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Depuis la signature de l’accord de paix d’Addis Abeba, les tensions se sont aiguisées au sein du M23. Elles se traduisent par de violents combats sur le terrain et surtout par une montée en puissance des combattants hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui occupent les positions laissées vacantes par les rebelles.
Un communiqué signé par le général Sultani Makenga, chef de l’aile militaire du M23 et destituant son porte parole politique Jean-Marie Runiga éclaire quelque peu les dissensions internes au mouvement. Plusieurs chefs d’accusation pèsent sur le « Bishop » Runiga : « malversations financières, divisions, haine ethnique, escroquerie, manque de professionnalisme et d’éthique politique ». Mais surtout, l’ancien chef politique du mouvement est accusé de « haute trahison ». Il se voit reprocher d’avoir « détourné des ressources financières du Mouvement pour appuyer des activités légitimes et prohibées, dont le recrutement de cadres politiques et militaires pour le compte du général Bosco Ntaganda ».
Makenga contre Bosco
Au delà de la personne de Runiga, une opposition latente entre les chefs du mouvement apparaît ainsi au grand jour. D’une part, le général Bosco Ntaganda, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, sait que la disparition du M23 le laisserait dans un état de vulnérabilité extrême et qu’il pourrait faire les frais d’un éventuel accord entre Kinshasa et ses anciens compagnons d’armes. Début 2012 déjà, Kinshasa et Kigali avaient envisagé l’éventualité de son arrestation et un accord se dessinait, prévoyant de le faire juger devant des juridictions congolaises et d’éviter son transfert à La Haye. Ces négociations délicates auraient été torpillées par l’apparition du M23 et le début des hostilités. Les premiers combats auraient été provoqués par une tentative d’assassinat du général Makenga ou, tout au moins, par l’interception de son escorte sur la route de Bukavu à Goma.
Considéré comme un opportuniste et un affairiste, Bosco, qui s’était illustré dans l’Ituri (aux côtés de Thomas Lubanga, condamné à la Haye pour recrutement d’enfants soldats) avait rejoint sur le tard le général Laurent Nkunda. Rappelons que ce dernier, très populaire au sein de ses troupes et de la communauté des Tutsis du Congo, avait été « sacrifié » lors des accords de paix de 2009, amené en résidence surveillée au Rwanda et remplacé par Bosco Ntaganda, qui fut qualifié de « traître » par les lieutenants de Nkunda, dont Sultani Makenga.
Les généraux alliés de Bosco, Innocent Zimurinda, (qui fait l’objet d’un mandat international), Innocent Kaina et Baudouin Ngaruye avaient repris de l’autorité lors de la prise de Goma et bénéficiaient de l’appui politique de Runiga.
Quant à Sultani Makenga, ancien homme de confiance de Nkunda et qui avait été intégré dans les FARDC, il entretenait de bonnes relations avec le président Kabila, avec lequel il parlait régulièrement au téléphone.
La scission actuelle au sein du mouvement rebelle, venant après l’accord de paix d’Addis Abeba par lequel les « parrains » des groupes armés se sont engagés à cesser tout appui, pourrait contribuer à la fois à isoler Bosco Ntaganda et à relancer les contacts avec Makenga. A condition que soient abordées des revendications « de fond » de ce dernier, comme le retour des réfugiés tutsis congolais vivant au Rwanda.
Cependant, au delà de ces perspectives de paix à moyen terme, les derniers développements sur le terrain sont dramatiques : Sultani Makenga, qui se méfie du Rwanda depuis la mise à l’écart de Laurent Nkunda, s’est replié à Tchianzu, non loin de la frontière ougandaise. De son côté, Bosco et ses hommes ont quitté les localités de Kiwanja, Rubari et surtout Rutshuru : avant de partir le M23 a évacué ses soldats blessés qui se trouvaient à l’hôpital et par la suite, ce sont les combattants hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui se sont emparés de la ville et de toutes les places fortes du M23. Quant à l’armée gouvernementale, au lieu de reprendre ces zones tenues par les rebelles, elle s’est abstenue d’intervenir et la population redoute désormais d’être prise en tenaille entre les Hutus des FDLR et des Mai Mai Shetani, un groupe armé congolais violemment opposé aux combattants rwandais.
Si les FARDC ne se sont pas manifestées à Rutshuru, par contre, les combats font rage à Kitchanga, opposant les forces gouvernementales à une autre milice, celle des ACPLS : la base de Médecins sans Frontières Hollande a été partiellement brûlée, le CICR a évacué 17 puis 14 blessés, de nombreuses maisons ont été brûlées.
Pour tenter de maîtriser cette situation explosive, qui contredit les résolutions de l’accord de paix d’Addis Abeba, le Rwanda aurait tenté une médiation, mais sans réussir à calmer le jeu.
