de ce ciblage est énorme.

 Le souci sécuritaire qui naît de l’attaque de ces « soft targets » est énorme : si l’on peut protéger (relativement) efficacement les lignes aériennes, les aéroports, les bases militaires, les bâtiments gouvernementaux et les autres infrastructures majeures ou importantes, il est évidemment impossible de faire de même avec des cibles civiles « banales ».

 Les communautés juives devraient rester visées dans l’avenir prévisible.

Jeunes, souvent issus de milieux marginaux et/ou ayant un passé judiciaire chargé et des liens avec la petite criminalité, les « néo-djihadistes », s’ils ne sont pas capables de coups d’éclats, n’en sont pas moins extrêmement violents. Ils sont souvent liés et partagent la sous-culture de « la violence pour la violence » et un rejet viscéral des normes sociales.

Seul un effort massif du renseignement peut endiguer cette nouvelle menace.

Mais il faut aussi innover. Il est nécessaire d’accentuer le travail de renseignement à l’intérieur des frontières des Etats occidentaux et, particulièrement, de mener des « opérations transversales » réunissant des spécialistes du terrorisme et du salafisme et des experts de la nouvelle délinquance et des phénomènes de bandes urbaines organisées. C’est dans ce milieu, en priorité, que l’on trouvera les individus ayant à la fois la capacité d’agir, l’accès facile aux armes et aux explosifs et un niveau de « rupture » avec la société qui peut facilement les amener à passer à l’acte. Ce passage à l’acte étant souvent le résultat et l’expression ultime du mélange dangereux d’une idéologie sommaire et mal digérée, d’un racisme antisémite ou « anti-blanc » radical et d’une révolte totale contre une société dans laquelle voyous des «quartiers », salafistes et « néo-djihadistes » sont incapables de trouver leur place. Ou ne le souhaitent pas.


Extrait aricle de Claude Moniquet.

http://www.esisc.org/publications/briefings/le--neo-djihadisme--en-france-leons-dune-operation-antiterroriste


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire