"Le bilan pourrait s'alourdir car il y a beaucoup de blessés graves", a précisé à l'AFP un responsable de la deuxième ville de Syrie, sous le couvert de l'anonymat.
Deux voitures ont d'abord explosé à une minute d'intervalle, dans deux rues proches d'un club d'officiers donnant sur la célèbre place Saadallah al-Jabiri, en plein coeur de la ville, a affirmé une source militaire à l'AFP. Une troisième a explosé à Bab Jnein, à 150 mètres de la place, à l'entrée de la vieille ville, théâtre d'âpres combats depuis plusieurs jours. Au moins trois militaires y ont péri, selon la source militaire.
Sur la place, le correspondant de l'AFP a vu, près du club des officiers, une partie de la façade d'un hôtel détruite et les deux étages d'un café effondrés. L'un des blessés dans la zone avait le visage couvert de sang.
Qualifiant ces attentats de "terroristes", la télévision officielle al-Ikhbariya a montré d'énormes destructions sur la place, avec au moins deux immeubles totalement effondrés et des cadavres recouverts de débris. Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad en mars 2011 qui s'est transformée au fil des mois en guerre civile face à la répression, les autorités assimilent les rebelles à des "terroristes" soutenus par l'étranger.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a, pour sa part, fait état, d'au moins 40 tués, en majorité des militaires, et de 90 blessées. "La plupart des morts et des blessés sont des membres des forces gouvernementales. Les explosions ont visé un club d'officiers et des barrages de l'armée régulière", a indiqué l'ONG, en citant des sources médicales. Dans un premier temps, l'ONG avait fait état de "dizaines de morts et de blessés". Les voitures piégées ont explosé après des affrontements entre des rebelles et gardes du club des officiers, a précisé l'ONG basée en Grande-Bretagne.
Six jours après le lancement d'une offensive rebelle qui n'a pas permis d'avancée majeure à Alep, le journal officiel al-Watan avait affirmé hier que de "nouveaux renforts" militaires avaient été dépêchés dans la grande métropole du nord de la Syrie. "Ceci est un signe de la détermination de l'armée syrienne pour gagner au plus vite la bataille d'Alep" face à des rebelles "fatigués", a souligné le journal.
Hier, la journée a été marquée par des bombardements qui ont fait des blessés dans les quartiers de Hanano City, Bab al-Nasr et Seif al-Dawla, selon l'OSDH, qui a également évoqué la découverte mardi des corps de 15 jeunes hommes dans le quartier d'al-Zahra.
Déploiement sécuritaires aux entrées de Damas
Plus au sud, des journalistes de l'AFP ont fait état d'un déploiement sécuritaire inhabituel aux entrées de la capitale Damas, théâtre également d'âpres combats depuis la mi-juillet.
Le quotidien officiel al-Baas avait annoncé mardi que la fin prochaine des opérations de sécurité dans l'ensemble de la province de Damas.
Sur le terrain, l'armée syrienne a concentré hier sur action dans la province de Damas, en particulier à Douma, où au moins six civils ont péri dans des bombardements. Parallèlement, six soldats sont morts dans une attaque rebelle contre un centre médical dans la ville, où sont stationnés les militaires, selon l'OSDH. Toujours dans la région de Damas, au moins onze personnes, dont deux femmes, ont été tuées mardi par des bombardements et des tirs des forces gouvernementales dans la ville rebelle de Harasta, selon l'OSDH.
Le régime tente de conquérir cette ville qui jouxte la périphérie est de la capitale et la région de la Ghouta orientale, où sont retranchés un grand nombre de rebelles, selon la même source.
A Damas, un militant des droits de l'Homme, l'avocat syrien Khalil al-Maatouq, a par ailleurs été arrêté alors qu'il se rendait à son travail mardi, a annoncé son centre de recherche.
En 18 mois de conflit en Syrie, plus de 31.000 personnes ont péri, en majorité des civils, selon un nouveau bilan de l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et médecins. Mardi, les violences ont fait au moins 104 morts, dont 57 civils, à travers le pays, selon un bilan provisoire de l'OSDH.
Nouvelle déclarations de l'ancien Premier ministre
Dans ce contexte, le médiateur international Lakhdar Brahimi va retourner dans la région cette semaine pour s'efforcer d'obtenir un arrêt des bombardements par Damas, et en retour une réduction des violences de la part des insurgés.
Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien qui a fait défection début août, a par ailleurs déclaré à la chaîne de télévision al-Arabiya que le président Bachar el-Assad a rejeté la demande d'une solution pacifique faite par de hauts responsables du régime après l'attentat qui a coûté la vie à plusieurs piliers du clan dirigeant en juillet dernier à Damas.
M. Hijab a expliqué que la mort du ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, et du beau frère du président également vice-ministre de la Défense, Assef Chawkat, dans l’attentat de Damas, l'avaient persuadé qu'il n'existait pas de solution militaire à la crise. Il a dit avoir rencontré des hauts responsables du régime, dont le vice-président Farouk al-Chara, les dirigeants du parlement et le secrétaire général adjoint du parti Baas au pouvoir, et s'était mis d'accord avec eux pour demander à Bachar el-Assad d'entamer des discussions avec l'opposition.
"Bachar a accueilli cela par un refus catégorique. Il a refusé toute forme de dialogue avec l'opposition, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, et a dit +Je ne négocie pas avec une opposition divisée. Ce n'est pas une opposition patriote et elle est armée+", a rapporté Hijab. "Ce fut un choc pour chacun d'entre nous et nous avons quitté le palais. J'ai complètement perdu espoir, en particulier dans les derniers jours, lorsque l'Armée syrienne libre a pris le contrôle de près de 70% d'Alep", a-t-il ajouté.
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