Depuis la signature de l’accord de paix d’Addis Abeba, les tensions se sont aiguisées au sein du M23. Elles se traduisent par de violents combats sur le terrain et surtout par une montée en puissance des combattants hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui occupent les positions laissées vacantes par les rebelles.
Un communiqué signé par le général Sultani Makenga, chef de l’aile militaire du M23 et destituant son porte parole politique Jean-Marie Runiga éclaire quelque peu les dissensions internes au mouvement. Plusieurs chefs d’accusation pèsent sur le « Bishop » Runiga : « malversations financières, divisions, haine ethnique, escroquerie, manque de professionnalisme et d’éthique politique ». Mais surtout, l’ancien chef politique du mouvement est accusé de « haute trahison ». Il se voit reprocher d’avoir « détourné des ressources financières du Mouvement pour appuyer des activités légitimes et prohibées, dont le recrutement de cadres politiques et militaires pour le compte du général Bosco Ntaganda ».
Makenga contre Bosco
Au delà de la personne de Runiga, une opposition latente entre les chefs du mouvement apparaît ainsi au grand jour. D’une part, le général Bosco Ntaganda, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, sait que la disparition du M23 le laisserait dans un état de vulnérabilité extrême et qu’il pourrait faire les frais d’un éventuel accord entre Kinshasa et ses anciens compagnons d’armes. Début 2012 déjà, Kinshasa et Kigali avaient envisagé l’éventualité de son arrestation et un accord se dessinait, prévoyant de le faire juger devant des juridictions congolaises et d’éviter son transfert à La Haye. Ces négociations délicates auraient été torpillées par l’apparition du M23 et le début des hostilités. Les premiers combats auraient été provoqués par une tentative d’assassinat du général Makenga ou, tout au moins, par l’interception de son escorte sur la route de Bukavu à Goma.
Considéré comme un opportuniste et un affairiste, Bosco, qui s’était illustré dans l’Ituri (aux côtés de Thomas Lubanga, condamné à la Haye pour recrutement d’enfants soldats) avait rejoint sur le tard le général Laurent Nkunda. Rappelons que ce dernier, très populaire au sein de ses troupes et de la communauté des Tutsis du Congo, avait été « sacrifié » lors des accords de paix de 2009, amené en résidence surveillée au Rwanda et remplacé par Bosco Ntaganda, qui fut qualifié de « traître » par les lieutenants de Nkunda, dont Sultani Makenga.
Les généraux alliés de Bosco, Innocent Zimurinda, (qui fait l’objet d’un mandat international), Innocent Kaina et Baudouin Ngaruye avaient repris de l’autorité lors de la prise de Goma et bénéficiaient de l’appui politique de Runiga.
Quant à Sultani Makenga, ancien homme de confiance de Nkunda et qui avait été intégré dans les FARDC, il entretenait de bonnes relations avec le président Kabila, avec lequel il parlait régulièrement au téléphone.
La scission actuelle au sein du mouvement rebelle, venant après l’accord de paix d’Addis Abeba par lequel les « parrains » des groupes armés se sont engagés à cesser tout appui, pourrait contribuer à la fois à isoler Bosco Ntaganda et à relancer les contacts avec Makenga. A condition que soient abordées des revendications « de fond » de ce dernier, comme le retour des réfugiés tutsis congolais vivant au Rwanda.
Cependant, au delà de ces perspectives de paix à moyen terme, les derniers développements sur le terrain sont dramatiques : Sultani Makenga, qui se méfie du Rwanda depuis la mise à l’écart de Laurent Nkunda, s’est replié à Tchianzu, non loin de la frontière ougandaise. De son côté, Bosco et ses hommes ont quitté les localités de Kiwanja, Rubari et surtout Rutshuru : avant de partir le M23 a évacué ses soldats blessés qui se trouvaient à l’hôpital et par la suite, ce sont les combattants hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui se sont emparés de la ville et de toutes les places fortes du M23. Quant à l’armée gouvernementale, au lieu de reprendre ces zones tenues par les rebelles, elle s’est abstenue d’intervenir et la population redoute désormais d’être prise en tenaille entre les Hutus des FDLR et des Mai Mai Shetani, un groupe armé congolais violemment opposé aux combattants rwandais.
Si les FARDC ne se sont pas manifestées à Rutshuru, par contre, les combats font rage à Kitchanga, opposant les forces gouvernementales à une autre milice, celle des ACPLS : la base de Médecins sans Frontières Hollande a été partiellement brûlée, le CICR a évacué 17 puis 14 blessés, de nombreuses maisons ont été brûlées.
Pour tenter de maîtriser cette situation explosive, qui contredit les résolutions de l’accord de paix d’Addis Abeba, le Rwanda aurait tenté une médiation, mais sans réussir à calmer le jeu.
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